L'hermaphrodisme protogyne
Prologue : un voyage inattendu
Nous entrâmes dans l'immense bâtiment, et arrivâmes face à une secrétaire d'un certain âge et même d'un âge certain. On lisait dans son regard toute sa haine pour l'innocent visiteur qui osait la déranger dans son travail d'une importance capitale. Nous prîmes notre courage à deux mains et nous avançâmes dans la lumière. Elle nous avait aperçu. Nous pouvions entendre son râle d'exaspération lorsque nous nous accoudâmes au comptoir et la saluâmes d'un joyeux bonjour.
La vieille secrétaire revêche grince : | |
Qu'est-ce qu'on peut faire pour eux ? |
Nous lui priâmes de nous indiquer le bureau de Monsieur D.Gueulasse, rédacteur en chef.
Nous la remerciâmes, la félicitâmes pour la qualité de ses extensions capillaires, et nous suivîmes à la lettre ses instructions. Nous nous aperçûmes après coup que la secrétaire était une petite farceuse et qu'elle nous avait bien attrapé, le bureau 87 bis n'existant pas, mais, grâce à notre fidèle marteau-piqueur, nous nous jouâmes de ces obstacles et du mur du bureau.
Une fois arrivé dans la fameuse salle d'attente, monsieur Gueulasse nous reçut et nous exposa ce qu'il attendait exactement de nous :
Nous essayâmes tant bien que mal de nous concentrer sur la peinture accrochée au mur derrière lui[1], et de ne pas croiser son regard très perturbant (il souffrait d'un strabisme particulièrement prononcé.). Nous lui demandâmes ce qu'il attendait de nous exactement.
Nous tombâmes à la renverse, mais nous recouvrâmes rapidement notre dignité, et acceptâmes avec beaucoup de solennité de partir à New York, la ville des nouilles et des orques (ce sont les termes exacts) pour rencontrer le plus grand spécialiste mondial sur le sujet, le professeur O. Ver . En sortant triomphalement du bureau, billets première classe au poing, nous pûmes mesurer l'ampleur de la tâche qui nous attendait : une brève toute entière dans le prochain Science & vie Junior !
Nous sortîmes nos smartphones dernier cri, commandâmes un Pubère, qui nous mena sur son dos jusqu'à l'aéroport le plus proche : l'aéroport Chambéry-Savoie, où un semi-direct en direction de NYC[2] nous attendait de pied ferme et en faisant le plein.
Suite du prologue : l'aéroport du péril
Sous-Prologue : l'enregistrement de l'Enfer
Devant l'aéroport, une nuée d'au moins quatre manifestants scandaient des slogans folkloriques tels que :
Au dessus de leur tête flottait, tel un pavillon de corsaire, le terrible drapeau des terroristes savoyards.
Nous prîmes notre courage à deux mains, et descendîmes des épaules de notre fidèle moyen de locomotion, que nous remerciâmes avec des susucres. Puis, empoignant nos fidèles battes de baseball, nous nous frayâmes un chemin à travers la joyeuse foule alpine.
Nous arrivâmes assez facilement au bureau d'enregistrement. L'air était étouffant, les touristes transpiraient, l'air était poisseux, rien d'étonnant à ce que nous ressentions le besoin de nous distraire un peu. Nous commençâmes par piéger le petit serpentin-qui-sert-à-délimiter-la-queue-de-manière-à-prendre-le-moins-de-place-possible : grâce à nos fidèles scie circulaire ciseaux, nous eûmes tôt fait de transformer l'innocent serpentin-qui-sert-à-délimiter-la-queue-de-manière-à-prendre-le-moins-de-place-possible en terrible labyrinthe. Les enfants hurlaient, les vieux se déshydrataient, bref, les conditions étaient réunies pour que nous atteignissions le guichet en premier. Nous fûmes alors confrontés à un obscur employé répondant, c'est en tout cas ce qui était épinglé sur sa poitrine, au doux nom de Roger-Michou.
Roger-Michou, le sympathique employé fier de sa région, dit: | |
Bonjour, c'est à quel sujet ? |
Nous ne pûmes résister à la tentation de lui jouer un petit tour à notre façon, et lui réclamâmes un cours de physique quantique.
Roger-Michou, le sympathique employé fier de sa région, dit: | |
Ce n'est pas ma grande spécialité. Ne préféreriez-vous pas une introduction à la Théorie des cordes ? |
Il était plus fort qu'il ne le paraissait. Nous aurions bien continué ce petit jeu, si la plèbe derrière nous avait été plus calme. Nous tenons en horreur la masse grouillante des âmes inférieures, nous qui avions un article sur L'hermaphrodisme protogyne en préparation. Fort heureusement, nous détendîmes l'ambiance à coups de battes et de fines plaisanteries. Nous entassâmes alors nos bagages sur un tapis roulant fort peu ergonomique (faire pédaler des enfants est loin d'être la solution la plus efficiente) que Roger-Michou fit démarrer d'un index ferme et précis.
