Les chroniques de Moncert-sur-Pouillac/Saison 4 : un automne dont on pourrait éventuellement parler peut-être encore pendant un certain temps

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On a trouvé une pyramide comme celle-là mais en plus petite, en métal et avec des inscriptions dessus. Il n'y a pas non plus de sol sous la nôtre car elle est quand même assez légère donc on peut la mettre sur une table par exemple. Et il n'y a pas de ciel au-dessus si la table est à l'intérieur d'une maison, ce qui est assez courant, sauf l'été quand on mange en terrasse.

Depuis le 24-12-2013, le bdo accueille dans ses colonnes un extrait de la Gazette de Moncert, "hebdomadaire d'information locale". Afin que chacun puisse saisir les tenants et aboutissants des nouveaux faits relatés à la lumière des événements passés, nous compilons ici la totalité des extraits diffusés lors de la quatrième et dernière saison.


Numéro 39 (23-09-2014)

Alfred Hitchcock présente cet épisode. C'est classe. Il doit être drôlement bon cet épisode, sinon il ne serait pas venu apporter sa caution.

Les feuilles des arbres commencent à jaunir, à flétrir, à se détacher des arbres en virevoltant tels des papillons éphémères fatigués par le poids des ans. Les corbeaux volent bas, comme écrasés par le poids des immenses nuages qui encombrent le ciel devenu plus sombre à cause de l'obscurité d'un soleil caché. Les marronniers maronnent. Mon cœur est empli de cette mélancolie qui me pousse à exprimer si poétiquement ce spleen qui m'étreint. L'automne est arrivé.


La grande affaire de cette semaine, c'est la résurgence du culte du Totem disparu. La pyramide trouvée la semaine dernière par Dédé a pris sa place et un groupe de villageois se réunit tous les jours pour communier autour de cette relique sacrée, émanation d'on ne sait quoi de divin.

Sa Sainteté le Pape Pie XIII est devenu très las. A peine sa reconversion au christianisme effectuée, il se retrouve face aux païens qu'il avait combattu et qui semblaient avoir abandonné leur culte. Ce n'est pas qu'une nouvelle conversion le dérangerait sur un plan spirituel mais il se demande quelle nouvelle coiffure devrait être de mise et si tous ces changements capillaires ne finiraient pas par abîmer ses cheveux. Non, le plus prudent est de garder sa religion et de lutter fièrement contre l'impiété.

La difficulté est que l'Empereur Auguste a l'air de jouer un jeu pas très clair. Son ancienne position de chef des totemistes pouvait se comprendre dans une perspective de prise de pouvoir. L'objectif étant atteint, il pourrait se désintéresser totalement du Totemisme. Mais l'équilibre qui est maintenant atteint entre les deux rivaux pourrait être rompu en sa faveur si les totemistes prenaient de l'importance et que plus d'une religion était tolérée dans notre contrée. Il a tout à gagner à ce que totemistes et gardiens des Valeurs s'affaiblissent en s'affrontant.

La grande idée du Pape est de reconstruire l'église du village. Il est persuadé que la religion qui l'emportera sera celle qui pourra offrir un toit au-dessus de la tête des fidèles les jours de mauvais temps. En retapant même très imparfaitement le toit de l'église, il y a fort à parier que seul le catholicisme passe l'hiver.

De leur côté, n'ayant pas même une ruine sur laquelle reconstruire un lieu de culte, les totémistes ont fait le pari de trouver de nouveaux artefacts pour impressionner et convaincre de nouveaux adeptes. Mais lorsqu'ils ont demandé à Dédé l'endroit où il avait trouvé la pyramide, il a beaucoup réfléchi pour essayer de donner le maximum de précisions mais ça ne s'est soldé que par un "euh" qu'il n'a pas pu développer. Tant pis, il va falloir ratisser toutes la région en espérant que les pièges laissés par l'Empereur ont tous déjà servi.

Quand on pense qu'on avait peur que Dédé ne déterre quelque secret et que maintenant tout le monde veut creuser partout...

Message secret aux gens (30-09-2014)

Elie Sémoun présente cet épisode. C'est sympa d'être venu. A mon avis, il doit être assez comique cet épisode, sinon Elie n'aurait pas apporté sa caution.

Comme disait ma grand-mère :« quand on a rien à dire, on peut parler quand même. C'est à ça que ça sert le mariage : ton mari te prend les cuisses et toi en échange tu lui prends la tête. » A priori, ça n'a aucun rapport avec ce qui va suivre mais comme j’avais besoin d'une introduction avant de pouvoir raconter des trucs, ça m’y a fait penser.


