Boire VS Manger
Boire VS Manger est l'un des principaux éléments déclencheurs de la 4ème guerre fratricide de l'académie française.
Premier sondage
En 1974, les éminents membres de l'académie française se sont aperçus qu'un dédain poétique naissait à l'intérieur des crânes garnis du peuple. Le Monseigneur-Président de l'époque, Charles-Octave Nyctalope, élu à l'autosuffrage, commanda un sondage Flop (société rebaptisée en 1983 "Ifop") pour connaître les raisons de ce soudain désintéressement de l'opinion publique à l'égard du mouvement qu'il représentait. Les résultats valurent une attaque de priapisme au bras droit du Monseigneur-Président, qu'on dût amputer dans l'urgence.
- Le cerveau et la bite sont des muscles, mais je n'ai pas assez de temps pour les travailler tous les deux. J'ai dû faire un choix (12%).
- Ma télé est bloquée sur TF1 depuis que j'ai tronçonné la télécommande sur le dos de ma femme pour faire comme Jean-Luc Reichman (8%).
- J'ai perdu mes facultés cognitives le jour où j'ai tué ma mère en essayant de retourner dans son ventre (0.01%).
- Quand on me dit quelque chose d'intelligent, je trouve ça bête. Donc je rigole (70%).
- Qu'est ce qu'on en a à foutre de cette putain de langue française quand on voit la façon dont ces crétins de jeunes et ces rétrogrades de vieux campent sur leurs positions sans faire de concessions, les premiers futurs vieux débris donc futurs membres de l'acradémie, les seconds bientôt mort et n'ayant pas encore compris qu'on ne s'agrippe pas à un bateau qui coule (0%).
- Les académiciennes ont des seins qui dégouteraient un bébé assoiffé (24%).
- Mon fils de 7 ans a vu le film "les zombies y vont à la petite cuillère", ça l'a fait rire, on a regardé le Biopic de C-O Nyctalope sur dOdOtV, il a fait des cauchemars pendant 3 jours. Mais que fais le CSA, merde ? Y'a des déductions fiscales pour compenser le temps que j'ai passé à le baffer pour qu'il se rendorme ? (0.02%).
- Vous pourriez pas faire en sorte d'engager des sondeurs qui font l'effort de vérifier que le total de leur statistique fait bien 100 ? (257,89%).
Suite à cela, une décision s'imposait. Après s'être consulté lui-même, le Monseigneur-Président se retrouva face à deux alternatives : Fuir à Varennes ou tenter le tout pour le tout pour reconquérir son public. Eunuque de circonstance, il opta pour la première solution. George Bethz, un clodo nazi qui n'était pas retourné au Bochland avec son fernmelderegiment lors du retrait des troupes allemandes en 45, déclarera plus tard à la gouttière qui l'abreuvait les jours de pluie à propos de la décision de CON: "L'histoire se répète".
Jeudi Gris
Plusieurs théories existent concernant cette appellation de "gris". En 2004, Enzo Dingdong, auteur du livre "Les grenouilles volantes sont-elles comestibles ?", avancera une hypothèse encore aujourd'hui très controversée.
"Ben c'est parce qu'il faisait gris ce jour là. Un peu comme quand il pleut, mais sans la pluie quoi. D'ailleurs quelle coïncidence, je traite du sujet dans mon livre, et de bien d'autre encore, y'a même des recettes de cuisine et une centaine de mode d'emploi Ikea, il faut que vous l'achetiez, s'il vous plaît, j'ai un crédit à rembourser et ma chatte vient de faire des petits, c'est que ça bouffe ces saloperies. Achetez-le, putain ! J'ai planqué un peu de shit dans les couvertures ! "
C'est de loin la plus crédible. Pourtant, certain aventureux, habitués du hors-piste et de l'agonie étouffés sous des avalanches de critiques, ont osé aller plus loin dans la subodorisation. Jean Philippe O'Marie, journaliste investigateur à Pomme d'Api, fait parti de ces casse-cou. Inspiré, il développa deux idées sans jamais réussir à choisir laquelle il préférait.
