Dune

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lieu

Une dune est un amas sableux servant d'abris aux jeunes gens avides de sensations pubères.

Selon certaines constatations il s'agirait aussi du milieu naturel de la capote usagée et de la seringue rouillée.

Film

Dune est aussi le titre d'un long métrage cinématographique (autrement appelé film) inspiré d'une série de romans. Le héros est un jeune homme parfaitement proportionné qui se prends à diriger un peuple vénérant des vers géants.


L’intrigue :


Dune fut unanimement applaudi lors de sa sortie pour la qualité subjuguante de ses effets spéciaux, et cela à juste titre puisque David Lynch fait appel à une multitude de techniques nouvelles, tel le « coloriez vos vaisseaux spatiaux en moins d’une minute » ou encore le « pourquoi qu’il ressemble à un gros carré orange le bouclier magnétique ? », sans compter les effets sonores assurés par la firme Bruitez-vous-mêmes vos vaisseaux dans l’espace (cf. La Cité de la peur) et les effets plastiques du manuel « fabriquez votre vers des sables en carton mouillé » (cf. La déco pour les nuls, 1979). Le scandale fut d’ailleurs grand puisque Dune ne fut pas récompensé par l’oscar des effets spéciaux, alors que 2001, l’odyssée de l’espace l’avait été en son temps…

Mais les costumes, tout autant que le jeu des principaux protagonistes de cette épopée, assurent à Dune son statut de meilleur représentant cinématographique du kitch flamboyant à égalité avec Caligula (quoique dans un tout autre registre).

Pour autant, limiter Dune à son esthétique inimitable serait par trop réducteur. Car Dune est un authentique film idéologique, qui recoupe au moins trois préoccupations majeures de la science-fiction contemporaine : la déformation de l’espace-temps, lasexualité et les effets (socio-culturels, économiques de politiques) de l’usage de la drogue.



1. Dune ou l’espace-temps anéanti

Tout le problème de David Lynch, lorsqu’il voulu se lancer dans l’adaptation cinématographique de l’œuvre de Franck Herbert, se résumait en une question simple : « comment retracer en images et en moins de deux heures une œuvre que même avec le meilleur prof de la terre, tu peux pas résumer en moins d’une demi-journée ? ».

Bien entendu, David Lynch s’est bien vite rendu compte que cela lui serait impossible. C’est donc au moment où il se préparait à abandonner le projet qu’une idée de génie lui vint (ben ouais, c’est quand même lui qu’a fait Mulholland Drive !) : et si je démontrais par l’absurde l’impossibilité de réaliser un film retraçant une histoire trop longue pour en faire un film, en réalisant un film retraçant une histoire trop longue pour en faire un film.

C’est donc en suivant ce fil conducteur que Lynch a réalisé son film . Le problème peut venir du fait que le spectateur qui n’a pas lu le livre ne le suit plus (le fil, et par voie de conséquence, le film).



2. Dune ou le problème d’une sexualité refoulée

L’ensemble du film est, à l’image de sa source d’inspiration (péplums érotiques italiens des années 70 et séries de SF -V et Star Trek pour l’essentiel-), l’ensemble du film donc est irrigué par un sexualité omniprésente et (c’est là que se nouent toutes les intrigues) refoulée.

En effet, comment interpréter la forme évidemment phallique des vers des sables ? ces mêmes vers des sables qui fournissent l’épice qui vient féconder l’univers connu en permettant la circulation des vaisseaux de planète en planète (de même que les spermatozoïdes circulent jusqu’à l’ovule). Mais ce qui rend Dune aussi novateur est l’intégration post soixante-huitarde de la séparation entre l’acte sexuel et la reproduction, symbolisée ici par le Bene Gesserit. Ordre uniquement féminin (ce qui laisse supposer le rapport décalé à la réalité sexuelle qu’il entretient), le Bene Gesserit vit dans l’adulation d’un futur Kwisatz Haderach, probable résultat d’un culte orgiaque à la (dé)mesure de cet Ordre, culte réunissant en un tout fusionnel sexualité-reproduction (puisque le Kwisatz Haderach fertilisera le monde grâce à ses dons infinis) et sexualité-passion (puisque il doit probablement être bon au lit, en tant que surhomme).

Enfin, le rituel par lequel la sœur devient une Révérende Mère au sein de l’Ordre est la forme la plus visible de ce culte orgiaque.



3. Dune ou la malédiction d’un monde livré à la drogue

Point besoin de faire de grand schéma ici : le monde dans lequel s’inscrit Dune est totalement accro à l’épice. Sans lui, les navigateurs de la Guilde spatiale ne plient plus l’espace. Or, un espace non plié, ça prend plus de place dans le placard. Sans lui, les sœurs du Bene Gesserit n’ont plus leurs pouvoirs, donc pas de Kwisatz Haderach, et pas de film. Sans lui enfin, les Fremens n’ont pas leurs yeux bleus, donc pas de gros plans sur les yeux des Fremens (dont la charge émotionnelle est importante puisqu’elle permet de les identifier comme groupe hétérodoxe et potentiellement investi d’un rôle central dans le déroulement de l’intrigue).

Or, du message simpliste de Herbert, qui composa son œuvre afin d’inviter ses enfants à ne pas consommer l’acide et les champignons qui faisaient alors fureur dans les universités californiennes, David Lynch a tenu à faire un tout plus complexe et moins simpliste.

C’est à ce moment qu’il s’est rappelé qu’il ne disposait que de deux heures pour faire son film. Quoiqu’il en soit, et jusqu’à Las Vegas Parano, Dune est certainement le film le plus convaincant sur l’usage au quotidien et les méfaits éventuels de la drogue.



En conclusion, il ne faudrait pas oublier que le principal mobile de Dune était de réconcilier le grand public avec la pluie. Trop souvent décriée par des citadins qui n’hésitent pas à sortir leur parapluie et à exprimer leur mécontentement par des jurons plus ou moins sentis dès qu’une goutte a le malheur d’effleurer leur visage, la pluie n’en est pas moins un élément crucial pour la vie sur Terre et l’équilibre de certaines personnes. C’est pourquoi nous pouvons dire un grand merci à David Lynch.

A noter que David Lynch s’est depuis illustré dans une série d’accomplissements plus ou moins merveilleux (et réclamant par conséquent une dose plus ou moins grande d’épices), tel que Inland Empire.

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