Mais avant de vous dire ce qui c'est passé dernièrement, il faut que je vous situe à nouveau le contexte. Nos plus fidèles lecteurs se souviennent que la dernière Fête de la Cocaille a été le témoin de l'arrivée du Totem. Ce n'est qu'une figure de style parce les participants n'ont rien vu venir, étant donné l'état dans lequel ils étaient. Il y a plusieurs hypothèses concernant la présence du Totem et les inscriptions mystérieuses qui le recouvraient avant sa destruction. Soit ce Totem a été apporté par une force obscure, soit ce sont les habitants qui l'ont construit eux-mêmes dans un état second. Mais même dans ce cas, ils auraient été mus par une force obscure. De toute évidence, et quel que soit son mode opératoire, il y a bien une force obscure qui nous veut quelque chose. Et elle a l’air très forte et très obscure. Espérons qu’elle soit bienveillante. Mais si ce n’est pas le cas, on aura d’autant plus intérêt à la vénérer si on veut éviter les problèmes. L’idéal serait de devenir pote avec Elle. Mais ça ne va pas être facile de comprendre ce qu’elle veut.

Donc, voici les nouvelles. Les recherches pour trouver de nouveaux artefacts susceptibles de renforcer la compréhension et le culte du Totem ont donné des résultats mitigés. Pour l'instant, on n'a pu ramener qu'un bâton tordu, une brosse à dents et un joli caillou. Peut-être le bâton a-t-il des pouvoirs magiques comme les baguettes de fée ? Jadis, certaines d’entre nous ont essayé de maîtriser la magie des fées mais on a fini par les brûler en tant que sorcières donc les vocations se sont perdues. Nous ne saurions donc pas quoi faire de ce bâton s’il était magique. La brosse à dents, c'est louche car je ne connais personne ici qui en ait l'usage. Assurément, elle est d’origine extra-villageoise mais ça pourrait tout aussi bien être un rôdeur qui l’a perdue ou déposée intentionnellement pour nous nuire. Le joli caillou, ça n'a rien à voir avec notre histoire, c’est juste que Dédé le trouvait joli donc il l’a ramassé pour sa collection.

Par contre, nous avons avancé d’un grand pas dans l’étude de la pyramide. En l’examinant, un totemologue l’a faite tomber et elle s’est fiché dans la terre sur la pointe. En voulant la ramasser, après s’être signé, il s’est rendu compte qu’il y avait aussi une toute petite inscription sous la base :

MADE IN CHINA


Le totemologue était fou de joie d'avoir découvert ce nouvel indice mais n'arrivait pas à déchiffrer ce nouveau message, bien que son alphabet apparaisse cette fois-ci proche du nôtre. Plusieurs experts se sont penchés en vain sur la question mais c'est l'instituteur du village qui a trouvé la clé. Il a reconnu les symboles mathématiques du quantificateur universel et du quantificateur existentiel . En admettant que les cinquième et neuvième lettre sont des O qui ont été abîmés par le temps et les frottements, ça donnerait : "Pour tout NIHO NI, il existe O tel que pour tout M". Il s'agit donc du début d'une formule mathématique qui doit sans doute révéler un grand secret. La suite a dû être effacée mais peut-être arriverons-nous à la reconstituer en trouvant de nouveaux indices ! Parce que pour l'instant, c'est un peu du chinois.

Les totemologues se resserrent (07-10-2014)

Adolf Hitler présente cet épisode. Honnêtement, Adolf, si c'est pour faire le dégoûté, c'était pas la peine de venir.

Suite à la chronique de la semaine dernière, nous avons reçu beaucoup de courrier de lecteurs farfelus prétendant résoudre l’énigme de la Pyramide mieux que nous. La palme de la cocasserie vient d’un illuminé dont le raisonnement alambiqué et tortueux nous a tous fait bien rire au village. Ce monsieur, dont je tairai le nom par respect pour sa famille de dégénérés, prétend qu’il faut retourner le message à 180 degrés pour s’apercevoir qu’il est « simplement » écrit en glish, et qu’une fois traduit, il signifie seulement que la pyramide a été fabriquée en Chine, le pays de Chang. On se demande bien pourquoi les Chinois auraient écrit en glish plutôt qu’en chinois mais ce détail qui plombe tout le raisonnement semble bien avoir échappé à notre Inspecteur Gadget.


De notre côté, les totemologues ont échafaudé une théorie bien plus consistante. Si la formule mathématique trouvée sur la base de la pyramide est incomplète, c’est que la pyramide n’est qu’un morceau d’un plus grand puzzle métallique à reconstituer. En emboîtant toutes les pièces, nous pourrions reconstituer entièrement la formule. Cette hypothèse a relancé les recherches pour trouver les artefacts manquants alentour. Mais le problème est que l’Empereur ne veut pas qu’on touche aux champs de cocaille qui occupent une vaste zone de notre territoire. Du coup, le torchon brûle entre le pouvoir et certains totemistes fanatiques qui voient d’un très mauvais œil cette limitation imposée à leur soif de connaissance de la Vérité pour des causes bassement mercantiles. Tant qu’il reste des endroits à fouiller en dehors des champs, le grain à moudre est suffisant pour maintenir le statu quo. Mais pour combien de temps ?

