Ma concierge et Hokusaï ou comment Ma concierge prend la vague et sème la zone dans un musée.

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Quelqu'un, à un moment, en passant dans la cour de l'immeuble avait, par négligence ou par inadvertance oublié ou perdu, posé sur la butée de l'escalier, un paquet de cigarettes que madame Le Tapou, la concierge de l'immeuble, en faisant le ménage avait ramassé et rangé par réflexe dans la poche de son tablier.

Comme, par une drôle d'habitude, elle commençait toujours à "faire" les escaliers en partant du rez-de-chaussée et que c'est à ce niveau-là qu'elle avait donc trouvé le paquet de cigarettes, elle avait donc continué son boulot de façon consciencieuse. Et à force de frotter, gratter et lustrer, elle avait, le temps de finir son travail oublié totalement dans la poche de son tablier, l'objet qu'elle y avait rangé. Elle avait rigoureusement frotté bien mieux qu'ailleurs, le parquet devant la porte de monsieur le maire et madame dans la double idée que ce soin apporté dans le ménage pouvait: 1- faire plaisir à son monsieur le maire chéri et 2- faire se casser la binette à madame le maire dite Vovonne qui la détestait autant qu'elle la craignait. Parce que quand même, être madame le maire et devoir disputer son époux avec la concierge de l'immeuble était un truc à vous fiche la rate en capilotade faut avouer non!

Donc, le "jeu" entre ces deux-là était réparti comme suit: madame le maire traitait dame Le Tapou de "sale portugaise" à voix basse et entre ses dents chaque fois qu'elle passait devant la loge et dame Le Tapou, elle, en nettoyant devant la porte de l'appartement du couple, récitait une triple neuvaine qui devait tenir ouvertes les portes de l'enfer à madame le maire. Elle consolidait cette récitation avec une convocation bien en règle de l'Ankou(l'ouvrier de mort et sa charrette des morts pour les aveugles du breton). Elle ne souhaitait pas vraiment voir arriver malheur à Vovonne sa rivale qu'elle aimait bien mais, comment dire... ça lui faisait du bien d'imaginer que celle-ci pouvait clamser dans d'atroces souffrances causées par la jalousie.

Elle savait,dame Le Tapou qu'elle était la préférée de monsieur le maire, ce pervers obsédé du battoir. Ce qu'elle aimait encore plus dame Le Tapou, c'était ces moments que monsieur le maire venait passer avec elle dans sa loge et pendant lesquels, ils s'amusaient tous les deux comme des enfants, ils se chamaillaient, se racontaient des "scrabidouilles" et des "bistrako" comme disait la concierge. Ils se chatouillaient et dame Le Tapou lui "conciergeait" tous les ragots du quartier et des environs. Aucun détail n'était omis. Monsieur le maire décidé à être et à rester édile à vie, notait dans un petit carnet tous les "croustillants" qui concernaient les personnes les plus en vue dans le quartier; il pouvait ensuite leur susurrer façon Kâ le serpent avec Mowgli de lui faire coooonfianssssce en votant pour lui. Le regard qu'il adoptait en leur disant cela, faisait plus peur qu'autre chose. Il ne disait jamais clairement ce qu'il savait mais son regard par-en-dessous signifiait: Je sais! Dame Le Tapou savait qu'avec cela, elle ne pourrait jamais être égalée par Vovonne qui elle,préférait ses toilettes de dame au linge fin et très propre. Détail qui n'avait aucune chance d'échapper à dame Le Tapou qui, ne l'oubliez pas est une ancienne lavandière de pont l'Abbé.

