Chemise à carreaux

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Prélude

Cette journée avait pourtant bien commencé. J'avais rendez-vous chez un pote. Je le trouvais en train de s'amuser devant sa console de jeu, le visage fermé (cela était normal, puisque nous étions dimanche). J'admirais un instant la chevelure sculptée à la truelle des personnages s'agitant à l'écran et les onomatopées en guise de bande son.

— Tu a été frappé par le syndrome de Peter Pan on dirait.
— J'ai commencé à jouer à ce jeu dans un café, autrefois. Une vieille borne d'arcade. Tu vois, je dirige la fille avec les talons hauts.

Faudrait vraiment être myope pour la louper, avec ses moon-boots rose bonbon qui prennent une bonne moitié de l'écran.

— Et les types en contrebas, là, avec le look mi-sac poubelle mi-cosmonaute ?
— Ce sont mes ennemis. Je dois les écraser avec mes chaussures et éviter qu'ils ne me touchent. En fait l'histoire c'est...

Oh non il va pas me raconter ça. Encore un pseudo "scénario sans temps mort" de fan de service d'un manga de baston au concept 100% issu du recyclage. Je suis pas du genre à m'outrer de la vulgarité et de la violence, mais là c'est de la pure bouse bio. Pire que Godzilla.

— ... et donc je dois venger mes parents et annihiler ses sbires avant de le tuer ? Génial non ?
Tant que tu fais pas de Cosplay, on reste pote.
— Ouais.

Le déclin

Voyant que je n'étais pas passionné, il éteignit la télé. De toute façon il perdait. Il m'emmena dehors et ne m'expliqua pas pourquoi il m'avait fait venir avant que nous ne soyons passés au kiosque à journaux. Après qu'on ait tiré à pile ou face qui irait prendre le magazine de charme. J'étais dégouté, j'avais perdu.

— Alors tu vois, si je t'ai invité... merci héhé (il commença à le feuilleter, la bave aux lèvres) c'est que j'ai un grand projet pour toi et moi. Mais... dégage-toi !

Une bonne sœur était passée trop près et il l'avait bousculée. Elle était tombée dans la merde.

— Haha !
— Hahaha !
— Voyou !
— Haha! Hé mais que vois-je là ! Un caniche ! C'est justement ce que je cherchais ! Tu vois Édouard on va l'enlever et le torturer à mort ! N'est ce pas une superbe idée ?

Édouard c'est mon nom. Je réfléchis à son idée. Il faut s'émanciper de toute culpabilité afin de se réaliser pleinement. Là, il y a une mémère bigote qui gît dans le caca de son chien, et ce caniche de merde qui est à portée de main, déjà terrorisé.

— On le prend !
— Merci madame. On vous le renvoie par la poste.

La chute

Malheureusement ce fut moins drôle que prévu. Il ne fallut qu'une petite nuit pour le transformer en passoire et se bricoler une lampe de chevet avec ses entrailles.

Trippes.jpg

Il y avait eu de bons moments et des fous rires, quand on avait fait un golf dix-huit trous avec ses orifices, mais globalement c'était pas aussi marrant que ça en avait l'air.

Il nous restait qu'à visiter la bistronomie des tiroirs de la cuisine en attendant que ça pourrisse pour le lancer sur les passants.

— Et maintenant Jérôme ?

Mon pote était assis en marcel sur son lit.

— Laisse-moi réfléchir... quelque chose de vraiment immoral. Hin hin. Hahahha HAHHAHAH!
— T'as quoi? Merde ! Nooon NOOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNNNN NE FAIS PAS ÇA !!!!!!!!!!!

Pauvres fous que nous avions été ce jour-là que de nous être laissés emporter par la folie. Il a fallu que ça arrive, que ça finisse d'une manière ou d'une autre, nous devions nous heurter à la réalité en un ultime blasphème aux valeurs et au bon goût. Mais le dénouement devait-il être aussi horrible ?

Il avait mis une chemise à carreaux.


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