Une rumeur prétend que la chaise que Mme Blédur a récupéré sur les restes du Totem contiendrait une partie de la formule. De bien mauvaises langues font provenir cette rumeur du Château, qui aurait ainsi pour objectif de détourner l’attention des champs vers un autre endroit moins sensible. Interrogée de vive voix à ce sujet (la voix se devant d’être vive à cause de la distance de sécurité nécessaire lorsqu’on pose une question qui pourrait fâcher Mme Blédur), la propriétaire de la chaise convoitée a rétorqué qu’ « il n’y a rien d’autre dessus que mon cul et quiconque aurait le projet de l’y déloger devrait conserver son idée à l’état de fantasme s’il ne veut pas que je lui botte le sien. »

Néanmoins, ça ne m’étonnerait pas que quelqu’un se glisse un jour chez elle pendant qu’elle est allée chercher le pain pour aller examiner cette chaise. Je ne dis pas ça pour donner des idées à quelqu’un. Loin de moi d’inciter quiconque à une violation de domicile, surtout que la maison est vraisemblablement piégée. Mais peut-être qu’en étant habillé d’une armure…

Enfin, tout ceci ne nous regarde pas. Nous sommes là pour rapporter les faits, pas les provoquer. Mais si certains événements se produisent suite à des associations d’idées lues dans ces colonnes, nous n’y pouvons rien.

Mais qui a tué Mme Fleur ? (14-10-2014)

Les poivrots du bar d'à côté ont débarqué ici pour présenter cet épisode. Ça devient vraiment n'importe quoi.

Non seulement la Gazette est capable de restituer les événements dans leur plus pure factualité mais elle peut aussi à l'occasion les prédire avec une exactitude qui n'étonnera que ceux qui ne maîtrisent pas la logique du Réel. La semaine dernière, nous nous étions risqués à envisager la possibilité que la demeure de Mme Blédur soit visitée subrepticement pendant son absence afin de découvrir les inscriptions mystérieuses qui étaient censées avoir été faites sur sa chaise, élément d'un puzzle dont la solution pourrait avoir des conséquences cosmiques si l'on en croit ceux qui y croient. Ce n'est pas notre genre de fanfaronner sur nos indéniables réussites alors nous resterons sobre et modeste dans la gloire. Mais bon, on a eu raison. Comme d'habitude.


Alors, que s'est-il passé ? Mme Fleur, fervente totémiste, n'avait jamais brillé par son courage jusque là. Mais sa fièvre de connaissance a eu raison de sa prudence et elle a décidé de tenter toute seule l'expédition. Profitant que Mme Blédur soit sortie chercher son pain quotidien, elle s'est glissé avec précaution dans sa maison. Lorsqu'elle en est ressortie quelques minutes plus tard, Mme Grinelle, qui était pour une fois tranquillement assise à sa fenêtre pour vérifier si tout allait bien, a pu constater de loin l'état d'hébétude qui l'avait saisie et qui se manifestait par une démarche aléatoire et un visage livide et inexpressif. La pauvre n'a d'ailleurs pas continué sa déambulation bien longtemps et a fini par s'écrouler comme une masse au milieu de la rue. Des passants alertés par les cris de Mme Grinelle se sont précipités vers la victime pour l'examiner mais n'ont pu constater aucune blessure apparente. Selon toute vraisemblance, la malheureuse est morte d'une crise cardiaque consécutive à une émotion trop forte.

Comme l'idée de vérifier l'état de la chaise in situ ne semblait plus trop une bonne idée à personne, on a envoyé Dédé en lui promettant qu'il passerait 1ère classe s'il trouvait quelque chose d'intéressant. Il est donc parti trop content de pouvoir rendre ce service à la communauté et de prendre du galon. Il ne lui a fallu que trente secondes pour sortir tout fier avec son incroyable découverte : un très joli caillou pour compléter sa collection. A tout hasard, certains ont regardé dessus pour vérifier s'il n'y avait pas des inscriptions mystérieuses. En vain.

Finalement, un certain nombre de personnes courageuses ont fini par se motiver entre elles afin de former un groupe expéditionnaire. Lorsqu'ils se sont vus dix à être prêts à partir, ils ont estimé que c'était suffisant pour prendre le risque. Il n'y a plus eu qu'à tirer au sort celui qui marcherait en premier. Une fois la procédure terminée, ils partirent en file indienne d'un pas décidé mais pas rapide du tout. Lorsqu'ils arrivèrent à proximité de la maison de Mme Blédur, elle était rentrée depuis fort longtemps. Ils lui souhaitèrent une bonne journée, firent demi-tour et repartirent d'un pas plus vif qu'à l'aller.

