Communisme soviétique : travaux pratiques
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Bonjour, les enfants ! Vous allez bien ? Tout le monde est là ? Bien, commençons les
Leçon n°1 : L'égalité
"Bien, installez-vous. Pour commencer, qui a fait ses devoirs ?"
Tous les enfants lèvent la main, à l'exception d'Oliver Shandy.
"Oh, Shandy... Mon pauvre... Écoutez-bien, les autres, car voici le concept de base du communisme. Regardez Shandy, il est vraiment trop pauvre. Il vit dans un squat, et sa mère rentre ivre morte tous les jours, chaque fois avec un homme différent. Alors vous pensez que c'est normal de donner des 3 et des 5 à Shandy, qui a une vie si difficile, alors que tous les petits riches de la rangée de devant ont des 20 ?"
Quelques enfants hochent la tête, mais ne semblent pas convaincus.
"Mais ce n'est pas tout. Les gens du milieu de la classe ont généralement autour de 10 ou 12. Pourquoi seraient-ils moins bons que les lèche-culs du premier rang ?"
Un certain nombre d'enfants hochent la tête, cette fois avec enthousiasme.
"MAINTENANT ÉCOUTEZ, ÉLÈVES DE TOUS LES PAYS ! Trouvez-vous que c'est NORMAL que quelqu'un ait un 3 parce que sa mère ne sait pas s'occuper de lui, ou parce qu'il est feignant, ou complètement con ? Est-ce que ceux qui ont 7, 5 ou 3 INFÉRIEURS à ces PETITS PRIVILÉGIÉS D'INTELLOS ?"
À ce moment, tous les élèves (sauf ceux des deux premiers rangs) poussent un "hourra" plein de ferveur révolutionnaire.
"C'est pourquoi, à compter de ce jour, j'abolis les notes. Tout le monde est désormais égal ! 20 pour tout le monde ! Et je supprime également les devoirs !"
La classe entre alors dans une véritable transe. Les élèves jettent leurs affaires en l'air, ou sur les intellos.
"Calmez vous, les enfants, calmez-vous... La révolution exige de vous du sang-froid. Et je viens de me rendre compte de quelque chose... Oui, quelque chose qui ne va pas vous faire plaisir... Pardon. Si quelqu'un a inventé quelque chose d'aussi chiant que les devoirs, il devait bien y avoir une raison. Quelqu'un peut-il me la rappeler ?"
La classe se tait, puis Dexter Schilling, un élève du premier rang, répond "Euh, apprendre quelque chose ? ", juste avant de se prendre une nouvelle boulette de papier.
"Bien, Dexter. Ce qui nous met face un dilemme. En dépit de notre révolution, vous venez toujours à l'école pour vous instruire. Donc... nous n'avons pas d'autre choix que de rendre les devoirs obligatoires."
Des murmures de déception se font entendre. Dexter lève la main et demande "Mais comment rendre les devoirs obligatoires s'il n'y a plus de notes ?"
"Pourquoi donc poses-tu cette question, Dexter ? Envisagerais-tu de ne pas me présenter ton travail demain ? Va dans le bureau du principal. Et sans tarder."
Le professeur lance un regard mauvais et marmonne dans sa barbe :
"C'est ce qui va arriver..."
Quelqu'un dans la salle laisse échapper un cri.
Leçon n°2 : La motivation
"Comment allez-vous les enfants ? Qui a fait ses devoirs ?"
Tous lèvent le poing, excepté Oliver Shandy.
Le professeur lance un regard noir. "Oui, Camarade Shandy ?"
"Camarade professeur, j'ai eu des problèmes familiaux. J'ai cassé un verre et Maman m'a frappé à coups de ceinture."
"Camarade Shandy, tout le monde a des problèmes, mais nous devons tous nous sacrifier pour la cause. Je te mets quand même 20, mais tu dois faire ton travail comme tout le monde."
