Utilisateur:Thomas Manta/Histoire sordide d'un étudiant ordinaire

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OOoooouuch bordel à cul le mal de crâne, ptin… L’impression d’avoir la totalité des armées du IIIème Reich qui marche au pas dans ma tête, Luftwaffe et Panzertruppen compris… Manque plus que les U-Boot qui klaxonnent… Ouah, les crampes alcooliques, j’peux à peine bouger… Concentration… Commençons pas les yeux… Paupières gnnnnnnh HEIN ????

Retour au noir de derrière les paupières. J’ai tiré le rideau pour 10 minutes sur ce que je viens de voir, histoire d’habituer mon esprit à cette éventualité et me regrouper avec moi-même… Bon refaisons une tentative…

Ouh putin… C’est bien ça et c’est pire que ce que je pensais… Du ciel bleu, signifiant que ma position géographique actuelle peut être n’importe où SAUF dans mon lit. Remarque ça pourrait être pire j’aurais pu me réveiller à coté de Valérie Damidot. Quoique c’est encore possible… c’est quoi ce truc qui me chatouille les côtes… OUAAAAH Bonjour monsieur, je dirais à votre haleine que vous avez passé une aussi bonne soirée que moi et à votre dentition que votre dentiste a du commettre de terribles crimes pour être en prisons aussi longtemps… « Mouhahaha t’es un marrant toi, t’as pas un quarter ? » me répond l’individu dépenaillé en souriant de toute l’absence de ses dents. Cette remarque fait poindre soudainement dans mon esprit une idée. Je fouille mes poches, à la recherche de tickets de caisse, devant l’œil brillant de celui que j’appellerais par la suite Hervé. Il ne m’a en effet jamais donné son nom, à croire que la société le lui a pris en même temps que tout le reste. L’examen de mes poches me révèle dans un premier temps que je m’appelle Sophia Sanchez, résidente de l’Etat de Californie. Bizarre, il me semble bien que je parle français, que le sexe mâle entre mes jambes m’appartient bien, et que je n’ai pas de longs cheveux bruns. C’est bête je suis plutôt mignonne sur ce permis. Après des fouilles plus poussées j’extirpe enfin de ma poche arrière un portefeuille et un passeport estampillé République Française. Me voilà rassuré, je m’appelle bien Jean Iquerem, et je n’ai pas perdu mon passeport et mon précieux visa. Le tout accompagné de mon American Express et des tickets de caisses. Je retrouve par ailleurs mon téléphone -déchargé- et mon iPod Touch, avec suffisamment de batterie pour tenir quelques heures. Face à l’insistance d’Hervé, je finis par céder, et lui dit : « Bon aller ramène toi, j’te paye un cheese » Son air réjoui me fait comprendre que malgré cette phrase en français, Hervé a bien compris qu’il allait enfin pouvoir manger un truc chaud… Cela dit, vu l’état de son sourire, j’aurais peut-être du proposé une soupe, mais bon.

Arrivés devant le Wendy’s, mon nouvel ami se voit évidemment refusé l’entrée, sans doute l’odeur. En revanche je rentre sans aucun souci, ce qui m’amène a m’interroger sur ma tenue. Un rapide coup d’œil au mur tapisser de miroir me renvoie une image d’un moi que je ne connais pas. Jean sombre, chemise noire satinée, chaussures cirées, le tout contrastant singulièrement avec mon visage aux traits tirés et cheveux en bataille. Je commande 2 Baconators et 2 cheeseburgers, avec un grand Coca et un GRRRRAND verre d’eau pour tenter de soigner à la fois ma pâteuse et mon mal de crâne. Désesperé, je tente quand même d’ajouter un Advil à ma commande… A ma grande surprise, la belle blonde qui me tend mon plateau y dépose un cachet enveloppé du très reconnaissable emballage mi-plastique mi-aluminium orné du très reconnaissable logo Advil. Un clin d’œil par-dessus sa caisse, qui ne me dit rien de bon… Flash, je la vois à moitié nue dansant sur une plateforme, travaillant une pole-bar, dans une ambiance somme toute assez glauque. Je secoue la tête pour chasser cette image, mais le regard bleu profond de cette fille me remet mal à l’aise. Je marmonne des remerciements et vais m’asseoir dehors, où m’attend Hervé, qui lui au moins n’a pas perdu le nord. Tout en mastiquant mon burger, je sors mon iPod pour profiter du WiFi du fast food. Aucun de mes amis n’est en ligne, rien de nouveau sur Facebook, que dalle sur Twitter, nada dans mes 3 boites mails… Bordel mais qu’est ce qu’ils foutent, tous ?? Je ressors mes tickets et scrutent les lieux de débauche dans lesquels j’ai pu utilisée mon AmEx… que j’ai d’ailleurs oublié sur le comptoir, putin mais quel con ! Je file à l’intérieur, et me retrouve nez à nez avec la plantureuse blonde qui m’avait tant troublé. Elle me tend ma carte avec un sourire et un bout de papier qui semble être un ticket de caisse. Je la remercie en lui rendant un sourire crispé, puis perds tout mes moyens lorsqu’elle me dit : « Je te reverrai ce soir ? » Toujours dans un état second, j’articule péniblement un « Oui, peut-être » dénué de toute forme de joie. Ses yeux se voilent, et je me demande bien comment a-t-elle pu tomber amoureuse de moi aussi rapidement, surtout dans l’état où je suis. Et puis, qui irait bouffer au Wendy’ midi et soir, mis à part un américain, ce que je ne suis pas, et elle l’a forcément remarqué à mon accent. Je retourne donc dehors, et étale sur la table, les classe par dates, et me rends rapidement compte que mon amnésie est plus grandes que je le pensais. Mon plus vieux ticket remonte à 4 jours, le plus récents à ce matin 5h. J’observe ensuite les locations. Mansion Miami , vendredi 5 juin, entre 11 PM et2 AM - Total : 230$ LIV Nightclub Miami, samedi 6 juin, entre 2 :15 AM et 2:30 AM - Total : 120$ Nikki Beach Miami, samedi 6 juin, entre 3 AM et 5 AM - Total : 500$

