Exode rural

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L'Exode rural, outre le fait d'être rentré dans la mythologie moderne, correspond à peu près au point de vue urbain sur le monde rural à une sortie de la scène champêtre: il s'agit d'emprunter, de façon solennel, un chemin de sortie, de fuite, voire de débandade. Il est vrai qu'on rentre lentement au sein de la campagne ou des bois (Oh les belles fleurs, la belle herbe... ah la boue, la gadoue, ça salit oh les grands espaces, les vastes broussailles, ça pique ail... ah la belle rivière les beaux canards ça mouille plouf ah la forêt sombre où est la voiture ? je me suis perdu(e)) et on en ressort assez vite avec des souvenirs nostalgiques (C'était mieux avant...la balade comme c'était sur mes images).

Cette sortie, cette fuite vers sa ville refuge ou son pavillon de banlieue, ce salut rapide aux vieux parents enterrés ou cet abandon des ploucs correspond à un type d'exode actuel et ponctuel. Un autre point de vue minuscule, complétement oublié, est l'abandon concret de nombreux lieux d'habitats, autrefois densément peuplés, pour gagner des territoires urbanisés offrant plus d'emplois ou laissant miroiter plus de richesse.

Définition élargie de l'aspect minuscule, avec seulement l'Exode biblique avec majuscule

Le terme minuscule d'exode rural est d'abord un terme grandiloquent employé par les statisticiens et les démographes français pour signaler la vidange des campagne. Au terme de l'exode, il n'y a plus personne. Qui va cultiver les terres ou exploiter les bois pour le compte des familles riches qui vivent à la ville ? Le problème politique était lancinant. Napoléon III, Thiers, les républicains radicaux comme Jules Ferry ont, chacun à leur tour, essayer d'enrayer cette évolution qu'ils jugeaient dramatique, parce que les petits paysans déracinés renforçaient en plus le camp des ouvriers rouges, adeptes de différents courants dits socialistes ou révolutionnaires.

L'Exode est un épisode biblique fameux, où Moïse retrouve et emmène son peuple hors d'Égypte, pays alors riche, arrosé en longueur par le Nil où, au fil des crues et des siècles, les rudes Hommes des montagnes de Judée avaient migré vers une vie plus clémente et s'étaient avachis au point d'accepter de se vendre ou de vendre leurs progénitures comme esclaves, pour une bouchée de pain ou une bibine, ou d'être traité comme un esclave par les maîtres pour lesquels ils finiraient par peiner avec un mauvais job comme Job. La Fuite multicolore est orchestrée et scénarisée par Dieu, qui nous multiplie les "coups" du bâton serpent, des plaies lancées du Ciel, des premiers enfants morts alors que le peuple juif fiche le camp dans le désert. À l'apothéose du spectacle, Il permet aux fuyards de s'engouffrer dans un passage maritime, à l'eau miraculeusement ôtée ou évaporée, avant que l'armée terrible des chars de Pharaon, venue les rattraper afin de les châtier à coups de fouet, soit ensevelie dans l'étroit passage soudain refermé.

Rural(e) est bien un adjectif désignant les choses ou les traits propres à la campagne et aux terres sauvages loin de la cité antique ou de la ville moderne densément peuplée. On voit donc tout de suite que l'exode rural n'a rien à voir avec l'Exode. Ce dernier est une quête d'espace et de libertés quoiqu'il en coûte de crever de faim et de soif dans le désert. Le premier est un départ du vieux pays pour se faire valet des fabriques et des usines, ou se mettre au service de gens fortunés dans un meilleur pays. En conséquence, le contraire exact, faut jamais croire les politicards !

Personnage de mythologie moderne

L'exode rural est un personnage de conte de fée et de mythologie qui, tout comme le grand méchant loup, l'orge de la forêt ou le croquemitaine s'attaquent aux enfants, dévorent lui, dans les zones rurales (où quand t'as rien à faire à part glander dans la rue, eh ben tu râles !), les jeunes adultes où post-ados en âge d'aller à l'université. Ce qui fait que la concentration apparente de cette classe de la société se situe dans les grandes villes et non dans les petites bourgade bien de chez nous ou il n'y a strictement rien à faire à part courir, nu dans les pré et faire l'amour dans la paille, au risque de se faire rattraper par l'exode rural...

Que sort-il du monde rural ?

On connaît la litanie "Aujourd'hui tout est mort...".

Mais il faut mener l'enquête à partir de la téméraire presse campagnarde, qui, entre un écureuil et un coucou depuis que les grosses fermes ont fermé boutique, parvient à faire persiffler ces bonnes ou mauvaises nouvelles. Donnons-en des extraits de ce qu'il faut voir, écouter, lire, sentir, goûter, humer, toucher, bouder, ruminer, brouter, malaxer :

  • La danse des vaches est l'opéra, tant attendu au Mémorial de l'Abattoir de Trouille, et malheureusement jusque là différé tous les printemps à la sortie gambadante des bovins vers les pâtures, du talentueux compositeur et cultivateur de choux, André Finkelkraut. On recommande déjà de déguster ce spectacle avec sa choucroute ! (Le Monde rural du Chant sort, septembre 2014)
  • La marche en trousse et en diagonale vers l'ailleurs français, essai du chemineau éleveur d'idées, Axel Canne, dite à la Jeanne. Rappelons que ce vif retraité de la médecine technique, type génétique, et de la médecine humaniste, mode politique, qui marche moins vide que son ombre, est le frère du journalier Jean-François Canne, auteur prolixe à ces moments perdus (La Champagne campagnarde, mai 2014).
  • Réservez vos places dès cette semaine pour un tour de chant sympathique du chanteur Étienne Delàhaut, alias Dahaut, avec son orchestre. Il prend part ainsi à la soirée de défense du patrimoine bâti, avec sa chanson chaloupée "Mon amour à toit, c'est moi" (Almanach des châteaux et des fermes d'Anjou, 1994)
  • Jean-François Canne n'a pu venir, accaparé par sa fenaison, à la fête des auteurs ruraux à Saint-Jean. Tant pis, l'auteur s'engage à présenter son livre "Tout ça pour ça", la suite tant attendue de "ça change parce que rien ne change". Interrogé par téléphone sur la préoccupation du moment un peu partout, à savoir l'invasion affairiste du mulot Sarko dans les jardins, il nous a recommandé tout de go le petit ouvrage méconnu d'Anne Onîme sur la petite faune qui vadrouille en campagne, intitulé "Du Sarko du Boischaud à la kiâratte du Boistout[1]". Il en avait lui-même beaucoup appris. (Dernières nouvelles du Boistout, fin juin 2011)
  • Le mulot sarko vient de réapparaître en force. La revue du Boischaud a interrogé Jeannot : "C'est un petit muridé hyperactif et sympathique, tout seul et en ville huppée. Mais attention aux ravages en bandes". Nous déplorons aussi que le jardinier François, à l'origine bon mulotier, ne puisse plus les chasser. "Il n'a plus de fusées, rien que des pétards mouillés" confie, atterrée, sa voisine.(La revue du Boischaud, 21 septembre 2014)

Il reste donc de l'espoir.

Notes et références

  1. La kiaratte n'est autre que la poule claire des bois huppée, une sous-espèce de la gélinotte des bois ou de la gallinette des prés. Cf Fameux Guide de chasse Bigeard et Bigard.


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