"Mais je suis pauvre, Camarade ! Tu l'as dit hier ! "
"Il n'y a plus de pauvres ou de riches. Cette classe est désormais une classe sans classe. Tout le monde aura 20. Mais notre rêve ne se réalisera pas sans un effort collectif. Shandy ! Va voir le principal !"
Les murmures de stupéfaction fusent.
"Ne contestez pas ma décision, Camarades ! Je sais ce qui est bon pour vous, et c'est nécessaire, sauf si vous voulez rétablir les notes."
Puis, avec un regard méchant :
"Et je suis bien sûr que personne ne veut de nouveau cette horrible injustice... N'EST-CE PAS ?"
Personne ne répond. Le Camarade professeur s'assied, nettoie ses lunettes et ouvre son manuel.
"Bien, passons à la deuxième partie de la leçon. Comme je l'ai dit hier, vous êtes ici pour étudier, et étudier est une bonne chose. Mais le travail à la maison ne suffit pas. D'ailleurs, pendant que je parle, certaines personnes dans la classe écoutent comme elles le doivent, mais d'autres préfèrent jouer à la PSP. Et croient que je ne les vois pas."
Un "clic" retentit au fond de la classe.
"Bien. Maintenant, répondez-moi, Camarades. Comment m'assurer que tout le monde écoute sans avoir recours aux notes ?"
Dexter lève le poing :
"En envoyant ceux qui n'écoutent pas dans le bureau du principal ? "
"Tout à fait ! Maintenant, va dans le bureau du principal, Camarade Dexter."
Dexter sanglote et sort.
"Il avait raison, mais..."
"Alors, pourquoi l'envoyer chez le principal ?"
"Toi aussi, Camarade Sharon. Va le voir ! "
La bouche du professeur se tord en un sourire sadique.
"Y a-t-il d'autres questions ?"
Visiblement, non.
"Bien, maintenant, écoutez bien ce que je vais vous dire. Tout le monde doit être entièrement derrière notre révolution. Et donc ne pas défendre les autres, les réactionnaires qui essayent de briser notre utopie. Je compte sur votre soutien, d'accord ? Si je demande à tout le monde de m'écouter, tout le monde doit m'écouter ! Ce n'est pas plus compliqué que ça. Mais le plus important est que vous ne m'obéissiez pas par simple peur du principal. Une telle façon de penser est elle-même passible d'un séjour dans le bureau du principal."
Le Camarade professeur frappe du poing sur la table.
"Bien. C'est fini pour aujourd'hui."
Leçon n°3 : Les contre-révolutionnaires
La petite Ann lève le poing et, en suçant son pouce, dit :
"Professeur, euh, Camarade ! Papa m'a dit que tu étais un vieux réac BCBG qui essayait de nous foutre les jetons !"
"Camarade Ann ? "
"Quoi ? "
"Tu le sais très bien..."
Ann sort en retenant ses larmes.
"Bien, commençons un nouveau chapitre à propos des ennemis de l'extérieur. D'autres classes n'ont pas encore adopté le communisme. Les notes sont toujours hétérogènes. Oui, c'est bien triste, mais il va bien falloir nous occuper de ce problème. Premièrement, pendant la pause de midi, je veux que vous leur présentiez la manière dont est organisée cette classe. Bien entendu, soyez subtils pour leur donner envie d'appartenir à une classe sans notes. Plus précisément, insistez sur ce qui est bien et laissez de côté ce qui l'est moins. Non, en vérité, tout est bien ici. Si quelque chose vous pose problème, c'est juste que vous manquez d'enthousiasme révolutionnaire. Vous devez convaincre les autres élèves de faire pression sur leurs enseignants pour que leurs classes deviennent communistes. Si besoin est, suggérez-leur de faire des pétitions à l'attention du principal, lui demandant de renvoyer les professeurs récalcitrants. Mais..."
Le professeur sort un sachet de sa poche.
