Royaume de Bolbec

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Le Royaume de Bolbec a existé du 8 juin 1066 au 26 octobre 1066. Crée pour des raisons troubles, son histoire est une des plus intéressantes de celles des royaumes médiévaux. En moins de cinq mois d'existence, il aura connu plus d'intrigues et de rois qu'en ont eus tous les royaumes d'Europe en au moins trois siècles d'existence (environ). Il a donc en soi une histoire très riche et très intéressante. On pourrait dire que le Royaume de Bolbec a l'histoire la plus intéressante du monde, et qu'il est l'état le plus fascinant ayant jamais existé.

Fondation du royaume

En 1066, Guillaume II le Conquérant, Duc de Normandie, conquiert l'Angleterre. Il se fait ainsi couronner Roi à l'appui de son ascendance généalogique. En Normandie, la famille du Comté de Bolbec, qui se déplaît à n'être que des comtes et comtesses, fait une demande à leur Duc pour obtenir leur indépendance, arguant que maintenant qu'il a l'Angleterre, il ne remarquera pas s'il lui manque un petit Comté dans son duché d'origine. Guillaume II le gros Bâtard (appelé ainsi en raison de son illégitimité), fort occupé à réorganiser l'Angleterre, reçoit donc une lettre de Bolbec ; "Dis, on serait un royaume s'il te plaît ?" Ce à quoi il répond, agacé ; 'Non". Ce à quoi répondent les de Bolbec ; "Allez s'il te plaît". Ce à quoi répond Guillaume II : "Non". Les de Bolbec répondent "Allez vas-y fais pas ta pute". Ce à quoi Guillaume, qui en a un peu ras-le-bol, et qui se dit que de toutes les façons le Comté de Bolbec a autant d'importance économique, stratégique et politique que, de nos jours, la Sarthe, finit par répondre "Bon allez d'accord". Les de Bolbec lui rétorquent alors "Ouais ! Super ! Merci beaucoup !".

Foutrugon 1er le Roi

Foutrugon 1er.

Foutrugon, comte de la cour de Bolbec (qui compte trois membres, soit le comte, la comtesse, stérile, et leur chien) est le premier à être couronné (logique). Afin de marquer le coup, il est décidé de lui donner un adjectif, comme chez les rois de France, Philippe le Bel, Jean le Bon ou Charles le Grand. Il sera donc "Roi Foutrugon 1er le Roi". Pourquoi une telle simplicité (et un tel manque de créativité) me direz-vous ? Eh bien parce que les autres choses qui le caractérisent ne sont pas très flatteuses. On aurait pu l'appeler, par exemple, Foutrugon le Bossu, Foutrugon le Méchant, Foutrugon le Bec-de-Lièvre, Foutrugon la Verrue, ou encore Foutrugon le Sodomite. Sodomite, car Foutrugon, tout émoustillé par son statut de roi, se met à sodomiser tous les membres de son royaume. Personne n'ose s'opposer à lui, la tradition royale Bolbecaise héritant de la française, Foutrugon 1er est considéré comme élu de Dieu.

Le royaume et ses 28 habitants vit très vite assez mal le tronchage d'anus rigoureux qu'inflige le roi à ses sujets. L'évêque de Bolbec, dorénavant incapable de s'asseoir mais capable de déféquer ses repas quatre secondes après les avoir ingurgités, recherche dans les écrits de l'histoire du Comté s'il n'y aurait pas un prétendant au trône pour remplacer ce roi témoignant certes d'une vigueur exceptionnelle malgré sa soixantaine d'années, mais manquant de discernement. Les registres ne lui apprennent rien. Désespéré, il part se plaindre aux oreilles de la vieille domestique du château, Frudugonde. Elle lui apprend alors que cela fait trente-cinq ans que le roi copule avec toutes les employées de maison et qu'il a environ sept cents enfants illégitimes, elle-même ayant donné naissance à vingt-huit Foutrugon juniors.

