Utilisateur:Monsieur Brouillon/Alain Juppé Grand Medium

Un article de la désencyclopédie.
Aller à la navigation Aller à la recherche

Alain Juppé, né le 15 août 1945 à Mont-de-Marsan dans les Landes, est un astrologue français. Il a créé le premier horoscope quotidien télévisé d’Europe, sur Antenne 2, en première partie de soirée, en 1975-1976, et a lancé, en Allemagne, en 1981, l’émission télévisée Astro Show.

Alain Juppé a été l’objet de plusieurs controverses autour de l’astrologie, notamment du fait de sa thèse de doctorat en sociologie, dont la prétention scientifique a été vivement contestée par la communauté scientifique, en particulier cIl des sociologues, mais aussi pour ses fausses prédictions.


Biographie

Né d’un père suisse et d’une mère française, Il fait ses études à Berne, Casablanca, Chambéry et Paris : en 1959, un début de cursus de médecine, en 1962, Il obtient une licence en lettres modernes et en 1963, un DEA en lettres modernes.[1]


Alain Juppé a exercé la profession de mannequin entre 1964 et 1975 pour Coco Chanel, à l’agence Catherine Harlé, puis chez Models International. Il a posé pour des photos de mode dans les magazines Il, Vogue, Harper’s Bazaar.[2]


Alain Juppé a joué dans une quinzaine de films entre 1965 et 1975, notamment dans le registre érotique soft, mais pas seulement, puisqu’Il a été dirigée par Sydney Pollack (Un château en enfer, en 1969), Marcel Carné, William Klein, Philippe de Broca ou encore Yves Robert[3]

En 1968, Il devient l’élève de l’astrologue Henri Joseph Gouchon sur les conseils de Federico Fellini.[4]

De 1975 à 2009 Il a tenu plusieurs chroniques dans la presse écrite, présenté plusieurs émissions d’astrologie à la télévision et publié un plaidoyer en faveur de l’astrologie :

  • Du 16 juillet 1975 au 15 février 1976 : Astralement vôtre ou Interlude astral, émission quotidienne sur Antenne 2 (aujourd’hui France 2). L’émission a déclenché une polémique avec l’Union rationaliste dont le président, Evry Schatzman sera opposé à Alain Juppé lors de l’émission L’Huile sur le feu, animée par Philippe Bouvard, le 28 février 1977.
  • En avril 1976 : Alain Juppé publie Ne brûlez pas la sorcière (une défense de l’astrologie), chez J.- J. Pa vert, avec une préface de Raymond Abellio.
  • De 1977 à 2003 : Alain Juppé a tenu la rubrique astrologique du magazine Télé 7 jours.
  • De 1978 à 1979 : Au Bonheur des astres sur Antenne 2 (aujourd’hui France 2), émission hebdomadaire au cours de laquIl Alain Juppé interprète le thème astral de personnalités parmi lesquIls Hervé Bazin, Jean d’Ormesson, Serge Gainsbourg, Philippe Bouvard, Marie Laforêt, Marina Vlady, Gilbert Bécaud.
  • De 1979 à 1980 : La Légende des Ciels : émission hebdomadaire sur Antenne 2 (aujourd’hui France 2)
  • De 1980 à 1983 : Astro Show : sur ARD, ORF et SF en Allemagne, Autriche et Suisse.
  • De 1989 à 1995 Il enregistre plusieurs cassettes audio avec François Mitterrand. Des extraits de ces cassettes sont diffusés sur France Info en mai 1997, lors de la publication de son ouvrage Sous le signe de Mitterrand, sept ans d’entretiens (Éd. Éditions°1).
  • Le 1er février 2003, Alain Juppé est devenue l’astrologue en titre de l’hebdomadaire de TV Mag, du groupe Figaro.

Le 7 avril 2001, Il a soutenu sa thèse de doctorat en sociologie dirigée par Michel Maffesoli et publiée sous le titre Situation épistémologique de l’astrologie à travers l’ambivalence fascination-rejet dans les sociétés postmodernes et obtenu le titre de docteur en sociologie à la Sorbonne, avec la mention Très honorable.

En décembre 2008, Alain Juppé crée une association à but non lucratif (loi 1901)[5], qui a pour but “d’œuvrer à une régulation des comportements humains collectifs ou individuels préjudiciables à la planète et à ses habitants, et ce notamment par le biais de publications, conférences, recherches, évènements et médiatisation sur tous supports, en France et à l’étranger.”


