Hypnose
Vous avez toujours rêvé...
- ...de posséder des dons paranormaux ?
- ...d'exercer un réel pouvoir sur les gens, je veux dire, d'être en mesure de les obliger à éprouver pour vous autre chose qu'un incoercible sentiment de répugnance ?
Vous voudriez...
- Découvrir les mille et un secrets de la pratique de l'hypnose, cet art ancestral, afin de devenir enfin, grâce à votre puissance suggestive, autre chose aux yeux du monde qu'un être sinistrement fruste et stupide ? Devenir le roi du monde ?
Oui, vous le voulez !
La nana aux cheveux bleus dit : | |
??? |
Non, je ne suis pas télépathe. Mais je sais qu'aucun être humain digne de ce nom ne tournerait sciemment le dos à l'enseignement du plus grand spécialiste international des sciences parapsychiques, le célèbre Marcos Von Ring, et à l'épanouissement spectaculaire de ses facultés latentes !
Et vous plus particulièrement, repoussante créature, vous ne pouvez tout simplement pas vous permettre de refuser cette main que le destin et le monde de la parapsychologie vous tendent si généreusement ! Alors un conseil, aggripez-la bien fermement et ne la lâchez surtout pas : c'est votre seul espoir.
Mise en branle de vos facultés suggestives
Avant de pouvoir envisager une quelconque pratique active de l'hypnose, vous allez devoir vous-même libérer vos vagues d'influence psychique (si, si ! il existe encore une forme d'influence à votre portée). Le but de l'exercice est d'acquérir la maîtrise totale de l'évacuation de votre fluide spirituel, qui vous permettra par la suite de vous livrer à l'hypnose de votre sujet.
Faites attention !
Veillez bien à ce que votre fluide s'évacue par les yeux. Avec un abruti dans votre genre on peut vraiment s'attendre à tout.
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Notez bien que vous éprouverez sans doute un sentiment de vide, une fois l'expulsion des ondes hypnotiques menée à son terme. C'est normal. Les ballons de baudruches ressentent à peu près la même chose lorsqu'il dégonflent lentement pour retourner à l'état flasque de larve vaguement caoutchouteuse dont ils n'auraient jamais dû s'extirper.
À présent, concentrez vous sur ceci quelques minutes
Et maintenant
20... détendu, vous êtes détendu...
19... vos paupières sont lourdes...
18... vos paupières sont très lourdes...
17... vos paupières sont très, très lourdes...
16... vos paupières sont vraiment très, très, mais alors très lourdes...
15... trop lourdes... beaucoup trop lourdes...
14... le sommeil vient de naître tout au bout de vos orteils...
13... il monte, il monte, le sommeil, le sommeil du bois, mesdames... hum... euh... la fatigue vous gagne...
12... votre force physique vous lâche...
11... c'est bientôt l'heure de 30 millions d'amis... dommage... votre témoignage en tant que président de l'Amicale des suricates sera sans doute le seul moment d'importance de votre vie de merde... vous n'aurez même pas pu l'enregistrer... loser.
10... vos nerfs, vos muscles, votre corps tout entier échappent peu à peu à votre contrôle...
9... vous êtes complètement paralysé...
8... vos capacités de résistance mentale s'amenuisent...
7... votre volonté ne cesse de faiblir...
6... encore un peu...
5... votre volonté s'est auto-annihilée... votre esprit a fuit votre corps... vous êtes maintenant apte à visionner un programme de TF1...
4... vos lèvres s'ouvrent et se referment toutes seules... vous bavez... c'est dégoûtant...
3... vous êtes complètement inerte, vous vous enfoncez dans la transe...
2... vous venez d'avoir une vision de votre futur proche... vous dégagez à présent une forte odeur d'urine, qui, mêlée au reste de vos effluves corporels, vous donne un air de ressemblance olfactive avec une carcasse de phacochère décomposée... on ne peut pas dire que ça vous rende foncièrement plus sympathique...
1... vos ondes Delta sont à leur maximum...
