Gustave Boudinet

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Gustave Boudinet (1913-2006) est l'un des plus grands acteurs français du XXe siècle.

L'enfance délicate de Gustave Boudinet

Né en 1913 à Beauvais d'un père bègue asthmatique et d'une mère danseuse de cabaret unijambiste, Gustave Boudinet comprit très rapidement que sa vie n'aurait rien d'une partie de plaisir. Les premiers mois de son existence sont affectés par l'absence maternelle, absorbée par sa carrière, et la disparition tragique de son papa, en pleine guerre — écrasé par une locomotive à charbon. Après le suicide de sa mère, il est recueilli à 5 ans par une famille de clowns lorrains, ce qui marquera Gustave Boudinet à vie. Ainsi, de 6 à 16 ans, son enfance se déroule dans l'univers du cirque, lui permettant d'acquérir les bases de son futur métier : les clowns lui enseignent l'art de la comédie, les otaries l'art du jonglage et les éléphants l'art de la cacahuete. Il connaît en 1928 sa première expérience sexuelle avec une femme à barbe prénommée Martine, dont il gardera toute sa vie durant un vibrant souvenir.

Gustave Boudinet, des débuts difficiles

Rassasié du cirque, il décide de plier bagages et de foncer vers Paris, en Juin 1931, caché dans une carapace de tortue. Commence alors une période sombre, où les petits boulots se succèdent : tour à tour réparateur de fil dentaire, décorateur de chapeau melon, vendeur de trou d'emmental, le quotidien est rude, d'autant plus qu'à cet époque il fait la connaissance de celle qui deviendra sa première femme : Gisèle Boudinet. Rapidement, celle-ci lui casse les couilles et il se réfugie dans une passion : le cinéma.

Le soir, en cachette, il ère d'écran en écran, pour retrouver ses idoles : Fred Astaire, Buster Keaton, Clovis Cornillac. Il s'identifie à eux et commence à écumer les castings où il se fait lamentablement refuser. Par chance, il se fait un jour renverser par la voiture d'un directeur de music-hall qui, pour se faire pardonner, lui propose un emploi dans son établissement, consistant à classer les cacahuètes offertes aux spectateurs par ordre alphabétique. Ainsi, Gustave Boudinet se fait rapidement une réputation dans le milieu de la cacahuète, ce qui ne lui est malheureusement d'aucune utilité pour percer dans le milieu hermétique du cinéma. En 1935 il décroche une promotion : il a maintenant pour charge la préparation du café. Sa soif de réussir le pousse à l'excellence et devant tant de bonne volonté le directeur accepte de lui donner sa chance en tant que "chauffeur de salle" ; 3 jours plus tard, Gustave Boudinet est licencié pour avoir incendié de plein gré l'établissement.

Beaucoup auraient renoncé, mais Gustave Boudinet est d'une autre trempe : il insiste, continue les castings, ce qui finit par payer, enfin.

Une lente ascension vers le succès

De 1935 à 1938, il participe à divers petits films qui le font peu à peu connaître :

  • Le scaphandrier et l'enfant, drame de 1935, où il prépare le café.
  • Ma femme est partie hier avec papy, mamie, tonton, la bonne et le chien en vacances à la montagne en oubliant sa valise, comédie de 1936, où il prépare le café.
  • Hector Van Ghunhit ou l'existentialisme subconscient du paraître, film chiant de 1938, où il prépare le café.
  • Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le haricot vert sans jamais oser le demander, comédie légumière de 1938, où il écosse les haricots verts.

C'est à cette période qu'il change succesivement de pseudonyme : tour à tour, la même année, il s'appelle "Boudigus", "Gus", "Gugus", "Pronghed Shelf", "El Magicus Del Las Ombras ", " Kuziwaka Mosawakeyo", "Gustave Boudino", " BobSinclar", "Dédé06", " l'avaleur de pruneaux crus", encore une fois " Gustave Boudino", " Nepcuicui", "Mdr_Alexan", "Jean-luc Placard", "Ophélie Winter & Friends", pour finalement décider de conserver son patronyme de Gustave Boudinet — qui lui colle si bien à la peau.

Pendant la guerre il dénonce par erreur 3 allemands (en les prenant pour des juifs) : il reçoit la félicitation de ses voisins résistants et se fait présenter plusieurs réalisateurs qui décèlent immédiatement en lui "un talent jusqu'alors insoupconné".

Gustave Boudinet, icône de l'après-guerre

En 1947, il est repéré par Marcel Carné qui lui offre son premier rôle dans un grand film, les enfants du paradis. Vers 48 minutes, Gustave Boudinet traverse une rue, de dos, sans se retourner : le cinéaste salue "la modestie d'un acteur qui a su s'effacer pour le bien du scénario".

En 1950 Gustave Boudinet joue dans Orphée, de Jean Cocteau : son unique scène du film, bien que brève, est resplendissante d'humilité. On le voit manger une pomme de terre l'espace de six secondes, non sans talent.

