En fait
Le virus de langage « en fait »
En fait, cette expression hautement contagieuse, très collante et très présente est en fait surtout utilisée pour réaliser une démonstration ou exposer une idée, en fait. En fait, servant tour à tour pour l'introduction d'un raisonnement, autant que pour une conclusion, en fait. « En fait » sert en fait surtout à marquer une idée, en fait. « En fait », marque aussi une transition, en fait. En fait, c'est comme pour un télégramme, en fait. En fait, remplacez « STOP » par « en fait », en fait. L’expression apparaît en fait à chaque fois que l’interlocuteur[1] prend en fait conscience de ce qu’il a en fait à exprimer. Le rythme d’apparition est en fait très irrégulier, et peut apparaître 3 fois dans une phrase, pour ne réapparaître que quelques phrases plus loin en fonction de la façon où l’interlocuteur suit plus ou moins le fil de son raisonnement, en fait.
C’est en fait comme pour ce dernier paragraphe, en fait. En fait, j’ai relevé, par exemple, 21 fois « en fait » en 5 minutes, ce qui en fait représente environ 250 fois dans une heure. « En fait » est d’autant plus présent que l’interlocuteur est en fait assez incertain de son raisonnement, en fait. En cela, il a en fait pour seul avantage de remplacer les « euh », en fait, d’une manière, en fait, plus élégante, en fait. « En fait » peut remplacer toute sorte de ponctuation en fait.
C’est en fait peut-être ce qui fait qu’il soit si contagieux, en fait. Il est en fait fort probable qu’à la fin de cet article vous vous surprendriez à vous entendre dire cette saloperie de tic de langage qu’est « en fait », involontairement et de plus en plus d’une manière irrépressible à chaque fois que c’est en fait possible. En fait, je n’en suis pas sûr mais je vous laisse essayer par vous-même, en fait. Une fois contaminé, vous serez en fait contaminé par le syndrome du « sparadrap du Capitaine Haddock », en fait.
« En fait » est très utilisé dans le langage (approximatif) du Kevin et surtout dans le langage Vanessa.
« En fait » peut aussi signifier « en référence à », « finalement », « en vérité », « CQFD » (mais ceci reste à démontrer), « donc, alors » (ou encore tout autre conjonction de coordination, en fait)...
Comment s’en débarrasser, en fait ?
- Coller une baffe à votre interlocuteur à chaque fois que vous l’entendrez dire « en fait ». Ne pas hésiter à appliquer cette méthode à soi-même, ce qui explique que vous ne l’ayez pas lu depuis 2 phrases.
Inconvénient : fonctionne mieux si l’interlocuteur a une position hiérarchique inférieure à la vôtre ou / et est un gringalet. Provoque des migraines dans le cas de l’application à soi-même.
- Écouter « Le petit bonhomme en mousse » un lundi matin, au moment de vous lever. Attention ! Cette méthode est, en fait, d’une extrême violence et en plus n’est en fait pas vraiment garantie non-plus, en fait. En fait, non seulement vous aurez, en fait, pourri votre journée avec ce petit air qui vous trottera dans la tête, mais vous courez le risque que quand vous entendrez « en fait », en fait, que la sus-dite mélodie se déclenche aussitôt dans votre tête au moment où vous pensiez en fait l’avoir oubliée !
- Parler une autre langue, sauf l’anglais où « en fait » sera en fait systématiquement remplacé par « In fact ».
- Fumer un « oinj ». Vous l’entendrez tout autant, voire même plus, en fait, mais vous trouverez ça « cool ».
Avantage : vous vous attirerez peut-être plus de sympathie des d’jeuns.
Notes
- ↑ Le mot interlocuteur est aussi valable pour interlocutrice.
S'il vous a enthousiasmé, votez pour lui sur sa page de vote ! Ou pas.