Confucius

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— Wesh, respect, bien ou bien cousin ?
— Respect, bien, t’as vu. Et toi, labesse ?
— Labesse, respect.
— …
— Bon ben, faut qu’j’y aille, porte toi bien.
— Ouais, pareil. Respect.


Ils ne le savent pas encore, mais ces deux individus sont bel et bien des disciples du confucianisme.

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L’homme

Avant de devenir un dogme dont on est le disciple, Confucius était un homme. Tel n’était pas son vrai nom mais, comme un inuit qui s’appellerait José, c’est sous ce nom latin décomplexé que nous le connaissons.
Or Confucius était avant tout un Chinois, avec tout ce que cela implique :

Liste des préjugés sur les Chinois


Il est donc né à, allez, Zou, en 551, avec un nom, un prénom, une mère, un père, tous les quatre chinois. Et cela fit de lui le premier philosophe made in china de l’Histoire. Certains objectent que Lao Tseu l’aurait précédé d’un demi-poil de cul : ce n’est pas faux, mais on s’en fout.


Certains objecteront même que trois siècles plus tard, Boubouddha (ici en arrière plan) absorbera ET Lao Tseu ET Confucius.

Confucius était un homme qui fut dès sa prime jeunesse très axé religion et tradition, ce qui fait qu’il n’eut pas d’ami avant d’avoir eu du fric. Il devint donc ministre très tôt.

Le dignitaire

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Il avait bien gratté question CDD jusqu’à lors, et était bien décidé à trouver un emploi stable et un employeur, stable aussi. Tellement qu’il était sage et de bon conseil, les dirigeants de l’époque se l’arrachaient. Après plusieurs transferts, le mercato le conduisit finalement chez l’un d’eux, le duc de Lu (une principauté pure beurre), auprès de qui il allait pouvoir bénéficier d’un CE avantageux et, surtout, donner de la sagesse et du bon conseil. Car on l’aura compris, Confucius n’a pas acquis sa renommée au titre de présentateur de Direct 8, hein. Dans ses lettres de noblesse, pas un mot ne faisait moins de trois syllabes. Et sur le plateau d’On ne demande qu’à en réfléchir, il n’avait que des 20. Mais Confucius n’était pas homme à se reposer sur ses lauriers. Aussi lorsque ledit duc décida de donner du dard à des danseuses plutôt qu’à la gouvernance de son beau pays (le pays en lui-même est beau, ce qui gâche tout c’est juste les gens qui y vivent en fait), le saint homme fut très colère. Et de petit conseiller frêle rabougri il se changea en véritable bête de sexe de philosophie. Mais pas vraiment tout d’un coup.

« ...Confucius se changea en véritable bête de sexe de la philosophie... »

La retraite à 14 ans

Searchtool.jpg Il fallait attirer l’œil rêveur du lecteur sur ce paragraphe, mais c’est bel et bien une retraite DE quatorze ans qu’il fallait lire ce qui, admettons-le, aurait été plus facile en l’écrivant avec les bons mots.


Sur ces entrefaites, il décida donc qu’était venu le temps pour lui de partir se recueillir. Il partit donc. Voilà voilà. Et tout cela aurait pu ainsi s’achever si, un jour, il n’était pas aussi revenu.

Il ne renoua avec la civilisation qu’après quatorze années d’introspection, durée qu’il choisit pour ne pas perdre trop d’espérance de vie inutilement. À son retour, il était métamorphosé : il avait une barbe, le dos légèrement vouté, quelques kilos en plus et, surtout, un staphylocoque doré de la taille d’une troisième boule. Après s’être fait opérer, il partit un peu en cure. Puis il alla ranger sa chambre. Enfin, il se fit un p’tit sandwich. Il entreprit ensuite de révéler au monde ce qu’il avait appris.

Searchtool.jpg Il faut convenir de la plus grande précision de la sencyclopédie au regard de Wikipédia : sans elle nous n’aurions jamais connu de telles anecdotes.


Un maître à penser

Confucius fut un si grand pédagogue qu’il évita de justesse un procès de la part de l’association des parents d’élèves. L’argument qui fit mouche et stoppa net les poursuites à son encontre concernait Socrate et Platon, ainsi qu’un nombre incalculables de jeunes hommes ayant du mal à s’asseoir comme c’était de coutume en Grèce, où l’éducation se faisait à l’Antique. À un étudiant lui demandant de lui enseigner quelque chose, il aurait même répondu « démerde-toi tout seul », ce qui peut être traduit par « je soulève un coin du voile, à toi de soulever les autres etc. » C’est bien qu’il ne lui voulait aucun mal, en tout cas pas de cette manière.
Il ne se destina de toute manière jamais à l’enseignement, bien que ça soit ce qu’il fit la plupart du temps, quand il n’emmerdait pas les hommes de pouvoir comme un vulgaire Diogène-troll.

Yang Huo

Yang Huo était un homme politique comme les autres : il avait trahit ses maîtres et conquis autoritairement le pouvoir dans le Royaume de Lu, prenant la casquette de tyran. Il faut dire que franchement la démocratie ne lui plaisait pas du tout.