Elle avait donc fini ce jour-là le ménage dans les escaliers, avait ensuite été faire son petit tour des loges du quartier pour se re-fournir en cancans, avait préparé et mangé son repas du soir et s'était "cadavéré" devant le poste de télévision devant des vaches qui coursaient des êtres habillés en poussins géants et portant des seaux d'eau qu'il leur fallait aller vider dans la grande bouche ouverte d'une grenouille qui se dérobait sans cesse. Elle avait fait des tas d'efforts pour tenter de comprendre ce que cela voulait dire et surtout si ce n'était pas un péché de gâcher autant d'eau. Elle qui avait passé toute une enfance laborieuse dans la ferme où ses parents étaient métayers et où il fallait aller tirer l'eau du puits par tout temps. Et cette corvée-là lui était dévolue car elle était une fille et surtout, elle n'avait pas la "bonne tête" pour l'école des bonnes soeurs où les enfants du village étaient presque tous scolarisés. Elle y avait été aussi envoyée et y était restée à contre-coeur pendant quelque temps. Mais elle avait eu beaucoup de mal à supporter les moqueries des camarades devant son français, enfin ce que elle croyait être le français mais qui n'était que du breton qu'elle rallongeait avec des tournures à consonances françaises du genre: moi-même qui devenait: me-memez. Menacer devenait: gourdrouzer puisque la menace est une gourdrouz en breton.

Et quand les religieuses ajoutèrent leur dismegans (mépris) à celui des camarades d'école,Crescence Marie-Carême Le Tapou décida que cela était assez! Elle alla voir la soeur-Mère et lui annonça que "A wahl eo! Tra-wahl eo!" Ca suffit! Ca suffit vraiment! Plutôt que de chercher à comprendre ce que lui disait la petite fille, la soeur-Mère lui allongea une beigne de tous les diables en lui intimant l'ordre de retourner prendre sa place dans le rang! Ah oui!? Comme ça? Elle voulait juste partir et "on" la traitait en merzerenti?! En martyre?! C'était bien mal la connaître cette petite!

La beigne était partie dans un sens, eh bien elle revint dans l'autre mais en surmultipliée et "Dao!"(pan!) par-ci et dao par-là, elle s'était mise à "flatra" à "frika", à piler la religieuse à coup de battoir qu'elle portait toujours et déjà sur elle car après l'école, elle devait chaque jour aller aider sa mère à "mettre au propre" le linge des maîtres de maison. Elle découvrait là, subitement, un usage nouveau de cet outil de travail. Usage nouveau dont elle savait à l'avance qu'il allait lui valoir les fesses au rouge le soir en rentrant à la ferme où pour sûr, la nouvelle de ses exploits allait la précéder auprès de ses parents. Elle s'y résolvait tant bien à l'avance que sa rage contre la religieuse se décupla. Elle tapa tant et tant en lui hurlant des insanités qui toutes accouplaient la religieuse avec seize diables qu'il ne fallut que la fatigue de son propre bras droit pour l'arrêter.

Que de doualagadou ( paires d'yeux) effrayés autour d'elles quand elle put reprendre et ses esprits et son souffle. Si elle avait tout d'un coup éternué, il était certain que tous auraient fini dans les branches des pommiers de la cour, envolés comme une nuée de moineaux éffrayés. Ils étaient effarés de voir cette enfant produire tant de violence. Une vraie dibikouz! Une vraie casse-cou! Plutôt que la bonne soeur rétamée et dans les vapes, l'on plaignait le futur gwaz (mari) de cette furie.

Voici comment l'on faisait naître la révolte et le sentiment toujours frais de l'injustice chez une fillette de Bretagne.