"Cela va de soi que je ne peux exiger cela de vous sans offrir une compensation. Tout le monde aura 20 mais cet exercice-ci requiert de la politesse et de la bonne volonté. C'est pourquoi, à l'élève qui saura obtenir un maximum de signatures pour le renvoi des professeurs capitalistes, j'offrirai ce paquet de M&Ms."
Albert Marconi, un petit gros du 3e rang, ouvre son propre paquet.
"Quoi, camarade ? Tu nous fais honte ! Comment se fait-il que tu aies un paquet de M&Ms alors que Stan n'a qu'une barre de céréales ? Je te confisque ça, et tu vas aller voir le principal. Allez, lève-toi !"
Le professeur hausse les épaules.
"Bonne nouvelle, les enfants, j'ai maintenant 2 paquets à vous donner ! Vous êtes heureux ?"
Personne n'ose répondre.
"Vous n'avez toujours pas compris, hein ? Peut-être qu'il y a des problèmes dans la classe, mais nous sommes égaux et c'est bien ça l'important. Mais vous ne devez pas insinuer le doute dans l'esprit des autres en montrant votre déception. Nous sommes en train d'essayer de les convertir à notre cause. Donc, je répète, vous êtes heureux ? "
Les élèves répondent en chœur :
"Oui, Camarade professeur"
"Moi aussi ! Maintenant, je dois vous expliquer à quoi va servir l'autre paquet de bonbons. Je vais envoyer certains des meilleurs Camarades en mission secrète. Je ne donnerais les détails qu'à ceux qui devront se charger de la mission - normal, c'est un secret ! C'est cool, non ? Ah, et demain, il y a contrôle. Je donnerai donc aussi des M&Ms à ceux qui dénonceront le plus de copieurs. Mais pas la peine de les accuser à voix haute. Cela pourrait donner des idées fausses aux élèves des autres classes à propos de notre révolution. Il vous suffira d'écrire discrètement les noms sur un coin de votre feuille. D'accord ?"
La classe, pétrifiée, ne répond pas.
"JE VOUS AI DEMANDÉ SI VOUS ÉTIEZ D'ACCORD ? "
Dexter lève le poing en tremblant :
"Ca... Camarade professeur..."
"QUOI ? "
"Vous allez mettre 20 à tout le monde, mais donner des M&Ms, est-ce que ça ne nous rend pas, comment dire, inégaux ? "
"Mon garçon..."
"J'y vais."
"Bien. Tout le monde est heureux ? "
"Oui, Camarade professeur."
"Bien."
Leçon n°4 : Le contrôle
"Bonjour, Camarades. Quelques bonnes nouvelles, tout d'abord. Voici un paquet de M&Ms pour le Camarade McMillian , qui a brûlé la poubelle d'une salle de classe capitaliste. En voici un autre pour le Camarade Justin qui a mis du chewing-gum dans les cheveux de trois petites bourgeoises. Et, le meilleur pour la fin, un paquet de M&Ms à la cacahouète pour notre prolétaire exemplaire, Shandy, qui a agi pour la cause en scotchant une pancarte "Frappez-moi" dans le dos du professeur d'économie ! "
Quelques "Bravo, Camarade" se font entendre.
"Camarades Brandon S. Sinclair ! Carolyn Robertson ! Irwin Cohen ! Kelly Douglas ! Linda Smith ! Patrick Forsyth ! Venez à mon bureau ! J'ai appris hier que vos mères ont signé une pétition demandant la fin de ce programme éducatif ! Avez-vous quelque chose à dire pour votre défense ? "
"Je lui ai dit de ne pas la signer ! "
"Moi aussi !"
"J'ai honte de ma mère ! "
"Pouah ! "
"Bien, ce n'est pas vous que je punirai, Camarades, ce sont vos mères. Mais en attendant, je demande une bronca pour ces traîtres !"
Les enfants huent férocement. Soudain, quelqu'un jette un manuel qui atteint Carolyn au front. Tous les élèves encore assis ramassent divers objets, bien disposés à les lancer.