Pour l'instant, nous en sommes là. Évidemment, si j'avais lancé ma brigade d'investigation, l'affaire serait réglée depuis longtemps. Cependant chacun de ses membres a officiellement un problème assez compliqué lié à une absence totale de couilles, bande de lopettes. Moi, je ne peux toujours pas y aller, je suis toujours blessé : mon coude gauche continue à m'élancer quand je fais de grands moulinets avec le bras, alors…

Les oiseux (21-10-2014)

Les fesses d'un abruti viennent présenter cet épisode. De mieux en mieux, vraiment...

Les esprits continuent de s'échauffer à propos de l'affaire de la mort de Mme Fleur. S'agit-il d'un accident ou d'un meurtre ? Le fait est que lorsqu'elle est morte, Mme Blédur était à la boulangerie. Mais quand même, c'est bien pendant sa visite chez Mme Blédur et logiquement à cause d'elle qu'elle a été saisie d'un malaise qui lui a été fatal. Sa maison était-elle piégée par un maléfice ? Mme Blédur a-t-elle agi à distance ? Tout laissait croire que Mme Blédur est une sorcière, d'autant plus que ça commence à faire longtemps qu'on n'en a pas brûlé une. Ce bruit a couru pendant plusieurs jours mais il a fallu se rendre à l'évidence : cette hypothèse souffre d'une trop grosse faiblesse pour être envisageable. En effet, une sorcière, quand bien même elle a de grands pouvoirs de nuisance, est néanmoins assez facile à attraper et à brûler. Mme Blédur, non. En tout cas, personne ne se sent capable de démontrer que c'est une sorcière de cette manière-là.


Évidemment, il y aurait une autre possibilité : celle de brûler sa maison pendant que Mme Blédur y dort. Le désavantage est que ça brûlerait aussi la chaise sacrée. Donc les totemistes ne veulent pas. Les gardiens des Valeurs n'y verraient pas d'inconvénients mais ils ne tiennent pas spécialement à ce que Mme Blédur soit une sorcière car elle ne leur a rien fait.

La situation s'est compliquée quand Mme Grinelle s'est demandé si la mort de Mme Fleur n'était pas tout simplement un châtiment divin. Quand on lui a répliqué que la mort pour une simple effraction était peut-être une peine inhabituellement sévère de la part du Tout-Puissant, elle a ajouté qu'en conjonction avec une apostasie, ça commençait à devenir suffisant selon elle. On a cru que ça allait franchement dégénérer quand une totémisme lui a demandé le type de péchés auxquels correspondaient le voyeurisme et le commérage. Mais c'est à ce moment-là que Mme Blédur a surgi devant eux. Elle était seulement en train de rentrer chez elle avec sa baguette, mais son apparition soudaine a produit un profond malaise sur le groupe de personnes dont elle était l'objet du débat. Les totemistes ont baissé les yeux et sont repartis en marmonnant des paroles incompréhensibles pour se garder une certaine contenance sans prendre de risque excessif. Les gardiens des Valeurs ont savouré la situation et ont exprimé leur sympathie en souriant à la nouvelle arrivée. Mme Blédur est passée sans jeter un regard à personne et a continué son chemin.

Un autre printemps pour Mme Fleur (28-10-2014)

Ce Kundelic ne présente pas cet épisode car c'est un tableau et les tableaux ne parlent pas. Son propriétaire l'expose ici afin de le vendre à un gogo aussi cher qu'il l'a acheté.

Cette semaine a été très chargée en émotions et en rebondissements de toutes sortes. Nous avons une soi-disant morte qui se révèle vivante et une vivante dont on aurait vu le cadavre. Mais le plus surprenant est que Mme Grinelle est sortie de chez elle alors que, visibles depuis sa fenêtre, il se passe déjà tant de choses intéressantes à raconter. Et c'est de cet incident improbable qu'a découlé la séquence d'événements que je vais vous narrer sans plus attendre même si je sais bien que vous savez apprécier le suspense que je me plais à entretenir afin de donner encore plus de piquant à ce qui est déjà bien épicé.


Les lecteurs de la Gazette ont pu constater à maintes reprises combien Mme Grinelle est pieuse. En repensant aux critiques qu'elle avait eu au sujet de Mme Fleur, elle eut honte et décida d'aller s'excuser directement auprès d'elle en allant se recueillir sur sa tombe. Alors qu'elle lui exprimait ses regrets penchée au dessus de la terre fraîchement retournée, elle entendit des coups vifs et rapides en réponse à ses paroles. Toujours prête à croire au surnaturel, elle continua à expliquer à l'esprit frappeur combien elle était désolée jusqu'à ce qu'un hurlement étouffé lui parvienne suffisamment clairement aux oreilles : "Sortez-moi de là !" Elle comprit donc que Mme Fleur avait ressuscité par la grâce de Notre Seigneur (quoique de mauvaises langues soupçonnent son mari de l'avoir enterré un peu vite) et appela de l'aide.