Elle avait passé toute la nuit devant son écran allumé et le matin avait repris son travail sans autre forme de procès après sa douche et un bon café "frotté" comme elle disait. Le café "frotté" était une justification pour couper à moitié le breuvage avec de l'arrache-gueule catégorie whisky ou plutôt "vikssi" comme elle prononçait. Il fallait frotter le café avec ce genre d'alcool parce que dame Le Tapou, malgré toutes ces années dans la capitale n'avait pas confiance en l'eau de la ville, il lui fallait donc tuer les "miscroubes" qu'elle imaginait toujours tapis dans le café malgré la grande chaleur du feu pendant la cuisson.Et ça, ce n'était pas du propre (n'oubliez pas que cette ancienne lavandière de Pont-l'Abbé)

Elle avait bu son café et mangé une triple tartine de beurre salé et s'était lancé dans la mise au propre de la cour de l'immeuble. Les pavés après, semblaient de petites boîtes argentées encastrées dans le sol, les bennes à ordures rangées au gardes-à-vous comme une armée de robots prêts à perpétrer un massacre. A midi, une petite pause lui avait laissé le temps de boire une petite "choupe" qui vous l'avez deviné, était bien une soupe de chou! (Oh ça va!Je peux inventer non!? Quoi!? Les inventions dans les abréviations ça peut exister dans l'esprit de dame le Tapou! Non mais alors!)

Bon, après sa petite "choupe" et une petite "chieste" qui lui permettait de se reposer les pieds et le dos, elle avait décidé de repartir cette fois s'occuper des fleurs dans la cour, mais elle éprouvait tout d'un coup moins d'entrain que le matin. Et comme on fait le geste de se taper sur les cuisses pour se motiver soi-même, dame Le Tapou fit de même et ses mains heurtèrent le paquet de cigarettes qu'elle avait totalement oublié dans son tablier depuis un grand moment. Elle le sortit, l'ouvrit et vit qu'au lieu des cigarettes civilisées qui devaient y être rangées, il n'y avait que quatre demies cigarettes. Coupées. Pas fumées à moitié. Coupées! Il y avait aussi dans le paquet, une petite rame de papier léger,ainsi que du "foin" de tabac qui provenait probablement des bouts coupés et qui avaient été émiettés. Elle renversa le tout sur son tablier immaculé( n'oubliez pas que c'est ancienne lavandière) et se mit à jouer avec ce tabac. Elle le roulait entre ses doigts et de temps en temps tombait sur de petits blocs de "chose" qu'elle appela des crottes en se demandant ce que ça pouvait bien être. Elle allait tout jeter à la poubelle quand tout à coup elle se mit à rire sous cape comme une enfant. Elle venait de se rappeler qu'avec Yvon son grand-frère et ses cousins Salaun, ils chipaient des fois du tabac dans les blagues de leur pères ou grand-pères et allaient le fumer près du calvaire du Jésus-aux-poux qui portait ce surnom-là, donné par les écoliers car il était situé sous un cerisier et les oiseaux qui venaient se goinfrer de cerises, se soulageaient sur la tête de la croix pour sûrement s'éviter des gastro honteuses pendant leur vol dans les airs. Ca faisait donc des espèces de concrétions sur la tête de la statue qui, ne pouvant rien faire avec ses bras en croix, gardait donc ces décorations surnommées poux.

Elle se mit à penser si fort à son grand-frère et à son enfance qu'elle faillit se mettre à sangloter. La nostalgie. La mélancolie. Pour éviter que tout cela ne se ligue contre elle, elle décida de faire comme quand ils étaient enfants et décida d'en "chouquer" une à la santé d'Yvon.

Comme si les années depuis son départ de sa Bretagne avaient disparu tout d'un coup, elle roula une sigaretenn avec une rapidité et une habileté qui la sidérèrent elle-même. Quand ils étaient enfants,ils devaient toujours le faire très vite pour vite finir de fumer avant que l'odeur du tabac portée par le vent n'ameutât les parents qui chaque fois, leur offrait une tournée de torgnoles et d'oreilles tordues pour "leur apprendre". Quand elle eut fini son oeuvre, elle la regarda et éclata d'un grand rire;elle la mamouna (choya , oh ça va! Faites un effort! Parlez breton quoi! Oh!).