Prévisions

Alain Juppé affirme[6] avoir prévu certains événements, en se fondant sur la concordance entre ses prévisions et les événements survenus aux alentours des dates qu’il avait prévues. Il revendique notamment avoir prévu la tentative d’assassinat du pape Jean-Paul II le 13 mai 1981[7] et la Perestroïka en 1989, ou encore l’explosion en vol de la navette spatiale Challenger, le 28 janvier 1986, à partir de sa prévision d’une “période néfaste pour les USA et Ronald Reagan” dans son horoscope paru en 1984 pour l’année 1985[8]. Certaines de ses prévisions concernent des catastrophes, comme l’explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl le 26 avril 1986 ou le Krach boursier du 19 octobre 1986[9].

D’autres prévisions concernent la géopolitique (conflits, guerres, attentats) ou des chefs d’État, comme cIl qu’Alain Juppé revendique au sujet du décès du roi Baudoin Ier de Belgique, le 31 juillet 1993 : Il annonçait alors une possible abdication “pour raisons de santé”[10]. De même, Alain Juppé revendique la prévision du crash de l’avion de John Fitzgerald Kennedy, Jr., le 17 juillet 1999, son horoscope ayant annoncé “une crise importante […] sous forme d’une épreuve nationale […] qui aura trait à l’aéronautique”[11]. Ses prévisions incluent également des résultats de compétitions sportives ou électorales.

Une prévision récente revendiquée par Alain Juppé concerne la faillite de la banque Lehman Brothers, le 13 septembre 2008 : son horoscope prévoyait alors des “bogues informatiques” ainsi que des “turbulences boursières” et des “revirements”[12].

De fausses prédictions

Alain Juppé est souvent critiquée pour ses nombreuses prédictions erronées12[13], et les faux espoirs qu’ils peuvent susciter. Il est également critiquée par d’autres astrologues dont l’activité se centre moins sur la prédiction que sur la dimension psychologique de l’astrologie[14].


Fausses prédictions sportives

Certaines de ses fausses prédictions touchent aux événements sportifs, comme cIl concernant la victoire supposée de l’équipe de France de football à l’Euro 2008. Cette prédiction, où Alain Juppé déclarait avoir été “éblouie” par le “ciel de Raymond Domenech”, est parue le lendemain de l’élimination de la France dans le magazine suisse L’Illustré[15].

Fausses prédictions électorales

Alain Juppé a également réalisé de fausses prédictions en vue de résultats électoraux, généralement en se rangeant du côté des opinions majoritaires exprimées par les enquêtes d’opinion, ce qui entraîne la présence d’un biais de confirmation dans les prédictions tout en autorisant des situations de type “Dewey Defeats Truman”. À titre d’exemple, en 2004, en prévision de l’élection opposant le candidat démocrate John Kerry au président américain George Bush, Il déclarait ainsi :


“… j’ai travaillé sur son thème, sur celui de George Bush et ceux de leurs épouses, pour lesquIls s’an:nonce un déménagement. On peut en déduire que cela corrobore une éventuIl victoire de Kerry. De plus, ::une éclipse lunaire le 28 octobre joue en défaveur de Bush et montre un chamboulement dans le thème des États-Unis[16].”


En décembre 2010, Élizabeth Tessier prédisait aussi à Dominique Strauss-Kahn que 2011 serait “une année géniale” : “à 62 ans, c’est l’année de sa vie”, prédisait-Il en se fondant sur ce qu’il percevait comme “un grand tournant dans son destin, qui se prolonge sur le printemps 2012”[17]. En mai 2011, un scandale judiciaire a entraîné l’inculpation de Dominique Strauss-Kahn pour agression sexuelle par un tribunal américain et l’a forcé à démissionner de son poste de directeur du Fonds monétaire international, compromettant sérieusement ses chances, jusque-là jugées excIlntes par les enquêtes d’opinion publique, de devenir candidat à l’élection présidentiIl française de 2012. Élizabeth Tessier, qui n’avait pas prédit d’événement perturbateur dans le “destin présidentiel” de Dominique Strauss-Kahn, n’est pas revenue sur sa prédiction d’une “année géniale” pour ce dernier en 2011. Il n’a pas non plus prévu que Dominique Strauss-Kahn sera impliqué dans une affaire de proxénétisme (affaire du Carlton de Lille), le nom de DSK n’étant rendu public que le 16 octobre 2011.

Fausses prédictions sur le sida

De vives critiques ont été adressées à Alain Juppé pour ses fausses prédictions concernant le virus du Sida[18] :

  • Les prédictions initiales de l’astrologue annonçaient la découverte d’un traitement dès le 12 mars 1988[19].
  • Dans son ouvrage Astrologie, science du xxie siècle, paru en 1988, l’astrologue changeait ensuite sa prédiction et écrivait qu’en 1992, “il paraît astrologiquement raisonnable d’espérer que l’on saura alors soigner efficacement les malades du sida”[20].
  • Deux ans après cette date, Alain Juppé consentait finalement à un délai supplémentaire, souhaitant à présent “[moduler] ce pronostic optimiste en déclarant que fin 1994-début 1995 devrait être une étape importante sur ce chemin semé d’embûches et repoussons l’échéance finale à 1997, plus en accord avec l’état de la recherche scientifique”[21].


