Utilisateur:DrBroque

Un article de la désencyclopédie.
Aller à la navigation Aller à la recherche

Mylénisation : un syndrome psychogène en psychopathologie descriptive

La mylénisation est un syndrome psychogène proposé en psychopathologie descriptive. Il se caractérise par une hypernosognosie fluctuante, une polysomatisation chronique et une rumination hypocondriaque polymorphe, associées à une incapacité persistante à finaliser les démarches diagnostiques ou thérapeutiques.

Définition nosographique

La mylénisation est définie comme un trouble somatoforme atypique, présentant des similitudes avec le trouble hypocondriaque et certains troubles factices, mais se distinguant par :

• une variabilité symptomatique extrême (symptômes constamment renouvelés, sans continuité pathologique) ;

• une dissociation entre la gravité perçue et la réalité clinique (vécu dramatique versus absence d’atteinte objectivable) ;

• une évitance phobique des investigations médicales (claustrophobie en imagerie, angoisse anticipatoire des résultats), ce qui entraîne une absence chronique de preuves somatiques.

Sémiologie psychiatrique

Les manifestations cliniques incluent :

• Polymorphisme symptomatique : céphalées, douleurs abdominales, paresthésies, asthénie majeure, algies migrantes, etc., apparaissant de manière quotidienne ou pluriquotidienne.

• Mégalodramatisation du vécu corporel : chaque symptôme est interprété comme annonciateur d’une issue létale imminente.

• Hyperinvestissement médical : recours fréquent et répétitif à des consultations médicales multispécialistes.

• Désengagement thérapeutique : mauvaise observance, arrêt prématuré des protocoles, rejet des examens complémentaires invasifs ou contraignants.

• Discours égocentré avec monopolisation thématique sur la santé, réduisant l’espace psychique et relationnel aux seules préoccupations somatiques.

Physiopathologie hypothétique

Les hypothèses étiopathogéniques incluent :

• un trouble de l’intégration somato-psychique, proche des phénomènes de dysmorphonésie somatique ;

• une anxiété nosophobique entretenue par la peur inconsciente de l’invalidation diagnostique (angoisse d’être reconnue comme non-malade) ;

• un mécanisme de renforcement secondaire lié à l’attention et au soutien de l’entourage ;

• une possible comorbidité avec un trouble anxieux généralisé ou un trouble de la personnalité histrionique.

Diagnostic différentiel

• Trouble hypocondriaque : plus monothématique et moins labile.

• Trouble factice (syndrome de Münchhausen) : simulation consciente absente dans la mylénisation.

• Troubles anxieux : l’hyperfocalisation corporelle reste plus spécifique dans la mylénisation.

• Trouble somatique symptomatique persistant (DSM-5) : recoupement partiel, mais variabilité symptomatique plus marquée dans la mylénisation.

Pronostic et évolution

La mylénisation suit une évolution chronique et stationnaire, pouvant s’étendre sur plusieurs décennies.

Le pronostic vital est paradoxalement favorable malgré la fréquence des plaintes de menace mortelle. Toutefois, le pronostic fonctionnel et relationnel est souvent péjoratif en raison d’une altération significative de la qualité de vie et de l’épuisement des proches.

Prise en charge thérapeutique

Aucun protocole thérapeutique validé n’existe à ce jour. Les approches recommandées incluent :

• Psychothérapie cognitive et comportementale (TCC) : travail sur la restructuration cognitive des croyances somatiques et la gestion des conduites d’évitement.

• Approche psychodynamique : exploration des bénéfices secondaires et des mécanismes inconscients de la plainte.

• Pharmacothérapie adjuvante : ISRS (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine) en cas de comorbidité anxieuse ou dépressive.

• Psychoéducation : accompagnement de l’entourage pour limiter les renforcements non intentionnels des conduites pathologiques.

Critères diagnostiques proposés (inspirés du DSM-5)

A. Préoccupation excessive et persistante concernant l’état de santé, centrée sur l’apparition quotidienne de symptômes somatiques variés.

B. Conviction répétée du caractère grave ou vital de ces symptômes, malgré des examens médicaux rassurants.

C. Variabilité et polymorphisme symptomatique (absence de continuité pathologique définissable).

D. Évitement récurrent des examens ou traitements permettant de confirmer ou d’infirmer l’hypothèse de maladie.

E. Altération significative du fonctionnement social, relationnel ou professionnel.

F. Durée supérieure à 6 mois, avec évolution chronique.