0... je vous tiens.
La nana aux cheveux bleus dit : | |
Voouuiii... |
Non ! Pas toi, dondon stupide !
La nana aux cheveux bleus dit : | |
Voouuiii... |
Merde...
Je vous ai bien eu
Voilà, c'est fait. Par la seule force de ma volonté, je viens de vous réduire à l'état d'ilote décérébré. Je reconnais que ce n'était pas une tâche d'une ampleur démesurée.
Kaa le serpent inspire confiance et dit : | |
« Pas vraiment, non. » |
La nana aux cheveux bleus dit : | |
Voouuiii... |
Oh, toi, la ferme !
La nana aux cheveux bleus dit : | |
Voouuiii... |
Essayons plutôt : Quand tu auras lu cette ligne, tu seras dans l'incapacité définitive de t'exprimer. Tu as bien compris ?
Ça marche, ça marche , ÇA MARCHE ! Je suis donc en mesure de vous soumettre totalement à mes ordres. Ce que j'ai l'intention de m'employer à faire dès maintenant. J'ai des projets pour vous.
À présent...
Vous allez d'abord sortir de chez vous
Pour commencer, sans quitter votre chaise, vous allez imprimer à votre grosse carcasse un mouvement de balancier (de droite à gauche), de plus en plus marqué... c'est ça, oui. Vous comprenez vite quand ce n'est pas à vous de vous servir de votre propre cerveau. Quand le tangage suscitera le jaillissement des premiers flots de dégueulis à travers vos lèvres obstinément pincées, vous pourrez à tout moment vous laisser tomber le plus lourdement, avec tout le ridicule et l'inélégance possibles, devoir qui vous incombe de par votre statut de lie du règne animal.
Kaa le serpent inspire confiance et dit : | |
« Parfaitement, espèce de sous-merde rampante ! » |
Bonne idée Kaa ! Ce cloporte va effectivement ramper. Ramper jusque sa porte d'entrée ravagée par les jets de pierres des enfants du voisinage, maculée de tâches de jaune d’œuf, que le gros pourceau n'aura jamais pensé à nettoyer. Alors sa putain de porte, il va l'ouvrir d'un bon coup sec. Peut-être qu'une fois dehors, le vermisseau aura l'idée d'inspirer un peu de l'air extérieur, mais ça m'étonnerait. Je suis certain qu'il est parfaitement accoutumé à l'air vicié dont il afflige ses poumons nécrosés. Mais avant de partir, vous n'oublierez quand même pas de vous munir d'un grand sac de sport, tout stupide que vous puissiez être.
Dans la rue
Voilà. Vous avez enfin franchi le seuil. Maintenant que vous êtes au milieu d'êtres humains, tâchez de ne pas dépareiller et de les imiter le plus possible. Je vous ordonne d'arborer un air naturel et un minimum éveillé. Ce n'est pas l'heure d'éveiller les soupçons avec vos allures simiesques. Marchez d'un pas égal, le dos bien droit. Gardez tout de même la tête baissée, histoire de ne pas provoquer un mouvement d'hystérie collective. Vous devez absolument passer inaperçu.
À présent, le résidu croulant que vous êtes va mettre plein gaz vers sa banque. Compris ?
Au guichet
Vous êtes face à la guichetière ou au guichetier. C'est bon signe.
Kaa le serpent inspire confiance et dit : | |
« Que ça oui... même dans mes rêves les plus fous... » |
Hmmm... bon. Vous allez maintenant la ou le convaincre que son ambition ultime est de vous laisser partir de sa banque en possession de l'intégralité de votre compte, liquidé en petites coupures usagées, que l'employé rangera soigneusement dans votre sac de sport. Vous appliquerez bien sûr à votre interlocuteur le traitement même qui a réduit votre système cérébral à une activité comparable à celle d'un mollusque chloroformé. Même vous pouvez y arriver, malgré vos yeux naturellement vitreux. Vous y êtes ? Bon. Maintenant, où que vous soyiez, vous allez prendre la direction de ce bâtiment :
Le rendez-vous
Sur le parvis
Voilà. Vous y êtes. Je me fiche de la manière dont vous vous êtes trainé jusqu'ici, mais vous y êtes. Vous êtes face à Notre-Dame. C'est on ne peut mieux.