Clignant de l'oeil devant son frère qu'elle imaginait devant elle, elle leva la sigaretenn au-dessus de sa tête en une sorte de "prosit" assez rigolo, elle la porta à sa bouche et l'alluma en riant toute seule. Elle tira de grandes bouffées qui la firent s'étrangler à moitié et pleurer des yeux ( Qui a demandé si on pouvait pleurer d'autre chose? Qui? Hein? Du nez! On peut pleurer du nez! Et toi, tu vas pleurer du sourcil quand je t'aurai collé un pain! Non mais! Faut pas me chercher là, je suis chaud!). Elle retombait en enfance, et tirait comme une tarée sur la clope qu'elle finit à toute trisse. Comme Il lui restait du tabac et qu'elle ne voulait pas gâcher, par habitude et par un atavisme de son ascendance partiellement bigouden dont la particularité est le "rapiatisme", de la vraie radinerie harpagonesque qui fait que l'on découvre que les morts du pays clamsent sur des tas d'or après des vies au pain sec et à l'eau. (Oooh quoi! On peut bien diffamer de temps en temps non?)

Elle se roula pour la seconde fumaison un vrai gros sigarenn! Du qui aurait pu accompagner Bill Clinton et Monica Lewinsky en voyage de noces derrière la Maison close Blanche. Elle attaqua le barreau avec décision. N'ayant plus trop l'habitude de cloper, elle tirait comme un bourrin (qu'elle était un peu faut bien l'avouer) sur la grande cigarette. La sensation qui gagnait tout son corps fut mise comme par un esprit autre qu'elle-même sur le compte de ses retrouvailles avec une des délictueuses activités de son enfance. C'était douuuuux! Ooooh! Elle se sentait bien! Ouaaaah! Elle pouvait voler eeeeh! Elle voulait rire iiiiihhhh! Elle faisait des tas de vocalises impromptues. En fait, comme vous avez compris bande d'affreux dégénérés drogués enfumés et aventuriers potacheux, dame Le Tapou venait de découvrir des billes pour fabriquer des cigarettes joyeuses! Billes autrement baptisées sous le prénom "boulettes"!(Mais cette appellation est créée pour tromper l'ennemi!)

Elle s'étonnait en se voyant dans le miroir de voir son nez faire des ondes. Elle n'arrivait pas à les attraper avec ses mains qu'elle tenait en conque devant son nez. Dans un de ses yeux, il y avait un oeil fleuri qui poussait et qui n'empêchait pas l'autre de voir. C'était drôôôôôle!

A ce moment-là, monsieur le maire qui était lui sans être lui parce qu'il était grand, très grand,que sa tête touchait le plafond et sa voix produisait un son de clochettes aigrelettes dans la tête de dame Le Tapou que cela amusait énormément.Elle n'évaluait plus bien les distances et elle le colla au mur en lui arrivant trop vite dessus. Lui, prenant cela pour une démonstration intense d'amour lui proposa au débotté de venir avec lui au musée où il allait voir ce dimanche une exposition de peinture d'un Japonais dont on lui avait dit le plus grand bien. Vovonne allait pleurer en apprenant cette sortie en couple c'était sûr mais là, il ne pouvait pas résister à une telle démonstration d'amour.

Dame Le Tapou qui, à son insu vaguait des neurones dès les premières tafs dit oui tout de suite à cette sortie. Ils partirent aussi sec bras dessus bras dessous. Les fenêtres de l'immeuble claquèrent et re-claquèrent à toute volée. Radio-de-quoi-je-me-mêle était en ébullition. Il allait y avoir du cancan au menu pendant des jours; du cru,du cuit, du croustillant, du fameux,du Levi-Strauss de palier.