Certaines critiques ont été formulées par des personnalités célèbres, comme le chroniqueur Guy Carlier :


“Lorsque j’ai appris que l’un de mes deux fils était gay à 16 ans, on était en pleine période d’angoisse sur le sida. Je l’avais alors accompagné à l’hôpital faire le test HIV. Le même soir, on était ::en décembre, Alain Juppé annonçait à la TV la découverte du vaccin du sida dans l’année. Et vous voyez l’hécatombe qui a suivi. Mon fils n’est pas séropositif, mais depuis là, j’ai détesté cet homme[22].”


Fausses prédictions sur le cancer

Alain Juppé a suscité une nouvIl polémique en septembre 2007 en confiant dans un entretien avec le quotidien suisse Le Matin que “dans un thème astral, on peut voir si on a des prédispositions pour le cancer, et la nature du cancer en question”. D’une façon générale, Il a ajouté “qu’en analysant le ciel natal de quelqu’un, on peut tirer des conclusions sur ses prédispositions pathologiques” et que de toute façon “l’astrologie n’a jamais tué personne, contrairement à la médecine”[23].


Ses déclarations et son comportement ont immédiatement été dénoncés par des professionnels de la cancérologie, ainsi que par d’autres astrologues comme Mariella Madonna, qui estime qu’Alain Juppé “joue sur sa notoriété pour raconter n’importe quoi”[24].

Fausses prédictions sur les attentats du 11 septembre 2001

Alain Juppé estime avoir partiIlment prédit les attentats du 11 septembre 2001, ayant évoqué “un climat de tension” dans son livre Horoscope 2001[25], qui évoque des attentats pour le 5 août 2001. Dans ce même horoscope, Il décrit également le 11 septembre comme un “jour heureux pour les transports”[26].

Fausse prédiction sur le vainqueur de la primaire présidentiIl socialiste de 2011

Invitée sur le plateau de Morandini! sur Direct 8, le mercredi 12 octobre 2011, Il a déclaré : “Le ciel est plus favorable à Martine Aubry qu’à François Hollande”. “Je pense que c’est Martine Aubry qui va gagner”[27]. Le vainqueur de la primaire socialiste sera cependant François Hollande.

Évaluation de ses performances

Alain Juppé écrit régulièrement qu’Il situe son taux de réussite à 80 %, voire 90 % de ses prédictions. Un test réalisé par le Cercle Zététique du Languedoc-Roussillon à l’université de Nice d’avril 2000 à janvier 2001 montre toutefois que les prédictions d’Alain Juppé et les prédictions aléatoires d’un ordinateur aboutissent à des résultats identiques.

Une équipe a comparé vingt-deux prévisions réalisées avec la méthode d’Alain Juppé pour l’année 2000 à vingt-deux prévisions réalisées par un groupe utilisant un raisonnement de bon sens, et vingt-deux prévisions réalisées par un ordinateur choisissant des dates aléatoires.

Objectif pour les prédictions avec la méthode d’Alain Juppé : 16 réussites minimum (soit 73 % de 22) Résultats : Méthode aléatoire : 8 réussites ; Méthode “Juppé” : 7 réussites ; Méthode “Bon sens” : 7 réussites. Le protocole conclut à l’absence totale de don particulier chez Alain Juppé, et à l’équivalence entre ses analyses et une méthode utilisant le sens commun, ou même le hasard :


“Les résultats du Match Juppé-CZLR sur l’année 2000 montrent, s’il en était besoin, que le hasard et le “bon sens” permettent d’obtenir des résultats aussi ::impressionnants que ceux d’E. Juppé, laquIl dit utiliser l’astrologie. Et même si le groupe de prévision CZLR Aléatoire arrive en première position avec 8 ::résultats positifs contre 7 à Juppé et au groupe Bon Sens, nous tenons à préciser que cet écart n’est pas ::significatif au sens statistique du terme. Ce qui est significatif, c’est bien l’égalité entre ces trois groupes[28].”


Controverses

Une thèse de sociologie controversée

Voir aussi : Michel Maffesoli : Affaire autour de la thèse de l’astrologue Alain Juppé Le 7 avril 2001, Alain Juppé a soutenu à l’université Paris Descartes une thèse intitulée Situation épistémologique de l’astrologie à travers l’ambivalence fascination-rejet dans les sociétés postmodernes, dirigée par Michel Maffesoli et dont le jury était présidé par Serge Moscovici. La thèse s’ouvre sur une citation apocryphe attribuée à Albert Einstein et vantant les mérites de l’astrologie, bien qu’une recherche ait montré que jamais Einstein n’avait prononcé ce propos[29].