Après avoir été facilement extraite de sa boîte que son mari précautionneux avait choisi en sapin bon marché, Mme Fleur a pu nous indiquer les circonstances de sa mésaventure dont sa mort apparente nous avait cruellement privé. Il lui a été difficile de savoir si ce qu'elle nous a dit est survenu juste avant ou juste au début de son voyage au pays d'où l'on ne revient normalement pas. Toujours est-il qu'elle nous a déclaré qu'elle avait bien vu noir sur blanc Mme Blédur morte assise sur sa chaise. C'était bien elle, mais son visage et ses bras étaient complètement desséchés. Ce serait cette vision d'horreur qui lui aurait été quasiment fatale. Mais d'autres personnes ont émis l'hypothèse que c'est en passant de l'Autre Côté qu'elle aurait eu une vision furtive du devenir de Mme Blédur. Mais dans ce cas, qu'est-ce qui aurait causé sa mort ? A contrario, il est impossible qu'elle ait vu Mme Blédur morte alors que celle-ci était au même moment à la boulangerie, de surcroît en pleine santé. Ou alors Mme Blédur est une sorcière capable de projeter à distance une image monstrueuse d'elle-même pour effrayer les intrus ?

Décidément, le retour de Mme Fleur ajoute du mystère au lieu de résoudre des questions. Franchement, c'était bien la peine de revenir...

Métempsychose (04-11-2014)

J'ai placé quelques cacahuètes ici pour que vous puissiez en grignoter tranquillement pendant votre lecture. Non, je ne les ai pas épluchées. Déjà qu'elles sont gratuites, faut pas abuser non plus.

Depuis la résurrection de Mme Fleur, les esprits des totemistes bouillonnent et échafaudent des théories toutes plus imaginatives les unes que les autres. Plutôt que d'imputer des actes de sorcellerie à Mme Blédur, ils préfèrent croire que la magie émane de la chaise. C'est elle qui aurait fait apparaître une image déformée de Mme Blédur, sorte de rémanence en trois dimensions de son occupation fréquente et prolongée par sa propriétaire. Par ailleurs, la résurrection de Mme Fleur relève du surnaturel et donc du pouvoir du Totem qui loge actuellement dans la chaise, son seul morceau qui nous en reste.


En déroulant encore le raisonnement et en faisant un parallèle avec Jésus, on a émis l'hypothèse que ce dernier a aussi été touché à l’époque par la puissance du Totem et donc que le christianisme, qui repose sur sa crucifixion suivie de son retour miraculeux à la vie, n'est qu’un effet de bord de la puissance du Totem, médiateur du seul véritable Dieu. En conséquence, Mme Fleur aurait donc été touchée de la même manière par le doigt de Dieu. Forte de cette aura divine nouvellement acquise, elle s’est mise à se prendre pour une nouvelle prophète. Après tout, nous avons déjà un pape local alors une fille de Dieu sur Terre, on n’est plus à ça près.

Le mystère du cadavre de Mme Blédur semble avoir été résolu par notre instituteur dont l’ingéniosité ne devrait plus nous surprendre désormais. C’est lui qui s’est rappelé que Mme Blédur avait une soeur jumelle qui a disparu il y a trente ans. C’est donc le cadavre de cette soeur qu’aurait vue Mme Fleur. Comme son corps ne pouvait pas être sur la chaise, il faut en conclure que Mme Fleur était dans un entre-deux-Mondes à ce moment-là. Elle était à la fois dans la maison près de la chaise mais aussi dans le Monde des Morts où se trouvait la jumelle de Mme Blédur, assise sur la chaise qu’elle occupait lorsqu’elle était vivante. Au passage, cela explique l’attachement particulier de Mme Blédur à cet objet. L’instituteur était vraiment content de sa trouvaille. Il allait nous en dire plus sur le Monde des morts et surtout pourquoi les personnes resteraient dans l’Au-delà à l’état de cadavre, ce qui serait quand même un peu dommage, lorsqu’il a roulé sous la table en renversant son quatrième verre de cocaille-aïe-aïe.

Renforcée dans sa foi par les considérations de l’instituteur, Mme Fleur prêche la bonne parole et raconte à qui veut l’entendre son périple au pays d’entre-les-morts. On murmure que M. Fleur commence à en avoir assez et réfléchit à lui préparer un nouveau séjour qui lui ferait des vacances à lui aussi. Mme Grinelle n’est pas contente du tout. Elle estime que ce sont ses prières qui sont la cause du réveil de Mme Fleur et que c’est Jésus qui par son intermédiaire a donné une nouvelle chance à Mme Fleur de se racheter et qu’elle ferait mieux de se repentir plutôt que de persister dans le péché. Bref, devant les conflits qui vont assurément éclater, un journaliste tel que moi ne peut que s’inquiéter officiellement tout en admettant qu’à toute chose malheur est bon pour la Presse et qu’il serait dommage que vous manquiez le prochain numéro de la Gazette.