Extatique, l'évêque suit la loi de la primogéniture salique et va chercher le plus vieux des bâtards Bolbecais. Il s'agit du fils qu'a eu Foutrugon quarante-cinq ans auparavant avec sa nourrice. Claudhaire, puisque c'est son nom, n'a alors connu que la vie de mendiant et de clochard, défavorisé qu'il est par sa laideur, sa puanteur, son bégaiement et son unique oeil au milieu du front. "Bah", se dit l'évêque, "Un roi cyclopéen ne sera jamais pire qu'un roi priapique. Au moins, on aura le cul tranquille."

L'évêque fomente alors l'assassinat du roi. Son plan est simple ; mettre sa crosse en travers de l'escalier principal du Donjon du château du Roi, et remplacer la vitre du mur d'en face dudit escalier par un vitrail représentant un cul. Le roi, fixant le vitrail, ne remarquera pas la crosse et dévalera les 116 marches en roulant, se tuant dans le processus. L'histoire suivant son bonhomme de chemin, le plan ne fut jamais enclenché. Foutrugon 1er mourut en effet la nuit suivante, ayant malencontreusement enculé un ours brun qui dormait, lors d'une balade dans les bois.

Le jour même de la mort de son père, l'arrivée prochaine de Claudhaire est annoncée à la cour, ainsi que son couronnement à venir.

Claudhaire l'Immonde

Claudhaire 1er.

La sodomie, c'est rigolo cinq minutes, mais ça s’essouffle quand même assez vite. C'est pourquoi l'arrivée de Claudhaire fut accueillie comme un soulagement, les sujets du Royaume de Bolbec fort heureux de pouvoir bientôt se faire gouverner par un individu donc le seul intérêt n'est pas le ramonage de claques-merde. Cependant, l'évêque avait oublié de prévenir les braves paysans que le roi sur le point d'arriver n'était pas tout à fait humain. Pour bien se rendre compte de la situation, je vous propose de lire cet extrait des notes d'un jeune curé, alors sous la tutelle de l'évêque et présent lors de l'arrivée de Claudhaire en sa cour (traduit du vieux français par mes soins) :

Nous étions dans l'attente fébrile de l'arrivée du nouveau roi du royaume. Le rappel de messire Foutrugon au saint père fut, en toute honnêteté, un vrai soulagement. Je sais bien que c'est un péché que de se réjouir du décès d'autrui, et que quiconque lisant mes notes pourra rendre compte de cela à l'évêque et me faire radier, mais tout de même, quel soulagement. Je sais que c'est mal de dire ça, mais putain de merde, j'en pouvais plus. J'espère que ce vieil enculé rôtit en enfer, une braise incandescente fourrée dans le trou du cul.

Autant l'attente de l'arrivée du roi était grande, quelques badauds s'étant même retrouvés à l'entrée du palais pour voir ce qui allait s'y passer (la plupart ignorant par ailleurs probablement qu'ils ne dépendaient plus ni du Duc de Normandie ni du Roi de France depuis quelques jours), autant la découverte du nouveau monarque fut un traumatisme. Alors qu'il approchait, au loin nous entendions moult hurlements et supplications. "Enfer ! Horreur ! Pitié ! Ne mangez pas mes enfants !" Qu'étaient-ce là que ces turpitudes ? Quels drôles s'amusaient ainsi à donner mauvaise réputation à leur nouveau monarque, me disais-je alors. Comme j'avais tort. Son arrivée provoqua en moi un flot de pensées incontrôlables. Un instant, je crus voir, dans un coin de la pièce, le Malin me pointant du doigt en riant. Je reniais vingt fois mes voeux, refusant de croire à l'abomination qui venait d'apparaître devant moi, montée sur un cheval. Je ne pouvais pas penser que le Seigneur Tout-Puissant ait pu un jour créer une telle abomination. Sans pourtant avoir rien mangé, ni senti en mon estomac quelque douleur, je vomis une quantité invraisemblable de bile verte, tout en restant debout , et en gardant les yeux rivés sur la créature. Sans doute mon âme avait-elle pris la décision toute seule de me purger ainsi, comme une sorte de moyen d'autodéfense face à l'erreur de la réalité qui s'imposait à mon regard.

