Chamanisme iakoute du Dieu Poney
Le chamanisme iakoute du Dieu Poney est le nom donné à une religion animiste encore pratiquée de nos jours en Iakoutie par les idolâtres de la déité animale Grózponeï. Cette religion a une fonction de médiation économique au sein de la communauté : gérer la crise.
Tous les chamanismes passés ou actuels sont plus ou moins dérivés de cette forme initiale du chamanisme. Selon Ake Hultkrantz, « puisque le monde surnaturel est le monde de la religion, le chamanisme joue donc un rôle religieux et il n'est pas interdit de supposer que toutes les religions remontent au chamanisme iakoute du Dieu Poney ».
Étymologie
Au XVIIIe siècle, le terme « chamane » fut emprunté au toungouse par l’Archiprêtre Avvakum. Il est composé de la racine altaïque şam- signifiant « s'agiter, sauter, bondir tout en remuant le postérieur » et du suffixe –man qui signifie « puissant savoir du sage » chez les Iakoutes. Aussi, selon Bertrand Hell, le şàāman’ est, soit « le sage qui sait par le fait même de bondir et de s'agiter », soit « l’agitateur qui, postérieurement, sait rebondir pour devenir sage », soit « le bondissant qui sait comment agiter sagement le postérieur ».
Origines historiques et géographiques
A l’instar de toute pratique humaine qui remonte à la nuit des temps – comme bailler, se gratter l’entrejambes ou déloger une crotte de nez -, les origines du chamanisme iakoute du Dieu Poney sont assez mal connues.
Il semblerait que les premiers signes de cette religion primitive soient apparus dans les vastes steppes du Pandanstan et du Pourrikistan, en Asie Centrale. Pour gérer la crise du Paléolithique, l’Homme de Neandertal commença à effectuer la lecture symbolique du monde qui l’entourait, interprétant son environnement en tant que symboles relatifs au grand mystère de la sexualité - petites culottes, talons aiguilles, bottines en cuir, martinets, canards vibrants, etc. - et plus particulièrement le poney.
Les plus anciennes traces d’une telle décharge d’activité symbolique furent découvertes en 1973 sur les parois de la grotte de Maggeuž, située près d’Ütrout Çonkü dans la vallée fertile du Honŏn-Fepassá.
Lorsque les poneys quittèrent les hauts plateaux arides pour se réfugier en Désencyclopédie, suivis par les populations qui le vénéraient, leurs migrations donnèrent naissance au chamanisme iakoute du Dieu Poney tel que nous le connaissons de nos jours.
Un complexe culturel religio-magique
Roberte Hamayon (La chasse à l'âme, 1990) définit le chamanisme iakoute du Dieu Poney de la manière suivante : il s’agit d’une « procédure de médiation, rudimentaire, bonne à tout faire et un peu nunuche sur les bords, supposant une conception spécifique de l'homme, du monde et de la société ».
Quant à cette conception spécifique de l'homme, du monde et de la société, cette auteure précise que le « chamanisme en soi s'enracine dans la vie de tous les jours en raison d'un rapport de nécessité fondé sur ce qui semble le caractériser au niveau le plus général. » La pensée chamanisme serait, à ce titre, conditionnée « par la donnée empirique qu'est le caractère imprévisible de la création de moyens symboliques pour agir sur cet aléa, les aléas portant sur le positionnement structurel et la nature des aléas eux-mêmes commandant l'évolution du chamanisme en soi. »
Opposés à ce point de vue, d’autres auteurs comme Wilhelm Schmidt, Roland Dixon ou Henri Broch considèrent le chamanisme comme une dégénérescence religieuse, un commerce avec le démon ou une imposture pseudo-scientifique entretenue par les charlatans de l’Institut Métapsychique International.
En tout état de cause, il faut reconnaître que l'observation, consciencieusement effectuée par les missionnaires et les administrateurs coloniaux, du comportement extérieur un peu suspect du chaman a jeté le doute sur le caractère véritablement religieux de cette pratique : elle confirmerait l'échec des théories sociologiques à le définir comme tel, notamment du fait de l'absence de toute théologie, hiérarchie ecclésiastique et liturgie œcuménique – pas de circoncision ou d’eucharistie, par exemple.