Sœur froide (11-11-2014)

C'est vrai que c'est un peu long à lire cette série. Si vous avez un besoin pressant pendant votre lecture, visez bien le trou là. Me salopez pas la page, hein ?

A la rédaction, nous regardions de tous côtés afin de pouvoir nous précipiter vers le lieu d'où viendrait l'explosion que nous attendions tous. Et pourtant nous avons quand même été surpris. Nous avions oublié Mme Michu, qui est revenue sans prévenir.


Avant de vous narrer les événements stupéfiants de la semaine, nous devons informer nos lecteurs du Grand Dehors de la longue relation conflictuelle qui unit Mmes Michu et Blédur. Enfants, les jumelles Blédur et la petite Michu étaient amies. Les relations entre jumeaux sont toujours très privilégiées mais la petite Michu avait su trouver une place auprès d'elles et savait même jouer de la jalousie qu'elle pouvait provoquer en favorisant l'une un jour et l'autre le lendemain, ce qui provoquait des bagarres incessantes entre elles, ce qui explique en partie leurs fortes constitutions et les craintes qu'elles inspirent quand on les énerve. Leur relation s'est encore tendue lorsqu'est arrivée l'adolescence et leur soudain trouble pour Philémon, qui, harcelé par les trois excitées, n'a su résister à aucune d'entre elles. Un jour, Philémon et une des sœurs Blédur ont disparu sans laisser de traces, à part un fœtus dans le ventre de la Blédur restante. Il était impossible de savoir s'ils s'étaient enfuis ou s'ils avaient été éliminés par une des deux rivales restées en plan. Le mystère a persisté jusqu'à nos jours et les tensions entre les deux anciennes amies n'a jamais connu de relâchement. Or, le retour de Mme Michu a d'un seul coup apporté la réponse à cette ancienne question.

Mme Michu, absente depuis près d'un an, était folle de joie de pouvoir retrouver son chez-soi, ses anciennes habitudes et ses amis. Elle n'avait eu aucun écho des nombreuses péripéties qui ont transformé Moncert et elle a eu un choc en rentrant. Le père Mathieu et M. Frémont disparus, il ne lui restait plus que Mme Blédur vers qui se tourner pour renouer des liens avec des personnes de son passé. Elle se rendit donc chez son ancienne ennemie afin de faire la paix. Or, manque de chance, Mme Blédur était partie aller chercher sa baguette "pas trop cuite cette fois-ci", lorsqu'elle sonna à sa porte. Elle entra pour lui laisser un mot lui indiquant qu'elle était passée et qu'elle aimerait lui parler et monta jusqu'à l'étage car elle ne trouvait pas de papier. C'est là qu'elle trouva la chaise sur laquelle était assis le cadavre momifié de la sœur jumelle ! Mme Fleur n'avait donc pas halluciné !

A partir de cette découverte, nous pouvons en déduire que c'est Mme Blédur qui a tué sa sœur (et sans doute son amant) et qu'elle l'a gardé avec elle depuis trente ans. Sans doute pour continuer à l'avoir avec elle car elle ne pouvait se passer de sa présence, qui plus est muette, ce qui est un grand avantage quand on a beaucoup de choses à dire et qu'on n'aime pas se faire couper la parole. En tout cas, même nous qui avons des us et coutumes que d'aucuns pourraient considérer comme pittoresques, ça nous a quand même choqué. De là à le dire en face à la coupable, il y a un pas imprudent qu'aucun de nous n'a osé franchir. La seule qui pourrait le faire, Mme Michu, est repartie à l'hôpital, suite à l'ébranlement du cerveau suivie d'une chute sur le postérieur que lui a provoqué la dernière surprise de son bref retour.

Mme Fleur, dont les voyages dans l'Au-Delà ont perdu toute crédibilité, pourrait chercher à se venger en ourdissant un complot contre celle qui est la cause de son ridicule. Enfin, je dis ça, c'est juste une hypothèse parmi d'autres qui font qu'il vous est nécessaire de lire la suite de ces événements en achetant le prochain numéro de la Gazette la semaine prochaine.

La déchaînée (18-11-2014)

Ah oui pardon, j'avais oublié.

Avec tout ce qu'on dit de Mme Blédur dans la Gazette depuis tout ce temps, vous pourriez être étonné qu'elle ne réagisse pas. La raison en est simple : elle n'est pas abonnée à votre hebdomadaire préféré et il n'y a pas beaucoup de chance que quiconque lui répète ce qui y est écrit vu qu'elle ne discute avec personne, pour cause d'énervement rapide et incontrôlable.