Autour de moi, la garde royale, soit deux soldats armés de piques, pleurait toutes les larmes de son corps en se roulant par terre. Le jongleur invité pour l'occasion riait de tous ses poumons, d'un rire malade, forcé, presque un hurlement. Frudugonde, la domestique, était encore debout, fixant le monstre, les bras croisés dans le dos. En y regardant de plus près, je remarquais qu'elle s'enfonçait en réalité une aiguille à tricoter dans le bras, et qu'un flot continu de sang s'en échappait déjà. Seul Monseigneur l’Évêque de Bolbec semblait s'être habitué à la vue de l'horreur. Je me tournais vers lui, et lui demandais s'il s'agissait vraiment là du nouveau roi de Bolbec. Mais au lieu de mots, ce fut un cri rauque et guttural qui sortit de ma bouche.

Soudain, je me rendis compte que je n'habitais plus mon corps mais flottais dans une dimension autre. Mon âme, libérée des contingences matérielles, avait, grâce à cette apparition surnaturelle, atteint un niveau de conscience indiscernable par le commun des mortels.

L'arrivée de Claudhaire ne provoqua pas la réjouissance escomptée. L'évêque chercha alors une solution, dont celle de lui poser des lunettes pour essayer de donner l'impression qu'il était normal :

Bol3.jpg


Cette idée se révélant mauvaise, l'évêque prit alors la décision de se débarrasser de nouveau du roi, sept cents autres rois potentiels étant dans la file d'attente. Il alla alors le perdre dans la campagne, espérant que quelque paysan terrorisé l’embrochât.

Margelion le Fol

Margelion 1er. A priori, rien d'anormal.

Le suivant en lice était un certain Margelion. L'évêque, afin de s'épargner davantage de haine de la part de ses déjà peu nombreux sujets, alla à la rencontre de Margelion afin de vérifier son aptitude à vivre en société, ou tout du moins à ne pas faire vomir quiconque posant son regard sur lui. Il se dit également que la nécessité d'un roi n'était pas non plus extrêmement forte en le royaume de Bolbec, et que quelqu'un qui n'était ni monstrueux, ni sodomite était déjà un grand pas en avant.

Margelion habitait dans le village avoisinant de Colbec (entre Bolbec et Dolbec), et vivait de sa propre agriculture. Il n'était pas marié, ce qui permettait de garder un œil sur la succession. Lorsque l'évêque le rencontra, il fut satisfait de découvrir que l'héritier avait bien deux yeux.

— Bonjour, es-tu Margelion, fils de Glogorde-la-grivoise et de père inconnu ?
— Oui, tout à fait oui. C'est moi, oui tout à fait. Pourquoi ? Oui, c'est moi. Bonjour. Tout à fait.
— Sache que ton père était Roi de Bolbec, et qu'il a été tué par un ours, et que donc maintenant c'est toi le roi.
— Fort bien ! Tout à fait certainement.
— Je suis content de voir que tu as deux yeux et que ton visage n'est pas horriblement repoussant !
— Fort bien.
— Serais-tu par hasard un sodomite fou ?
— Non. Point trop s'en faut. Quelle heure est-il ?
— Je ne sais pas. Quoiqu'il en soit, tu as l'air parfaitement normal, viens donc avec moi siéger sur ton trône.

L'évêque ne remarqua pas qu'il y avait quelque chose de bizarre avec Margelion, comme par exemple qu'il plantait des crottes de lapin dans son champ alors qu'était arrivé l'homme d'église, que sa maison n'avait pas de porte d'entrée, qu'il portait une chemise à la place du pantalon, ou encore que son chien avait un jabot greffé sur la tête. La légère démence de Margelion apparut plus vite aux sujets de la cour. Alors que son valet de chambre l'approchait pour le débarrasser de ses affaires de voyage, ce dernier reçut un mollard au visage, ainsi qu'un coup de rotule dans les testicules. L'évêque resta coi également lorsque le nouveau roi hurla dans les oreilles de la reine des "Ah" à répétition en la forçant à se mettre des claques à elle-même. Le vieil évêque resta parfaitement stoïque lorsque le monarque baissa son pantalon, se pencha en avant et laissa des particules d'étrons éclabousser le bouffon alors que ce dernier marchait sur les mains. Le vieil homme de Dieu finit par se rendre compte que quelque chose n'alla pas avec Margelion lorsque l'homme mit deux enfants sous ses bras, monta dans la plus haute tour, les jeta par la fenêtre jusque dans les douves, puis courut les repêcher afin de recommencer l'opération.