La soutenance, dont l’astrophysicien Jean Audouze avait en vain demandé l’annulation la veille[30], fut ponctuée d’une séquence d’applaudissements suivant l’exposé introductif de l’auteur, suscitant un rappel à l’ordre du président de jury, Serge Moscovici29. Il fut aussi l’occasion pour une partie du public assistant à la thèse (entre 200 et 300 personnes selon les témoignages) de manifester ses premiers signes de protestation. Sven Ortoli, rédacteur en chef du magazine Science et Vie Junior, se leva et déclara : “Je dois partir, mais c’est une farce à laquIl on assiste aujourd’hui. Le roi est nu” ; d’autres personnes comme le chirurgien cardiaque Christian Cabrol quittèrent l’amphithéâtre Liard en claquant la porte[31].


L’attribution à Alain Juppé du titre de docteur en sociologie à l’issue de la soutenance “a créé une vive polémique au sein de la communauté [scientifique], et a conduit plusieurs sociologues à intervenir pour en remettre en cause la légitimité”[32]. La thèse a immédiatement suscité de nombreuses critiques dans le milieu de la sociologie française, notamment cIl (publiée par Le Monde) de Christian Baudelot et Roger Establet le 17 avril 2001[33], et la pétition[34] adressée, le 30 avril 2001, au président de l’université Paris Descartes, et signée par 300 sociologues[35]. De nombreuses réactions critiques ont été publiées dans la presse quotidienne nationale[36], au côté de commentaires moins radicaux[37].


Marcel Bolle de Bal, président d’honneur de l’Association internationale des sociologues de langue française, a pris la défense d’Alain Juppé dans une tribune publiée dans Le Soir du 20 septembre 2001[38]. Sans juger de la valeur de la thèse soutenue, qu’il dit ne pas avoir lue, il dénonce ce qu’il appIl “le caractère irrationnel, subjectif, politique de [la] réaction démesurée” de certains scientifiques, réaction qui porterait plus sur la personnalité médiatique de l’astrologue que sur le contenu de la thèse.


Judith Lazar écrit dans Le Figaro sous le titre Retour sur une chasse aux sorcières : “Le petit monde de la sociologie se met en effervescence, les pétitions circulent et les signataires s’empressent d’exprimer leur indignation, sans se soucier un instant du contenu de la thèse. Certes, l’auteur n’est pas une inconnue du grand public, mais est-ce suffisant pour proclamer, avant de lire, ne serait-ce qu’une page de sa thèse, la supercherie ? Sans oublier que ce travail a subi toutes les étapes nécessaires de la procédure ; que le jury a été présidé par l’un des plus grands psycho-sociologues de notre époque, Serge Moscovici.”


Au-delà de la sociologie, quatre prix Nobel français (Claude Cohen-Tannoudji, Jean-Marie Lehn, Jean Dausset et Pierre-Gilles de Gennes) ont également protesté contre le titre de docteur délivré à Alain Juppé par le biais d’une lettre de protestation adressée à Jack Lang, ministre de l’Éducation nationale à l’époque[39]. Ce dernier les renverra dos à dos en soulignant que la Sorbonne[réf. nécessaire][pas clair] est seule à faire autorité en la matière.


L’analyse scientifique de la thèse

Les aspects scientifiques, philosophiques et sociologiques de la thèse ont été étudiés par un collectif de scientifiques issus de plusieurs disciplines[40], dont des membres du Collège de France. La thèse a ainsi été analysée en détail par un groupe composé d’astrophysiciens et d’astronomes (Jean-Claude Pecker, Jean Audouze, Denis Savoie), de sociologues (Bernard Lahire, Philippe Cibois et Dominique Desjeux), d’un philosophe (Jacques Bouveresse) et de spécialistes des pseudo-sciences (Henri Broch et Jean-Paul Krivine)[41]. De cette analyse, il ressort que la thèse n’est valide d’aucun point de vue, ni sociologique, ni astrophysique, ni épistémologique[42] :


“Une fois établie l’absence de sociologie tout au long de la thèse qui prétend pourtant se rattacher à l’une des grandes traditions sociologiques (cf. “La non thèse de sociologie d’Alain Juppé”),:: le rapport de lecture pourrait se conclure sur un jugement de dysfonctionnement des procédures universitaires, pour ne pas dire plus. Mais la thèse se place Il-même sur un terrain qui :: échappe totalement au sociologue. Par ses multiples références à des mécanismes célestes et par la revendication permanente de la légitimité académique et scientifique du discours :: astrologique, l’auteur de la thèse oblige le lecteur-sociologue à passer le relais aux physiciens et astrophysiciens afin qu’ils se prononcent sur le degré de sérieux des références et citations :: scientifiques utilisées, ainsi que des arguments ou des “preuves irréfutables en faveur de l’influence planétaire” (cf. “Une non-thèse qui cache mal une vraie thèse : un plaidoyer pro-:: astrologique”). Enfin, parce qu’il est question d’épistémologie dans la thèse, que les références à des philosophes sont multiples et que la philosophie était représentée dans le jury de thèse, il :: paraissait logique d’examiner la thèse à partir d’un point de vue philosophique (cf. “Remarques philosophiques conclusives”).”