Kaa le serpent inspire confiance et dit : | |
« Réjouissant. » |
Excellent.
Kaa le serpent inspire confiance et dit : | |
« Parfait. » |
Tout à fait.
Kaa le serpent inspire confiance et dit : | |
« Extraordinaire, malabar, sanskrit, teuch-teuch, roudoudou... » |
Il n'y a plus aucun sens dans ce que tu dis. Ce ne sont que des mots au hasard, c'est ridicule.
Kaa le serpent inspire confiance et dit : | |
« ... » |
Reprenons. Vous allez maintenant repérer la grande statue, à votre droite lorsque vous faites face à la bâtisse. Près de la statue, une rangée d'arbres et des bancs. Sur l'un des bancs, se trouve un vieux monsieur tout habillé de gris : même un blaireau aussi obtus que vous ne pourrez manquer de remarquer les myriades de pigeons, accrochés à son gilet. Il les nourrit, il les soigne, il leur parle, il les comprend : c'est l'Arbre humain aux Oiseaux gris.
Inclinez-vous devant sa sagesse séculaire. N'oubliez pas de vous rouler dans la poussière : c'est le signe secret par lequel il vous reconnaîtra. Ce faisant, il est fort probable qu'il vous crache dessus plusieurs fois : il est obsédé par la propreté. Et il a une brosse en chiendent.
Empruntez la direction que l'Arbre humain aux Oiseaux gris a eu la bonté de vous indiquer. Vous ne l'avez pas encore compris, bien entendu, mais je vous vois arriver. Oh, oui, je vous vois et
Kaa le serpent inspire confiance et dit : | |
« Nous vous voyons. » |
Oui, nous vous voyons. Vous venez de pénétrer l'enceinte de la cathédrale. Surtout, ne vous approchez pas du bénitier. Les fidèles et les touristes pourraient se douter de quelque chose de pas très catholique en voyant l'eau noircir brutalement. Nous vous attendons.
Au sommet
Vous êtes enfin arrivé. Les vents charrient votre odeur révulsante, malgré le fait qu'ils viennent de la direction opposée et
Kaa le serpent inspire confiance et dit : | |
« Aaaaaaaaargh !! Vous êtes encore plus difforme que je n'osais l'imaginer !! » |
J'en ai marre d'être interrompu ! L'idiot de bossu perché au dessus de nous, c'est un vulgaire sonneur. Le lecteur est juste en face de nous, crétin de reptile.
Kaa le serpent inspire confiance et dit : | |
« Ah ? Bon. » |
Quand à vous, vous allez nous remettre votre sac. Pas de geste brusque ! Je suis déjà au bord de l'écœurement, n'allez pas faire un effort maintenant ! Vous transpireriez beaucoup trop !
Déposez le sac à cinq mètres. Maintenant, vous aller reculer. Comme ça, c'est bien. Ouvrez grand vos esgourdes. Vous allez retourner chez vous. Là, debout, au milieu de votre salon, vous reprendrez à moitié conscience. Juste assez pour vous rendre compte de tout ce qui s'est passé, et mesurer à quel point vous avez été une larve. Je veux qu'à ce moment précis, vous preniez une photo de votre sale tronche, marquée de votre profond désarroi. Vous placerez votre photo à la page comportant le mot "Hypnose" du Petit Larousse, à la bibliothèque municipale. Partez, maintenant.
Victoire !
Kaa le serpent inspire confiance et dit : | |
« Très bien. Maintenant, tu vas devoir mettre le point final au plan. Comme convenu, tu vas enjamber la balustrade, et sauter. Allez. » |
Voouuiiiiiiiii...
Kaa le serpent inspire confiance et dit : | |
« Niark niark niark. Connard. » |
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