Bienvenue chez les Gallos

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« Le pays Gallo, c'est pas la Bretagne : c'est le pays où les gens sont trop cons pour parler breton, pas assez pour parler français. »
~ André Breton à propos des Gallos
« Le pays Gallo, ça, c'est de la Haute-Bretagne !  »
~ Max Gallo à propos de la Basse-Bretagne
« Vous savez ce qu'ils vous disent les Gallos ? »
~

Bienvenue chez les Gallos est une œuvre inachevée de René Fallet. Pas inachevée pour cause de décès, comme tous les bons romans inachevés, mais inachevée pour cause d'ennuis. Pas d'ennui parce qu'il s'ennuyait à l'écrire, mais parce qu'il eut des ennuis, pas des petits ennuis, non, des vrais ennuis, des gros ennuis.

Des ennuis avec les Bretons de la basse Bretagne ? Non, ni des ennuis avec les Gallos. Non, non, il aimait bien les Bretons, René Fallet. Il aimait aussi les Gallos.

Il aimait tout le monde, toute les provinces et même le Bourbonnais, c'est dire ! Et tout le monde aimait René Fallet.

Les ennuis commencent

En 1945, après la guerre, il subit la libération et les festivités qui l'accompagnent. Comme il n'a plus d'occupation, il décide d'écrire un roman sur la Bretagne.

Le pays Gallo, vu de la basse Bretagne.
On notera que les panneaux sont en gallo et en breton.

Il prend donc sa voiture et la route de la Bretagne. À l'époque, il n'y a qu'une route possible pour se rendre des Gourdiflots à Brest : Les Gourdiflots-Paris-Brest. Jusqu'au Mans, ça alla. Mais après, vers Laval, il fallut attaquer la Haute-Bretagne. Et sa Renault, habituée aux douces pentes du massif central, arriva à grand peine à franchir le col qui menait à Rennes. Là, son moteur rendit l'âme. Une cérémonie religieuse, très digne, fut l'occasion de vérifier la qualité de l'accueil des autochtones, leur compassion, et le dévouement du garagiste du coin.

Les ennuis continuent

En 1947, René Fallet reçoit enfin sa nouvelle voiture. Celà fait presque deux ans qu'il en attend la livraison. En fait, ce n'est pas la voiture qui prit du temps à fabriquer.

C'est qu'il avait bien fallu attendre que Citroën installe une usine à Rennes. Dans sa précipitation le constructeur d'automobile avait écrit Citroên avec un chevron comme ceci ^ sur le e, sur la notice d'utilisation, et livré la voiture avec des ¨¨ sur la calandre. Mais bon, ce n'était pas trop grave, mais enfin, quand même, c'est bon à savoir car si un jour vous achetez une Citroën, vérifiez bien ce point particulier car si on vous a livré une Citroên, vous aurez des problèmes un jour ou l'autre car le mode d'emploi ne correspond pas.

La notice était en breton !

René Fallet fait comme tout le monde. Avant de toucher à sa nouvelle voiture, il veut l'arroser avec les gens du coin. Mais les Gallos, ne boivent que de l'eau et ne disent pas de mal de leurs voisins. Aussi la festivité tourne-t-elle court. Il retourne donc vite, comme tout le monde, consulter la notice de sa voiture avant d'actionner le démarreur.

Attention ! Ce qui suit dévoile l'intrigue du roman

Et là : catastrophe ! La notice était rédigée en breton ! En effet, André Citroën ne savait pas que les Gallos n'avaient pas appris le breton à l'école. René Fallet non plus. D'ailleurs les Gallos ne savaient même pas que la langue bretonne était parlée en Bretagne, à part par quelques ploucs de la pointe du Raz...

Il ne veut pas en faire toute une histoire

Comme René Fallet est têtu - comme un Breton - il se met en tête de traduire en français le manuel de son auto. Mais pour y arriver il s'enfonce un peu plus dans la Bretagne profonde et arrive aux confins de la Basse-Bretagne. Il finit par y trouver quelques personnes qui parlent les deux langues. Enfin, à peu près : en français celà fait un peu désordre, une sorte de charabia, nommé gallo, que les bas bretons osent qualifier de français. En fait les historiens bien intentionnés disent que c'était comme ça que parlait et écrivait Rabelais ; bof, c'est juste pour pas dire du mal de son voisin.

Et alors ?

René Fallet finit par trouver, en 1953, à Brest, ou à Vannes, il n'en est pas sur, une notice en français pour sa traction avant, une onze légère, noire, avec jantes en tôle, fauteuils en tissus, et 4 vitesses dont une marche arrière, toit ouvrant, vitres avant à custodes, 4 portes teintées. Du coup il ferma son cahier d'écolier où il avait commencé la transcription en français de sa notice en breton. Sur la couverture il inscrivit alors la phrase qu'aucun habitant de haute ou de basse Bretagne n'avait pu l'aider à traduire correctement :

« Bienvenue chez Citroën Rennes ! Vous venez d'acheter une automobile Citroën ... »

René Fallet abandonna définitivement l'idée d'écrire une histoire sur la Bretagne, vu qu'à part ses mésaventures avec une automobile fabriquée en pays Gallo, il n'y avait aucune bonne raison de faire pleurer les gens sur un peuple sans défaut, buveur d'eau, travailleur, bien vu dans le monde entier, sans mines, sans coron, sans usine (sauf Citroën), où il fait toujours beau, sans bureau de poste, et surtout parlant sans accent un français parfaitement maîtrisé dès la fin des études supérieures.


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