Mulholland drive

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Définition

Mulholland Drive n. pr. angl.

  1. Route Californienne célèbre, passant notamment sur les collines d'Hollywood. Divisée en deux parties : Mulholland Highway à l'Ouest et Mulholland Drive à l'Est (ce qui se traduit respectivement par "mule hollandaise d'haute route" et "la mule néerlandaise conduit").
  2. Film de David Lynch, donc film incompréhensible, mais vachement bien pour ceux qui aiment le surréalisme. Pour les autres, c'est un film avec des lesbiennes, ce qui est vachement bien aussi. Il est sorti en 2001, et a été depuis diffusé en prime time sur une chaîne publique française. Ce qui n'est pas mal pour un film érotique.

Ce qui ressemble à un scénario

Cet article ne peut pas contenir des spoilers. Car il résume une petite moitié de ce qui se passe quand le film a encore une certaine logique. Après, quand ça plonge dans le n'importe quoi, rien ne peut être spoilable. Le film se déroule en deux trames principales et une secondaire, et résumer ces trames-là ne couvre que le quart du film maximum.

Première trame : Betty et Rita

Au début du film, on voit une femme brune dans une voiture qui roule sur Mulholland Drive. (Laura Helena Harring) Puis cette voiture se crashe on ne sait pas trop comment, et la femme, dans le gaz, va en ville (Los Angeles, et plus précisément le quartier d'Hollywood si vous avez bien lu la définition) puis s'endort près d'une maison. Plus tard, on voit une deuxième femme, appellée Betty Elms (Naomi Watts, miam) descendre de l'aéroport, discuter avec de gentils vieux, dire qu'elle veut devenir une célèbre actrice, blabla, puis aller à la même maison que l'autre. Betty est surprise de voir la première femme dans son appart (qui n'est pas vraiment le sien, mais si vous commencez à trouducuter sur des détails on s'en sortira jamais) avant de se rendre compte qu'elle est amnésique. La brune se trouve un nom au hasard : Rita. Oui, c'est plus pratique en société d'avoir un nom. Puis Betty décide d'aider Rita a retrouver la mémoire. Voila, c'est ce qui sert de trame principale au film. Il se passe plein de trucs passionnants, et, vous vous en doutez, c'est là que se trouvent les deux scènes intéressantes. C'est aussi la trame la plus cohérente, enfin, jusqu'à un certain point.

Deuxième trame : Adam.

Là c'est déja un peu plus le bordel. Adam Kesher (Justin Theroux) est un jeune réalisateur saiksy qui est apparemment en train de faire un super film. Tellement que des gens visiblement très importants, et italiens, lui imposent comme actrice principale une illustre inconnue : Camilla Rhodes. On ne sait pas pourquoi. Adam non plus, et ça l'énerve. Ou alors il doit la trouver moche car il se met en colère, tabasse à coups de club de golf la bagnole des gens importants qui veulent lui imposer une actrice, et se barre. Ensuite il lui arrive plein de trucs incroyables. Son compte en banque se vide, sa femme se tape le réparateur de la piscine, un gorille (au sens figuré, ce n'est pas AUTANT le bordel) vient le chercher dans sa villa, etc. Il est en mauvaise posture et il se sait, aussi accepte-t-il le rendez-vous d'un certain "cow-boy", dans un ranch abandonné, en sachant très bien que c'est n'importe quoi. On ne sait pas pourquoi un pauvre réalisateur se retrouve avec le monde entier sur le dos parce qu'il n'a pas cédé aux revendications de deux Italiens, ni pourquoi diable Camilla Rhodes, qu'on ne voit vraiment pas beaucoup, devrait être dans ce film, et pourquoi le cow-boy est charismatique malgré les répliques sans intérêt qu'il nous sort. C'est ça Mulholland Drive.

Sorte de trame secondaire : Joe

Joe Messing (Mark Pellegrino) est un tueur à gages. Il tue quelqu'un au début pour une histoire de "Livre Noir de Ed", mais se foire lamentablement, et doit tuer deux autres personnes et un aspirateur pour ne pas se compromettre dans une des scènes les plus rocambolesques de l'histoire du cinéma. Plus tard, on le voit interroger une péripatéticienne au sujet d'une femme brune, probablement Rita. On le revoit encore, mais ce serait spoiler.