"Le gris est un symbole lié à l'alcool, c'est un jeudi "grisé" par tous les affreux évènement qui s'y passèrent. Je pense que CON a choisi cet adjectif pour montrer l'intensité des heures qu'il a vécu, signifier qu'à force de rebondissements, une journée se floute. Ou alors ça à un rapport avec le graphite, qui a la particularité d'être conducteur et, accouplé à une feuille, donner naissance à des inscriptions, on pourrait y voir un désir refoulé d'avoir eu un contrôle accru sur les évènements "
Début 2008, CON surprit toute la classe intellectuelle en écrivant dans ses mémoires :
"En fait, je voulais absolument une couleur, pour que la métaphore soit accessible aux simples d'esprit. Le noir étant déjà pris, j'eus un léger penchant pour le rose mais il ne reflétait pas la brutalité qu'il m'était cher d'exprimer, et les autres couleurs ne me plaisaient pas"
Étant un auteur médiocre méprisé par les tiques de mon chien, je ne me sens pas digne de décrire cette journée aussi bien que CON l'à fait dans ses mémoires, aussi par dignité pour vous (ou toi selon ton QI), je m'efface.
Ce matin là, le soleil ne s'était pas levé comme d'ordinaire. Une brume londonienne recouvrait le chemin de terre sur lequel mon automobilette évoluait doucement, épousant à la perfection chaque imperfectibilité du terrain cahoteux. Le moteur effrayait les oiseaux qui semblaient s'envoler vers mon coeur vide. Tout va mal à Paris. Les sondages sont comme le roi qui m'a précédé sur ces chemins tortueux, ils ont perdu la tête. Je pense à lui, monarque effrayé par ces gueux nauséabonds pointant leur fourche crasseuse sur son divin postérieur, et j'ai mal à un endroit que je ne pourrais situer. J'ai mal en mon moi profond. Aïe.Tout se passe à merveille. J'ai rendez-vous pour le déjeuner avec un ami qui va me faire passer en Prusse du Sud, loin de la haine qui se déchaîne à mon égard. La peur profonde qui me pénétrait chaque soir n'est plus, je la sens qui sors et s'en va par la vitre arrière, c'est un sentiment libérateur. Je suis transporté, le panneau m'indique qu'il ne me reste plus beaucoup d'essence, heureusement, sinon je ne l'aurais remarqué qu'à l'instant de la panne. Je le remercie et m'arrête à la station-service. Je me retourne une dernière fois pour voir la route anciennement pavée que je viens de parcourir. Il me semble entendre les sabots des chevaux du carrosse royal, un souffle glacé me fait frissonner les poils du dos, j'imagine le quadruple arrière petit fils du fondateur de l'académie française assis sur un siège inconfortable, indigne à son rang, inconscient du danger qui le poursuit. Une larme caresse ma joue et tombe dans la merde de chien sur laquelle j'aurais marché sans cette minute d'émotion. 200 ans après, le roi est encore un bienfaiteur pour ceux qui croient en lui. Et puis...plus rien. Mais je me souviens que c'était intense, comme ma première fois avec cette Brésilienne à la voix grave
Merci, Charles-Octave. Cela nous change de la médiocrité ambiante, je me sens petit à côté de vous, tout petit, trop petit...Euh...C'est pour quand ma promotion ?
Retour à Paris et tentative d'autodécapitation sur la place de la concorde
CON, blessé au plus profond de son âme par le jeudi gris qu'il venait de subir se trouva face à un vendredi nature des plus appréciable, du moins le pensait-il. L'académie est fermée le week-end, il ne lui restait plus qu'un jour pour réussir à redorer le blason poussiéreux de l'institution qu'il défendait avec ferveur. Son corps nu était recroquevillé dans un fossé bordant une petite départementale déserte. A cet instant, Charles-Octave perdit l'espoir, mais une colombe vînt se soulager sur son torse maigre et blanc. Il prit ça comme un signe. CON devait lutter.
