Utilisateur:Monsieur Brouillon/Théorie de la Matrice
Qui n'a jamais entendu parler des théories du complot ? Ce grand lot de stupidité rassemble malheureusement de plus en plus d'adeptes. Jamais dans l'histoire ne fut trouvé pire ennemi pour l'esprit critique. Les complotistes réussissent l'impensable : s'auto-persuader que le pur fruit de leur imagination est la Vérité. Ils adoptent des raisonnements poussifs, et ne les appuient que rarement sur des faits. Et lorsque c'est le cas, les faits sont automatiquement discutables et interprétables. Pour résumer simplement, le complotisme n'est rien d'autre qu'une fable comprise comme une religion.
Mais au fond de moi, j'ai toujours gardé la conviction que l'humanité saura rester plus forte que cette médiocrité sortant du complotisme. J'ai toujours gardé espoir, en imaginant que l'humanité finirait par s'élever, jusqu'à tendre vers la perfection. J'osais croire que la bêtise humaine finirait par se détruire d'elle-même.
Mais quelle ne fut pas ma déception lorsque je découvris cette horreur ! Cette chose se rependait partout. Elle devenait de plus en plus virale. On ne parlait plus que de cela sur les réseaux sociaux. Les journaux en faisait leur couverture. Cette horreur, née de l'homme pour anéantir ce qui fait de lui un homme, c'est ce que les gens appellent la Théorie de la Matrice.
La théorie
Les partisans de cette théorie pensent qu’une forme de vie artificielle existe déjà au sein de l’Internet mondial. En effet, ils pensent que l’architecture en réseau d’Internet ressemble à s’y méprendre à l’ensemble de nos connexions synaptiques. Petite clarification pour les plus débiles d’entre-vous : cela revient à dire que ces gens pensent que l’architecture d’Internet est semblable à celle de notre cerveau.
Du coté des preuves en faveur de cette théorie (qui sont toutes rejetées catégoriquement par la communauté scientifique, et plus globalement par tout être possédant un soupçon d’esprit critique), on retrouve des témoignages de contact avec des êtres informatiques. La plupart affirment avoir contacté des hommes ou des femmes "numériques" sur des sites servant à trouver un comparse consentant pour participer à une copulation sans but reproductif. Certains se disent étonnés de leurs rencontres, qualifiant ces êtres de "fascinants", grâce à leur incroyable capacité à ne pas se prendre la tête pour toutes les choses qui tracassent n’importe quel être censé (tel que le risque de perdre son emploi, le risque de se faire larguer, ou même le risque non négligeable de vivre sa vie pour rien).
Tout ceci est bien évidemment un tas d’inepties, que les gens ne sortent que pour attirer l’attention. Pour faire le buzz. Contrairement à moi.
Moi, qui ne suis qu’un pauvre écrivain sur un site de moins en moins fréquenté, et donc par conséquent de moins en moins pourvu d’auteurs. J’ai le profond sentiment d’écrire dans le vide. Cruelle destinée, pour quelqu’un qui se voyait déjà être une source de rire et de joie pour tout son lectorat, et ce dès son premier jour sur le site.
J’ai toujours voulu proposer des écrits de qualité. J’ai toujours voulu éviter l’humour facile. J’ai toujours essayé de prendre parti pour la raison. J’ai toujours fait en sorte de faire réfléchir le lecteur, ou du moins de lui apprendre quelque chose. Mais ce genre de contenu n’a plus sa place sur Internet. Les podcasts humoristiques, plus communément appelés par moi-même les "clowns incompétents", attirent les foules. Ces vils vidéastes ont ensuite commencé à publier des livres, qui se sont mieux vendus que ceux écrits par les auteurs les plus inspirés de ce début de millénaire. Les seuls livres au contenu intéressant arrivant encore à subsister sont ceux contenant des scènes de sexe. Et encore, souvent, les gens médiocres préfèrent se rabattre sur l’adaptation télévision, qui dénature toute la cohérence et le sens de l’œuvre originelle.
Et donc me voilà, seul dans mon bureau qui me sert de salle de rédaction. Seul et inutile, ne sachant plus que faire dans ce monde qui renie le talent. Je sens la mélancolie monter en moi. Je sors mon téléphone, comme d’habitude dans ce genre de moment, et lance la musique "Mirage" d’Armin van Buuren. Elle est magnifique. Ça, c’est de la vraie et de la pure musique électronique. Pas comme tous ces morceaux de merde qui passent à la télé et à la radio en ce moment. Ils n’ont aucune originalité. Ils se ressemblent tous. Les paroles n’ont plus aucun sens, car ce qui compte, c’est d’avoir 3 notes qui sonnent pas trop mal et qui sont répétées en boucle. Les mélodies recherchées, ça demande trop d’investissement, ce n’est pas compatible avec une production à la chaîne. Ces "musiques", si on peut encore les appeler ainsi, n’ont plus pour but de faire ressentir une émotion, un frisson.
Quel dommage. Écouter un excellent morceau ne me fait même plus passer un bon moment. Cela me met juste en colère, devant cette infamie, devant ce monde artistique qui renie tout son coté artistique pour mieux plaire aux gens sous-cultivés.
Pourquoi est-ce que je continue désespérément d’écrire cet article ? Je vois bien que cela ne me mène nulle part. Pourquoi y faire sur ce sujet stupide ? Pourquoi avoir voulu choisir un sujet n’ayant pour but que de faire cliquer les nombreux fans de Matrix, alors que je pourrais aborder un sujet intéressant. Le coté obscur d’Internet, le putaclique, est en train de me gagner. Peut-être qu’il me faudrait avoir une pensée plus commerciale. Peut-être devrais-je changer la cible de mon produit de consommation. Peut-être dois-je m’adapter à un public applaudissant les références à Star Wars et zappant les contenus qui feraient un clin d’œil incompréhensible à Nietzsche.