— Bon. Encore un dont il va falloir se débarrasser.

Seulement, comment arrêter un psychopathe imprévisible, dont le contrôle échappait non seulement à tous les standards de santé d'esprit, mais également de toute folie ? L'évêque saisit sa chance alors que Margelion saisissait la reine, la soulevant au-dessus de sa tête avec force efforts, dans le but de répéter le jeu qu'il exécuta auparavant avec des enfants. L'évêque se dirigea à toute vitesse vers le Fol, lui donnant un coup de crosse derrière les genoux. Margelion s'agenouilla alors, laissant tout le poids de la reine sur sa colonne vertébrale, qui se rompit dans un grand "Crac", laissant l'homme paralysé à jamais. Il fut alors jeté dans les latrines, sur les conseils avisés du bouffon.

— Plus qu'à trouver un nouveau roi, ce ne sera jamais que le troisième en deux jours.

Gloubillet le Puant

Gloubillet 1er. Vous comprendrez dans un instant pourquoi le peintre n'a pas pu rester terminer ce portrait.

Frudugonde indiqua à l'évêque la prochaine cible à couronner. Il s'agissait de Gloubillet, fils de la Comtesse de Zolbec, et lui-même futur comte. L'affaire était trop belle : un jeune homme déjà élevé aux manières de la cour, forcément capable souverain et être humain fréquentable ! L'évêque ne se sentait plus de joie, et alla crier famine de monarque à la comtesse sa voisine. Ce dont ne se doutait pas le vieil homme d'église, était qu'en bonne femme bien éduquée et bien dans sa tête, la charmante comtesse avait mal supporté de se faire remplir comme une bombe à eau sans avoir reçu le moindre petit bisou, et ce par un obèse certes charmeur, mais fort brute et égoïste, non content d'être un fieffé péteur de trou de balle. La chose aurait pu être plus simple si Foutrugon ne s'était pas de plus enfui en ayant donné une fausse identité à la dame ainsi qu'un môme qui n'allait pas tarder à demander de l'argent et de la figure paternelle. L'évêque se demanda un instant s'il y eût moyen que Frudugonde se fût trompée, elle qui, clamait-elle, avait été la confidente du Roi des années durant, étant celle qui remplissant régulièrement sa coupe de vin et entendant donc tous ses aveux enivrés. Le doute disparut lorsqu'il vit un portrait de Gloubillet, la ressemblance avec Foutrugon s'avérant alors indubitable. Résigné, le vieil homme finit par faire face à la pauvre comtesse, lui demandant avec le plus grand tact possible s'il était possible que Gloubillet vienne siéger à Bolbec.

— Oh, si vous voulez. Cependant, il faut que je vous prévienne...
— Et merde... J'en étais sûr. Qu'est-ce qu'il a ? Il a trois yeux ? Huit testicules ? Il est né avec la diarrhée ?
— Mais non enfin, pas du tout ! Pourquoi ces suppositions horribles ? Que vous arrive-t-il, Monseigneur ?
— Je... Excusez-moi, j'ai tellement joué de malchance avec les rejetons du père de votre enfant que je crois que je commençais à perdre pied avec la réalité.
— Tout de même, trois yeux, c'est grotesque !
— Oui, pardonnez-moi. C'est vrai, c'est ridicule, je me fais du souci pour rien, j'imagine le pire sans raison. Alors, dites-moi, de quoi devez-vous m'avertir ?
— Fort bien. Eh bien voyez-vous, en prévision de la possibilité que Foutrugon, alors Comte, revienne chercher son héritier au cas où il ne disposerait pas de fils de sa reine, j'ai piégé Gloubillet.
— Pié...?
— Toute sa vie, je ne l'ai nourri que d'ail et d'oignon cru, et lui ai offert successivement une douzaine de boucs comme animaux de compagnie durant son enfance. Le petit abruti s'est donc pris d'affection pour ces animaux, et encore aujourd'hui, dort toutes les nuits avec un de ses boucs favoris. Son alimentation a laissé à jamais une empreinte odorifère extrêmement désagréable en son claque-merde, alors que sa peau s'est empreinte à jamais de musc de bouc. Oh, ne faites pas cette tête, je l'ai tout de même élevé avec tout l'amour d'une mère, et il est parfaitement apte et équilibré. Si vous arrivez à supporter l'odeur.
— Eh bien, j'en suis bouche bée. Superbe manoeuvre, votre plan a fini par marcher. Dommage que ce soit sur moi que retombe votre vengeance.
— Oh, vous savez ! A partir du moment où je peux faire chier les gens qui ont fréquenté cet énorme connard. Je n'hésiterais pas à pisser sur sa tombe, par ailleurs.
— Vieille salope.
— Vieux puceau.

