Saint-Germain des Prés
Situation Géopolitique
Saint-Germain des Prés est une bourgade parisienne qui, bien que n'ayant rien demandé à personne, fut soudainement catapultée au rang de capitale mondiale de la pensée.
Le Quartier
Souvent confondue avec Saint-Germain en Laye par les beaufs, Saint-Germain des Prés hébergea durant de nombreuses années la fine fleur des intellos français. Ainsi, Boris Vian, Jean-Paul Sartre, Albert Camus ou encore Dany Brillant y établirent durablement leur résidence. Ceux-ci se réunissaient d'ailleurs ponctuellement à la célèbre brasserie des 3 Kalachnikov, où ils organisaient des cafés littéraires dans la joie et la bonne humeur. Aujourd'hui, c'est Alain Finkelkrfrtrfkraut qui y distille sa propagande raciste et xénophobe, sous la protection de son Eminence Nicolas Kärcher Ier.
Saint-Germain eut aussi le titre, pendant un certain temps, du plus grand squatt mondial de saxophonistes.
Le Petit Problème
"Dans le sixième arrondissement
Tout le monde il était content"
Jean-Sol Partre, Les Insectes qui font "bzz bzz"
En effet, à Saint-Germain des Prés, tout allait pour le mieux.
Jusqu'au jour où l'arrivée d'indésirables envahisseurs déséquilibra brusquement la chaîne alimentaire du quartier : de vils bourgeois étaient tombés amoureux de celui-ci, attirés par la vie de bohème que l'on y menait.
Les artistes de la Rue de Rennes se virent ravir leurs maigres possessions immobilières, les étudiants furent chassés sans ménage de leurs chambres de bonnes, et Albert Camus claqua d'un infarctus, lors de l'ouverture de la première boutique Gucci de la région.
Nestor Burma, le délégué syndical des saxophonistes, pouvait toujours protester contre cette scandaleuse colonisation... Rien n'y fit !
Le Deuxième Petit Problème
Les nouveaux habitants fortunés, ravis de vivre dans un ghetto social à la mode, déchantèrent malgré tout rapidement. En effet, que restait-il du charme de Saint-Germain, sans ses poètes, sans ses musiciens, sans Arnold Schwarzenegger ? Il fallait donc trouver un juste milieu entre anciens autochtones et récents immigrants. Mais repoussant sans cesse la faute sur leurs voisins respectifs, dont ils exigeaient mutuellement le départ, les vils bourgeois n'obtinrent que tardivement leur population idéale, après une soixantaines de massacres urbains d'une cruauté sans précédent. Les survivants supplièrent alors les ex-résidents de venir repeupler le quartier. Manque de bol, Les vils bourgeois promènent toujours derrière eux leur attirail de grands couturiers, de teinturiers et d'orfèvres de luxe. Ceux-ci avaient depuis bien longtemps remplacé les libraires et les artisans du 6ème, faisant décoller au passage le prix du millimètre carré. Les artistes de Saint-Germain n'avais donc plus l'envie, ni les moyens, de retrouver leur mère patrie. D'autant que l'odeur ambiante de cadavres en décomposition avait pour don de repousser le plus vaillant des aventuriers...
Et Dany Brillant a déménagé Rue Mouffetard...