Un pacte de responsabilité pour les entuber tous
Paris, France — «
Les chefs d'entreprise sont prêts à se mobiliser pour créer un million d'emplois dans les cinq prochaines années, en contrepartie de 100 milliards d'allègements fiscaux et d'une baisse du coût du travail », a déclaré Pierre Gattaz, l’homme dont on rit encore dans les campagnes.
Le président du MEDEF, s’il a une âme[réf. nécessaire], a l’âme d’un comique de situation, de toutes les situations. Car il n’en manque pas une et, chaque fois, ses interventions rivalisent de subtilités, de coquetteries qui nous font oublier qu’au fond, tout au fond, Pierre Gattaz est juste un bossu détestable, comme tous les bossus.
Pourtant, lors de sa dernière allocution c’est une promesse sincère, franche, honnête et sans équivoque qu’il a faite devant le peuple : OUI, si l’Etat lui donne de l’argent, il en donnera aux employés. Car que ces derniers travaillent ne suffit plus, et comme il le répète à l’envi lui-même : « Travailler, pour un travailleur, c’est normal. Mais obliger, pour un état, ça n’a rien de normal ! Un état, c’est faire pour l’étater » (mes boules, ndldÉ).
«
Mon précis, mon tout précis… »
~ Pierre Gattaz à propos de son plan.
Des souris et des Dieux
On comprend aujourd’hui que le MEDEF est lui aussi sensible à l’augmentation du chômage et à la baisse du pouvoir d’achat : les gens ne pouvant plus acheter les produits de ses membres, ces derniers ne pourront pas rester patrons encore très longtemps. Certains étudient déjà l’éventualité de pouvoir devenir fonctionnaire, en traversant les ponts d’or bâtis entre eux et le ciel, qu’ils traversent à chaque fois qu’ils ne veulent pas mourir, ne veulent pas mourir, pour nous endormir.
Une prise de conscience et de position, puis une prise de risque en promettant, ce qui n’est pas de la merde, c’est pas comme promettre qu’on sera un Président normal, de créer (rappelons que seul Dieu crée, les autres transforment les choses en d’autres choses, on atteint donc là un niveau de compétence proche de la lumière) un million d’emplois. Pas 2, pas 10, pas 1000 pour le geste, 500.000 pour faire les choses à moitié ou 999.999 pour les bâcler, non : un million. Tout rond.
Explication de texte
Nous avons demandé à Xavier Darcos, titulaire de la chaire de Mathématiques à l’École des Beaux Arts, ancien ministre de l’Éducation et spécialiste de la division (cf. infra), de nous éclairer sur la mesure proposée par M. Gatteuz.
La dÉsinformation : M. Darcos, bonjour.
Xavier Darcos, divisiologue en chef de l’UMP : Bonjour, dÉsencyclopédie. J’en profite pour dire que j’aime beaucoup ce que vous faites.
La dÉsinformation : Nous vous remercions. Sachez que ce n’est pas réciproque.
Xavier Darcos, divisiologue en chef de l’UMP : Je vous remercie.
La dÉsinformation : M. Darcos, en tant que spécialiste de la division, que pouvez-vous nous dire au sujet du plan de M. Gattaz ?
Xavier Darcos, divisiologue en chef de l’UMP : Eh bien si je calcule de tête…100 milliards divisés par 1 million…cela fait environ 96.000, n’est-ce pas ?
La dÉsinformation : 100.000 très exactement.
Xavier Darcos, divisiologue en chef de l’UMP : Oui, 98.000 ENVIRON j’ai dit.
La dÉsinformation : Ah bon.
Xavier Darcos, divisiologue en chef de l’UMP : Et donc, 96.000, que je divise par 12 (mois) puis par 5 (ans), cela nous donne…
La dÉsinformation : Tenez, voici une calculatrice…
Xavier Darcos, divisiologue en chef de l’UMP : Merci…alors cela fait…tac tac tac…1.600 ! 1.600 euros par mois.
La dÉsinformation : C’est une bonne chose, non ?
Xavier Darcos, divisiologue en chef de l’UMP : Oui, certainement, c’est mieux que le SMIC en tout cas. Enfin voilà.
La dÉsinformation : Clairement. Cela ne vous interpelle pas ?
Xavier Darcos, divisiologue en chef de l’UMP : Eh bien effectivement, cela m’interpelle…enfin je veux dire, y a un 6, donc forcément…
La dÉsinformation : Que voulez-vous dire ?
Xavier Darcos, divisiologue en chef de l’UMP : Non, je ne sais pas, en fait, je réflechis tout haut.
La dÉsinformation : M. Darcos, ne trouvez-vous pas que c’est un peu étrange de demander 100 milliards d’euros pour créer des emplois, alors qu’on voit bien que ces 100 milliards peuvent servir à l’état pour qu’il crée directement des emplois lui-même, qu’il pourrait payer 1.600 euros par mois…ne pensez-vous pas qu’il y a anguille sous roche ?
Xavier Darcos, divisiologue en chef de l’UMP : AAAAAAAAA….je vous vois venir, mais non. Car M. Gattaz a dit 1 million d’emplois, mais il sous-entendait que c’était un minimum. Peut-être va-t-il en créer davantage !
La dÉsinformation : Ou peut-être moins, voire aucun.
Xavier Darcos, divisiologue en chef de l’UMP : Ça, seul l’avenir nous le dira.
La dÉsinformation : Oui, car peut-être M. Gattaz a-t-il menti uniquement pour augmenter encore le profit de ceux qu’il représente, c’est-à-dire les grands patrons – ce qui serait normal car on voit, par exemple, bien plus souvent SOS Racisme défendre les noirs que les néo-nazis…
Xavier Darcos, divisiologue en chef de l’UMP : Non mais vous dites n’importe quoi ! Il n’y a aucun
Noir au MEDEF !
La dÉsinformation : C’était pour illustrer.
Xavier Darcos, divisiologue en chef de l’UMP : Oui, ben illustrez mieux s’il vous plaît.
La dÉsinformation : M. Darcos, pensez-vous que ces allègements de charges, qui seront couplés également à des allégements réglementaires et à des dîners avec des petits fours, pourront réellement inverser la courbe de l’emploi ?
Xavier Darcos, divisiologue en chef de l’UMP : Cela aussi, seul l’avenir nous le dira.
La dÉsinformation : Je vous trouve plutôt réservé..n’avez-vous pas confiance en la politique de la droite ?
Xavier Darcos, divisiologue en chef de l’UMP : Je dois vous avouer que là, pour le coup, seul l’avenir nous le dira.
Xavier Darcos, divisiologue en chef de l’UMP : Clairement ? Oui. Ayez confiance.
La dÉsinformation : C’est tout ce que nous voulions savoir. Merci M. Darcos.
Xavier Darcos, divisiologue en chef de l’UMP : Merci à vous, chère dÉsencyclopédie. Et continuez à nous faire rire !
Pour reprendre les mots de l’ancien ministre, il est donc nécessaire pour les Français de garder confiance. Car tout bien pesé, il n’y a aucune raison que M. Gattaz ne tienne pas ses promesses.
La dÉsencyclopédie promet quant à elle, à tous ses lecteurs, de continuer à les faire rire. Jusqu’à ce qu’ils pleurent.
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