Cet échange terminé, l'évêque alla voir en la chambrée comment se portait Gloubillet. « Je ne risque tout de même pas grand-chose », se dit-il, « avec l'âge mon nez s'est complètement bouché. Le seul truc inquiétant est que je viens de trouver sa chambre juste en suivant l'odeur... Et tous les domestiques ici portent des mouchoirs sur le visage. Seigneur. » L'homme entra dans la chambre du jeune comte, alors assis à son bureau, travaillant sur quelque essai juridique, caressant le bouc qui ronronnait sur ses genoux. Il y avait en cette chambre, en lieu et place de mur externe, une gigantesque ouverture donnant sur le vide, servant à aérer l'environnement.

— G... Gloubillet ?
— Oui ? Oh, pardonnez-moi Monseigneur, de ne pas m'être levé. Mais je ne voudrais pas surtout déranger Boubacar.
— Boubacar ?
— Mon bouc, que vous voyez là. Qui c'est le joli bouc ?
— Je rêve ou il vient de miauler ?
— Que puis-je pour vous, cher envoyé de Dieu ?
— Eh bien je... G... Excusez-moi, je crois que je me suis un peu vomi dans la bouche. Eh bien voyez-vous... Gu... Guaaaa...
— Monseigneur, je vous suggère de vous laisser aller, c'est ce qui convient à mes interlocuteurs le plus souvent. Il y a un baril juste à côté. Voilà. Allez-y. Eh bien, vous n'avez pas mangé grand-chose ce matin.
— Je suis arrivé très tôt. Je... Gueeeuuaaaaaah...
— Allez-y, allez-y, il faut en moyenne cinq vomis avant d'arriver à supporter mon odeur. Je vous suggère également de fermer vos yeux, ou votre cornée risque de lentement se désagréger.
— Je vous couronne gueeeeuuuuh Roi de gueuuuuuuuuuuuuaaaaah Bolbec ! Gueeeeeeuuuuuh..

A ces mots, l'évêque jeta la couronne en la direction de Gloubillet, tout en vomissant une fois de plus dans le baril à invités. Le jeune homme pris l'accessoire dans l'oeil, ce qui lui fit perdre l'équilibre, et tomber par la gigantesque fenêtre d'aération. Il éclata en tombant sur le sol, faisant un énorme bruit de prout, un nuage vert s'échappant de sa carcasse. L'évêque, les yeux remplis de larmes de joie de n'avoir plus à subir la puanteur de Gloubillet, s'en retourna heureux comme jamais à Bolbec, demander à la Brave Frudugonde qui était le prochain héritier.

Mohammed l'Arabe

Mohammed 1er. Qui devinerait son terrible secret ?

Bien des années auparavant, la liaison du roi avec la Comtesse de Zolbec avait finit par atteindre les oreilles de la comtesse de Bolbec. Foutrugon, sachant très bien que lorsque femme est mécontente, il faut se barrer en courant et attendre parce qu'au bout d'un moment femme laisse passer et son moral remonte (surtout si femme vient de faire le ménage, parce que femme adore faire le ménage) s'enfuit fort loin, plus précisément au sud de l'Espagne, alors remplie de Musulmans. Cette population était fort peu comprise en Europe, où elle se rêvait à vivre, sans que tout le monde ne sache trop pourquoi. Rejetée constamment, elle s'était laissé croître une réputation d'envahisseurs et de barbares, voleurs et vulgaires de surcroît. Foutrugon, qui n'était pas le dernier des opportunistes, savait bien que tout cela n'était que racontars, et était curieux de découvrir la vérité sur certaines rumeurs courant à l'encontre de ce peuple, notamment sur une certaine "danse du ventre" ou de certains "anus plus étroits que ceux des européennes". Là, il eut des rapports avec Fatimah, qu'il ramena avec lui vivre quelques mois en cachette à Molbec, et qui donna naissance à Mohammed. Ce dernier était le suivant sur la liste.