Le poney, support du sacré
Cela peut-il expliquer pourquoi le poney devint le premier support de l’activité religieuse humaine ? Ce point important reste à éclaircir.
Chamanisme et préhistoire
Depuis les tréfonds de la Préhistoire, l'Homme exprime symboliquement ses interrogations vitales – comment faire des bébés, comment se faire toucher la chatte - en griffonnant de mystérieux symboles sur les parois des grottes avec un stylo Bic.
Ces dessins ont-ils une signification érotique ou bien sacrée ? Les spéculations à leur propos sont infinies. Nul ne le saura jamais sans doute très précisément : il a été en effet démontré récemment qu’il est impossible de deviner ce que les peintures représentent sans recourir à l'avis du peintre (des statistiques ont prouvé que, sans leur titre, il est impossible de comprendre les tableaux de Pablo Picasso).
Pourtant, depuis quelques années, certains préhistoriens mal informés comme le président du Comité international d'art rupestre Jean Clottes soutiennent que ces peintures pariétales représenteraient des scènes de type chamanique : elles seraient liées aux rituels du Dieu Poney.
Nombre de ces mystérieuses figurations seraient – toujours selon ces préhistoriens mal informés - des images de sexe féminin accompagnées de dessins de poneys (ou bien elles ne représenteraient pas des sexes féminins mais des sabots de poney ; nul ne le sait trop, les deux sont difficilement différenciables pour un archéologue…)
Selon André Leroi-Gourhan dans son Dictionnaire de la Préhistoire, le poney serait pourvu de diverses qualités qui en feraient un animal dit « de transition » : la longueur impressionnante de son organe mâle comparativement à sa petite taille en fait un symbole de virilité ; sa hauteur de croupe comparée à celle du chamane l’associent à la féminité.
Ainsi le poney a-t-il pu être considéré par nos lointains ancêtres comme un être singulier, intermédiaire entre l’Homme et la Femme, et par là même un médiateur résolvant l’opposition binaire entre le monde sensible et l’Au-delà…
Le chamane, un médiateur humain dit « de transition »
Être complexe chez qui certains ont parfois voulu voir un prêtre, un hiérophante, un magicien, un spirite, un warrior avec double spécialisation de barde niveau 20, le chamane dispose d’une réelle polyvalence dans ses attributions. Symbole de cette multiplicité, le dieu Odin, prototype du chamane scandinave, pouvait voyager où il le désirait sur son poney à sept pattes (six plus une de secours) nommé Björk Guðmundsdóttir. Ce poney était très rapide et ressemblait à un petit cochon.
Médiateur entre ce monde-ci et l’autre, le chamane, réalise cette transition en vue d’un objectif précis, comme nous l’avons déjà dit plus haut : gérer la crise. Sa communauté tribale lui demande d'intercéder dans certaines circonstances particulièrement importantes : il devra connaître l'avenir avant la publication de l’horoscope Télé Magazine, trouver un prénom pour un enfant, retrouver les clefs d’un 4x4 ou une paire de Rayban égarée dans la toundra. Plus rarement, il lui faudra installer Microsoft Office 2000 en basque.
La réussite de ses actions repose sur la croyance en la possibilité d'entrer en contact intime avec Grózponeï, l’esprit-animal du Dieu-Poney.
Les techniques archaïques de l’extase
Pour entrer en contact avec Grózponeï, le chamane se plonge à l’aide de rituels souvent spectaculaires en un état appelé « extase archaïque ». Elle s'effectue dans un cadre rituel bien précis qui varie non seulement d'une région à l'autre mais aussi et surtout d'une fois sur l'autre.
Les gesticulations du chaman que les Européens ont parfois pris à tort pour de la démence, son déguisement proche de celui des Télétubbies ne sont rien d'autre que la manifestation de sa nature animale - un peu niaiseuse il est vrai. Cette phase précise correspond à ce qui a été appelé l'« ensauvagement du chamane » par les auteurs les mieux informés.