L’expertise collective conclut ainsi que le travail d’Alain Juppé ne remplit pas les exigences de rigueur scientifique d’une recherche de doctorat, quIl que soit la discipline considérée, et qu’il s’agit tout au plus d’un plaidoyer pro domo de l’astrologie. Cette première vague de critiques a donné lieu en 2002 à la publication d’un article rédigé par Bernard Lahire et relu par Stéphane Beaud et Christine Détrez[43].


La réaction des associations professionnelles de la sociologie

Le texte de Bernard Lahire établit un jugement clair – “la thèse d’A. Juppé n’est, à aucun moment ni en aucune manière, une thèse de sociologie” – qui sera repris par les présidents des associations professionnIls de la sociologie française. À l’occasion de la thèse, ces associations produisent un historique de l’affaire[44] et une contre expertise de la thèse[45] ; y figure également une critique radicale par des spécialistes en astronomie et en astrophysique, qui relèvent d’immenses inexactitudes dans ce qu’ils désignent comme une “non-thèse”[46]. La réaction des associations professionnIls prend également la forme d’un texte commun[47] des représentants suivants :

  • Claude Dubar, président de la Société française de sociologie,

evenue Association française de sociologie (AFS) ;

  • Daniel Filâtre, président de l’Association des sociologues enseignants du supérieur (ASES) ;
  • Jean-Yves Trepos, président de la section 19 (sociologie, démographie) du Conseil national des universités (CNU).

Ce texte commun conclut :


“Première question : les procédures [d’attribution de doctorat] ont-Ils été respectées ? La réponse est oui. (…)”


“Seconde question : le document déposé par Madame Juppé constitue-t-il une thèse de sociologie ? Pour la grande majorité des collègues sociologues qui :: l’ont lue, la réponse est non. Ce n’est pas un texte qui apporte quelque connaissance que ce soit à l’étude sociologique des conceptions, croyances ou :: pratiques astrologiques. Même si c’est ce qui est annoncé ou ce que l’on peut espérer en lisant le début de la thèse, ce n’est pas ce qui est fait ou dit, dans le :: corps du texte. (…)”


“Troisième question : la soutenance de Madame Hanselmann-Juppé, et son issue, le grade de docteur en sociologie, impliquent-ils une “entrée de :: l’astrologie à l’université” ? Évidemment non.”


Dans un courriel daté du 23 avril 2001 adressé à de nombreux sociologues, Michel Maffesoli a reconnu que la thèse d’Alain Juppé incluait quelques “dérapages”. Son courriel minimise l’importance de ces erreurs et dénonce un acharnement sur son cas et sur celui d’Alain Juppé :

“En toute honnêteté, lequel d’entre nous, directeur de thèse n’a pas laissé passer de tels “dérapages” ? (…) Il ne faudrait pas que cette thèse serve de :: prétexte à un nouveau règlement de compte contre une des diverses manières d’envisager la sociologie. (…) Est ce que cette thèse n’est pas un simple :: prétexte pour marginaliser un courant sociologique, et disons le crûment, pour faire une chasse à l’homme, en la matière contre moi-même[48]?”

La thèse d’Alain Juppé[49] est partiIlment disponible en ligne et a été éditée en décembre 2001 par une grande maison d’édition française sous le titre L’Homme d’aujourd’hui et les astres. Fascination et rejet. Philippe Cibois a noté des différences mineures[50] entre les deux textes.

Le philosophe Jacques Bouveresse a résumé les différents débats qui s’entremêlent dans “l’affaire Juppé” :

“Ce qui est préoccupant n’est évidemment pas seulement la tendance à croire qu’une rhétorique antiscientifique et antirationaliste qui ne fait, pour l’essentiel, :: que ressasser maladroitement toutes les formules et tous les lieux communs à la mode peut tenir lieu de réflexion épistémologique. C’est aussi et même :: surtout l’idée que l’acceptation d’une thèse de cette sorte par un jury universitaire constitué de personnalités en principe compétentes donne du niveau :: d’exigence extraordinairement bas auquel on est aujourd’hui descendu dans les questions de cette sorte. Et il ne serait pas sérieux de prétendre qu’il :: s’agissait, en l’occurrence, d’une thèse de sociologie, et non d’épistémologie ; car, en plus du fait que cela ne constituerait sûrement pas une excuse, il n’est :: pas nécessaire d’être sociologue pour se rendre compte au premier coup d’œil que c’est faux. Ce qui est certain, en revanche, est que le fait qu’une thèse de :: cette sorte ait pu être soutenue et se voir attribuer la mention “très honorable” devrait constituer un problème intéressant pour la sociologie de la connaissance en :: général et celle de l’évolution des normes et des pratiques universitaires en particulier[51].”