Délestés d'un poids, nous pûmes alors nous diriger vers...
Sous-Prologue bis : La fouille diabolique
Après maints détours, nous arrivâmes dans la salle des fouilles. Une file d'attente gigantesque s'allongeait à travers un petit serpentin-qui-sert-à-délimiter-la-queue-de-manière-à-prendre-le-moins-de-place-possible. La mort dans l'âme, nous nous conformâmes aux formalités d'usage, à savoir casser les genoux de la personne devant nous afin de lui passer subrepticement devant pendant qu'elle se tord de douleur. Mais nous ne nous attendions pas à rencontrer la Terreur des Aéroports, le Monstre de l'Aéronautique, le Destructeur de Voyage .....
Maël, le Gamin Chiant.
Également disponible sous sa forme féminine "Maëlle", ou encore avec des orthographes hideusement personnalisés tels que "Maèl" ou "Mayéail", le Gamin Chiant vous apprendra à garder votre self-control, votre bienséance sociale, ainsi qu'une boîte de préservatif scotchée à votre corps. Juste au cas où.
La règle sociale #42 est formelle, s'attaquer aux enfants est le meilleur moyen de perdre toute chance de nouer un contact humain (hormis le rectal, lequel se rétractera tout seul tel une huître quand vous ferez tomber votre savon dans les douches). À savoir exactement ce que nous recherchions, l'hermaphrodisme protogyne étant devenu notre principale raison de vivre.
Alors que nous approchions du portique de sécurité de fabrication typiquement savoyarde, nous nous conformâmes à la réglementation et nous débarrassâmes de nos objets métalliques. Alors que Maèll tentait de convaincre pour la deux mille trois cent quatre-vingts quatorzième fois sa mère de lui prêter son téléphone afin qu'il puisse battre son record à Foufoune Rider, explosez les toutes !, je retirai ma ceinture, et d'un mouvement gracieux et parfaitement calculé j'assénai ma boucle de ceinture sur le visage de ce petit con. Il se mit à vagir comme un goret[3] alors que toute sa masse adipeuse s'abattit au sol dans des éclaboussements gomineux. Nous vîmes alors passer une lueur de gratitude dans les yeux de sa mère, lumière vite étouffée par la règle sociale #5, proclamant que les mères doivent aimer leurs enfants. Elle poussa alors une sorte de braillement suraiguë et nous invectiva tandis qu'elle se baissait ramasser Mon Cœur. Nous sûmes alors profiter de l'occasion et nous nous jetâmes comme un seul homme sur le monumental fessier qui s'offrait à nous, qui fut propulsé à une distance approximative de trois mètres cinquante. Tandis que la foule fuyait en hurlant, que Mayoël tentait de se remettre debout (c'était drôle, on aurait dit une tortue qui agitait vainement ses pattes), et que Maman-Tricératops nous chargeait en hurlant Vive la Savoie Libre !, nous nous glissâmes discrètement sous le tapis roulant des bagages (qui est creux, cela peut toujours servir), puis nous pûmes passer en toute sérénité à la fouille corporelle, alors que le GIGN et le Raid tentaient de maîtriser la créature qui n'avait plus rien d'humain.
Toutes ces assommantes formalités remplies, nous pûmes enfin prendre quelque instant de détente avant de procéder à...
Sous-Prologue final : l'Embarquement de la mort qui tue
Nous arrivâmes dans la salle d'embarquement, et décidâmes d'un commun accord de chercher de la lecture. Nous entrâmes alors dans le kiosque Douty-Frite de l'aéroport et nous mîmes à rechercher avec acharnement tout article ayant un rapport même lointain avec L'hermaphrodisme protogyne.
Nous n'en trouvâmes pas, ce qui nous confortait dans l'idée que notre cause était juste et noble. Heureusement, nous pûmes nous rabattre sur des journaux culturels et élitistes qui épanchèrent notre soif de culture.
Mais l'heure du Grand Départ était arrivé, et nous nous dirigeâmes vers la porte H, H comme Hermaphrodisme protogyne. Après une courte attente dans l'étroite salle, nous sortîmes à l'extérieur. Les montagnes savoyardes s'élevaient, rempart inexpugnable face à la MST italienne, et le vent balayait les quelques papiers gras qui s'éloignaient en virevoltant.
Nous regardâmes le ciel, magnifique ciel bleu de France, que nous ne reverrions peut-être plus jamais de la même manière après ce terrible voyage.
Puis, la boule au ventre, les genoux flageolants et le sac à vomi plié dans la poche, nous grimpâmes dans le ferry que les embruns faisaient tanguer.
Notes
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