Combattant la liberté autant que faire se peut, il avait imposé un culte de la personnalité qui aurait fait pâlir de honte cette petite bite de Staline. C’est pour cela qu’il décida que tout ce qui lui ressemblait devait être rassemblé dans son palais : or et argent, mais aussi sculptures à plus ou moins son effigie (rappelons qu’il était Chinois, comme bon nombre de ses concitoyens, et partageait à ce titre quelques brides de ressemblance), tableaux, gravure et…Confucius. Car Confucius, pour son plus grand malheur, lui ressemblait énormément.

À droite, Yang Huo. À gauche, Confucius.
Avouons, sans racisme aucun, que la ressemblance entre les deux était bluffante.
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Saviez-vous que...
En réalité, Confucius fut même encore plus malin : il alla en retour voir Yang quand il n’était pas là, pour ne pas le voir (et c’est là qu’on voit son génie). Ce dernier fit de nouveau de même, et leurs joyeux échanges débouchèrent sur la création du ping-pong.

Un jour que le penseur ne répondait pas à son 300e coup de téléphone, le tyran se décida à aller le cueillir directement à son domicile. Mais Confucius, dont la sagacité dépassait les frontières de l’empire, lui joua un tour bien malin : quand Yang se présenta, il était parti se promener. C’est ainsi que Confucius parut bien malin et qu’il entra dans l’Histoire.

« Mais c'est qu'il est bien trop malin ce Confucius ! ! »
~ Yang Huo

Mais certaines personnes ont des pensées qui les dépassent, et ce fut le cas de notre homme, dont les pensées dépassaient d’un peu partout. C’est ainsi que, comme nous allons le voir, ces dernières vécurent leur vie propre dans le confucianisme, bien au-delà de Confucius, même s’il tendait les bras bien en l’air pour faire plus grand.

Le confucianisme originel

Confucius et le confucianisme, c’est blanc-bonnet, et blanc-bonnetisme : il en est la racine. Cette philosophie ressemble à de la police municipale, son but premier étant le mieux vivre ensemble sans arme de service : mais l’autorité du confucianisme est indiscutable, et jusqu’à son bannissement à coups de pompes dans le cul lors de la révolution culturelle ce dogme était, genre, la CIA de l’intellect chinois, toujours prêt à placer la bonne idée à la bonne place. Phases entremêlées de grandeur et de décadence ont cependant rendu chaotique la vie du confucianisme, qui s’en foutait royalement puisqu’il n’était qu’un concept abstrait.

Le confucianisme à la portée du premier venu

Ce qui est intéressant dans la pensée confucéenne, c’est qu’il ne faut pas être Einstein pour la formuler ou la comprendre. Tout part du principe que l’homme ne pouvant pas vivre seul et hors de la société, à quelques roms près, il lui est indispensable d’être assez calme et respectueux pour ne pas se faire casser la gueule. « Sois gentil » pourrait résumer au mieux cette philosophie, que le parolier de la chanteuse Lorie se plaît à paraphraser à chaque single.

Ce qui rend le confucianisme si attirant

C’est bien évidemment son 95D et sa bouche de suceuse, même s’il faut avouer que le taoïsme n’est pas la salope la moins bandante des doctrines orientales. Perso je chopperais bien aussi le shintoïsme par les oreilles, mais j’aurai trop peur d’attraper une MST. Ou la jaunisse.

Ce qui rend le confucianisme si attrayant

Maintenant que les bons mots ont été trouvés, continuons.

Une nourriture pour le corps et l’esprit

C’est, d’une part, qu’il est comme on l’a vu largement à la portée du premier venu, comme ta mère. Et d’autre part, il faut bien comprendre que le Chinois n’avait pas grand-chose à se mettre sous la dent durant la période des Printemps et des Automnes. À peine même avait-il des dents. Il avait roulé les premiers (les printemps), les avait consommés tout l’été, mais quand l’automne fut venu il se trouva fort dépourvu : il était prêt à bouffer du confucianisme par boîtes de 12.

Hormis cela, et ce qui fit pencher la balance en faveur du confucianisme et non du tofu ou des nouilles, c’est qu’il remplissait non seulement le ventre, mais aussi l’esprit.

Un moyen de s’endoctriner à bas coûts

L’endoctrinement n’est pas le but premier du confucianisme, et pourtant il tourne. L’objectif originel était de former des gentlemen, c’est-à-dire des gens respectueux des autres, curieux et nobles de cœur. C’est raté mais c’est pas grave : relativiser fait aussi partie du confucianisme.

Si le perfectionnement des hommes n’a donc pas pris, l’endoctrinement si. Et à bas coût ! Pas besoin de contre-réforme ou de dragonnades : le souvenir d’un vieux sur son rocher a suffit à imposer le confucianisme comme doctrine d’état pendant 2500 ans. Ça mérite un youpi.

