Chemise à carreaux
Prélude
Cette journée avait pourtant bien commencé. J'avais rendez-vous chez un pote. Je le trouvais en train de s'amuser devant sa console de jeu, le visage fermé (cela était normal, puisque nous étions dimanche). J'admirais un instant la chevelure sculptée à la truelle des personnages s'agitant à l'écran et les onomatopées en guise de bande son.
Faudrait vraiment être myope pour la louper, avec ses moon-boots rose bonbon qui prennent une bonne moitié de l'écran.
Oh non il va pas me raconter ça. Encore un pseudo "scénario sans temps mort" de fan de service d'un manga de baston au concept 100% issu du recyclage. Je suis pas du genre à m'outrer de la vulgarité et de la violence, mais là c'est de la pure bouse bio. Pire que Godzilla.
Le déclin
Voyant que je n'étais pas passionné, il éteignit la télé. De toute façon il perdait. Il m'emmena dehors et ne m'expliqua pas pourquoi il m'avait fait venir avant que nous ne soyons passés au kiosque à journaux. Après qu'on ait tiré à pile ou face qui irait prendre le magazine de charme. J'étais dégouté, j'avais perdu.
Une bonne sœur était passée trop près et il l'avait bousculée. Elle était tombée dans la merde.
Édouard c'est mon nom. Je réfléchis à son idée. Il faut s'émanciper de toute culpabilité afin de se réaliser pleinement. Là, il y a une mémère bigote qui gît dans le caca de son chien, et ce caniche de merde qui est à portée de main, déjà terrorisé.
La chute
Malheureusement ce fut moins drôle que prévu. Il ne fallut qu'une petite nuit pour le transformer en passoire et se bricoler une lampe de chevet avec ses entrailles.
Il y avait eu de bons moments et des fous rires, quand on avait fait un golf dix-huit trous avec ses orifices, mais globalement c'était pas aussi marrant que ça en avait l'air.
Il nous restait qu'à visiter la bistronomie des tiroirs de la cuisine en attendant que ça pourrisse pour le lancer sur les passants.
Mon pote était assis en marcel sur son lit.
Pauvres fous que nous avions été ce jour-là que de nous être laissés emporter par la folie. Il a fallu que ça arrive, que ça finisse d'une manière ou d'une autre, nous devions nous heurter à la réalité en un ultime blasphème aux valeurs et au bon goût. Mais le dénouement devait-il être aussi horrible ?
Il avait mis une chemise à carreaux.
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