Bon c'est vrai qu'il n'est pas franchement dans les protagonistes, mais il a la classe. Et ça c'est important.

Les "pourquoi que" du film

Attention, partie spoiler, ou plutôt partie où l'on tentera d'expliquer pourquoi que ci et pourquoi que ça. Posez des questions, répondez y, la désencyclopédie est là pour ça.

Pourquoi que Adam il a un pot de peinture rose fluo dans sa villa ?

San Francisco n'est pas loin, c'est peut être pour la Gay Pride.

Pourquoi que la brune elle choisit de s'appeller Rita ?

Parce qu'elle a vu quelque part dans l'appartement de Betty une affiche d'un film avec Rita Hayworth, actrice spécialiste dans l'enlevage de gants. Ou alors c'est un code. En effet, quand on remplace "r" par "a", "i" par "b", et "t" par "b", ça donne ABBA. Ca ne s'invente pas.


Palimpseste I

Bon, alors autant vous prévenir tout de suite, je ne vais pas vous infliger les jeux de mots biscornus sur le titre, devenus trop courants sur ce site, du genre : "Ce film raconte l'histoire d'un pilote de mules hollandaises"... A la réflexion, je vais vous les infliger quand même... Ce brave et honnête film raconte donc le brave et honnête parcours du brave et honnête Steve, fils d'un brave et honnête couple de fermiers, qui depuis sa plus tendre, brave et honnête enfance, nourrit une passion brave et honnête et sans borne pour la mule hollandaise, cet animal brave, honnête, noble et fier, au pelage doté, croit-on, de vertus aphrodisiaques (ainsi que des vertus de bravoure et d'honnêteté mais ça devient lourd, cette histoire). Très tôt il décide de faire de cette passion son métier : il sera pilote de mule hollandaise et personne ne pourra l'en dissuader, ni ses parents que cette perspective effraie, ni les nombreux décès qui chaque année surviennent en course, ni l'odeur pestilentielle des mules hollandaises élevées au fromage de Hollande pur porc. Devant l'incompréhension bien compréhensible des siens, Steve quitte le domicile familial à 8 ans, et part sur les routes pour assouvir sa passion. En chemin, il rencontre Jenny, une jeune toreadeuse autiste avec qui il découvrira les dominos, l'amour et les disques de Dave. Pendant plusieurs années, Steve participe à des petites courses régionales sans envergure qu'il domine de la tête et des épaules, jusqu'au jour où le chef du département sport de la plus grande compagnie de mules hollandaises lui propose un volant officiel (où plutôt des oreilles officielles). Son talent va enfin pouvoir s'exercer au plus haut niveau ! Mais la désillusion est cruelle pour le bien naïf Steve, car le monde des courses de mules hollandaises est loin de ressembler à l'univers idéal qu'il s'était imaginé étant enfant. Ce ne sont que coups tordus, manigances et dessous-de-boxe-de-table. Les courses sont truquées, les mules shootées au crack pour tenir la distance, bref, le mythe de Steve s'écroule... Refusant de se plier aux injonctions de son manager qui lui avait donné l'ordre de se coucher à la troisième reprise, Steve se met à dos la maffia locale qui prend alors Jenny en otage. Se fichant pas mal de cette conne mais pas de ses disques de Dave, Steve finit par renoncer à ses idéaux et entre dans le moule d'une société corrompue jusqu'à la moëlle.

Pessimiste au possible, ce parcours initiatique et semé d'embûches d'un brave et honnête garçon dans une Hollande déchirée par les luttes de pouvoir vous fera vous demander pourquoi vous êtes né et surtout pourquoi vous vous entêtez à continuer à vivre. Un David Lynch comme on aimerait en voir plus souvent !!! (Selon E-Kritic )

Les 10 clés de David Lynch

David Linch a été assez sympathique pour diffuser ce qu'il appelle les clés de son film permettant de comprendre l'Histoire. MAIS, même après trois visionnages attentifs (très long métrage) et le visionnage d'un documentaire sur le sujet, de nombreuses questions reste sans réponses. MAIS devant la beauté de ce film (et de ses actrices), est-ce vraiment le problème?

