Lycée Gabriel Fauré (Ariège 09)
Afin de recarder cet article dans le but qu'il s'accorde parfaitement à mon intime pensée, je vais commencer par vous dire à quel point tout, et je dis bien TOUT, est tout bonnement trop laid. MAIS, cher et attentif lecteur, ne te décourage donc pas, car il te faut avant cela acquérir l'ultime raison, la dernière clef, la terrible révélation ! Celle qui, dans un mélange d'hystérie et d'affliction, de remords et de félicité, de dégoût et de jubilation, t'illuminera, et avec toi le monde, car c'est seulement à cet instant précis que tu découvriras, à quel point, à quel degré, dans quelle mesure si radicale, TOUT (et je dis bien TOUT) est simplement, définitivement, et foncièrement trop laid.
Mais cher lecteur, une nouvelle fois, patience ! Souviens-toi que ne détient la vérité que celui qui a enduré le périple qui mène vers elle. Ainsi, sans pour autant les approuver, tu comprendras chacun des nos actes, et t'émerveilleras devant la magnificence de cet énoncé aussi vrai qu'énigmatique : c'est trop laid.
L'intronisation du Messie au sein du Monde Réel
Tandis que j'accomplissais, héroïque, mon odyssée légendaire à travers les immensités glaciales de cet étroit univers, une idée pour le moins étrange vint heurter mon jeune esprit : puisque j'étais ainsi destiné à errer dans le cosmos, butinant au gré des vents tous les miracles qu'il recèle, pourquoi donc ne pas faire halte dans cette contrée égarée, qui m'apparut comme fort pittoresque, et qu'aucun rapport ni manuscrit, pas même l'excellent Guide Michelin Cosmotronique 6600®, ne mentionnait ? Il est vrai, le timide reflet de cet endroit, image de civilisation primitive savamment chiée sur le hublot de mon cockpit, ne devait a priori pas connaître meilleur destin que le mépris éclairé du navigateur... du moins, en cette heure, apparaissait-il avisé, face à cette débauche d'architectures gauches et déformées dont on m'enseignera plus tard le nom (« Foix »), d'empêcher toute escale sur cette planète étonnamment mal entretenue, et que rien ne semblait vouloir démarquer des innombrables autres balayures planétaires qui ont à cœur chaque jour de ternir l'éclairage exemplaire du Soleil.
Or donc, j’alunissais peu après dans une des multiples anfractuosités rocheuses que m'offrait le massif du Plantaurel.
Il ne demeurait qu'un seul sentiment inexploré par mon esprit si avide de sagesse et d'expériences nouvelles, et c'était celui de l'ennui. Et, oh ! quel profane je fus en prétendant détenir les clefs du savoir sans avoir découvert les subtils arts du désopilant fou-rire qui devinrent comme nécessaires à notre survie, dans cet environnement à part entière, où par soucis de préservation, l'esprit réagit, en instaurant chez la personne un état spécifique, celui permettant de mettre en œuvre tout les moyens possibles qui pourraient le soustraire de quelque manière à son implacable condition.
Ce pourquoi je n'ai pu simplement échapper à cet univers saugrenu, était que je devais passer par cette épreuve, je devais faire ce sacrifice afin d'obtenir les dernières clefs de mon pèlerinage vers cet autel du mal que d'aucuns nomment le Lycée Gabriel Fauré.
J'étais donc ainsi condamné à vivre trois voire quatre longues années de mon existence en ce lieu de débauche spirituelle, et voici donc arrivé le temps des confidences, deux ans déjà après ma venue, est venu le moment de vous narrer milles et une mésaventures que j'ai dû indubitablement vivre ; et de rapporter les plus invraisemblables lubies qui n'ont eut cesse de me surprendre et d’accroître mon savoir.
Brève présentation des lieux...
Je commencerai par décrire cette vieille bâtisse, croulant sous le poids de sa molle tristesse, et surtout sous la rage de certains forcenés qui - tels des rongeurs qui grattent et mordent les barreaux de leur cage d'une fébrile incisive - chapardent ou démolissent le moindre objet ayant le malheur de céder sous l'inépuisable force de leur désespoir, comme autant d'âmes perdues s’agrippant vainement dans un dernier râle d'agonie aux parois du gouffre infernal et putride où elles croupissent, tels des excréments attendant la vidange où ils seront libérés, pour être assimilés enfin par le monde extérieur, illusoire Walhalla.
Les murs répandent leurs pellicules de béton à leurs pieds, les portes manchotes tendent des moignons de poignées maintes fois brisées, et les robinets, les barreaux de chaise, tout ce qui est amovible, est braconné. Le seul apport de matière qui soit fait l'est en gomme à mâcher, aux couleurs vives et variées, subrepticement collées sous les tables, ou glorieusement crachées en direction du ciel, de façon à ce que la gravité terrestre, l'humidité et le déplacement des particules de l'air (aussi appelé vent dans certaines littératures), l'attraction de la lune, la force de Coriolis, et surtout, celle appliquée sur la sphère masticatoire suite à la pression de l'air exercée par la cage thoracique subitement libérée par l'orifice buccal, tout ceci dûment calculé, atteigne la cible sélectionnée par son propriétaire ; comme pour laisser leur misérable trace, comme pour essayer de changer l'Ordre monolithique à jamais éternel de la matière dans l'univers.