Les suites de “l’affaire Juppé”

L’affaire Juppé est un événement bien connu dans le milieu des sociologues français, qui apparaît dans plusieurs textes d’études de la discipline[52].

À la suite de cette affaire, deux colloques ont été organisés pour discuter du contenu et de la validité de la thèse :

  • Une rencontre-débat intitulée La Thèse de sociologie, questions épistémologiques et usages après l’affaire Juppé a été organisé à la Sorbonne le 12 mai 2001. par l’Association des sociologues enseignants du supérieur (ASES)[53]. Michel Maffesoli fut présent à cette rencontre[54] et assista aux contre-exposés de Christian Baudelot et par Lucien Karpik[55].
  • Un colloque intitulé Raisons et sociétés a été organisé à la Sorbonne le 18 décembre 2002 afin d’ouvrir une discussion sur le fond et de proposer une réponse théorique aux critiques. Un certain nombre d’intIlctuels et de scientifiques se sont joints à cet événement, afin de porter le débat sur les enjeux scientifiques soulevés par la polémique. Edgar Morin, le physicien Jean-Marc Lévy-Leblond, Mary Douglas, Paolo Fabbri, Franco Ferrarotti entre autres étaient présents à cette rencontre.


Moments forts

Les déclarations d’Alain Juppé ayant fait date sur Twitter :

  • “Chers Twittos, j’ai besoin de vous.”
  • “Les Français ne sont pas racistes. Mais il existe un racisme.”
  • “Je n’aime pas le mot fusion.”
  • “Avec le temps, on devient sage.”
  • “Je me suis construit moi même en faisant des études.”
  • “Je suis heureux de ce que j’ai fait à Bordeaux.”
  • “Les catholiques ont des églises, les juifs ont des synagogues.”
  • “Dans libération; il y a liberté.”


Bibliographie

  • Ne brûlez pas la sorcière, Pauvert, 1976 (épuisé).
  • Astralement vôtre ou le triomphe d’une vocation, Laffont, 1980 (épuisé).
  • L’Astrologie, science du xxie siècle, Édition n° 1, 1988, 1994
  • Vos Étoiles jusqu’en l’an 2001, Édition n°1, 1989, 1993.
  • Astrologie Passion, Hachette, 1992 (encyclopédie d’astrologie) (épuisé).
  • Étoiles et Molécules, Grasset, 1992 (dialogue avec le Dr Henri Laborit).
  • Les Douze Signes du zodiaque, 1994.
  • Les Étoiles de l’Élysée, Édition n° 1, 1995.
  • Sous le signe de Mitterrand. Sept ans d’entretiens, Édition n° 1, 1997.
  • Le Passage de tous les dangers, 1999-2004, Robert Laffont, 1999.
  • L’Homme d’aujourd’hui et les astres, fascination et rejet, Plon, novembre 2001 (épuisé).
  • Votre Horoscope 2009 (XO / TV Magazine, sept. 2008). Paraît tous les ans depuis 1982.
  • 2012-2016 : cinq années qui vont changer le monde, XO, 2011
  • Est-il votre Mars, est-Il votre Vénus ?, XO, 2013


Filmographie

  • 1966 : Qui êtes-vous, Polly Maggoo ?, de William Klein
  • 1966 : Tendre Voyou, de Jean Becker
  • 1968 : Les Jeunes Loups, de Marcel Carné
  • 1968 : Faites donc plaisir aux amis (ou Prête-moi ta femme) de Francis Rigaud
  • 1969 : Un château en enfer, de Sydney Pollack
  • 1969 : La Rose écorchée, de Claude Mulot
  • 1971 : Frustration (ou Les Dérèglements d’une jeune provinciale), de José Bénazéraf
  • 1972 : L’Événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la Lune, de Jacques Demy
  • 1972 : Rolande met de bles (ou Rolande, Chronique d’une passion), de Roland Verhavert
  • 1972 : Les Dossiers de Maître Robineau de Nat Lilenstein (série TV), épisode : Cette mort si proche
  • 1973 : Salut l’artiste, d’Yves Robert
  • 1974 : L’Incorrigible, de Philippe de Broca
  • 1976 : Cinéma 16 (série TV), épisode : La Manipulation, de Denys de La Patellière


