Chorale alternative
Avec l’arrivée des temps modernes marqués par une robotisation et une mécanisation à outrance ainsi que l’avènement du MEDEF, syndicat mené avec maestria par l’excellent Gattaz, bon nombre de citoyens se sont retrouvés, grâce à l’effet combiné de ces deux circonstances, avec un temps d’inoccupation précieux et non négligeable devant eux.
A priori, il était normal de penser que tout ce temps de vacance aurait été bénéfique à l’ouvrier plus habitué aux cadences infernales des ateliers crasseux qu’à la sérénité des lieux d’étude, calmes, frais et spirituels. On pouvait imaginer qu’il se serait précipité dans les musées, bibliothèques et autres séminaires philosophiques pour combler ses immenses lacunes en astrophysique, géopolitique et autres sciences de l’univers ! Il est regrettable de constater qu’il n’en est rien.
Peu rompue aux efforts intellectuels, la plèbe préfère se réfugier en masse dans des débits de boisson malodorants qui n’ont plus, comme vocation, que de leur faire perdre leur pauvre petit pécule en tickets à gratter ou en paris hasardeux sur des canassons qu’ils n’auront jamais le loisir de monter, l’autorisation de profiter des plaisirs du pastaga et du tabac ayant été supprimée.
Toute la plèbe ? Non ! Au milieu des menhirs, un petit village de regimbeurs s’est organisé et remet au gout du jour une vieille forme de divertissement culturel aujourd’hui tombée en désuétude : les chorales fessières
Un peu d'histoire
Au temps jadis, ces chorales avaient des fonctions principalement guerrières. Placées en première ligne, elles servaient d’une part à intimider l’adversaire par l’effroyable bruit produit et amplifié par l’usage de carnyx (ancêtre du mégaphone tant apprécié par les actuelles formations syndicales) et d’autre part, créer un bouclier olfactif naturel à large spectre, empêchant l’avancée trop rapide des troupes ennemies.
Après le son et lumière, voici donc le son et odeur. Encore trop peu connue, la chorale fessière est pourtant en plein essor. Ce nouveau visage dans le paysage des formations acoustiques offre une palette aux variations infinies, les interprétations de chacun étant naturellement et très intimement personnelles. Ce concept audacieux permet la mise en relief du chant par l’apport subtil de fragrances éthérées mais néanmoins bien perceptibles, surtout si les participants ont pris le soin de se sustenter de plats choisis aussi roboratifs que munitionnaires dont les plus connus sont, à ce jour, le cassoulet, qu’il soit de Toulouse ou de Castelnaudary, le ragoût de mouton aux haricots blancs et le gigot flageolets, le fameux duo gagnant.
Décomposons la chorale
La composition d’une chorale est très variable et le nombre d’orphéons n’est pas limité. Il existe même des solistes qui ne manquent pas de souffle, et qui exécutent avec virtuosité de magnifiques plain-chants en plein champ.
Comme pour les formations classiques, on retrouve au pupitre, le chef de cul, en charge de mener les sopranos et altos pour les femmes, les ténors et les basses pour les hommes. La grande difficulté à laquelle le chef de cul doit faire face, est que, justement, les interprètes ne lui font pas face. Il lui faut alors user de sa baguette avec doigté mais fermeté pour réussir à obtenir un ensemble de sons et d’odeurs harmonieux.
Cette orchestration, assez rude, il faut bien l’admettre, rebute parfois certains débutants délicats de la fesse et trop peu introduits aux arcanes des plaisirs masochistes. Pour les autres, c’est un long chemin initiatique qui les mènera, sans doute aucun, vers les rivages chatoyants de l’extase la plus orgasmique lorsque s’élèvera vers le ciel le chant envoûtant du cœur des culs.
Tels les shows de Rammstein, égayés à grands renforts de lance flamme et explosions, certaines chorales n’hésitent pas à ajouter, au plaisir des oreilles et du nez, celui des yeux avec de téméraires interprètes versés dans la science pyrotechnique. A l’image des cracheurs de feu se produisant autrefois sur les places publiques et au risque de finir avec des derrières de macaque, les kamikazes des chorales fessières n’hésitent pas à enflammer leurs émanations de méthane créant ainsi d’éblouissants torche-culs des plus spectaculaires. Ces prestations, aussi courtes soient-elles, enthousiasment toujours le jeune public et moult applaudissements viennent ponctuer ces purs moments de bravoure.
Nonobstant le fait que ces concerts en plein air participent activement à l’effet de serre, il est à espérer que l’engouement provoqué par ce renouveau, notamment dans le milieu des métalleux, permettra de relancer des formations trop souvent représentées par les clubs du 3ème âge aux attraits moins élégants.
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