Notre vocation étant de maintenir le lien social entre les villageois, nous avons pris sur nous d'envoyer le dernier numéro de la Gazette à Mme Blédur. Des esprits mal tournés nous accuseront d'avoir une fois de plus voulu créer l'événement afin de vendre plus de papier mais nous nous insurgeons contre ces accusations imaginaires et y opposons une forte dénégation. Pour tout vous dire, il ne nous semblait pas très honnête que Mme Blédur continue à subir les messes basses qu'elle avait remarquées sur son passage sans en connaître la raison. Évidemment, si nous avions su qu'elle réagirait comme ça, nous nous serions abstenus de lui rendre ce service.


Le jour même où le facteur est passé - mais ça peut être une coïncidence - Mme Blédur est sortie toute blanche de chez elle pour aller à la boulangerie. Là, on ne sait pas ce qu'il s'est passé mais toujours est-il qu'à un moment Mme Blédur a hurlé « Est-ce que vous comprenez le concept de pas trop cuit ou vous faut-il que je vous l'explique avec des gestes appropriés ? ». Elle aurait alors attendu la réponse de la boulangère qui était tellement tétanisée qu'elle n'arrivait qu'à sortir de la buée de sa bouche, l'atmosphère s'étant subitement refroidie dans la boutique. Puis, n'y tenant plus, Mme Blédur lui aurait fait sentir ce que "trop cuit" veut dire en lui assénant un coup de baguette sur la tête, cette dernière étant effectivement moins solide que la première. Pauvre boulangère. C'est vrai que ses baguettes était trop cuites et donc que le geste de Mme Blédur n'était pas totalement injustifié, mais il faut quand même ajouter à son actif que ses croissants étaient possibles à mâcher après avoir été trempés quelques minutes dans du lait.

Après être sortie de la boulangerie, Mme Blédur était lancée et décidée à régler tous ses comptes. Elle partit chez les Fleur munie de sa chaise qu'elle fracassa sur la tête de Mme en vociférant Tu la voulais ? La voilà ! Même si Mme Fleur y est aussi passée, il faut noter que la chaise s'est beaucoup plus abîmée que la baguette, ce qui est un indice de plus que les remarques de Mme Blédur n'étaient vraiment pas infondées.

Ensuite, la forcenée est allée chercher le journal chez elle, en a fait un rouleau bien serré et s'est rendue en hâte dans nos bureaux sans doute pour nous remercier de notre initiative et peut-être même pour prendre un abonnement. Elle a franchi les couloirs à toute vitesse, a donné un coup de pied dans la porte de mon bureau et au moment où elle brandissait le rouleau de papier au dessus de ma tête afin d'exprimer sa gratitude à mon endroit, elle s'est écroulée terrassée par une crise cardiaque.

Nous avons hésité à enterrer les trois malheureuses, à cause de la possibilité d'une nouvelle déconvenue pour le mari de Mme Fleur et pour le reste de la population de Moncert concernant Mme Blédur. La crémation a donc été choisie comme rituel adéquat, y compris pour la boulangère en hommage à la cuisson de ses baguettes. Et puis soudain quelqu'un s'est souvenu de la sœur jumelle de Mme Blédur. Alors on l'a apporté pour compléter le dispositif. Le feu a quelque peu réchauffé nos cœurs bouleversés par ces subites disparitions qui laisseront une trace indélébile dans la mémoire des habitants de notre cher village. J'ai récupéré l'exemplaire de la Gazette que nous avions offert à Mme Blédur, je l'ai déroulé et je puis vous assurer qu'il reste parfaitement lisible et que vous pourrez vous le procurer au tarif habituel en passant à nos bureaux.

Les bridés déchirés (Apocalypse ? Non) (25-11-2014)

C'est par là que ça se passe. Je ne me suis pas fatigué à écrire un pur chef-d'œuvre littéraire (en tout cas ma Maman trouve ça bien, sauf les gros mots) pour que vous vous contentiez de regarder ces images.

C'est vrai qu'à Moncert, on aime pas trop les étrangers. Mais eux non plus, il faut le dire. Pourquoi ? On ne sait pas trop. Sans doute la jalousie. Bref, à chaque fois (pas souvent) qu'on en voit un mettre son pied qui a marché dans on ne sait dans quoi sur notre bonne vieille terre, on lui explique qu'il a eu tort mais pas avec des mots. Quand ils sont plusieurs, on se débrouille, on vient nombreux. Cette semaine, ils étaient vraiment nombreux et bien équipés. Et alors ? On est là depuis des siècles. Vous croyez qu'on ne sait pas se défendre ?

Les étrangers sont un peu bêtes, ils ne se demandent jamais pourquoi personne n'a encore essayé de nous envahir pour contrôler la production de cocaille ? Ce n'est pas que personne n'ait jamais tenté le coup, c'est simplement que personne n'a jamais pu témoigner de son échec.


