Un étrange mal frappe un village - Chronique d'une épidémie
De notre envoyé spécial Duck Ellington King Kanar from Outer Space - le 03 juillet 2016
« Si vous saviez comme ça m'a affecté alors qu'c'est survenu comme ça comme qui dirait d'façon divine ! Traumatisé qu'j'en étais ! Mon pauvre petit, qu'vous savez, chais même pas si j'peux dire qu'il est encore comme on dirait un vrai être humain... Traumatisé, qu'j'en suis... C'est bin insupportable, avec tout c'qui nous a tombé sur le tête ces derniers jours... » |
Tels sont les mots édifiants que ce simple agriculteur d'un hameau isolé de la Creuse, par qui tout a commencé, a accepté de nous confier en interview. C'était un soir comme les autres, et celui que nous nommerons Gérard par respect de son intimité, constatant que son jeune fils de 6 mois s'était endormi, referma la gazette locale qu'il lui lisait ce soir-là pour l'endormir, faute de mieux, le dernier Babar n'ayant pas encore paru. Le lendemain, le choc fut terrible en entrant dans la chambre du petit...
« C'est bin pour vous que j'peux accepter de redire... Bin le mal que ça me fasse... Là, son petit berceau était éclaté sur le sol, comme explosé par l'intérieur, et au milieu, mais j'y crois toujours pas moi que c'est si dur à dire, mon pauvre petit, voilà quoi, c'était devenu un Jean-Marie Le Pen, tout en costume, lunettes et l’œil de verre, qui m'regardait comme si qu'on se connaissait, assis dans les décombres... Bon Dieu qu'c'est dur... N... N'est-ce... N'est-ce pas...» |
C'était l'horreur qui frappait Gérard, et alors qu'il titubait dans le couloir, c'était la panique qui allait l'assaillir par l'intermédiaire de son miroir... Lui-même avait pris les traits du politicien. La folie s'empara rapidement de l'ensemble du village. Sur la place hurlaient bientôt à la mort des dizaines de Jean-Marie Le Pen, d'autres en panique roulaient comme des ballots de paille dans les ruelles, d'autres pleuraient dans l'église en baisant les pieds de la Vierge...
« Moi, qu'vous voyez qu'à l'heure de maintenant c'est encore le terreur partout, j'ai vite essayé de me raisonner, vous voyez, il fallait pourtant qu'je comprenne... C'tait une épidémie, et j'ai tout repassé dans ma tête de c'que la veille il était arrivé pour que ça arrive... Et j'crois bin quj'ai trouvé comme qui dirait un peu la seule explication... N'est-ce pas... » |
Selon Gérard, tout est la faute de l'édition de la veille de la gazette, et, selon ses mots, « de son idée comme qu'on dirait personnelle de l'orthographe, pas qu'j'en fait pas moi des fautes mais à force d'en voire j'les vois plus moi... ». Nous ne révélerons pas cette Une pour des raisons évidentes de salubrité. En voici une reproduction :
D'après un épidémiologiste dépêché sur place et que nous avons pu interviewer, si la situation est exceptionnelle, il ne sera pas trop difficile de la contenir. « Nous avons détruit tous les exemplaires de la gazette que nous avons pu trouver », nous assure-t-il. « Hélas, quatre de mes collègues qui n'y ont pas pris garde y sont passés. Nous tentons actuellement de raisonner les Jean-Marie les plus troublés, et nous avons réuni une assemblée de crise dans la mairie avec les administrés les plus lucides. La diffusion de la gazette est selon toute vraisemblance limitée à la commune mais il n'est pas à exclure que des cas isolés puissent émerger ailleurs. Dans tous les cas nous interviendrons dès que possible. Nous avons bon espoir, la dernière épidémie de ce type (qui avait émergé en 2013 suite à la publication, dans le journal d'une petite ville du Périgord, de la mention "Gren rendevous elegens se soir a la sale des faite, au programe valls en costume depoc") avait pu être rapidement contrôlée. Les traitements de choc développés à cette occasion, associant étude approfondie du Bescherelle et techniques d'auto-persuasion, ont permis de rapidement faire revenir à leur véritable être les citoyens transformés en Manuel Valls en robe de Princesse Sarah. »
Bien étrange affaire, que l'Organisation Mondiale de la Santé a déjà annoncée, à hauts cris, comme "le nouvel Ebola". Nous encourageons nos lecteurs à ne pas tomber dans ces excès. La panique est la première cause des erreurs les plus grossières, et donc des accidents les plus évitables. N'est-ce pas.
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