Mais le Lycée Gabriel Fauré est également le théâtre d'une bien grande tragédie : nombre d'élèves, s'armant de stylos-marqueurs indélébiles, inscrivent en toute conscience des messages divers, généralement semblables et souvent bas, et ce, comme pour accentuer la caractère grossier de leur propos, dans un chiffrement vulgaire d'usage en téléphonie mobile, ou maculés des plus outrageantes entorses aux sacrosaintes lois de la Langue Française. Messages informes d'âmes informes, ignorant la raison de leur propre amorphisme, assénant sans but ces messages obscènes, et perpétrant ainsi le rituel tribal d'appartenance à la masse.
C'est alors que, dans des moments de désespoir, moi et mon confrère nous mîmes à les singer, esquissant grossièrement des personnages les plus funambulesques, comme le furent les bonshommes en forme de bâtonnets dont la tête est semblable à une grosse oreille, ou encore une narine, étrangement baptisés « Monsieur Narine » et « Monsieur Oreille ».
En parallèle s'est développé une pratique tout à fait singulière, celle d'inscrire les mots dit « ultimes » sur les tables, chaises, murs, portes afin d'apporter à un maximum de petites gensses ne serait-ce qu'une fois dans leur déplorable existence d'ignorants, l’éveil à la condensabilité de leur vie en l'un de ces mots.
Et croyant savoir, croyant que cela nous apporterai quelque chose, nous nous rendîmes compte, que ce n'était là qu'une façon de revendiquer notre absurde, et artificielle différence de tant d'êtres insignifiants que nous refusions d'être.
La Sainte Liste des Mots Sacrés...
Ici sont référencés (par ordre de puissance pure) LeS MoTs ULTiMeS :
Position dans la Liste | Mot | Petit Descriptif cool et sympa |
---|---|---|
1 | OREILLE | Le Maître Mot. |
Béret | BÉRET | Béret est le seul mot de la liste qui occupe la position « Béret ». Et pour cause !!! |
1,5 | BIBERON | Crié dans la rue et sans aucun article défini ou indéfini qui le précède, le mot biberon révèle toute sa dimension subversive. A essayer absolument dans une Bar Mitsvah. |
2 | BAIGNOIRE | |
3 | POMPISTE | Sous entendu chez Esso, cette entreprise philanthropique qui fournit du travail à tous ceux qui prévoient d'une manière ou d'une autre de louper leur BAC. |
4 | CANAPÉ/TOURNEVIS | en effet tournevis va toujours de paire avec canapé et (tourne)vis versa. |
5 | PNEU | En mémoire de la glace au pneu. |
6 | BLÉ | "Doble Bébé Blé !" (prononcez cette maxime comme si vous dégustiez du bœuf en sauce, ou du savon pour le corps, en tout cas quelque chose de mou et de relativement coloré). |
7 | POILS | ...de chien (car ils le sont en effet) |
8 | BALUSTRADE | |
9 | CULBUTO | |
10 | BALEINEAU | |
11 | COCHONGLIER/SANGLOCHON | Le Cochonglier est au Sanglochon ce que le Sanglochon est au Cochonglier. |
12 | LAIT | Constitutif primordial du Pain-au-lait. |
13 | PAIN | Constitutif primordial du Lait-au-pain. |
14 | PLAINT | N'est pas né, comme on serait tenté de le croire, d'une fusion entre du pain et du lait, mais davantage de celle entre du lait et du pain. |
De l'attitude en cours : situations rêvées et anticipées
Vous l'aurez compris, difficile de survivre dans ce monde d'ésotérismes didactiques, d'arbitraire pédagogique, et autres grands foutoirs scolaires ; j'en passe et des meilleures, des vertes et des pas mûres, des bouchons de stylos, des tabourets et des gros orteils de pied...
J'ai pu constater combien le monde pédagogique s'était embourbé, par ses pratiques invraisemblables, allant jusqu'à prôner des principes qui nous entrainent inexorablement dans la gueule de l'éternel système.
C'est pour cette raison, que peu à peu, je me suis immiscé dans cette recherche perpétuelle de non-activité que l'on nomme affectueusement glandage, à l'instar de mes camarades de classe, qui pour la plupart n'avait paradoxalement pas la moindre conscience qu'un tel comportement pusse exister réellement, pensant qu'il s'agissait là d'une simple légende que tout le monde prétendait vénérer.
Et petit à petit, il fallu que je conçoive les stratagèmes les plus élaborés afin d'éviter un quelconque effort de ma part...