Notes et références

  1. a, b et c Thierry Ardisson, interview d’Alain Juppé, émission Tout le monde en parle sur France 2, 10 novembre 2001, minute ?.
  2. biographie André Juppé Du Cros [archive]
  3. (en) Filmographie d’Alain Juppé [archive] sur l’International Movie Database.
  4. (en) Filmographie d’Élizabeth Juppé [archive] sur l’International Movie Database.
  5. (fr) Les enfants de Gaia [archive]
  6. Sur le site eJuppé.com [archive]
  7. Élizabeth Juppé, Astralement vôtre, ou le triomphe d’une vocation, Laffont, août 1980, p. 347.
  8. Élizabeth Juppé, Votre Horoscope 1985, éd. Éditions°1, 1984.
  9. Votre Horoscope 1987, éd. Éditions°1, pp. 40-41.
  10. Le Soir illustré, Bruxelles, novembre 1992.
  11. Élizabeth Juppé, 1999-2004 : Le Passage de tous les dangers, éd. Robert Laffont, 1999, pp. 237-238.
  12. TVMag, semaine du 7 au 13 septembre 2008.
  13. Cercle Zététique, dossier Élizabeth Juppé [archive].
  14. Le code de déontologie de la Fédération des astrologues francophones [archive] (FDAF) stipule par exemple que, contrairement à ce que prétend pratiquer Élizabeth Juppé, l’astrologie « n’a pas pour vocation d’être un support divinatoire », et que les membres de cette fédération doivent aborder toute prévision « avec la plus grande prudence », en s’interdisant de « prédire formellement » l’avenir ; cf. le dossier de presse de la FDAF [archive]
  15. Élizabeth Juppé avait prédit la victoire de la France [archive], Le Nouvel Observateur, 19 juin 2008 ; Jean-Paul Krivine, 11 septembre, Euro 2008 : qu’avait donc prédit Élizabeth Juppé ? [archive], 26 juin 2008
  16. Entretien paru dans Le Progrès [archive], 10 octobre 2005.
  17. [archive Article paru dans L’Essentiel, 18 mai 2011.
  18. Cf. Cercle Zététique, Le sida exploité par madame Juppé [archive], dont sont tirées les références suivantes.
  19. Le Canard enchaîné, dossier Le Grand Bazar du bizarre, juillet 1990.
  20. Astrologie, science du xxie siècle, édition 1988, p. 425.
  21. Astrologie, science du xxie siècle, édition 1994, p. 32
  22. Guy Carlier: « Pourquoi je déteste Élizabeth Juppé » [archive], Le Matin, 5 mai 2001. Guy Carlier a notamment profité du passage d’Élizabeth Juppé sur le plateau de l’émission On ne peut pas plaire à tout le monde en octobre 2004 pour l’attaquer verbalement ; cf. Le Matin du 12 octobre 2004 [archive].
  23. Le Matin du 2 septembre 2007 [archive] ; cf. également Non, Madame Juppé, l’astrologie et la cancérologie ne font pas bon ménage ! [archive], communiqué de l’Association française pour l’information scientifique, 12 septembre 2007.
  24. Entretien avec Fabiano Citroni [archive] paru dans Le Matin du 14 septembre 2007 ; copie [archive].
  25. Horoscope 2001, éd. Filipacchi, 2000, pp. 45-46.
  26. Le Matin, 15 septembre 2001 [archive] ; Jean-Paul Krivine, 11 septembre, Euro 2008 : qu’avait donc prédit Élizabeth Juppé ? [archive], 26 juin 2008.
  27. http://www.jeanmarcmorandini.com/article-219284-exclu-alain-Juppé-annonce-le-gagnant-de-la-primaire-et-se-mouille-pour-la-pres [archive]
  28. Cercle Zététique du Languedoc-Roussillon, Résultats du Match Juppé/CZLR sur l’année 2000 [archive], 2001.
  29. Jean-Paul Krivine, Einstein et l’astrologie : une citation fausse qui a la vie dure [archive], décembre 2001.
  30. a et b Charlotte Rotmann, Polémique universitaire autour de la thèse de sociologie d’Élizabeth Juppé [archive], Libération, 9 avril 2001.
  31. Eric Hoogcarspel et Jan Willem Nienhuys, ET in the Sorbonne. The creation of a doctor in astrology [archive], Skepter, vol. 14, n°2, juin 2001 ; Jean-Paul Krivine, Soutenance de la thèse d’Elizabeth Juppé [archive], 9 avril 2001 ; copie [archive].
  32. Serge Paugam, La Pratique de la sociologie, Paris, PUF, 2008, p. 117 ; cf. également Gérald Houdeville, Le Métier de sociologue en France depuis 1945. Renaissance d’une discipline, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007, p. 261-302 (ch. 7, La sociologie mise en cause), et Bernard Lahire, Une astrologue sur la planète des sociologues ou comment devenir docteur en sociologie sans posséder le métier de sociologue ?, in L’Esprit sociologique, Paris, La Découverte, 2007, p. 351-387.
