Utilisateur:Monsieur Brouillon/Conclure avec une astronaute

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Ca y est, vous êtes parvenu au terme de votre entraînement d’astronaute ! Après avoir enduré pendant trois ans des tests à la con qui vous ont fait vomir vingt fois votre propre poids et vous ont probablement rendu stérile, vous allez enfin pouvoir vivre l’apothéose de votre carrière de dentiste. « De dentiste ? » Oui, vous ne croyiez quand même pas que vous étiez astronaute de métier, vous êtes bien trop con pour ça. Votre voyage pour l’espace, vous l’avez gagné à un jeu concours, et ce qui vous a motivé au long de ces trois années de calvaire, c’est de pouvoir voler en duo avec la fabuleuse Lucy McBrady, astronaute et chef du projet « Renflouons les caisses » de la NASA. Pendant une semaine, vous serez tous les deux à quelques dizaines de milliers de kilomètres de la Terre, et vous espérez pouvoir conclure avec cette bombe qui n’a même pas daigné assister à votre préparation.

Le pourquoi du comment

Vos collègues dentistes ont bien rigolé quand vous leur avez annoncé que vous aviez gagné un voyage dans l’espace en renvoyant un coupon trouvé dans une barre chocolatée. Mais il faut dire aussi qu’un rien les amuse ces blaireaux, comme parler pendant trois heures d’infection des gencives ou de dents qui poussent à l’envers. Enfin toujours est-il qu’ils ont un peu tiré la tronche quand vous avez revendu votre cabinet pour partir à Miami et devenir un héros de l’humanité. Au début vous avez été un peu impressionné par tous ces Américains. Les Américains, c’est un peu comme des Canadiens, mais en plus beaux. C’est le commandant Peter « bullet » Staunton Jr. qui vous a accueilli à Cap Canaveral, haut lieu de l’astronautique où vous effectueriez votre entraînement. Il s’est tout de suite pris de sympathie pour vous :

— Hello le petit frenchy, la France, j’adoooore ! Mon grand-père a combattu en Normandie. Moi j’ai combattu en Irak et en Afghanistan, dans l’armée de l’air... J’ai passé trois ans dans une prison à Kaboul avant de réussir à m’échapper en rongeant les barreaux de ma cellule, et puis j’ai traversé le désert avec une cheville cassée, j’ai réussi à survivre en buvant mon urine. Après comme je m’ennuyais, et qu’il n’y avait plus de guerre, je suis devenu astronaute, et j’ai failli mourir trois fois…et toi l’ami que fais-tu dans la vie ?
— Euh…bonjour, Dr. Jean-Pierre Vincent, je soigne les dents des gens…je suis dentiste...
— Hahahaha, sacré farceur, j’adooore l’humour français… !

Vous n’avez malheureusement pas pu apprendre à mieux connaître le sympathique commandant Staunton qui s’est désintégré dans l’atmosphère la semaine suivante.

En route

Enfin, vous êtes assis près de Lucy, à attendre le décollage. Dans votre journal de bord vous avez noté par la suite :

« Nos cuisses se touchent presque, je peux sentir son charisme presque animal qui transperce son scaphandre tandis que le Capcom égrène le compte à rebours. »

Le premier contact avec Lucy a été un peu froid, il faut dire que malgré trois années passées entre la Floride, le Texas et la Californie, vous êtes à peine capable d’aligner trois mots en anglais, même si vous avez la bonne excuse d’être Français, ça peut être interprété comme de la mauvaise volonté.

— Hello Lucy, good morning, I am Jean-Pierre, Doctor Jean-Pierre, I am French…
— What’s the fuck ?
— You are very beautiful teeth !
— Go away, bullshit !
— Hahahaha ! Yes, me too !
— ...

Enfin…sûrement qu’elle avait ses règles ou alors elle était triste de la mort du lieutenant Walter “iron” Bradford Jr., son coéquipier qui s’était désintégré dans l’atmosphère la semaine dernière.

Soudain les quatre moteurs surpuissants du lanceur crachent leur pleine puissance et vous êtes plaqué à votre fauteuil, inspirant avec peine, tel un chien asthmatique, des petites bouffées d’oxygène.

« Oh la vache ça troue le cul ! »ne pouvez-vous pas vous retenir de lâcher dans le circuit interne de communication. A vos côtés Lucy, impassible et professionnelle, communique les paramètres de vol au centre de contrôle. Cela lui fait une voix comme dans les films américains quand on parle par talkie-walkie, vous êtes très impressionné. Peu à peu envahi par la fougue, vous sentant enfin appartenir à ce monde de héros, vous y allez aussi de votre petit commentaire :

— Hello! Charlie Roger, three two one…Here it is Jean-Pierre, I am very OK, it is a small step for man, but…
— Shut up bullshit!

C’est Lucy qui a coupé votre micro. Elle n’a pas aimé qu’on l’interrompe, les astronautes aussi ont leur fierté.


