Karazo Shoenage

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Le Karazo Shoenage est un art martial traditionnel d'Indonésie du Sud-Est, pratiqué les jours où il fait beau. Il est difficile de donner une traduction exacte du nom, mais elle se rapprocherait de : « La tendre et jolie sarabande audacieuse et ininterrompue du mélodieux et harmonieux thon rouge au milieu de l'art mielleux des fleurs ancestrales ».


Origines

Les spécialistes de la question situent les débuts du Karazo Shoenage à la fin du VIIe siècle dans l'île de Kumatra Shenada (« l'endroit où les eaux se déversent continuellement dans une danse audacieuse et ininterrompue avec quelquefois un passage poétique du mélodieux et harmonieux thon rouge »).
Il se serait agi au départ d'un rituel religieux complexe en l'honneur d'une divinité qui avait la forme d'un thon rouge, Hashima Pelado (« le majestueux et magnanime souverain écarlate à l'endroit où les eaux se déversent continuellement dans une danse audacieuse et ininterrompue ».) D'autres historiens sont par contre persuadés qu'il s'agit juste d'une blague entre jeunes du coin qui aurait été prise trop au sérieux par la suite. Néanmoins, cette hypothèse peine à faire consensus tant elle fait passer les spécialistes du Karazo Shoenage pour des thons des cons.

Costumes

L'habit est très sophistiqué, et essentiel à la pratique du Karazo Shoenage. Il comporte trois éléments principaux: le casque appelé « Musimo » (« esprit du magnanime et majestueux souverain écarlate déposé dans un humble et modeste objet terrestre dans l'harmonie de l'art mielleux des fleurs ancestrales »), le kimono aux teintes pourpres, ainsi que le fixe-chaussette.

Casque de combat, le MUSIMO
  • Le casque Musimo est de loin le plus important des trois accessoires. Deux immenses loupes sont disposées latéralement, elles figurent les yeux du poisson. Fermé sur le devant, le casque Musimo aveugle pour le moment les combattants. Ce qui rend la pratique ardue et demande le développement d’un nouveau sens, pareil à celui qu’utilise le thon rouge pour détecter le plancton dans l’eau. Cependant, les grands maîtres du Karazo Shoenage sont persuadés qu'à terme l'espèce humaine évoluera pour avoir les yeux sur le côté et être ainsi plus apte à pratiquer cet art martial si noble et délicat [1]
  • Le kimono, en hommage au poisson, doit bien entendu être de couleur rouge. Si plusieurs teintes sont acceptées (variant du rouge écarlate au vermillon en passant par le grenat et le carmin), il est néanmoins à noter qu'il faut éviter à tout prix que le rouge tire vers le rose. Si jamais le rouge devenait rose, alors le vêtement serait un hommage au rose saumoné. Or, il est de notoriété publique que le thon n'est pas le saumon. On ne peut pas le fumer.
  • Le fixe-chaussettes est sûrement la partie la plus incongrue de l'équipement des lutteurs de Karazo Shoenage. Il semblerait qu'il ait été ajouté à la suite de la visite en Indonésie du Sud-Est du professeur Mortimer, un jour où il faisait beau. Remarquant que les combattants ne cessaient de perdre leurs chaussettes durant le Karazo Shoenage, le professeur leur offrit ses fixe-chaussettes à carreaux. Devenus désormais incontournables si l'on veut espérer se battre correctement, ces fixe-chaussettes varient en taille, forme et couleur. Il est important de noter que les chaussettes des combattants sont blanches, en hommage au thon rouge tout comme le kimono. Perdre son fixe-chaussettes en plein combat disqualifie le combattant.

Les costumes des différents combattants sont très similaires et il n'est pas rare, au cours des compétitions officielles, qu'on les confonde. En 2007, par exemple, lors des Championnats du Monde, le Brésilien Thiago Mereilles a ainsi vaincu à la régulière le Tchèque Karel Provnak. Cependant, l'arbitre, ne pouvant les différencier, a déclaré Provnak vainqueur, ce que Mereilles, qui n'entendait rien à cause de son casque, n'a pu contester. C'est pourquoi à ce jour Provnak est le seul Européen figurant au palmarès des Championnats du Monde, sans pour autant avoir remporté la finale.