Les chiffres dansent devant mes yeux, s’ajoutent mais semblent se multiplier… La tête me tourne, je cherche des réponses à des questions que je n’imaginais même pas en me réveillant ce matin.

Je me lève, salue Hervé de la main et pars me promener… Après quelques centaines de mètres, la tête embrumée à la fois par l’alcool et l’Advil que je vient d’avaler, je commence à me poser des questions… Qu’ai-je bien pu faire de ma voiture ? Pourquoi fait-il si froid par rapport à d’habitude ? Pourquoi cette rue est-elle en pente et qu’est ce que ce putin de tram fout au milieu ? Je continue de marcher, imperturbable. Je tourne a droite en haut d’une petite montée, et le paysage qui s’offre à moi me mets à genoux, littéralement.

En face de moi, entre les immeubles, un pont gigantesque reliant une avenue à l’autre coté d’une baie ou d’un lac… Inconsciemment, ma main plonge dans la poche de ma chemise Hugo Boss et en sort les tickets de caisse, toujours classés. Mon attention se porte alors sur les lieux, et non pas les dates… Miami, Miami Airport, Las Vegas, Las Vegas Airport, Los Angeles, HWY Patrol of California, San Francisco… La liste s’arrête là, mais c’en est trop. Je tente de me remettre debout, mais mes jambes flageolent, je m’effondre, ma tête heurte le seul et je perds de nouveau connaissance, pour la 4ème fois en moins de 3 heures, ça commence à bien faire…

De l’eau fraiche sur mon visage, sur ma nuque, sur mes lèvres, dans ma bouche, dans mon nez, dans ma gorge… PUTIN MAIS JE ME NOIE !!!! Réveil brutal retour à la réalité, j’ouvre mes yeux et vois, au travers de mes cheveux décidément trop long, ce bon vieux Hervé, un seau à la main, et toujours ce sourire, ou du moins c’est comme cela que nommerait quelqu’un a qui on a seulement parler de sourire mais n’en a jamais vraiment vu un vrai, ou seulement dans des livres de Franquin.

Ce bon Hervé me tend une canette de bière à 11° et me dit, amusé : « Tiens mon p’tit, prends en une rasade ça peut pas t’faire de mal et t’as l’air d’en avoir besoin ! » Je décline poliment, non parce que le pauvre hère a d’ores et déjà posé ses lèvres turgescentes sur le métal, mais surtout car j’ai toujours l’intégralité des Chœurs de l’Armée Rouge qui font des claquettes dans ma tête, en jouant à qui gueule le plus fort sur un fond de Pirate Robot Midget ; pas au point l’Advil encore. De plus, mes aigreurs d’estomac, ma bouche plus pâteuse que d’habitude, mes narines enflées et croutées de sang par endroits et une paranoïa galopante me laissent à penser que je n’ai pas du ingurgiter que des trucs l égaux durant les dernières heures, ou jours d’ailleurs…

Je rentre dans le premier 24/7 que je vois, prends une grande bouteille d’eau, demande un paquet de clopes, des Marlboro rouges, un briquet et un chargeur Motorola. Je paye par carte, bénissant l’inventeur du débit différé, et redoutant tout autant l’appel de mon banquier d’ici quelques jours lorsque la fin du mois arrivera. De retour dehors, je fais quelques pas, m’assois dans un parc, descend la moitié de la bouteille, fume une clope, finis le liquide source de jeunesse pour votre corps, respire un grand coup, et, les idées un peu plus claires, me mets en tête de comprendre ce qui s’est passé.

Je commence par le dernier ticket, issu d’un club du nom de Hustle, situé Downtown à proximité de la Pyramidical Tower. Ce n’est pas loin, j’y vais à pieds, ça me dégourdira les jambes et l’esprit, et puis ça promènera Hervé, qui me suit toujours de loin.

Arrivé devant le club, je me heurte à une porte close. En même temps, il est 3h de l’aprem, fallait pas s’attendre à ce que les clubs de strip-tease soient ouverts… Clubs de strip-tease ?? Mais mais mais… Je dégaine mon iTouch, me connecte au réseau du Starbucks d’en face, et recherche sur Flickr et Tillate toutes les photos du Hustle San Francisco. Après quelques minutes de recherche, mes yeux se focalisent sur un visage angélique, des grands yeux bleus et un sourire à placer Hervé dans la catégorie des canards ongulés à poil ras. Et soudain un flash : la fille du Wendy’s, c’était donc ça ! Je ressors le ticket de ce midi, afin de trouver le numéro du restaurant. Inutile, le sien est écrit au dos, en beaux chiffres arrondis. Instantanément mon portable passe de ma poche à ma main, et de éteint à éteint sous les hurlements de rage de son propriétaire.


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