Le vieil évêque commençait à trouver tout cela très long et très épuisant. Désespéré de faire perdurer le royaume, il passa outre l'aspect "chien d'infidèle" du nouveau prétendant au trône et s'en alla le chercher. Il se demanda également si le fait de faire perdurer le royaume intéressait finalement qui que ce soit. Mohammed, qui n'avait alors rien de plus intéressant à faire que de devenir roi, décida de suivre l’ecclésiaste. Arrivé au château, le jeune homme fit forte impression. Les femmes de chambre remontèrent leurs décolletés et reculèrent de quelques pas, alors que la reine refermait la prise sur son sac à main. L'évêque, sentant l'ambiance fort peu jouasse régnant dans l'atmosphère, s'exprima en ces mots :

— Chers membres de la cour, je vous présente votre nouveau roi, Mohammed Premier !
— Bonjour chers membres de la cour.
— Bonjour jeune homme, risque la reine. Vous êtes donc euh... D'où ?
— Eh bien, je suis français comme vous madame, par le droit de primogéniture salique et le jus sangis.
— Ah, bien. Et votre mère, elle était d'où ?
— D'Espagne, madame.
— Ah... Et vos grands-parents ?
— Ahem. Du Califat Fatimide.
— Ah, oui, je connais très bien ! Eh bien figurez-vous que j'adore le couscous.
— Ah ?
— Oui, et d'ailleurs, je tiens à ce que vous sachiez que je n'ai aucun problème avec le fait que vous soyez arabe. J'ai un ami qui a eu un ami arabe une fois.
— Ah oui ?
— Oui, un bon ami ! Enfin, un ami, quoi. Par ami, je veux dire une connaissance. Il lui a acheté des épices à un comptoir de Cordoba. Il ne l'a jamais revu après, et d'ailleurs c'est pas lui mais son valet qui était allé faire les courses, donc en fait il ne l'a jamais vu, mais c'est déjà ça, hein !

L'évêque, ravi que tout se passe bien, s'affaira de nouveau à ses obligations d'homme de Dieu. Toutes ces affaires politiques royales l'auraient presque écarté du divin chemin. Il était grand temps qu'il lise un peu de Bible ! Il ne se doutait pas que la cour avait alors un mal fou à outrepasser le fait que Mohammed ne fût pas de la même couleur que les habitants ou les vaches du coin. Madame la reine elle-même s'en alla voir l'évêque pour conseil. Elle avait une très grande gêne à être à proximité de son nouveau suzerain, craignant qu'il ne lui volât quelque chose alors qu'elle ne regardait pas. L'évêque répondit qu'il n'avait rien à voler puisque étant roi, tout lui appartenait. La reine accepta cela comme réponse et s'en alla. Le lendemain, ce fut le bouffon qui vint voir l'évêque, lui demandant s'il pouvait faire une blague qui se moquait des Italiens. L'évêque répondit qu'il pouvait faire sa blague, que les Italiens et les Arabes, c'était pas la même chose. Le bouffon soulagé s'en alla également, pour être remplacé dans l'après-midi par une des cuisinières, qui ne savait pas si les gens "de là-bas" mangeaient de la crème fraîche et des haricots comme chez nous, ou s'il fallait qu'elle fasse cuire des rats et des foetus. L'évêque lui rétorqua qu'elle pouvait préparer ses putains de haricots à la crème fraîche et qu'elle arrête de le faire chier. La cuisinière s'en alla rassurée, croisant sur son chemin le garde l'entrée du château qui allait voir l'homme d'église. Ce dernier lui demanda en hurlant ce qu'il voulait, et le garde lui demanda si les considérations temporelles de Saint-Augustin pouvaient s'accorder avec la Genèse sans provoquer de paradoxe théologico-physique. L'évêque expliqua que Saint-Augustin s'adressait essentiellement à l'univers physique et commun, là où la Bible s'écoulait dans une référence spatiale spirituelle où le temps ne fonctionnait pas de la même façon. Le garde remercia l'évêque et s'en alla le coeur léger.