Le taxi qui attrapa ce drôle de couple à la Dubout se demanda où il était quand l'homme lui donna entre deux baisers à la femme en tablier, l'adresse du musée Guimet. Il se demandait ce que ces deux-là avec leur dégaines improbables pouvaient aller faire à Guimet. La femme avec sa coiffure tour de Pise qui s'écrasait contre le plafond du taxi et finissait en accordéon comptait des "séléphants" tout le long du trajet en gloussant pendant que l'homme parlait de lui faire voir sa trompe de maire ou de mer il ne savait pas; il n'osait pas demander au monsieur de quel genre de maire, mère ou mer il s'agissait. Et il s'agaçait drôlement le chauffeur de taxi de ne pas pouvoir comprendre le fin mot d'une histoire qu'il sentait salace mais dont il ne savait pas en quoi elle l'était. Il faillit rentrer dans un bus à l'approche du musée où il les débarqua avec regret. Ils étaient curieux ces deux-là.

L'entrée du couple dans le musée fit un effet médusant qui démarra dès le hall d'entrée.Un silence total s'établit. Les caissières se demandaient en bonnes filles branchées qui étaient ces deux comédiens et où étaient les caméras. Le costume breton de dame Le Tapou aurait pu se caler dans n'importe lequel des tableaux de Gauguin sur le thème de la paysanne bretonne. Son sourire était aussi flottant que sa démarche qui n'était plus celle que la cour de l'immeuble lui connaissait. Le maire paya les billets et la prenant par la main, il l'entraîna dans la première salle. Il lui trouvait un petit air de folie douce depuis qu'il l'avait retrouvée dans sa loge et invitée à l'improviste à venir voir cette exposition. Malgré la grande taille et la carrure certaine de Crescence Marie-Carême, elle se laissait guider sans résistance comme un petit enfant. Son sourire partait de plus en plus régulièrement en petits rires étonnés comme devant un album de famille dans lequel on découvre des gens sérieux de la famille en tenue de bain chelou du style le slip de bain en laine tricotée qui remonte sur le ventre des hommes jusqu'au dessus de nombril.

Ils avancèrent de quelques pas dans la grande salle, droit vers LE tableau! Celui qui faisait la réputation mondiale du peintre Hokusai. Il ne se passa pas plus de dix secondes depuis leur station devant le tableau que comme frappée par la foudre, dame Le Tapou pila net! Poussa un cri en levant les bras au-dessus de sa tête dans un geste comme l'on ferait pour décrire un être féroce et gigantesque qui nous dépasserait de plusieurs têtes. Elle entama une espèce de danse sauvage d'Indien furieux version Hollywood-sous-John-Wayne. Elle poussait des grognements et des cris gutturaux. Elle simulait des attaques vers la toile et opérait des poses et des parades dignes d'un Shaolin du club des Bruce Lee 56ème Dan ( Qui a dit de requin? Qui? des tartes dans la face qui se perdent! Non mais oh! De requin! Ppfff!).

Quand elle cria "A l'attaaaaque!" en balançant son fameux coup de pied fouetté dans le tableau, les mains dans la position de la grue-féroce- qui-se-prend-pour-un-tigre-qui-a-bu-du-thé-à-la-fleur-de-lotus, il se déclencha une espèce de panique générale. Comme si cette peur avait été jusque là contenue dans l'étonnement qu'avait provoqué son arrivée dans ce musée. Les vigiles qui,comme obéissant à un ordre subliminal s'étaient tous regroupés dans un coin près du couple étrange, fondirent par réflexe, comme un seul homme vers la bretonne devenue karatéka et qui se mit à jouer du battoir comme d'un nunchaku condensé! Jamais vu autant d'i-phone partis pour photographier ou filmer la scène, revenir en incrustations dans les têtes de leurs propriétaires. Les vigiles firent groupe et même grappe sur dame Le Tapou qui,virevoltant, se mit à sautiller avec légèreté d'un pied sur l'autre en position de combat de catch avant la "prise mortelle". Elle avait remonté ses jupes et son tablier et les avait coincés dans son dos dans la ceinture du tablier. Elle opérait des feintes de vraie catcheuse sa main droite prolongée par son battoir. De temps en temps, elle mettait un coup dans la "vague" du tableau en lui criant "Couché toi! Pas attaquer!" Elle semblait y voir un être vivant surgi d'on ne sait quelle planète et cet être semblait être au moins un danger dont elle se méfiait beaucoup et voulait le garder sous son contrôle.