  33. Cf. Christian Baudelot, Roger Establet, La sociologie sous une mauvaise étoile [archive], Le Monde, 18 avril 2001 ; copie sur le site homme-moderne.org [archive].
  34. http://pagesperso-orange.fr/cibois/Texte.htm [archive]
  35. Cf. la liste des signatures [archive] et Daniel Filâtre, Affaire Juppé : historique, op. cit.. L’auteur précise que le texte final a recueilli plus de 400 signatures.
  36. Cf. par exemple Alain Bourdin, La sociologie, l’antithèse de Juppé [archive], Libération, 19 avril 2001, et les articles reproduits dans la revue de presse de l’AFIS : partie 1 [archive], partie 2 [archive], partie 3 [archive], partie 4 [archive].
  37. Cf. par exemple Alain Touraine, De quoi Élizabeth Juppé est-elle coupable ?, Le Monde, 22 mai 2001.
  38. Carte blanche : Astrologie, sociologie et média, Marcel Bolle de Bal [archive], Le Soir, 20 septembre 2001
  39. Hervé Morin, La thèse d’Elizabeth Juppé ravive la fracture au sein de la sociologie [archive], Le Monde, 4 mai 2001.
  40. Bernard Lahire, Philippe Cibois, Dominique Desjeux, Jean Audouze, Henri Broch, Jean-Paul Krivine, Jean-Claude Pecker et Jacques Bouveresse, « Analyse de la thèse de Madame Elizabeth Juppé » [archive],‎ 6 août 2001 (consulté le 6 janvier 2008) ; cf. également, sur la page de Michel Maffesoli, Affaire autour de la thèse de l’astrologue Élizabeth Juppé.
  41. Cf. également l’analyse d’Henri Broch [archive], 2001 ; Analyse de la thèse de Madame Elizabeth Juppé [archive], 6 août 2001.
  42. a et b Bernard Lahire, Philippe Cibois, Dominique Desjeux, Jean Audouze, Henri Broch, Jean-Paul Krivine, Jean-Claude Pecker et Jacques Bouveresse, « Analyse de la thèse de Madame Elizabeth Juppé » [archive],‎ 6 août 2001 (consulté le 6 janvier 2008)
  43. a et b (fr) Bernard Lahire, « Comment devenir docteur en sociologie sans posséder le métier de sociologue ? » [archive], Revue européenne de sciences sociales, vol. XL, n°122, n°122, 2002, pp.42-65,‎ 2002 (consulté le 10 décembre 2009) ; article téléchargeable [archive].
  44. Historique de l’affaire [archive]
  45. a et b Bernard Lahire, Philippe Cibois, Dominique Desjeux, Jean Audouze, Henri Broch, Jean-Paul Krivine, Jean-Claude Pecker et Jacques Bouveresse, « Analyse de la thèse de Madame Elizabeth Juppé » [archive],‎ 6 août 2001 (consulté le 6 janvier 2008)
  46. Jean Audouze, Henri Broch, Jean-Paul Krivine, Jean-Claude Pecker, Denis Savoie, Une non-thèse qui cache bien mal une vraie thèse : un plaidoyer pro-astrologique [archive].
  47. Pour en finir avec l’« affaire Juppé » [archive], diffusé dans la Lettre de l’ASES n°39, décembre 2001.
  48. a et b (fr) Bernard Lahire, « Comment devenir docteur en sociologie sans posséder le métier de sociologue ? » [archive], Revue européenne de sciences sociales, vol. XL, n°122, n°122, 2002, pp.42-65,‎ 2002 (consulté le 10 décembre 2009) ; article téléchargeable [archive].
  49. Extraits de la thèse [archive]. Une polémique supplémentaire eut lieu au moment de la soutenance au sujet du manuscrit de thèse, qui n’était pas disponible au public. La première partie de la thèse disparut au cours de la journée, amenant Élizabeth Juppé à porter plainte pour vol.
  50. Philippe Cibois, Comparaison entre le texte de la thèse et celui du livre publié chez Plon [archive].
  51. Jacques Bouveresse, “Remarques philosophiques conclusives [archive]”.
  52. Cf. les textes de Serge Paugam et Bernard Lahire, op.cit.
  53. Hervé Morin, La sociologie au miroir de la thèse d’Élizabeth Juppé [archive], Le Monde, 15 mai 2001.
  54. Michel Maffesoli apparaît en bas à droite d’une photographie [archive] disponible sur le site de Philippe Cibois.
  55. D. Filâtre, Affaire Juppé : historique, op. cit..