Le lendemain, Mohammed était parti, ce mot posé sur son trône :

Chère bande d'abrutis racistes dégénérés, Merci de m'avoir accueilli ces deux jours en votre château froid et puant de moisi. Je suis bien content d'avoir acquis la certitude que votre peuple est totalement inadapté à la race humaine, et j'espère bien que votre race s'éteindra avec la prochaine invasion anglaise. Je m'en vais vivre dans le Sultanat d'Al-Andalus, et j'espère bien arriver à motiver le sultan local à une petite invasion, histoire de vous en faire chier. Je ne vous salue pas. Sales bâtards

Le message lu à haute voix par le Héraut local, la cour resta silencieuse un instant, avant de s'emplir d'une clameur indiquant en gros que c'était vu d'avance que Mohammed était un sale étranger, qu'il était venu pour profiter des richesses locales, et que d'une manière générale il ne faut pas faire confiance à ces gens-là.

La chute du royaume

Il devenait de plus en plus clair, aux yeux de tous le sujets, que le Royaume de Bolbec était une cause perdue. La rumeur commençait à courir que Foutrugon était maudit, et que l'ours qui l'avait tué était en réalité l'Archange Gabriel, venu sur terre sous la forme d'un animal sauvage afin de punir le Roi fou. Ce qui aurait sous-entendu que Foutrugon avait enculé une manifestation divine. Je suis pas à jour dans la liste des péchés capitaux, mais à mon avis celui-là doit être pas loin du top 3.

Seul l'évèque, bon homme de bonne foi qu'il était, continuait de se voiler la face (c'était encore légal en France à l'époque, humour). Un jour, alors qu'il réfléchissait aux options ouvertes devant lui, qui consistaient en diverses créatures cauchemardesques, qui auraient perdu chacun leur humanité successivement quelques minutes seulement après l'orgasme de leur père commun, il se demanda si l'utilité de ce royaume était réelle. Il pria, longuement. Il en demanda au seigneur, lut les écritures. Il fit de nombreuses marches, quelques pèlerinages dans le coin (oui parce que au début de l'article j'ai dit que le royaume a duré quelques mois, donc je peux clairement pas le faire partir à Jérusalem sinon ça dure trop longtemps et ça bousille mon continuum narratif). En rentrant, il remarqua un détail qu'il avait semblé avoir oublié depuis un moment : le royaume ne comptait pas trente habitants. Trente. Il y avait plus de monde dans un des monastères où il avait fait sa formation. La solution à son questionnement était alors très claire, et il pria le bon Dieu, les écritures, et le doux Seigneur Jésus de lui avoir une fois de plus montré la voie : il suffisait de massacrer tout le monde. Trente péquenots à la santé conflictuelle remplis de Calvados offriraient autant de résistance qu'un arbre.

L'évèque considéra ses options : creuser des pièges remplis de piques, et attendre qu'il fasse nuit ? Trop fatiguant. Donner des coups de crosse ? Risqué, il venait de la ramener de chez l'ébéniste. Empoisonner la réserve de Calvados ? Faisable. Le vieil homme alla alors au village voisin de Yolbec afin de s'y taper toutes les putes. Il attendit que se termine la période d'incubation de sa syphilis, puis s'en alla au château de Calvados de Bolbec, afin de s'y masturber furieusement pendant trois jours. Le lendemain, il remplit une lettre de candidature pour le diocèse de Zolbec, qui fut acceptée, l'évèque local étant mort récemment, étouffé par l'odeur échappée du cadavre de Gloubillet.

Ainsi se termina le Royaume de Bolbec. Jusqu'au chien, qui mourut de la syphilis dans les mois qui vinrent. Et de cette abomination issue d'un cerveau malade ne reste aujourd'hui qu'une histoire à raconter aux enfants avant d'aller à la messe.


Guillotine2.png  Portayl de l'Histoyre



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