Cas 1 : Les TPE : Ode au foutage de gueule et au je-m'en-foutisme primaire
Le cas de nos TPE (travaux personnels encadrés) est la parfaite démonstration de l'unique performance qui n'ait jamais été réalisée en matière de non-effort. En effet, la société est si sournoise qu'elle pousse habituellement les glandeurs à désobéir aux règles qui sont les leurs, et même oserai-je dire, à se corrompre dans sa logique bassement productiviste. De fait, fournir le moindre effort se transforme en un glorieux leitmotiv et la besogne (dans ce qu'elle a de plus servile et avilissant) une vertu ; et les plus branleurs d'entre nous, abasourdis, tétanisés face à l'ampleur de l'idéologie masochiste dans laquelle tous, pataugeons allègrement, finissent généralement - croyant obtenir par ce biais leur salut, par se faire violence, par "bosser" comme on le dit si bien, tandis qu'un stade de glande légèrement plus élevé leur aurait offert à la fois plus de quiétude et un résultat qui, bien que foncièrement merdique, restait recevable.
Eu égard à l'importante trahison du système, nous nous résolûmes à faire, après mure réflexion, et méditation intense entre deux séances de bourrinage, strictement rien, voire absolument que dalle. Forte fut la tentation de faire par exemple un brillant exposé sur - à tout hasard, les tornades, et nombreux furent les moments de détresse ou nous cherchâmes sur google: "SUJET TPE PAS TROP CHIANT NOTE=20/20". Mais finalement, notre instinct profond l'emportât sur nous-mêmes, et on nous attribua un glorieux 0/20. Mais le vrai charme de cet épisode, si représentatif de notre courte existence, fut que jusqu'au bout nous nous sommes persuadés qu'il était impossible que nous n'allions pas présenter un sujet, que cela allait par exemple créer un déséquilibre dans la divine équation de l'univers, que cela ne pouvait tout simplement pas arriver. Notre inconscient savait lui par contre, et c'est pourquoi il nous fit croire aux scénarios les plus rocambolesques, afin de préserver notre intégrité mentale. Par munificence et par amour, nous prîmes la peine de recenser pour vous lecteurs, ces scénarios :
- Nous faisons un numéro de claquettes avec jonglerie et petit singe en costume de groom, afin de divertir le jury le temps de notre supposé passage. Il existe des variantes où je joue du banjo, dont sort étrangement un son de piano mêlé au bruit d'un périphérique encombré, et où mon collègue tente vainement de jongler avec des dents de lait, mais celle-ci auraient mystérieusement perdu leur propriétés antigravitationnelles, ne pouvant ainsi décoller de ses mains.
- Nous faisons croire aux membres du jury qu'ils sont sourds en faisant semblant de parler, mais sans émettre de sons, ceux-ci accablés de honte n'oseraient mot dire, malgré le bruit des travaux non loin de là.
- Nous imitons le bruit de la sonnerie à peine rentrés: « Tiens ! Ça sonne ! » pour retourner de suite au Zéland (surtout ne pas rater une occasion de se faire chier)
- Nous faisons mine de commencer notre exposé, mais un agent de maintenance du lycée entre et passe pour sortir de l'autre côté de la salle. Peu après, le même agent rentre, puis ressort de la même manière, ainsi de suite pendant une heure, temps correspondant à celui qui nous avait été donné pour la présentation de notre exposé, puis nous partons. Il existe aussi des variantes, où l'agent porte une moustache factice; un autre ou une infinité d'agents rentrent dans la salle jusqu'à ce qu'il n'y ai plus de place, et une autre où l'agent dépose une pile de dossiers et un pot de fleur à chaque passage, de telle façon qu'il crée un mur entre nous et le jury.
- Une mystérieuse coulée de lave passant juste devant la porte de la salle nous empêche de rentrer.
- Un marteau-piqueur se met en marche dès que nous prenons la parole, nous rendant ainsi inaudibles. Il arrive que ce soit une forte précipitation qui, augmenterait proportionnellement à la force de notre voix, entrainant la même situation, où encore celui occasionné par le passage du courant dans un alternateur, à proximité de la salle.
- Un essaim de pots de fleurs pénètre inopinément dans la salle et se met en orbite autour de la tête de chaque observateur, les rendant alors parfaitement aveugles et impuissants.
- Lorsque le jury tente de rentrer dans la salle, il doit tourner la poignée dans le but de déplacer l'obstacle physique parallélépipédique de bois (autrement il ouvre une porte), mais dans son plus grand étonnement, la force appliquée, bien qu'entrainant une translation rotative de la dite porte sur ses gonds, ne permet pas l'ouverture complète. Nonobstant le perpétuel déplacement de l'objet, et l'impression de voir le sol défiler au bas de celui-ci, l'ouverture ne s'agrandit inexorablement pas, dans la plus grande exaspération du jury. Il existe une autre possibilité qui voit le jury ouvrir la porte, et, très étrangement, bien que celui ait la sensation d'avoir ouvert complètement la porte, constate que la porte est toujours fermée ; où encore celle où le jury, après avoir ouvert complètement la porte, se trouve dans une situation fort fâcheuse : en effet, derrière la porte ainsi ouverte est placée une seconde porte. Le jury quelque peu désabusé décide d'ouvrir cette mystérieuse seconde porte : c'est alors que trône outrageusement derrière la seconde porte une autre porte. Le scénario se réitère alors une infinité de fois jusqu'à ce que le temps qui nous était donné soit écoulé, pour que finalement nous partions triomphalement sans rien avoir fait sous les regard exacerbé du jury.