Il enfila la combinaison de ski qu'il gardait toujours dans son coffre pour le cas où sa voiture tombait en panne dans un milieu polaire. Il jeta un coup d'oeil aux environs avant de décider de ne pas prendre le harpon à pingouin qu'il avait juste à côté de son cric. C'est beau, c'est puissant, c'est la de la volonté d'un homme que l'on parle ici. Alors pas touche.
265km plus tard (ref. Google maps), la légende veut qu'il ait garé sa voiture au milieu de la place de la concorde en hurlant "Vive le Roy !". Une huée de klaxon salua la déclaration, Charles-Octave prit ça pour un relent monarchique et monta sur le toit de son véhicule pour qu'on l'entende plus loin.
CON entama son cou avec le truc dur qu'il avait au bout des doigts, sans réussir à creuser la peau. Il avait la fâcheuse habitude de se ronger les ongles, en plus d'avoir des dents pourries cela engendra l'échec cuisant de son suicide. L'auditoire qu'il avait brièvement réussit à conquérir se reporta brusquement sur un chien qui pissait debout sur un mur. CON, déprimé, retourna au siège de son académie sans idée en tête.
L'idée en tête
38 vieillards séniles et un hibou attendaient CON, qui fit une entrée remarquée en ne disant pas bonjour. Il s'avança et alluma son micro, en regardant dans les yeux sont auditoire passionné.
Messieurs, commença t-il. Mesdames, poursuivit-il. Ceci est un grand jour s'enthousiasma t-il. Et je ne dis pas ça parce que nous sommes le 21 juin éructa t-il. I have a aïdi Englishisa t-il. Ta gueule !, lui répondit-on. Pardon ?, fustigea t-il. Pas toi, le narrateur, conclurent t-ils. J'ai beaucoup bu hier, plus que d'ordinaire, et d'ordinaire je peux vous dire que...Euh...enfin bref, c'est un grand jour, j'ai décidé de lancer un grand débat qui sera relayé par les médias. Un débat avec du fond, que même moi aurait du mal à comprendre.A quel niveau de liquidité se met-on à manger plutôt qu'à boire ?
La salle en resta ébahie. Même le hibou ne souffla pas mot. Les rares survivants de l'hécatombe de Hein ? Quoi Keskiladi ? se rattrapèrent en se roulant par terre sous prétexte que le ménage n'avait pas été bien fait. Dans toute la gamme de sentiments, seul l'admiration avait sa place ici. A tel point que Charles-Octave se sentit obligé d'arracher le micro pourtant bien vissé à la table de manière à avoir une meilleure position oratoire des fois que l'un des vieux le prendrait en vidéo avec son portable et mettait le tout sur youtube, on sait jamais. De sa gorge sortit un grognement bizarre très indirectement corrigé par son orthophoniste, et il lança une phrase qui devait devenir aussi célèbre que le 'Ich bin ein Pariser' de notre Dodolf national en 1940 : ça vous épate, hein ?
Vous n’êtes pas autorisé à voir les résultats de ce sondage avant d’avoir vous-même voté.
Réactions unanimes synthétisées par le Oh que oui rôlala d'une vieille qui avait des vues sur CON et qui malheureusement semblait plus intéressée par la bouche du grand homme que par ce qui en sortait.
Divisions et déclaration de guerre
Après s'être remis de la stupeur causée par l'annonce fracassante de CON, l'académie se divisa en deux : Les partisans du mariage des deux verbes en un seul, à savoir "Moire", et ceux préférant une énumération complète de tout ce qui est comestible pour pouvoir appliquer à chaque met boire ou manger selon la texture. Cela entrainerait fatalement un rapprochement avec l'académie des sciences, plus qualifiée pour pouvoir juger de la liquidité de tel ou tel aliment, malheureusement légèrement en froid avec une grande moitié des littéraire suite au kidnapping du stylo de Henriette Daudin, dit "la vieille moche dégarnie du fond".
