Illittérature:Richard le riche devenu pauvre

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Richard le riche devenu pauvre.png

« J'ai dû vendre ma poule aux œufs d'or parce que je n'avais plus d'argent. »
~ Un imbécile heureux





Richard s’appelait Richard parce qu’il était riche. Un beau jour il perdit sa fortune mais son prénom ne changea pas : Richard était devenu pauvre.
Il pensait qu’on lui avait jeté un mauvais sort, une sorte de sort dont on ne se sort que très rarement.



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À manger et un lit !

— Qui a voulu ma mort sociale ? Si je l’attrape eh bien… eh bien… il sera attrapé.

Richard menait son enquête. Première étape : trouver à manger. Deuxième étape : dormir. S’il se réveillait, il pourrait enfin chercher sous son lit. Il se souvint qu’un vieil homme lui avait dit de ne jamais chercher plus loin que lui-même. Il lui avait donné l’exemple d’une chnoque qui était son professeur de philosophie qui sans cesse cherchait ses lunettes alors qu’elle les portait sur elle même. Si elle avait lu Candide, elle aurait su que le nez était fait pour porter des lunettes. Richard eut tout à coup une idée lumineuse : les poches sont faites pour porter de l’argent or il cherchait son argent donc son argent était forcément dans ses poches. Il se mit donc à les fouiller en en profitant pour se gratter sa paire de testicules. Malheur, quelle malédiction, toutes ses poches étaient trouées !
Il décida d'aller chercher à manger. Il entra chez un inconnu, ouvrit son réfrigérateur et voilà le tour était joué. Il avait cherché puis trouvé à manger. Il ne mangea pas pour autant.

— Après tout, je ne cherchais qu’à manger. Cela n’impliquait pas que je mangeasse.

Richard respectait quelques fois les règles de concordance des temps mais rarement les règles de vie en société. Maintenant il fallait qu’il dormît (suivons son exemple pour une fois). Il frappa à la porte de Jonathan, un jeune ami de vieillesse.

— Bonjour Jonathan, je cherche un lit pour passer la soirée.
— Bonjour Richard, je passe la soirée pour te chercher un lit.
— Merci Jonathan. Je t’attends.
— J’attendais un merci Richard.

Jonathan lui chercha un lit.

— Ca y est, je te l’ai trouvé Richard. Il était enfoui dans un vieux sac à main.
— Ok, salut Jonathan.
— Eh, du con, t’en vas pas, le lit il est fait pour que tu dormes dessus alors amène toi.
— Non, il est fait pour que je dorme dessous… tu me prends pour un débile ? J’en veux pas de ton lit, je t’ai simplement demandé d’en chercher un, c’est tout. Au revoir, monsieur.
— Au revoir monsieur Bizarre.


Une rencontre inattendue

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Richard pleurait à chaudes larmes. Il se demandait qui lui en voulait à ce point.

— Ma fortune c’est ma fortune. Pourquoi m’en a-t-on séparé ?

C’est alors que sa marraine lui apparut.

— Salut je suis votre marraine.
— Ah bon ? c’est la première fois que je te vois… tu es sûre ?
— Oui, oui, moi j’avais du mal à y croire quand j’ai vu votre tête de … merde, enfin non, j’allais dire un mot qui ne sent pas très bon, j'ai eu du mal à y croire quand j'ai vu votre tête, vous avez bien changé depuis que vous étiez un bambin. Tenez des mouchoirs ! Je vois que vous pleurez, cela pourra vous être utile. En ce moment pour quarante-neuf paquets de mouchoirs achetés, le cinquantième vous est offert, alors vite, n’attendez plus !

A ce moment là la marraine disparut comme elle était arrivée et laissa l’adresse de son cabinet, qui était à la fois un lieu de consultations, une épicerie et un hammam.
Richard était content car elle avait laissé le numéro de téléphone de son commerce. Il allait enfin avoir un nouveau numéro à enregistrer sur son répertoire. Il avait déjà les numéros de Police, Pompier, SAMU et d’autres numéros de sociétés qu’il avait enregistrés sur son mobile. Un jour il était entré dans une usine et avait demandé à un contremaître :

— Monsieur je voudrais le numéro de téléphone de votre société.
— Bien sûr. Le voici.

Richard avait noté le numéro et avait dit au monsieur qu’il ne l’appellerait jamais mais qu’il fallait qu’il garde l’espoir. L'homme pleura, il pleura de rire.

Seul dans le noir

Richard était bien seul, lui et ses quelques numéros de téléphone. Il marchait, triste de ne voir le soleil briller uniquement pour lui.

— Quand j'avais mon argent, pensait-il tout bas, le soleil me souriait et me berçait. Il me racontait des histoires avant que j'aille me coucher. Il mourait pour moi et revenait à la vie pour moi. Aujourd'hui le soleil n'a plus d'âme, celle-ci a été avalée par son feu volcanique.

Ce qu'il ne savait pas c'est que si le soleil avait été doté d'une raison, celui-ci s'étant aperçu du comportement exécrable de certains n'aurait plus pris la peine de se lever pour des cons, il aurait loué la charmante Terre d'avoir toujours été la bonne mère, l'aurait plainte de chaque coup d'épée de son traître fils, l'Homme, qu'elle endure chaque seconde. Richard a tout oublié de cela, la Terre parlait sans qu'elle se fasse entendre, quelques fois elle se met en colère et c'est bien la preuve qu'elle est hors d'elle et qu'elle n'est point capable de se retenir. Et ça c'est la partie la plus chiante du conte parce qu'elle fait réfléchir, pas vrai ?