- Un avion est en chute libre en direction du lycée, entrainant la panique générale, mais cependant l'avion de cesse de tomber sans jamais atteindre le sol, nous assurant une certaine quiétude. Une autre variante met en jeu un astéroïde qui, menace de s'écraser sur la terre et de provoquer la fin du monde, entrainant l'arrêt momentané de tous les cours et donc des TPE. Nous en profitons, dans cette atmosphère crépusculaire, pour former un assemblage informe de chaises et de tables, symbole même de notre apocalyptique avenir.
- Le temps s'étire indéfiniment à mesure que la date de présentation du TPE approche.
- Étrangement nous avons besoin d'utiliser un critérium. Lorsque arrive le moment ou je pose la mine contre le papier, celle-ci vient à se rompre. Qu'à cela ne tienne, l'un de nous sort de sa trousse une boite où sont entreposées plusieurs de ces mines, et je répète mon mouvement. Fort Malheureusement, à chaque nouvelle tentative l'accident se renouvelle et je suis obligé de reprendre une mine, une fois de plus, alors que le jury s'impatiente. A force la réserve est totalement épuisée. Et bien nous ne renonçons pas, mon partenaire dévoilant alors une trousse remplie à raz bord de réserves de mines pour critérium. Le jury s'impatiente de plus en plus mais étrangement ne nous demande pas d'interrompre notre absurde travail. Et cela continue jusqu'à ce que la sonnerie retenti, avec une excuse pour ne pas avoir présenté notre sujet. À un moment même mon confrère renverse par accident son sac, révélant alors que celui-ci était rempli de trousse identiques à celle qu'il avait auparavant sortit.
- Nous ne présentons pas nos TPE. Le jury outré, décide d'inscrire sur leur feuille 0/20. Mais bizarrement son stylo ne fonctionne pas. Alors il le teste en réalisant une succession de traits sur la feuille et se rend compte qu'il n'écrit qu'à un emplacement bien précis de celle-ci. Il continue alors à colorier et apparait 20/20 et des commentaires allant en notre faveur.
- Un des membres du jury tente de saisir notre supposé dossier parmi une pile, mais celui ayant beau enlever une par une chaque feuille au-dessus de la pile, il ne parvient pas à atteindre celle qu'il recherche. Ce premier s'étonne que le monceau, au bout de plusieurs minutes, n'ai toujours pas diminué de hauteur. Au bout de quinze minutes, celui est forcé de reconnaître son impuissance face à un pareil phénomène: il ne peut nous en blâmer, n'ayant parvenu à examiner tous les dossiers, car il ne peut déterminer si oui ou non nous en avons rendu un.
- Nous dérobons furtivement un exposé à un autre groupe, et nous avons 20. Ce dernier ne peut protester, car aussi curieusement que cela puisse paraître, a subitement adopté la forme d'une rotule géante, perdant ainsi toute crédibilité.
Luc Besson dit : | |
Tous ces scénarios c'est bien beau mais où qu'ils sont les taxis, les Audis, et les héros super baraqués qui sauvent les jolies filles des gros méchants yakuzas ?! |
Cas 2 : Motifs d'exclusions...
C'est pleinement conscients de la déchéance qui allait œuvrer bientôt, telle une épée de Damoclès sur nos têtes, qu'entre deux efforts intensifs d'exercices de mathématiques ou de sciences physiques (à savoir, « quelle serait, sur la table, la configuration idéale de nos trousses, stylos, manuels, mains, bras, manteaux, épluchures de gommes, poignée(s) de robinet d'SVT arrachée(s) sauvagement, mulots de papiers... qui nous permettraient de passer inaperçu vis à vis du professeur afin que celui-ci ne remarque pas qu'une fois de plus nous n'avions pas fait les exercices du jour ? ») nous nous mîmes à énumérer tout les motifs et situations improbables que l'on pourrait retrouver dans une lettre d'exclusion du lycée. Ainsi, cela pourrait donner :
Madame, Monsieur, J'ai le regret de vous informer que le conseil de discipline a décidé d'exclure définitivement votre fils de la vie lycéenne pour la raison suivante : En effet, il est avéré que votre fils, durant le cours du matin de mathématiques ait été amené à subtiliser, au moyen d'une cuillère à café, 5 litres de sang de son professeur, à l'insu de celui ci, et ce, dans un but purement lucratif. Par ailleurs, on pense qu'une partie à servi à la construction d'une cheminée en Grèce. |
Ou bien encore :
J'ai le regret de vous informer que le conseil de discipline a décidé d'exclure définitivement votre fils de la vie lycéenne pour les raisons suivantes :
|
Cas 3 : Le Zéland, troquet fabuleux des caniveaux, ses moisissures de comptoir, son éclatante vinasse, sa vue imprenable sur la décadence humaine
Le Babyfoot : Alchimie du sport et de l'ennui
Quelques définitions
