Handicap et culture
La problématique du handicap et la culture est à l’art ce que le paralympique est au sport. C’est-à-dire une volonté d’aller au delà des stéréotypes et de pousser une porte seulement entrouverte pour développer ce qu’on appelle aujourd’hui le Para-art, c’est-à-dire le commun.
Le début d’une lutte pour la reconnaissance
Le thème du handicap et de la culture fut pour la première fois soulevé lorsqu’un vocaliste muet fut refusé du Conservatoire de Paris. L’institution avait alors mis en avant la certaine contradiction dans les termes mais, à l’époque, tout le monde y avait plutôt vu le signe d’une piètre volonté et d’une grande mauvaise foi. Pour les lecteurs qui n’auraient eu vent de l’affaire, rappelons que l’artiste en question réussit finalement à décrocher un contrat avec un éditeur de disques spécialisé dans la production d’œuvres jugées publiquement à la marge (à ce sujet je vous conseille l'achat de son duo avec un quatuor de manchots édité par EMI racle).
La création de la peinture en braille fut aussi une avancée inimaginable dans la lutte pour la réconciliation entre le public et les artistes handicapés. On se souvient de Danielle É. Houmatoile, grande peintre pointilliste, dont les œuvres transformèrent la vision de nombre de ses disciples. Même si c’est surtout Léon Néoux, avec son approche impressionniste de la peinture en braille qui séduira une population encore septique. Aujourd’hui les tableaux de sa période bleue s’arrachent à prix d’or au Cap Vert.
N’oublions pas non plus les premiers ballets pour fauteuils roulants sponsorisés par Michelin et qui gommèrent les dernières réticences.
Le temps de l’acceptation
Les temps changèrent. Il fut bientôt dans l’air du temps, qui d’ailleurs n’en possède aucun, de parler avec sympathie du handicap. Il y a deux ans, la cause faisait un grand pas avec l’entrée d’un cul-de-jatte à l’Académie de danse. Puis les premières représentations de Shakespeare pour Sourds et Muets rencontrèrent un franc succès. Tel un ballet infernal, les passions humaines y étaient traduites en mouvements de bras et de mains avec une si grande justesse que les pacemakers en étaient déchirés. Il y a quelques années, une version sourde et muette du Lac des Signes remplissait les salles. Enfin, le premier orchestre parasymphonique fut créé dont le conducteur, Bruce Onméhgant, devait diriger la baguette dans la bouche à la suite d’une malformation congénitale.
Et pour couronner le tout, hier était présenté un des rares opéras regroupant un orchestre parasymphonique, une compagnie de danseurs aveugles, unijambistes et paraplégiques, avec en vedette une troupe de chanteurs muets.
Le Triomphe de l’Opéra
L’Opéra Sion 2 : Lapin, dixit, écrit est mis en scène par Mr Andy Sport ne fut représenté qu’une seule fois pour cause de cancer.
A l’approche du spectacle, les organisateurs avaient mis les bouchées doubles pour prévenir toute hypoglycémie et enduit les chanteurs de mastic pour éviter tout trou de mémoire. La représentation en elle-même fut brillante. Le mouvement des danseurs était si gracieux, le ton des chanteurs si justes et la musique si envoûtante que nombre des spectateurs borgnes en eurent la larme à l’œil. Le seul incident notable fut la chute, dans la fosse, d’un des acrobates aveugles, mais heureusement le flûtiste asthmatique sur lequel il tomba n’en eut que le souffle coupé.
Et à part cela, quelle soirée ! Le public manchot, en extase, ne cessait d’applaudir les artistes au baissé du rideau.
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