Ouh !

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Richard philosophait dans une caverne qui avait abrité un jour d'étranges personnages qui n'avait vu qu'ombres toute leur vie.

— D'où viennent les richesses ?

Un fantôme passait justement par là et voulait converser avec Richard.

— Salut Fantôme ? Toi, c'est quoi tes richesses ?
— En principe je n'ai pas de richesses mais il m'arrive de hanter des châteaux et de faire fuir tous les propriétaires en les effrayant. Je dois admettre que ces richesses que je récupère ainsi ne me servent à rien. Ouh, Ouh.
— Moi j'habitais un château mais je l'ai perdu. Quelqu'un me l'a pris avec tout mon argent. D'ailleurs, ce n'est pas toi ?
— Non, je suis désolé. Ouh, Ouh.
— En tel cas tu me l'aurais rendu, n'est-ce pas ?
— Non car je n'aime pas faire plaisir aux être vivants. Il faudrait que tu me donnes ta vie pour que je te rende ta richesse. Toutefois, une fois mort je crains que ces richesses ne te soient utiles. Ouh, Ouh.
— Mais je ne suis pas un vivant ! Je suis quelqu'un de mort sans mon argent.
— Toi, tu es un vivant mort, moi je suis un mort-vivant. Ouh, Ouh.

A ces mots, le fantôme disparut, peut-être à cause de la mauvaise blague qu'il avait eu l'audace de faire.
« Voilà qui ne m'arrange guère », se disait Richard.

Dans la forêt

Le pauvre Richard était plus que désespéré. Il rencontra sur son chemin Cendrillon qui s'en allait puiser de l'eau à une cinquante de kilomètres de chez-elle. Ils s'arrêtèrent et se mirent à engager une discussion qui vaut la peine d'être retransmise ici :

— Je m'appelle Cendrillon.
— Moi Richard. Que fais-tu dans cette forêt seule, tu n'as pas peur du grand méchant loup ?
— Je vis avec le grand méchant loup, ma marâtre. Elle me fait travailler trente-cinq heures par jour et ne me paie même pas un écu.
— Tu as déjà essayé de lui en foutre une ?
— Peux pas ou sinon je vais me retrouver dans la rue et devoir me prostituer. Toi, tu t'imagines un conte où à la fin de l'histoire l'héroïne, pas la drogue mais le féminin de « héros » se tape les trottoirs mal famés en racolant les gens et en disant aux mecs qui passent « t'as pas froid bébé ? »
— C'est vrai que j'ai froid... euh... non je disais que moi aussi je suis malheureux, j'ai perdu ma chatte... euh... mon château, il a disparu et depuis je suis devenu pauvre, un vulgaire hère qui erre et qui galère sur Terre lalalère...
— Bon faut que j'y aille parce que si je tarde de trop je ne pourrai pas aller à la teuf de ce soir pour pouvoir rencontrer le prince charmant.
— Ouais, vas-y amuse-toi bien, tu trouveras sûrement chaussure à ton pied.

Sur ces mots, les deux personnages se quittèrent pour ne plus jamais se revoir.
tahirou

Vidage

Richard continua ses pérégrinations et trouva une sorcière qui habitait une maison en pain d'épice. Ils se firent la bise, elle lui toucha les parties intimes, ils se connurent et parlèrent en ces termes :

— Après huit cent cinquante-six ans de réflexion, dit la sorcière, j’ai découvert qu’un être humain pouvait produire une quantité énorme d’erreurs, tu vois l’horizon, t’es-tu déjà approché d’un coucher de soleil ? Non, tu me diras, c’est impossible, le soleil ne se couche pas. L’autre jour j’interrogeais un enfant à propos de la cyclicité nuit et jour. En guise de réponse, il me rétorqua avec un grand sourire « tu sais que t’es moche ! ». Comment faire entendre à cet enfant que la laideur et en l’occurrence la mienne n’a rien à voir et n’influe aucunement sur le mouvement de la Terre.
— Oui tout à fait… je vois ce que tu veux me dire bien que ton haleine nauséabonde me déconcentre totalement.
— J’ai aussi rêvé une nuit qu’un clochard mendiant me saluait en me disant « maintenant que je vous vois et que je ne vous tutoie pas car je ne vous connais pas – heureusement pour moi – je ne me plains plus de ma situation. Oui madame, maisons et argent ne sont désormais plus mes soucis premiers depuis que votre laideur survint et vint sur cette rue ». Puis il me quitta tout joyeux, chantant si bien que tous les passants le regardaient. Un employé d’une maison de disques passait par là et vit que ce clochard avait du charme dans sa voix, il alla lui présenter illico un contrat contre toute attente. C’est un rêve qui j’avoue ne me fait pas rêver, mais qui est le rêve rêvé du clochard qui sommeille en chacun de nous.

Sur ces sages paroles, Richard reprit son chemin.

Il est temps de dormir

Bon comme il est temps de dormir et que papa est fatigué de vous raconter des histoires, Richard avait enfin compris la source des ses malheurs : il avait oublié de payer ses factures et s'était donc fait saisir son château par un huissier vachement balèse. Notre héros avec Excalibur vainquit le dragon à sept têtes qui crache du feu et accomplit douze travaux pour que le sort soit enfin conjuré. Miracle, vous savez quoi, ce conte se termine bien parce que Richard retrouva enfin son château et toutes ses richesses.

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