- (Le) bourrinage : Rituel pratiqué par une élite locale d'Ariège dont l'objectif affiché consiste en la propulsion d'une balle de babyfoot au moyen d'une fougueuse rotation des cannes (le plus souvent à partir de celle dont une charmante figurine unijambiste et moulée dans du plomb lui est, tel un Christ de pacotille, viscéralement solidaire et dont le nom - Bouriño, rend hommage à certains joueurs du football actuel ; et qui occupe le prestigieux poste de défenseur gauche, à côté de Robert Hue et de Darty) de telle sorte que la balle puisse parvenir - et ce malgré la mise en opposition des défenseurs adverses sur sa trajectoire - à s'engouffrer à l'intérieur des cages opposées. Est admise la victoire lorsque l'on entend un vacarme assourdissant caractéristique, rendant compte de la terrible collision qui survient entre le projectile et la plaque de fer qui tapisse généralement les buts adverses, provoquant immanquablement chez l'auteur de cette mascarade un profond sentiment de supériorité (que dis-je, un sentiment d'inébranlable souveraineté !), trop éphémère et instable il est vrai pour réussir à engendrer le sentiment de complétude mais cependant suffisamment intense pour que le temps d'un jeu soit occulté la sombre réalité de notre condition humaine : ainsi le joueur est-il promis à diverses désillusions lorsqu'il devra quitter les lieux, promis aussi à un énervement prononcé accompagné d'un besoin irrésistible de hurler son mal-être à qui à des oreilles, tant celui-ci se rendra vite compte que son occupation de fortune l'aura fait sombrer la gueule la première dans les dédales d'un ennui suprême, si bien qu'une fois de plus, il se promettra de ne plus jamais remettre les pieds dans ce si méprisable enclos. Enfin, pour toutes les fois où il échouera à accomplir sa ravissante besogne (et elles sont légions) : notre joueur attendra le plus simplement du monde qu'il puisse à nouveau avoir la main-mise sur la sphère tant convoitée afin de mieux encore réitérer son geste si futile, émotionnellement conquis qu'il est à travers l'expectative de réaliser l'incontestable exploit qui pourrait lui apporter cet état de factice félicité si dûment recherché...
- Taïbo (master 4): Selon Thibaud, officiel instigateur de cette technique révolutionnaire : « Il y a une pratique, très convoitée, que seuls les plus dépravés et alcooliques joueurs de babyfoot osent, mais surtout dominent. Cette technique légendaire, qu'un Homo erectus enseigna à un moine Mexicain originaire de Poumon-land (qui n'est pas situé là où vous croyez) s'appelle la Taïbo (master 4). Un art empirique, et relativement redondant, qui s'explique par l'application d'une force physique sur la balle, selon une translation cage-cage adverse (ou Darty Box - antiDarty Box) à partir du goal (ou Darty). Et ce nonobstant qu'il existe une probabilité de une chance sur deux pour qu'un joueur, exprime avec ostentation une intense rivalité envers votre personne, contre la franche frappe. Enfin, parvenir à la maîtrise de cet art ancien, entrainera irrémédiablement une baisse foudroyante du moral de l'équipe adverse, dont la vitesse équivaut environ à celle de l'assèchement effectif d'une pinte de bière ou d'un verre de Martini (pour les pochtrons les plus distingués): vitesse précisément égale à une très beaucoup grosse rapidité ! A l'inverse, le moral de votre équipe sera, quant à lui, aussi élevé que la première fois que vous avez pu admiré le paradis ; ou plus communément appelé le Bureau. »
- (La) Couillonette : La couillonette est une technique particulièrement complexe et subtile dont le but principal consiste à "endormir l'adversaire", en l'occurrence le défenseur car cette technique n'est en effet utilisée qu'avec des attaquants. Ainsi le joueur va feindre envoyer la balle dans une certaine zone de la cage, pour finalement tirer à l'opposé. Le défenseur se sera donc déplacé selon le mouvement premier de notre attaquant et n'aura en conséquence pas pu empêcher la traversée de la balle vers le fond de la cage. A noter que cette technique est excessivement employée par Monsieur Dadu.
- (La) Gogolaise : la Gogolaise est le nom que porte le procédé visant à augmenter considérablement la probabilité que la balle au cours du jeu, ne se déplace non plus selon un plan bidimensionnel mais bel et bien selon un plan tridimensionnel. Ainsi, en adoptant une configuration précise entre attaquant-défenseur est rendu permis l'envol de la balle dans les airs, et le joueur n'a plus qu'à y appliquer une force oblique en direction de la cage antagoniste à l'aide de son membre antérieur pour que celle-ci y pénètre et mettant les joueurs devant la situation suivante : la congolaise. Monsieur Prat est un grand utilisateur de la Gogolaise.
Cas 4 : Les Méditations : Discours Précurseurs sur l'Univers
« Et le Messie s'adressa à l'assistance du haut de son immense sagesse... »
« Je tenais, dans ce tumulte écumant de tant de sournoises infamies, avec le peu de mots qui me permettront de le faire, de présenter l'approximation douteuse de mes traits psychiques apparents, ou du moins les rares que vous, simples mortels, êtes capables d'apercevoir sous l'imposture du matériel. Je navigue dans la vase humaine, en prônant les lois (ou non lois) du chaotique et seul salut possible de l'humanité dans sa culminante décadence vers l'identique. Je suis le prophète, et je dis que l'Homme tend à devenir comme son semblable, et que cela ne se peut !