L’instrument de prédilection du chamane
La flûte de peau est un instrument essentiel à ces cérémonies rituelles. D’une taille moyenne de quinze centimètres, elle est pourvue d’un seul coté de deux grelots et d’une sorte de crinière de poney. Le chaman atteint l’extase en jouant de sa flûte tout en agitant activement les grelots. Atteindre l’extase n’est pas donné à tous, il faut que l’apprenti s’initie de plus en plus frénétiquement dans le culte du poney.
La transe cataleptique
Arrive alors un instant d’intense émotion : car soudain, après toute cette frénésie, le chamane s'effondre tout à coup ! Le pauvre… Il reste au sol, il est inanimé… Il est plongé dans un puissant état de transe cataleptique… Son âme immortelle erre dans la Surnature, en compagnie des fées, des elfes et des petits lutins… Temps mort ; l'angoisse règne dans l'assistance : le chamane va-t-il revenir ?
- Tout à fait Thierry ! On se demande bien comment il va faire pour revenir ! |
En réalité, l’âme du chamane est en train de voyager, sans qu’une seule des personnes présentes dans le public ne s’en soit aperçu…
Les voyages de l'âme
Nul n’ignore que les cigognes sont des êtres psychopompes par excellence : elles portent l'âme des enfants à naître, témoignant de l'animation et du renouvellement incessant de la Vie, conformément à la pratique des grands rituels de printemps et d'automne. Il est d'ailleurs instructif de savoir que l'âme prend l'apparence d'une cigogne chez le vieillard lors de la perte des dents. Dans les zones sans parole, indicibles, de l’En-deçà et de l’Au-delà, l'âme est dans un grand état potentiel, largement tributaire de la Cosmogonie Cosmique.
Comme la cigogne sacrée, le vol du chamane s'effectue vers le haut puis vers le bas : vers le haut, c'est l'ascension ; vers le bas, c'est la descente. Le Chamane peut alors passer par l'orifice de l'étoile polaire, la bonde de l’évier de la cuisine ou le trou de Montcuq.
Les amours surnaturelles du chamane donnent une dimension érotique à sa pratique, notamment lors des rituels évoquant les accouplements animaux. La furie libidineuse du chamane répond à la maestria de son esprit protecteur, la Fille du Dieu-Poney, une vraie bête de sexe, une dévoreuse d’hommes…
Celle-ci a choisi le chamane par amour ; son exigence est de l'ordre de la jouissance sexuelle. Ce processus éprouvant se poursuivra durant toute la vie épuisante du chamane ; il est à mettre en rapport direct avec son teint blême et ses grands cernes sous les yeux.
Le chamanisme iakoute du Dieu Poney de nos jours
Si certaines tribus dégénérées de Sibérie ou d'Amérique du Nord conservent ces traditions primitives, partout ailleurs, dans le monde civilisé, le chamanisme iakoute du Dieu Poney a connu un fort déclin au XIXe siècle à partir du moment où, la valeur marchande des poneys ayant augmenté, des chamanes désargentés se mirent à consacrer des adeptes déguisés en poney.
On assista alors à l’émergence du Néo-chamanisme du Dieu-Poney. Cette forme nouvelle de la religion entraîna des dérives sérieuses : elle commença à être mal vue ou proscrite dans plusieurs pays. En France, elle subit même une véritable persécution : de nombreuses techniques archaïques d’extase, comme l’herculage de poneys, se virent carrément interdire en 1994 à l’instigation du Poney-Club de Melun.
Sources
- Le sexe au temps des Cro-magnons, de Gilles Delluc, Montpellier, 1987.
- Dictionnaire de la Préhistoire, d’André Leroi-Gourhan, Paris, 1985.
- Chamanes iakoutes du Dieu Poney, une voie ancestrale vers l’extase archaïque, de Mircea Eliade, Brest, 1992.
- Religions orientales du poney et steaks Tartares, Radloff, in Aus Sibirien, Wien, xviii. 165 -182; Revue de l'histoire des religions, xl. 321, xlvii. 51.
- Article Chamanisme de la Wikipédia.
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Cet article, basé sur le texte de Wikipédia «Chamanisme», est disponible uniquement sous licence GFDL. |
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