De temps en temps, le groupe de vigiles lançait une belle attaque concertée matraque en avant. Elle les recevait et distribuait autant de coups qu'elle pouvait et ressortait de dessous le tas d'uniformes en soufflant et en riant aux éclats. La coiffe,toujours retenue par ses rubans avait fait un tour complet sur sa tête, et dans une des mêlées, se retrouvait maintenant pendant sous son menton comme un sac d'avoine sous la bouche du cheval ou comme une doua-our,barbe postiche de pharaon. Le maire avait voulu calmer sa belle et avait fini les quatre fers en l'air mais roucoulant de plaisir d'avoir pris un double coup de battoir bien appliqué là où ça lui faisait beaucoup de bien en lui faisant tant mal et ses cris que certains prenaient pour ceux de la souffrance étaient du pur plaisir de sado-masochiste qui découvrait l'exhibitionnisme.

Les vigiles se concertèrent encore pour un encerclement tactique qu'ils espéraient vainqueur cette fois-ci. Mais las! Dame le Tapou leur fila entre les matraques comme une anguille et fonça dans le tas de touristes japonais, américains et autres locaux de tous les partouts du monde entier qui énervent les nationalistes. Elle pila devant le groupe et prit tout d'un coup la position de la grue vacharde :debout sur un pied,les bras levés au dessus de la tête, les mains en forme de griffes vénéneuses, un rire foutraque la secouant. Elle tint la position devant le groupe qui n'était plus qu'un conglomérat d'yeux apeurés et interrogatifs. Un groupe de japonaises, tremblantes sur leurs petites jambes arquées(des flèches?!! Qui a fait le coup de l'"arc et des flèches? Qui?).

Qu'allait-elle faire!!!??

Baah!On sut tout de suite! C'est Dame Le Tapou en même temps hein! Elle abattit le battoir! Olé! Vlan! Paf! Pouf! Pif! Craac!!! Un tas de coups tomba sur un tas de gens qui étaient juste venus voir une exposition et allaient finir eux-même en oeuvre d'art si les secours n'arrivaient pas vite!

Crescence-Marie! cria le maire quand le bruit de sirènes se fit proche et insistant. Dans son cri, on sentait l'amour, l'inquiétude et le rire mêlés.

Dame Le Tapou descendit du monceau humain qu'elle était en train de modeler à coups de battoir empêchant tout bras, tête ou jambe de dépasser. Comme elle était enfin satisfaite de son ouvrage où personne n'osait plus ni crier, ni bouger, elle repartit sagement se replacer devant le tableau représentant la fameuse vague d'Hokusai. La vague bleue. Et elle reprit la position de la grue combative. Sur un pied,dos un peu voûté, bras levés très haut au-dessus de la tête et les doigts en forme de pinces de crabe.

Les pompiers la trouvèrent ainsi, riant aux larmes. Ils les embarquèrent elle et son amour de maire pendant qu'elle criait à tue-tête qu'elle voulait divoged(fumer comme une cheminée)une butana(cigarette). Les pompiers eurent beaucoup de mal à la faire monter dans l'ambulance parce qu'elle voulait d'abord attraper le gyrophare qu'elle prenait pour une luciole. Et elle voulait absolument "atarper" cette luciole pour lui confier un secret avant de la laisser s'envoler au loin pour aller porter sa prière secrète aux dieux dont probablement celui du chichon!

Bon! J'ai compris! Pas la peine que je demande: c'est le coin! M'en fous! J'y vais. Merci bande de tâches! La prochaine fois, Dame Le Tapou va faire la révolution pour Kiev!

C'est du copyright de moi-même et je ne vous parle plus jusqu'à hier! Illitérature et Compagnie!


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