"ARRÊTEZ ! Rappelez-vous, ce n'est qu'une simulation de communisme."
"Social-traître ! "
"Qui a dit ça ? "
...
"QUI A DIT ÇA ? "
...
"Trois M&M's de récompense à qui dénoncera celui qui a dit ça. Ah ? Vraiment ? Voilà les M&Ms, Camarade Johnson. Shandy, mon petit Bakounine, pars. Le principal va t'expliquer la différence entre socialisme utopique et socialisme scientifique"
"Bien. Tout le monde est-il prêt pour le devoir ? Attendez, j'oubliais. Camarade Dexter, dehors ! "
"Mais pourquoi ? Je n'ai rien fait ! Vive la révolution !"
"Parce que. Tu n'as rien fait, mais je suis de mauvaise humeur. Va-t-en ! Pour les autres, voici le devoir..."
"Camarade professeur, puis-je poser une question sans me faire renvoyer ?", demande Ann.
"Oui ? "
"Si vous mettez 20 à tout le monde, pourquoi faire un devoir ? "
"Pour savoir qui a travaillé sérieusement. Ce sera une information secrète à mon attention. Maintenant, retournez vos sujets, Camarades !"
NOM:________________________________________________
1. LE MEILLEUR AMI DE KARL MARX ÉTAIT :
( )Obi Wan ( )Engels ( )Angels ( )Eugène ( )Mickey
2. QUEL EST LE MEILLEUR MOYEN DE TRANSPORT ?
( )Ferrari ( )Porsche ( )Bicyclette ( )Lada ( )Ford
3. QUELLE EST LA PIRE CHOSE AU MONDE ?
( )La mort ( )Les pets ( )La torture ( )Les laxatifs ( )Le capitalisme
4. LE MONSTRE QUI FAIT PEUR AUX ENFANTS S'APPELLE LE :
( )Croque-mitaine ( )Cauet ( )Capitaliste ( )Cannibale ( )Crado
5. SI TU RATES CE DEVOIR, TA MÈRE VA :
( )Me tuer ( )Disparaître ( )Aller en Sibérie ( )Bien se marrer
( )Peu m'importe. Tout ce qui compte, c'est la cause.
Leçon n°5 : La perestroïka
"Bonjour les enfants. Vous êtes heureux ?"
"Oui, Camarade professeur"
"Bien, j'en suis heureux. Maintenant, je vous donne vos notes pour les cours sur le communisme. J'ai mis... hum... un 10 à tout le monde."
"Mais... Mais..."
"Chut, les enfants, je n'ai pas fini ! Oui, c'est bien un 10. Désolé, les enfants, mais il faut bien que vous vous mettiez cela dans la tête : lorsque je parlais de donner 20 à tout le monde, je parlais d'un cas de figure idéal. Les bonnes notes ne sont pas données comme ça, pour rien. En fait, votre note est la moyenne de la classe. Sauf... en ce qui concerne les élèves exclus du devoir, Dexter et... (soupir) Shandy. Eux, ils ont 0 !"
"Mais... mais..."
"Dexter, arrête de bafouiller. C'est la fin du régime communiste. Au prochain devoir, vous aurez tous des notes différentes, comme avant."
"Dans ce cas... Puis-je poser une question sans être envoyé chez le principal ? "
"Oui"
"Vraiment ? "
"Tu es de nouveau libre, mon garçon."
"D'accord. Camarade, enfin, Monsieur, est-ce que tout est à jeter dans le communisme ? "
"Eh bien, en vrai, les M&Ms ont un goût de plastique. Et après avoir rencontré le principal, on ne te revoit plus en cours..."
Voir aussi
- Petite fleur rose
- Éducation dans le Kentucky et dans le Nebraska, quelques comparaisons, doctorat par A.Johnstone
- Anarchisme
- Olivier Besancenot
- François Bayrou
- Et bien sûr, Communisme
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