Soyez ! Osez être autre, et prononcez avec moi l'incantation divine de la subtile stupidité, du doux verbe et de la verve triomphale et profonde dans ses sarcasmes, sarcastique dans sa folie, et folle dans sa vraisemblance. Le monde est si lamentable et prévisible, que nous avons le devoir de révolutionner notre façon de vivre ! Allons au Zéland ! Au Bureau ! Faisons nous chier ! Bourrinons dans notre plus grande béatitude, mais surtout, cherchons dans nos instincts les plus grégaires, qui sont à fois la source du mal et son antidote, la force qui nous donnera la possibilité d'exterminer l'humanité à coup de parpaings ! Perchés sur un toit nous montrerons à la plèbe, à la vermine rampante et grouillante, qu'ils ne vivent que pour perpétuer leur misérable existence !
Et nous serons parmi les rares élus à avoir pensé que nous nous battons pour autre chose que notre propre survie, dans une fugace invention de notre esprit, afin de justifier une existence absurde et sans le moindre but. »
~ Propos recueillis par Jean-Jouffe Juche, intrépide explorateur et collectionneur de seuils de porte
Un homme idéal
C'est un je-ne-sais-quoi qui m'y fit penser, un je-ne-sais-quoi éphémère et véloce comme le vent, un je-ne-sais-quoi dont il me serait difficile de vous dire ici en quoi la logique humaine eut été faite trop bornée pour appréhender un phénomène d'un tel calibre. Il n'en reste pas moins que j'en fus le témoin direct, et, marqué au plus profond de mon être, je ne pus décemment me résigner à dire : « Tiens depuis quand je pense moi au fait ? » ou « bordel c'est décidé dès demain j'arrête de rehausser le goût de mon lait avec du détergent citron ! ». Je ne pus nier finalement, l'apparition succincte mais ô combien sensée de cette idée banale en apparence - du moins pour qui voudrait bien trouver dans ce bourbier imprévisible dans lequel l'ordre des choses semble trouver son inspiration, un but qui lui aurait été arbitrairement attribué (soit par une quelconque instance supérieure soit par lui-même) avec l'idée de ne pas rester éternellement oisif, puisque que le peu temps qui nous est accordé sur cette terre reste bien sûr inestimable.
C'était un vendredi, je me rappelle. Un de ces vendredi où les cours d'SVT devraient être optionnels, voire bannis. L'attente du week-end était insupportable, si bien que certains, en désespoir de cause, en étaient rendus à admirer l'épaisseur de leurs biceps, quand d'autres, plus au fait encore en matière de ringardise, projetaient de reconvertir la salle de cours en aérodrome pour élastiques et autres projectiles volants. Or, comme un clin d’œil au bouillonnement qui sévissait à l'intérieur de mon esprit névrosé, notre professeur, animé d'une inhabituelle ferveur, véhément, s'évertuait à transmettre son goût pour la matière puis - entre deux cris de singes - revisitait en détail les concepts de magma ductile et de discontinuité de Mohorovicic ; or, tandis qu'aucun signe annonciateur ne s'était jusqu'à présent déclaré, que rien ne m'avait jamais préparé à cela ; contre toute attente, on me vit proclamer :
« Je dois dev'nir quelqu'un de bien ! »
Pouf ! C'était sorti, comme ça, sans prévenir, par derrière et à sec, avec du gravier ! Vraiment c'était quelque chose ; ça avait tout de la saveur et de la générosité d'un coup de pied de biche habilement placé en travers les dents. Imaginez seulement : « devenir quelqu'un de bien » ! Avant tout, être quelqu'un d'altruiste, mais aussi sérieux, équilibré, sain d'esprit, agréable, tolérant, une personne qui ne jugerai pas gratuitement les gens pour ce qu'ils sont, et qui prendrait soin de ne pas altérer son originalité - tant l'originalité fait partie intégrante de toute perfection. Bref, être tout cela en même temps, pour mieux incarner une personne si admirable que chacun aspirerait à lui ressembler, et ce faisant, par épidémie, un tel exemple de perfection de se répandre entre les Hommes.
Ainsi, prenant toute la mesure de ce prodige, j'en vint à conclure qu'une contagion de cette espèce ne pourrait nécessairement enfanter qu'un monde meilleur, en tout cas plus favorable et bienveillant que celui que nous connaissons tous. Mon rêve rendit l'instant plus doux, agréable aussi, si bien que je ne pus m'empêcher de mettre dans la confidence mon camarade Bastien : celui-ci en fut tout chamboulé, il y avait a priori dans cette nouvelle approche de notre condition humaine de quoi faire trembler les plus profondes et les plus adamantines de ses convictions... enfin peut-être pas autant qu'on aurait pu le croire ? Je pris ainsi plaisir à le voir reprendre pied et proposer dans la foulée un nom plus entrainant, plus cocasse à mes idées : le « Mec Cool » venait de voir le jour. Dès lors Bastien et moi-même ne fûmes motivés que par une seule chose : ressembler, devenir le « Mec Cool », et ce à n'importe quel prix. Chacun de nos faits et gestes devinrent sanctionnés par lui et il arrivait souvent qu'on nous entende dire des choses du genre « Waw ! ça c'est carrément trop le genre de trucs que le mec cool aurait fait ! » ou bien « Fuck that shit baby ! j'me suis tellement rétamé que j'ai cagué dans mon short » (dans le cas contraire où nous échouâmes).