CON prit le parti de ne pas prendre de parti et démissionna de ses fonctions. Selon les nouvelles règles en vigueur à l'académie française, sa démission ne peut prendre effet que 58 min après son décès, ce qui le força a assister à l'effondrement de tout ce qu'il avait contribué à bâtir. Son ex-ancien bras droit, Robert Abyque, avait prit la direction de la moitié qui voulait développer une passerelle avec l’académie des sciences, ce qui le blessa profondément. Cela fut sans doutes une de ses plus grandes souffrance. Roro souriait à tout va, comme un porc sourit à sa mare de boue. Nos souvenirs communs me revinrent en un seul bloc compact qui manqua de m'assommer, j'avais largement de quoi le faire chanter. J'ai le chiffre exact, noté dans un coin de ma tête, de tous les scientifiques que nous avons tabassé à dix contre un pour le plaisir du sport. Sa trahison n'était que plus difficile. Mon plus beau souvenir avec lui, c'est quand nous nous sommes retrouvés avec tous les lobbys féministes sur le dos après notre commentaire désobligeant dans "Intellectuel Hebdo" concernant la défaite du onze de France féminin en Argentine. Je m'en souviens comme si c'était hier, un petit regard complice et j'avais écrit "Voici onze femmes battues qui quittent le terrain la tête basse". Il m'avait conseillé de rajouter "Et elles sont des millions en France aujourd'hui, beaucoup n'osent pas en parler.
Suite à cette remémoration à voix haute, CON changea d'avis et prit la parti de prendre un parti, plus précisément celui opposé à Robert Abyque.
Attentat
Le CBF (Collectif pour la Bretanisation de la France) n'était pas choqué par le débat en lui-même mais par le fait qu'étant relayé par les médias, il suscitait des petites révolutions isolées dans son rang. Après avoir exécuté en place publique les hérétiques, et pour prévenir d'autres prises de conscience, le QG prit la décision de faire sauter le lieu de rassemblement tous ces fous, défenseurs de la langue française qui à leurs yeux n'était qu'une pâle parodie du Breton. D'ailleurs, en Bretagne, on ne mange jamais sans boire, et inversement, ce débat paraissant donc encore plus stérile. Car au pays d'Astérix, le verbe "manger est indissociable du verbe "boire" ("kavout trenk ha c'hwerv ?" signifie "subviendrais-tu à tes besoins vitaux en ma compagnie ?").
La décision fut prise malgré le fait qu'au cours du sur-déjeuner de 15h30, une crêpe tomba par-terre du côté du sucre, signifiant dans la mythologie celtique qu'Agrona, déesse des conflits et des massacres, était un peu patraque et se sentait pas vraiment chaude chaude pour partir guerroyer.
Le vendredi 29 juin, à l'heure du thé GMT, un commando de trois hommes dirigé par Beuzega Fragan déposa une série de 6 explosifs disposés sous le bâtiment de l'académie. Le préposé au trinitrotoluène (TNT pour les ignares qui sauraient pas ça), Jungomarc'h Loig était originaire du Sud-Ouest de la Bretagne, Beuzega Fragan aussi mais d'un village un peu plus au Nord, et en 300m la langue montrait déjà quelques différence, principalement sur les chiffres. Ainsi chez Loig "mille" se disait "kant", alors que chez Fragan cela signifiait "dix". On obtenait ainsi un décalage numérique qui s'appliquait à tous les chiffres, ce qui, de nos jours, pose encore de gros problème de GPS en Bretagne.
Fin du débat suite au décès de tous les participants
Au final, personne ne remporta la palme de la victoire et le plaisir de ridiculiser le perdant en lui arrachant un cheveux. Certes, à 20 ans, on vous menace de vous arracher un cheveu et ça vous fait doucement rigoler, espèce de petits salopiots, mais à 90 ans c'est une autre affaire. Les cheveux ne repoussent plus, ils sont donc doublement précieux. C'est l'un des pires châtiments qu'on puisse infliger à un vieillard qui ne veut pas être chauve dans son cercueil.
La morale de l'histoire, c'est que c'est pas forcément le gentil qui gagne, pas forcément celui qui est le plus intelligent, pas forcément celui qui a raison, pas forcément celui qui a le plus de cheveux mais toujours, toujours le plus fort, fut-il un con.
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