Règles

Il est très délicat de donner un aperçu rapide des règles du Karazo Shoenage. Le mieux pour ceux qui souhaitent le pratiquer reste de lire le Shumashû « Ensemble des règles et autres rituels concernant la pratique et la tenue des compétitions de la tendre et jolie sarabande audacieuse et ininterrompue du mélodieux et harmonieux thon rouge au milieu de l'art mielleux des fleurs ancestrales » . Il n'existe actuellement en un seul exemplaire, écrit à la main dans le temple d'Hokkainârino, « que je ne traduirai pas parce que ce serait trop long, et que les noms asiatiques commencent à vous faire chier je suis sûr ». Néanmoins, il sera difficile de l'emprunter, à moins de disposer de plusieurs camions-citerne. L'ensemble fait en effet approximativement 156 000 pages, qui occupent l'ensemble des temples.

Le Shumashû a été rédigé au XVe siècle, à l'initiative du prince Jamal Baramas. Deux seigneurs de son entourage avaient un différend concernant un territoire à la frontière de leurs deux domaines. Plutôt que de lancer une expédition militaire, ils préférèrent s'affronter eux-mêmes en un combat de Karazo Shoenage. Malheureusement, les règles de combat étaient alors différentes selon les régions, voire même selon les rues d'une même ville! Devant le besoin de règles unifiées, ils firent appel à un prince neutre, Jamal Baramas, pour les rédiger. Celui-ci les mit d'accord en écrivant le Shumashû, et en conquérant leurs terres alors qu'ils étaient occupés à l'apprendre.

Cette complexité des règles mène parfois à quelques difficultés. Ainsi, en quarts de finale des Championnats du Monde 1995, le Coréen Ahn-Jun-Li réussit un Pirishi Shaneke (« mouvement latéral incisif du poisson gracieux et frêle dans une onde glacée ») sur l'Allemand Harald Fürtwangler. Néanmoins, l'arbitre refuse de compter le geste, sachant que Fürtwangler avait auparavant prononcé les mots Ayayaye Mekeshafemal, qui selon la page 4 de l'annexe 18 au tome 15 de la cinquième arcane du Shumashû, empêche toute possibilité d'un coup dit Mushanake, ce qu'est de toute évidence le Pirishi Shaneke. Néanmoins, la décision fit un grand scandale, et semble en effet non justifiée avec le recul. Une rectification des règles datant de 1992 avait indiqué que le Pirishi Shaneke était certes un coup Mushanake, mais qu'en tant qu'offensive Huraïdo, il ne tombait pas sous le coup de l'annulation. D'autant plus que le septième chapitre des règles additionnelles ajoutées au Shumashû en 1985 précisait qu'en cas de Fujito Jamie réalisé dans les deux matchs précédents, la page 4 de l'annexe 18 au tome 15 de la cinquième arcane ne devait pas être considérée. Sans compter que le nombre de points accordés pour Pirishi Shaneke dépend directement du nombre de koalas en vie, statistique qui prêtait alors à discussion.

Fameuse prise Hirashitamo ("saut du thon agile au printemps")

A ce jour Ahn-Jun-Li est toujours en procès avec Harald Fürtwangler sur le résultat du combat. Les Championnats du Monde n'ont donc pas été attribués en 1995, attendant d'être peut-être rejoués entièrement si la justice donne raison à Ahn-Jun-Li. Pas de chance pour Fürtwangler, il est mort l'année dernière d'un accident de moto, et risque donc de déclarer forfait si le match est rejoué.

Combattants

Le Karazo Shoenage est un amant exigeant, et il convient de se donner à lui très jeune si l'on souhaite réussir. Il n'est pas rare que les mères envoient leurs enfants dès l'âge de six ou sept mois pour qu'on commencer à leur inculquer les règles. L'apprentissage des différents coups se fait tout au long de l'existence, et il n'est pas rare que même un maître confirmé ne découvre une toute nouvelle facette de son sport juste avant sa mort. Cette découverte déclenchant bien souvent la mort.