Ceci étant dit, une chose demeurait toujours en suspens. Cette interrogation, qui de prime abord nous semblât être un inoffensif point de détail, se révéla être au fil du temps un redoutable paradoxe. Voyez un peu : le mec cool est parfait, il n'a pas besoin de s'inventer un personnage idéal digne de ce nom pour atteindre son but existentiel. Aussi nous demandions nous si suivre l'exemple de ce personnage fictif ne revenait pas justement à trahir notre serment ? Sans doute ne le saurons-nous jamais. Si ça se trouve la réponse est déjà apparue devant quelqu'un par le passé, mais celui-ci, ignorant tout du pourquoi, ne sut quoi en faire...
Enfin, un jour d'automne (ça se passe toujours en automne), Bastien et moi-même furent témoins d'une scène peu banale : un petit pain au lait, négligemment posé là, sur une table de bois ; avec ces formes arrondies évocatrices et son aspect brun et mordoré - un véritable appel au petit-déjeuner, semblait figé à jamais dans le temps, dans l'attente unique d'une dégustation : un spectacle fantastique aux allures surréalistes qui demeurera à jamais gravé dans nos esprits !!!
Alors depuis ce jour, nous ne sommes motivés que par une seule chose : ressembler, devenir des petits pains, et ce à n'importe quel prix.
Réflexion sur le Chaos
Dans les méandres de l'obscurité profonde et fuyante de mon esprit, s'entremêlent diverses pensées toutes plus contradictoires les unes que les autres, m'entrainant sur divers sentiers, parfois les plus rudes et les plus funestes, et me menant inexorablement vers un état aussi septique que vide. Je m'abandonne ainsi parfois à une attente du chaos, du néant. Seul un simple d'esprit, ou au contraire un être dont la psyché surpasserait les innombrables embûches de l'existence, pourraient s'affranchir d'une telle cécité. Cette cécité, tonitruante, brutale, c'est l'incapacité de ne serait-ce apercevoir la blessante décadence humaine, ni l'impalpable et sournoise domination de la société sur les fragiles esprits qui la composent. Cette cécité, c'est l'impossibilité que nous avons à nous détacher suffisamment du matériel pour demeurer en paix. Mais le fait est que rien, sauf peut-être la contemplation d'un petit réverbère une nuit d'octobre, ne saurait guérir mon esprit, ni l'aguerrir, car la blessure ne fait que s'approfondir au fur et à mesure que la vie se dévoile la face. Les faits, noyés dans le temps infini, ne sont que détails et probabilité, dans l'éternelle progression de l'univers vers le néant, qui est la source et la fin de toute chose.
En effet, considérons Monsieur A, représentation de l'individu lambda par excellence, durant sa médiocre lutte pour devenir un homme comblé. Découle de ce postulat assez simple deux scénarios :
Le premier est une vie agréable, et heureuse d'un strict point de vue de la société. Son parcours dans les échelons de la hiérarchie mondaine, et de la richesse intellectuelle serait jalonné de plaisirs intenses et inoubliables. Monsieur A arrive au terme de sa vie.
Le deuxième scénario, met en scène Monsieur A dans une longue et monotone existence, gravissant les échelons de l'ennui et du vide moral, commençant par le Lycée, puis les études, puis le chômage, le travail d'esclave, la retraite tardive et misérable, le vieillissement, Alzheimer, l'hospice, et l'incinérateur.
Dès lors qu'obtenons-nous ? Et bien, dans les deux cas, l'instant qui suit la mort, et je dirais même, l'instant qui précède la mort de Monsieur A, est strictement pareil, au détail matériel près : il tremble dans son corps déliquescent et frêle, il délire dans sa folie et son grand âge, et surtout, il a peur, et aimerait bien vivre ou revivre encore un peu, obéissant pieusement, et sans même avoir le choix, à son instinct de survie animal.
N'avais-je pas raison ? Et comme je ne le dis jamais : un pied reste un pied.
Le salami est notre ami
Prenons pour exemple le discours du poète maudit et anticonformiste de base (quand il est dans un de ses bons jours (parce que contrairement à ta mère il faudrait pas abuser quand même)) :
J'ai... j'ai l'insoutenable intuition que tout - je dis bien TOUT, que TOUT EST TROP LAID.