En orbite

La fureur du décollage a vite laissé place au calme serein de l’apesanteur, tandis que vous étiez placés en orbite terrestre. Vous avez à peine eu le temps de dévisser votre scaphandre pour gerber lamentablement dans le premier récipient que vous trouviez. L’instant de honte a vite été remplacé par l’émerveillement de voir les restes pré-digérés de votre petit déjeuner flotter en mille billes colorées autour de votre tête et de celle de Lucy. Celle-ci, d’un air dégoûté, vous a tendu un sachet hermétique en polymère à mémoire de forme dont chaque exemplaire coûte 5000 dollars. Bon évidemment ça semble un peu mal barré pour séduire Lucy mais il vous reste 6 jours pour vous rattraper. Le tout est de réfléchir et d’établir un plan d’attaque. A vous de jouer, voyons de quoi vous êtes capable…


Mon plan d'attaque

Trouver un sujet de conversation

Depuis le début j’ai remarqué que Lucy est d’un naturel plutôt réservé. Evidemment la barrière de la langue n’aide pas à nouer un contact durable mais il faut passer outre ces difficultés. Il faut que je puisse me lancer dans des discussions à bâtons rompus avec elle afin que je la surprenne par ma culture et qu’elle tombe sous mon charme. Le hic c’est qu’il risque d’être assez difficile de l’impressionner. Avant de devenir lieutenant-colonel dans l’US Navy, Lucy a également obtenu des doctorats en « Algèbre un peu linéaire » et en « Magnétoresistance des fluides visqueux mais pas trop ». Je pourrais essayer de l’intéresser à la technique de détartrage des molaires, mais j’ai peur que parler de sciences encore et toujours finisse par l’ennuyer…Ah oui, maintenant je sais ! Je l’ai observé plusieurs fois roulant à fond de cale dans sa corvette après ses journées de travail. C’est sûr, elle est passionnée d’automobile, allez je me lance…

— Lucy, excuse me to disturb you but, do you know Olivier Panis ?
— Penis ? What the fuck are you talking about ?
— It is a very well famous pilot of formula one, he is french like me. I have see him one time in Sablé-sur-Sarthe, it is my village…
— Shut up! Go and burn fucking bullshit!

User de la "French Touch"

Bon, l’automobile, finalement ça na pas l’air de la passionner plus que ça. Je passe donc au plan B. C’est vrai que les Français ont la réputation d’être de petits prétentieux peu regardant sur leur hygiène corporelle, mais nous sommes aussi réputés pour notre manière de tirer profit des bons côtés de la vie, à commencer par la gastronomie. Lucy effectue une sortie spatiale pour remplacer un circuit imprimé de ventilation qui a grillé suite à un court-circuit provoqué par mon vomi, je vais en profiter pour lui préparer un petit dîner en amoureux. Par contre purée ! Allumer une bougie en apesanteur y a pas moyen, il faudra s’en passer. Bon allez, voyons ce qu’il y a dans les placards…


20 minutes plus tard----

— Ah Lucy, welcome back, surprise !
— HAAaaaarrrrgggg!

Passer au plan C

Lucy m’évite depuis quatre jours, elle m’en veut un peu d’avoir gaspillé les trois quarts de nos provisions l’autre jour. En plus ça n’a rien arrangé quand je me suis brossé les dents avec la dinde rôtie aux speculoos, ils sont cons aussi ces astronautes à mettre la bouffe dans des tubes.

Et puis l’espace, ça me déçoit un peu, ça sent vraiment le poney dans cette cabine. Et le bruit…entre la machinerie qui vibre et Houston qui nous appelle toutes les deux heures pour nous dire qu’ils vont rappeler…Et nous de répondre à chaque fois, « non Houston on n’a pas de problèmes ! » Dans mon journal de bord j’ai noté cette phrase évocatrice:

« Le silence cosmique du néant galactique…Mon cul ouais ! »

En tout cas pour Lucy, je suis passé au plan C : attendre un coup de pouce du destin. Je me borne à faire les quelques expériences de mécanique qu’on m’a confié, il s’agit en effet de rentabiliser au maximum les voyages dans l’espace, d’après Werner Von Blau, le directeur des opérations de la NASA. Pour ma part je suis chargé de lancer un chat –Galapagos-, vers une paroi de la cabine, et de voir si il se réceptionne sur les pattes. A Miami ils m’ont dit « Vas-y franco avec, de toute façon, vous ne le ramenez pas avec vous, on va le laisser flotter quelquepart sur une orbite géostationnaire... »

Alors moi toute la journée je lance Galapagos contre les murs, et je note si il les touche avec ses pattes, sa tête, son dos… Bref, je m’emmerde, et je n’apprends rien de plus que je n’avais déjà vu dans Apollo XIII ou Armagedon.

Youhouu !

Punaise ! Difficile après ça de ne pas devenir croyant ! Alors que je regardais Galapagos se recevoir sur la tronche une fois de plus, et que je me préparais pour le retour avec une vague crainte de me désintégrer dans l’atmosphère, Lucy est venue me voir, avec un air mi-dégoûté mi-gêné, mi-choco choqué.

— Hi guy ! You’ve been chosen for the first space sex experience…

Je ne comprends pas toujours ce qu’elle dit à cause de son accent américain pourri, mais là « sex experience », ça ne m’a pas échappé. J'ai bredouillé quelquechose comme:

— Sexperience…oh really?
— Unfortunately yes…

Et là ni une ni deux, Lucy s’est déshabillée en un rien de temps, ce qui n’est pas une mince affaire en apesanteur. Puis elle m’a arraché ma combinaison et mon caleçon Diego l’aventurier. Après ça c’est un peu compliqué parce qu’on arrivait pas à s’accrocher l’un à l’autre. Finalement j’ai dû la projeter contre une paroi comme je faisais avec Galapagos et l’immobiliser en me plaquant sur elle. J’avoue qu’à un moment donné j’ai eu une petite crainte que ma semence ne se répande partout dans la cabine de pilotage et ne provoque à nouveau un court-circuit.