Pour faire un parallèle éloquent, il est tout-à-fait possible de dire ceci : si le Confucius Show existait sur NBC, non seulement l’audience s’élèverait à 300 000 000 de téléspectateurs (environ tout le pays) mais en sus le staff du programme camperait dans le bureau ovale et conseillerait sagement le Président. Comme la sencyclopédie est une référence très sérieuse et qu’il ne faut pas dire de conneries, disons que c'était l'Oprah Winfrey du Vie siècle avant l'autre, là.

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Ce que renferme la pensée de Confucius

Certains pourraient trouver dégueulasse de s’aventurer aussi profondément dans la pensée de quelqu’un. Et pourtant, celle de Confucius mena une longue campagne de journées portes ouvertes, tout au long de son existence. Assis sur un rocher, ou sur un arbre quand il était d’humeur à taquiner ses disciples espérant le trouver sur son rocher habituel, Confucius enseignait.

Pour lui, l’homme ne pouvait pas vivre avec les pierres, les oiseaux et les bêtes sauvages. C’était sa façon de dire que les hommes étaient fatalement condamnés à vivre les uns avec les autres, comme Natasha Kampusch fut obligée de vivre dans la cave de son voisin pendant 3096 jours, et pas toujours dans la joie. Ce n’est d’ailleurs pas toujours dans la joie que l’homme vit ses guerres et autres interactions qui lui sont propres. Propre, Natacha Kampush ne l’était qu’un jour sur trois car la cave n’était pas munie de douche, pas plus que de lumière d’ailleurs. C’est cette lumière que fait Confucius sur les relations entre les hommes.

Les relations hommes-femmes ont toujours été très compliquées : ne critiquez pas ce que vous ne pouvez comprendre.

Loin des clichés habituels sur un paradis, un enfer et comme quoi Dieu est grand et fait donc un peu mal quand il pratique la sodomie, Confucius s’est attaché (métaphoriquement) à comprendre le secret d’une société forte et pacifiste, dans laquelle tous les membres sont interdépendants. Un début de communisme, saupoudré d’un peu de philosophie et de sucre glace, que la Révolution de 1911 changera en communisme tout court, pas saupoudré du tout.

Le confucianisme européen

En Europe, qui fut le seul continent qui vaille pendant un bon bout de temps, Confucius eut quelque mal à passer : au VIe siècle avant Jésus, la religion chrétinne n’existait pas encore, tout comme l’amour de son prochain et le respect de ses ancêtres. Ainsi crachait-on régulièrement à la face du premier, qu’on croisait souvent quand on avait une envie pressante d’aller pisser sur la tombe des seconds.

Confucius fut donc confronté à des réticences inattendues :

Confucius : Bonjour, je viens vous enseigner à aimer, respecter et réfléchir. Ça marche pas mal là d’où je viens.
L’Europe : Waaaaa, il est ouf ce mec, t’as pas remarqué qu’on avait déjà pas mal à faire avec les colonisations successives des grecs et des phéniciens ? Sans parler des barbares, on sait pas trop ce qu’ils veulent ceux-là, à part se taper nos femmes et nous taper dessus !
Confucius : Mais là d’où j’arrive, voici des décennies que les Royaumes Combattants font leur loi, qu’un seul Empereur a du mal à faire régner l’unité mais qu’il essaie grâce à l’autorité que lui confère ses origines célestes.
L’Europe : Ah oui mais là tu nous emmerdes : un monarque envoyé par Dieu ? Pourquoi pas un centriste aux présidentielles ? Ou un sucre dans un potage tomate !
Confucius : En vérité je vous le dis…
L’Europe : Oui, bon ben ça va là. Casse-toi maintenant, revient dans quelques siècles.

Confucius n’était pas con, mais il faisait beaucoup d’efforts. Il retourna donc méditer, cette fois-ci pendant près de 2500 ans, avant de revenir aujourd’hui avec de nouveaux arguments mieux ficelés.

Confucius reviendra un peu comme ça.

Le confucianisme aujourd’hui

De nos jours, l’héritage de Confucius est solide et son apport indiscutable. C’est l’existence de son spectre omniprésent qui rend les Chinois si heureux. Si, si. Bref, en tout cas comme Socrate il n’a pas écrit grand-chose, trop occupé qu’il était à imposer le respect. Mais par le travail de son disciple Zengzi et celui des disciples de ce dernier, Confucius put donner quelque chose à la postérité.

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Par la grâce de l’internet, on assiste au XXIe siècle à une résurgence des enseignements de Confucius, principalement à Singapour et dans d’autres pays comme ça. Ses analectes ont été réédités, avec une préface de Bernard-Henri Lévy revisitant entièrement la lecture traditionnellement faite de ces textes :

Les Entretiens de Confucius ne peuvent être pris pour de la philosophie. La philosophie, en tant qu’amour du salaire que donne la sagesse, est une fin en soi, un aboutissement. On apprend la philosophie pour devenir philosophe ou avoir une note correcte au baccalauréat. Tout au contraire, la morale confucéenne est une limite à la possibilité de s’enrichir : et dans ce sens, on peut affirmer qu’en diffusant le respect d’autrui, le confucianisme sacrifie ce qui fait de nous des êtres humains…Confucius10.jpg


Notre égoïsme.

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