Retraite à 67 ans : les vieux se réjouissent
De notre envoyé spécial Marie Irène - Une question ? - le 16 juin 2009
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Le vivier électoral traditionnel de la droite, les personnes entre 50 et 90 ans, s'est à nouveau réjoui d'une proposition de la majorité présidentielle qui fixe l'âge minimum de la retraite à 67 ans.
"Ha ha ha" commente Jacky, 68 ans. Né en 1940, Jacky a connu les Trente Glorieuses et le plein emploi. Il a commencé à travailler en tant que cadre à la Poste à 21 ans, a obtenu un crédit immobilier à 22 ans, a connu la réduction du temps de travail, l'amour libre avant le SIDA, la musique des années 70, il s'est marié, a eu des enfants en bonne santé - bref, Jacky a eu une vie heureuse et bien remplie. Lui-même ayant pris sa retraite à 55 ans, la question se pose de savoir ce qui le pousse à approuver une telle mesure.
"J'aime pas les jeunes." nous confie-t-il. "Je vote à droite tout le temps juste parce que ça fait chier les jeunes. Moi, je peux plus bander alors ça m'énerve d'imaginer que les jeunes, eux, ils peuvent. Toute façons, moi j'ai la haine, je suis vieux, j'en ai rien à branler. Si on vote une guerre pour que les jeunes ils y meurent, je vote pour. Si on rouvre les camps, je vote pour aussi, je m'en fous, j'ai pas connu la guerre. Si un jeune se gare avec sa bagnole devant chez moi, je lui tire dessus.
Je me plains tout le temps de tous les employés qui me servent dans les commerces, et des gens qui répondent au téléphone dans les centres d'appels, pour qu'ils se fassent virer, juste pour faire chier, parce que j'ai plein de temps à perdre et eux ils sont débordés et du coup ils vieillissent prématurément, ha ha ha ! Faut pas chercher à me comprendre, je suis juste un vieux fou aigri, jaloux, raciste et réactionnaire ! Mais je vote !"
Une attitude extrême partagée par de très nombreuses personnes âgées - ainsi Paulette, 75 ans, nous confie qu'elle "évite les boulangeries où il y a des Noirs" et qu'elle se plaint à la direction de son supermarché pour dénoncer des attaques verbales imaginaires provenant des "caissières Arabes".
Henri, 72 ans, se plaint de tous les services dont il bénéficie auprès de sa banque : consultation de comptes et opérations à distance via internet, amplitude horaire de l'agence 6 jours sur 7 ou envoi des documents en recommandé, rien n'y fait, sa banque était "mieux avant" et c'est "la faute des jeunes qui sont des branleurs" s'il n'est plus satisfait et essaie de faire licencier le personnel en déposant des réclamations systématiques à la direction des établissements concernés.
La motivation principale de nos seniors pourrait bien être très simple. Selon une étude psychologique menée par un Suédois, il ne s'agit que d'une chose : la méchanceté produite par la frustration du handicap physique, couplée à la folie pure. "La personne âgée est invalide et sénile dans bien des cas. Amère, elle se venge de sa propre existence en détruisant celle d'autrui par les moyens qui lui sont mis à disposition : rédaction de courrier de plainte, gâtisme, attaques verbales à haut volume sonore. Elle distinguera des agressions fictives et des comportements suspects adoptés par des cibles bien-portantes, exclusivement pour alimenter sa paranoïa, choisissant principalement ses victimes dans les services publics, les commerces et les organismes de vente par correspondance."
Des enquêtes plus poussées nous montrent que parmi les 85 % de personnes âgées qui composent l'électorat de la droite, 97 % acceptent l'idée d'empêcher chimiquement les relations sexuelles avant le mariage, 86 % pensent que les étrangers devraient céder le trottoir dans la rue, 92 % trouvent que les programmes de télévision devraient être interdits, et 99.99 % s'accordent à dire que c'était mieux avant, que les vraies valeurs n'existent plus, et que tout est de la faute des jeunes, d'Internet, de Mitterrand, et des Arabes.
Le proverbe alexandrien : "Un vieux qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle" est donc plus que jamais d'actualité. A plus forte raison, un vieux qui meurt, c'est parfois tout simplement un porte-revue rempli de tracts fascistes qui se fait la malle.
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