1 Au début du film : 2 clés sont données avant générique

2 Observez quand l'abat-jour rouge apparait

3 Attention au titre du film pour lequel Kescher auditionne les actrices ? Ce titre est-il mentionné à nouveau ?

4 Qui donne la clef et pourquoi ?

5 Faites attention à l'endroit ou se déroule l'accident

6 Faites attention à la robe, au cendrier, à la tasse à café

7 Tout se joue au club « Silencio »

8 Camilla n'a t elle réussi que par son talent ?

9 Attention aux détails autour de l'homme derrière Winkies

10 Où est tante Ruth ?

Psychanalyse au Club Silencio

Intéressons-nous à la scène au club Silencio dans laquelle le rêve bascule dans le fantastique, et qui va précipiter le réveil. Le rêve, on l'a vu, tente sans cesse de détourner le rêveur du réel insupportable en recouvrant la réalité d'un voile idéalisant. Mais le réel insiste et les deux héroïnes trouvent le cadavre décomposé. C'est juste après - et ce n'est pas fortuit - qu'a lieu la scène d'amour merveilleuse entre les deux femmes où le réel est à nouveau recouvert par un voile fantasmatique. On peut en effet considérer l'acte sexuel entre les deux femmes, doux, voluptueux et sentimental, comme l'acmé du fantasme dans le rêve. Et que représente ce fantasme ? Le rapport sexuel parfait de l'héroïne, Betty-Diane, avec son moi-idéal de star hollywoodienne, Rita-Gilda. Que se passe-t-il, juste après, au club Silencio ? Puisque cette scène succède à la scène d'amour, on doit logiquement s'attendre à un retour du réel. Et, en effet, immédiatement après l'amour, Rita commence à retrouver la mémoire dans une autre langue, l'espagnol. Or, si celle-ci lui revenait complètement, elle saurait qu'elle est morte : le réel existerait, incontournable. Alors, le rêve tente, encore, un dernier détour : silencio, n'est-ce pas en effet le silence de la mort ? Mais c'est aussi un club où se chante une belle chanson d'amour « llorando » (en pleurant), où une femme se meurt d'amour sur la scène. C'est l'endroit où l'on voit, comme dans d'autres films de Lynch, la musique puis surtout la voix se séparer du corps qui la cause. Effet inquiétant qui utilise la technique et qui nous montre que tout peut continuer sans nous, enregistré, même quand nous serons morts (comme Camilla-Rita conservée spectralement dans le souvenir de la rêveuse). Est-ce ce qui supporte une croyance « matérialiste » en une survie après la mort ? Jusqu'où d'ailleurs va cette croyance pour Lynch, qui nous montre à la fin de ce film, à l'instar de « Fire walk with me », l'ascension des visages angéliques des mortes, comme s'il figurait la montée au ciel de leur âme transfigurée? Comme si le réel de la mort restait foncièrement irreprésentable, et ne pouvait qu'être évoqué par des visions hallucinées de l'au-delà. D'autre part, dans ce décollement de la voix et du corps au club Silencio, n'est-ce pas la pulsion qui apparaît à nu, celle qui agite en fait les corps qui viennent de s'étreindre dans un acte d'amour qui, finalement, les conduira à la mort, passion aidant ? C'est le support mortel de la pulsion qui est mis en scène au club Silencio, la pulsion de mort de Freud enveloppée la voix. Le regard y est évoqué aussi quand Betty est secouée frénétiquement par des spasmes de sanglot, hors d'elle comme elle le sera après son réveil, au moment où elle aura devant elle la vision hallucinée de Camilla qui la regarde en silence. Spasmes de chagrin, de remords, de culpabilité : le spectre ne la quittera plus. Au club Silencio, on peut donc parler d'une émergence du réel de la pulsion à travers le fantasme de la rêveuse, le voile imaginaire du fantasme étant, par contre, tendu à son maximum lors de la scène d'amour idéale avec Rita.

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