Il y a différents niveaux chez les combattants qui se répartissent comme suit:

  • Les Nulashier: « Petit thon » en Indonésien, sont les débutants. On peut commencer le Karazo Shoenage entre 0 et 23 ans, pourvu que l'on ait une constitution solide, quelques rudiments d'arts martiaux, une technique impeccable et un compte en banque bien garni.
  • Les Mouhin Nulahiser: « Thoneau » en Indonésien sont les débutants confirmés. C'est un stade qu'on attend après cinq ans d'enseignement intensif du Karazo Shoenage. Pour devenir un Mouhin Nulashier, il faut passer une épreuve: vaincre une autruche, un caïman, et sept iguanodons, un jour où il fait beau. En même temps. Il n'y a qu'une seule chance, tous ceux qui échouent resteront à jamais Nulashier. A noter que le seul Français à avoir jamais pratiqué le Karazo Shoenage, Roger Veyrat s'est arrêté à cette étape. Il avait vaincu l'autruche, le caïman, et six iguanodons quand d'un coup, il s'est mis à pleuvoir. Il est actuellement en dépression nerveuse à l'hôpital de Clamart.
  • Les Pâ Trohomové: « Thony-Parker » sont les pratiquants auquel il est permis de combattre de vrais adversaires. Les Nulashier, et les Mouhin Nulashier ne peuvent en effet que se battre seul, contre des rivaux imaginaires. (ce qui au passage donne lieu à un spectacle remarquable, et fort appréciable). Un homme peut devenir Pâ Trohomové s'il a dix ans d'ancienneté dans le Karazo Shoenage, s'il a embrassé au moins une fois une femme rousse barbue, mangé sept cancrelats vivants, et léché les pieds d'une vache argentine un lundi du mois de janvier.
  • Les Grotons: « Les Maîtres Thons » sont les plus expérimentés, ceux qui ont la plus grande maîtrise du Karazo Shoenage, et qui peuvent l'apprendre à toutes les catégories de combattants inférieures. Pour devenir Groton, il y a plusieurs possibilités: soit avoir marché deux fois sur la Lune, soit s'être pris un coup de pied d'un cul de jatte, soit donner sa maison et sa femme à un Groton en exercice. Fort étonnamment, même si c'est la plus douloureuse, la troisième méthode est la plus communément choisie.
  • Tonsûhperi heur : littéralement «  petit navire ». Il ne peut y avoir qu’un seul Tonsûhperi heur, remplacé à sa mort par un Groton dont l’ancienneté et la maîtrise ne sont plus à démontrer. Le rituel d’intronisation d’un Tonsûhperi heur reste absolument secret, seul le nominé le connaît. Pour atteindre ce rang suprême, il faut avoir compté les étoiles, savoir danser les claquettes et allumer un feu sans rien d’autre que des feuilles, les jours où il ne fait pas beau. Il faut aussi n’avoir mangé que du thon durant les 10 dernières décennies. La coutume veut que le Tonsûhperi heur s’adresse à tout le monde avec un ton supérieur en faisant remarquer à chacun le rang qu’il occupe en déclarant : « je suis ton supérieur ».

Compétitions

Des Championnats du monde de Karazo Shoenage ont lieu tous les deux ans, dans le port de Sawepang, en Indonésie du Sud-Est, les jours où il fait beau. Ils permettent de voir s'affronter des combattants du monde entier, pendant approximativement deux semaines, voire six mois s'il pleut vraiment beaucoup. Les combats ont lieu sur la colline de Washashi, « l'endroit glorieux d'où nos ancêtres nous regardent avec des yeux émus et éblouis par nos incroyables performances sexuelles ».

La première édition de ces Championnats du Monde a eu lieu en 1945, pour fêter la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Elle vit s'affronter des centaines d'Indonésiens pour tenter de décrocher le titre. Un bombardement allié ayant frappé la colline de Washashi juste avant la fin de la compétition, on n'a jamais su qui avait été le premier Champion du Monde.
Des fouilles archéologiques sont actuellement menées sur place pour tenter de le déterminer, avec l'aide des Experts de Miami.

Le recordman de victoires est à ce jour Hazao Miyâni, qui a remporté les championnats du monde à sept reprises (1973,1975,1977,1979,1981,1983,1985). Cette performance a pu paraître surprenante quand on sait qu'Hazao Miyâni pesait plus de 200 kilos, et ne parvenait plus à se déplacer. Il est également connu pour avoir été l'un des criminels les plus sanguinaires de l'île de Sawepang, avec plus de 200 meurtres à son actif, pour les estimations les moins fantaisistes.C'est d'ailleurs son incarcération pour l'assassinat du Russe Igor Stelianov durant la finale de l'édition 1985 qui a précipité sa retraite. Fait amusant: ses six autres victoires en finale avaient été obtenues à la suite d'abandons de ses adversaires juste avant que le combat commence.

Notes

  1. Voir sur le sujet l’excellent livre de Rigoberto Shinzo, Quand les poissons marcheront, seuil, 2003).