La même année, il tourne dans Justice est faite, d'André Cayatte. Il s'agit de sa première réplique orale : l'acteur principal l'appelle au téléphone et Gustave Boudinet, au sommet de son talent, répond sobrement et efficacement "Désolé, vous avez fait un faux numéro." Tout est là : le style Boudinet, la simplicité Boudinet, la sincérité Boudinet.

A cette période il fait la connaissance lors d'une soirée d'Yves Montand et de Jacques Prévert, et subtilise deux mini-saucisses cocktails à Edith Piaf, en 1951. S'en suivra une belle amitié avec Yves Montand qui l'invitera même à prendre un café, deux semaines après, en croyant avoir affaire à un riche patron de studio français — ressemblant trait pour trait à Gustave Boudinet.

Star nationale, Gustave Boudinet ne sait plus où donner de la tête et il enchaîne les succès :

  • La cabane infernale, où il joue le rôle d'un muet ligoté dans une cabane : invraisemblable performance d'acteur puisque, sans même prononcer le moindre mot, Gustave Boudinet bouleverse la France.
  • Zoha, fille du Mékong, film de 1954 où l'on aperçoit une de ses épaules au moment de la scène finale.
  • Toi et moi à Milan, romance de 1956. Il y joue le rôle poignant d'un séducteur invétéré qui tente de conquérir le coeur de la fille du premier ministre italien. C'est dans ce film qu'il prononce la réplique qui le fait connaître en Amérique et dans le monde entier : "Moi, ce que je préfère dans les raviolis, c'est la viande."

Hollywood le réclame et il choisit de partir en Amérique, le 16 Mars 1957, pour décrocher un contrat avec les studios. Cette date marque véritablement un tournant dans sa carrière, puisqu'il loupe l'avion et loupe le contrat. Il divorce de sa première femme Gisèle et épouse Rose Vermenon, qui devient par consentement mutuel Rose Boudinet. Il tourne peu de temps après la cabane infernale 2 et la cabane infernale 3, qui se révèlent des échecs cuisants. C'est le temps des erreurs : énervé par cette mauvaise passe, Gustave Boudinet envoie plusieurs lettres d'insultes anonymes à différents producteurs parisiens, mais en signant sans faire exprès : il est progressivement mis à l'écart des plateaux de tournages.

Une traversée du desert de près de 40 ans

Les années 58/98 sont une période de vache maigre. Il tourne bien quelques spots publicitaires pour de la lessive et les biscuits chocolatés CACAOCHOC ("les biscuits CACAOCHOC, le choc du cacao"), mais rien de concret. Gustave Boudinet sombre dans l'oubli, le chômage, l'alcool. Il divorce de Rose Boudinet pour épouser Bernadette Boudinet, née Piflon. Celle-ci l'oblige à se ressaisir et il décroche un boulot d'assistant-réalisteur-adjoint-du mec qui prépare le café dans la série Thierry la fronde, emploi qu'il conservera 6 ans.

Le 4 février 1969 il se cogne au rebord d'une fenêtre de la rue Marcel Gratin : il perd connaissance et ne se réveille que 13 ans plus tard, sans que personne ne remarque son absence — sauf sa femme qui, en le voyant rentrer, cria "Ah bah t'en a mis du temps, pour sortir les poubelles !". Voulant reconquérir son public, il tient une rubrique "cinéma" dans PIF POCHE, de 1980 à 1988, tout en créant la société Cinémuet, "militant pour le retour des films muets au cinéma", qui le plombera financièrement.

Se sentant incompris, il emprunte 2 millions d'euros en 1991 pour tourner La cabane infernale 4, qui ne rencontre pas son public. Agé, Gustave Boudinet décide alors de rester chez lui en regardant La roue de la fortune et divers émissions de jeux télévisés, tout en postulant épisodiquement pour quelques James Bond ou Batman.

Un come-back retentissant

En 2000, après 40 ans d'insuccès et 7 mariages, Gustave Boudinet refait parler de lui : Luc Besson le contacte en personne pour jouer l'un des réverbères de Taxi 2, au côté de Samy Naceri et Frédéric Diffenthal. Bien que diminué physiquement, son interprétation toute en finesse du réverbère situé près du commissariat le propulse au devant de la scène, pour le plus grand bonheur de ses fans.

Il découvre ainsi, à 85 ans passés, le festival de Cannes où il gravit les marches rubicondes menant à la reconnaissance internationale en compagnie de Luc Besson.

Redemandé une seconde fois par Hollywood, il décline la proposition américaine "car là-bas, La roue de la fortune n'est pas diffusée". Le public le soutient pleinement et l'implore de tourner en France. Mais, devenu sénile du jour au lendemain, complètement gaga, Gustave Boudinet entre dans un délire mental : jusqu'à la fin de sa vie il se prendra pour un Brownies.

Il meurt le Vendredi 10 Novembre 2006, persuadé d'être un Brownies, et met ainsi un vibrant clap de fin à son existence.

Adieu, l'artiste.


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