Testostérone synthétique
La testostérone artificielle, qui fut synthétisée le 17 juin 2008 à 14 h 34 par les professeurs Sébastien LAMOI et Wolfgang BANG, eut une existence très brève, puisqu’à peine neuf minutes plus tard, il ne restait plus aucune trace de cette découverte.
Le contexte
Devant le succès mondial du Viagra et ses succédanés, deux chercheurs de l’Université de Zyva ont eu l’idée de remédier au problème de la baisse de performance sexuelle masculine en agissant non pas sur l’aspect purement physique du problème (comme peut le faire le Viagra qui n’est rien d’autre qu’un vaso-dilatateur augmentant mécaniquement la taille du pénis en créant une érection artificielle, fastoche!), mais en amont, au niveau hormonal. L’idée de la production de testostérone synthétique était née, et sa réalisation allait être finalement assez rapide pour nos deux compères chercheurs.
La formule
Comme dit supra, il ne reste absolument rien de cette découverte, si ce n’est les témoignages des assistants doctorants de l’époque. La formule exacte est perdue à jamais mais les principes actifs les plus importants en auraient été la graisse de moteur, la sueur de cheval, le poil poitrinaire de Robbie Williams et le cheveu de José(e ?) D*y*n. (réalisateur/trice de films).
L’expérience
- 14 h 30 : le professeur Wolfgang BANG annonce à son compère que l’excipient est désormais prêt à être mélangé à l’extrait pur. Le professeur LAMOI, à l’aide son compte-gouttes fétiche, humecte la poudre de quelques gouttes d’extrait pur. Le mélange commence à frissonner.
- 14 h 32 : les premières vapeurs commencent à s’échapper de l’éprouvette ; BANG, visiblement gêné, se demande si son calcul des proportions est bien exact. Sa fébrilité –attisée par les perspectives rayonnantes de ses futures performances auprès des sublimes gonzesses- ne l’aurait-elle pas trahi ?
- 14 h 33 : LAMOI somme ses assistantes de bien vouloir quitter le laboratoire, ce qu’elles font en courant, suivies par les autres assistants doctorants, inquiets eux aussi. Apeurés mais curieux, ils attendent en regardant au travers de la porte vitrée du laboratoire.
- 14 h 34 : un nuage de fumée envahit le laboratoire : la testostérone synthétique est née.
- 14 h 34 et 4 secondes : les premiers rugissements se font entendre, faisant trembler les minces cloisons de tout le bâtiment B de l’Université. La pièce étant toujours enfumée, les témoins ne voient rien et attendent avec anxiété la suite de l’expérience.
- 14 h 35 : alors que le nuage de fumée se dissipe peu à peu, et que les rugissements se font de plus en plus graves et violents, les silhouettes des deux chercheurs commencent à être visibles. Vanessa, l’assistante bulgare, perd connaissance et tombe dans les bras de son collègue allemand, médusé.
- 14 h 37 : l’odeur âcre de sueur et d’urine (« pire que celle d’un tigre ! », précisera Luigi C., gardien du bâtiment) envahit la totalité du campus universitaire. L’alarme est donnée par Kévin, l’assistant australien, dont le téléphone portable cessera d’émettre quelques secondes plus tard, corrodé par les émanations. À l’intérieur du laboratoire, maintenant libre de toute fumée, les deux chercheurs se livrent à un pugilat d’une violence inouïe. Leur apparence a radicalement changé : le visage de LAMOI est devenu hirsute, de longs poils dépassent de sa blouse ; BANG a grandi de plus de 30 centimètres et est désormais beaucoup plus gros. Tous deux affichent une énorme protubérance à l’entrejambe, qui, aux dires des témoins, enfle à vue d’œil. Les deux hommes hurlent des obscénités d’une vulgarité indicible en se jetant au visage les lourdes machines et les instruments qui meublent le laboratoire.
- 14 h 38 : Sonia, l’étudiante polonaise, ne peut retenir un hurlement d’effroi lorsqu'une masse de chair rouge sang de plus de soixante centimètres et quarante kilos surgit du pantalon craqué du professeur LAMOI : l’attention de BANG (dont l’entrejambe subit lui aussi les mêmes transformations) est alors détournée de son collègue et se pose sur les trois courageuses étudiantes femelles qui sont de l’autre côté de la porte, paralysées par la peur et la stupéfaction.
- 14 h 39 : l’entièreté du laboratoire ayant été détruite à mains nues, cloisons comprises, les deux assaillants se jettent sur Irina, jeune doctorante slovaque arrivée la veille de l’université de Bratislava. Ne parvenant pas à se mettre d’accord sur l’ordre de priorité qui prévaut en cas de viol avec acte de barbarie, ils finissent, toujours en hurlant des insultes au monde entier, par lui faire subir les pires outrages. En même temps! Et en dévorant ce qui reste du corps de Wilson, qui n’avait pas pu s’enfuir assez rapidement, bloqué qu’il était par la centrifugeuse protonique de plus d’une tonne qui avait été projetée depuis l’autre bout du laboratoire.
- 14 h 41 : Les premiers membres de l’équipe de sécurité arrivent. Plusieurs perdent connaissance devant la violence de la scène : au milieu d’une mare de sang de leurs onze victimes, et tout en continuant à se battre, les deux professeurs, dont le membre viril atteint maintenant la taille d’un mètre quarante sept et cent cinquante-huit kilos couverts de poils drus et odorants, tentent, avec plus ou moins de réussite, de violer les conduits d’aération ainsi que la bouche d’égout, dont la plaque de fonte a été mordue par l’un d’eux.
- 14 h 43 : alors que les deux chercheurs (2 m 71 ; 400 kg dont 250 de sexe et de poil, couverts de sueur, le corps rougeoyant, déformés par des veines palpitantes larges comme de tuyaux d’arrosage) tentent de s’auto-sodomiser, ils se pétrifient et tombent par terre, agités de spasmes.
L’enquête mettra en évidence le fait que c’est à ce moment-là que fut diffusé sur Virgin radio, en exclusivité mondiale, le dernier titre de Tokio Hotel.
Conclusion
Les grilles d’aération du bâtiment B ont depuis lors été fondues dans un alliage de carbure de tungsténium uraniumisé à l’épreuve de la destruction. Accessoirement, le rasage des aisselles est désormais interdit pour toutes les stagiaires dans tous les laboratoires de l’université.
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