Pire encore, c'est ce mal-être inextricable qui me rapproche chaque jour un peu plus de la folie ; car dressant le constat unique que ce "TOUT" dont je vous parle ne désigne pas seulement cet ensemble diffus et hautement conceptuel d'une réalité objective architecte de nos vies, et moins encore l'environnement - cette sorte de grosse bulle spatio-temporelle qui permet entre autres que l'illusion d'un libre-arbitre puisse abuser de nous. NON ! La cause de mon chagrin et de mon amertume c'est qu'en fait, il y a que, TOUT EST TROP LAID : chaque chose, chaque parcelle de matière que recèle cet univers ne sauraient avoir d'autre effet que d'étrangler mes viscères jusqu'au moment de leurs éclatements splendides ; tout ça parce qu'un jour il fut décidé dans un lieu proche de nulle part que TOUT, TOUT devait être trop laid et non l'inverse. [...] Je suis triste, j'ai compris que mes rêves d'enfants les plus beaux resteront à jamais cloués sur les murs les moins soupçonnés de mon âme, et que, peu à peu, ils finiront balayés, incendiés, sacrifiés au nom du Paradigme de l'Utile, n'offrant à ma courte existence que l'entièreté d'une monotonie parfaite sur fond de mouvements perpétuels. Car c'est bien de cela dont il s'agit, l'évolution asymptotique vers l'implacable routine, la routine guillotineuse d'extravagances et autres poésies délicates... Je sens la voie des rêves me trahir, à mesure que mon esprit régresse ; le dévouement et la passion qui m'excitaient naguère se délitent. Mais quel est l'innommable fils de chien qui nous a un jour laissé croire que nous connaitrions la Romance dans ce qu'elle a de plus niais et l'Aventure dans ce qu'elle a de plus cliché ? Sans doute un habile vendeur d'assurance qui passait par là... n'en reste pas moins que l’éclipse est totale : la désespérance succéda à la déception qui succéda au fantasme. Par ailleurs, j'explique avec peine ce masque granitique sclérosant mon visage. C'est comme si une partie de moi même était figée dans la glace. A demeurer ainsi aussi inexpressif, je sais que bientôt, je finirai par atteindre le dernier stade de l'existence, celui auquel chaque individu est un jour promis. Je sais que bientôt, je rejoindrai les masses. Alors mes convictions coïncideront en tout point avec celle du type juché là haut, à l'aise sur sa terrasse. A ce propos je vois déjà les plus espiègles d'entre-vous demander l'identité du personnage sus-cité, ce à quoi je répondrai qu'il n'est nul besoin d'en savoir autant ; et que reconnaitre ses facultés oratoires - l'outil de contrôle par excellence - est amplement suffisant pour les petits profanes que vous êtes... Ainsi disais-je, j'ai conscience que c'est en embrassant la seule idiosyncrasie acceptable, celle de l'individu policé et de surcroit asymptomatique, que j'obtiendrai ce qui me manque le plus : un plaisir, de l'allégresse, des bonheurs... à moins que ce ne soit la pharaonique béatitude d'une jouissance somme toute plus orgasmique et charnelle qu'éthérée ? Et aussitôt que m'importera les conséquences de mes actes, le microscopique chamboulement intrinsèque à mes faits et gestes qui, noyés dans l'océan phénoménologique, ne peuvent en aucune manière infléchir le cours des évènements parmi lequel les Hommes sont sans cesse invités à rejoindre le royaume de l'insouciance et du non-partage ; car je deviendrai un ignorant... un de ces idiots lucides incapable de subtil, un de ces ignares hautains qui se complaisent dans l'apparence et le faux-semblant, ignoble défenseur d'une norme chimérique qu'il est ![...] Bref, tout ça pour dire que la vie n'est qu'un long filet de morve noirâtre répugnante, un miasme vomitif chargé de l'odeur métallique du sang coagulé, une purulence semblable au cadavre d'une petite fille violée, meurtrie, tuée puis broyée par les crocs d'un chien errant trop content de goûter autre chose que des croquettes Pro-Plan à l'huile de palme et au bifidus actif. La vie ce n'est que ça : des morceaux de chairs putréfiés qu'un clébard a mastiqué puis recraché sur un trottoir, une fresque macabre librement offerte à toute les moisissures cyniques que seuls les gens qui feignent ne rien voir sont susceptibles d'enfanter..."[...] |
En lisant ces lignes, on pourrait aisément croire que nous sommes en présence d'un cas désespéré. Néanmoins gardez à l'esprit que ce ne sont là que le fruit de conclusions hâtives. Dès à présent observons le salami agir et voyons comme il remédie aux problèmes les plus ardus. En effet, fort de son principe actif, le salami rendra à coup sur le sourire à cet individu ainsi que le goût de vivre avec les autres. [...] Notons qu'au fil des années, le cours boursier du salami a su rester stable (graphique n°25.f) faisant de cette denrée l'alicament providentiel. [...] Les travaux docteur Boris Parachidopoulos, expert en exobiochimie chrono-structurale des fluides alcalino-terreux à propension modulaire et nucléocystiques vont dans le sens d'une "salamisation" accrue de notre société, portée par la promesse d'une charcuterie toujours plus inventive et prompte à répondre aux enjeux géopolitiques de demain.
~ Extrait de : "Deux tranches de salami : La solution miracle du Dr Shratz pour garder le moral", Oroeil éditions, 2007 ~
A suivre... Merci de ne pas modifier l'article, je l'écris actuellement avec un ami...
Léo.
S'il vous a enthousiasmé, votez pour lui sur sa page de vote ! Ou pas.