On les a entendus arriver de loin avec leurs hélicoptères, les potes de Chang. Ils devaient croire que tout allait se dérouler comme sur un tapis rouge, qu'en les voyant atterrir et sortir avec leurs mitraillettes, on allait se jeter au sol et se prosterner devant eux ? Non, on a juste déclenché le Plan Boum. On l'appelle comme ça car son premier effet, c'est la stupeur, et le deuxième effet, c'est la douleur : La surprise partie, ça fait boum.

Je ne vous ai jamais parlé de la cocaille-kiaï-kiaï ? Le nom de cette mixture peut s'expliquer d'au moins deux manières : soit c'est le cri du chien méchant au moment où il se rend compte de son erreur de s'être attaqué au buveur de ce cocktail, soit c'est le cri du karatéka au moment où il libère toute son énergie avant l'impact. Sauf que là, il y a deux kiaïs car celui qui a bu le breuvage peut décharger à volonté (et pas que deux fois, mais on n'a pas voulu être trop exact dans l'appellation sinon à chaque fois qu'on l'écrirait ça prendrait un paragraphe). Bref, au château, il y a un flacon planqué pour les cas occasionnels de nécessité. On a eu de la chance que l'Empereur ait réussi à en produire un nouvel échantillon très récemment. Le dernier avait été bu il y a 7 ans quand des sud-américains sont venus. Il faut que ça macère de longues années et il faut une grande quantité de cocaille pour obtenir une petite fiole au final. On en aurait eu bien besoin lorsque Chang s'est ramené mais, à la réflexion, ça aurait été écraser un moustique avec un rocher.

L'empereur a donc pris sa dose et s'est occupé du boulot. Il est difficile de décrire précisément la métamorphose qui s'opère sur celui qui en prend une gorgée vu que ce en quoi il se transforme bouge trop vite pour qu'on puisse bien le voir. D'ailleurs, ceux qui subissent son courroux deviennent aussi rapidement méconnaissables bien qu'ils ne bougent plus du tout. C'est rigolo à voir mais après il faut attendre la prochaine pluie pour que le village redevienne bien propre car il y en a vraiment partout à la fin. Et les cochons, ça a beau avoir du nez pour dénicher et ingurgiter les résidus mais ça laisse quand même des traces dans les coins.

En général, le buveur de cocaille-kiaî-kiaï est retrouvé à plusieurs kilomètres dans la forêt. Comme il n'y a jamais assez de participants pour épuiser son énergie, il fonce vers la forêt pour éviter les dommages collatéraux et il en profite pour abattre quelques arbres et nous ramener un stock de cure-dents.

Je me rends compte qu'avec ce que je viens de vous raconter, ça ne va pas encourager le tourisme à Moncert. Tant mieux.

L'homme qui en savait encore beaucoup (02-12-2014)

BHL passait par là et il a réussi à apparaître sur la photo alors que je voulais prendre le mur.

Cette semaine, je dois vous parler d’un événement très important car il me concerne. J’ai reçu une lettre de menace. Oui, vous me lisez bien, un énergumène tente de s’attaquer à la presse ! Non, il ne s’agit pas du retour du corbeau qui avait inondé notre population de son persiflage nauséabond pendant une période creuse en événements. J’en ai l’assurance car ils n’ont pas du tout le même style mais surtout je détiens en ma possession un élément essentiel sur son identité que je ne peux pas vous avouer ici pour des raisons de secret professionnel. Cette fois-ci, c’est un vrai corbeau, disons encore plus vrai que celui d’avant.


Selon ce gredin, notre revue serait responsable des troubles répétés qui surviennent dans notre village depuis presque un an et qu’il faudrait arrêter d’attirer l’attention des étrangers sur nos affaires en diffusant la Gazette à l’Extérieur. Encore une fois, on accuse le messager pour les mauvaises nouvelles qu’il a eu la gentillesse de communiquer afin de rendre service à la population. Quand je pense à tous les sacrifices que j’ai faits pour remplir ma mission d’intérêt public ! Il est vrai que ces sacrifices n’ont pas tous été commis sur ma personne mais il faut quand même ne pas oublier que je suis un de ceux qui ont tenu tête à l’ignoble Chang, même si je n’ai tenu qu’une seconde et que je n’ai toujours pas compris ce qui lui a déplu quand je lui ai parlé de l’orientation sexuelle de son père adoptif, mais allez savoir ce qu’il y a dans la tête de ces gens-là.

S’il m’a pris l’idée d’élargir mon lectorat, ce n’est pas pour des raisons pécuniaires, c’est pour plein d’autres motifs importants mais je n’ai pas encore trouvé lesquels pour l’instant. En tout cas, j’ai l’intuition que c’était mon devoir et mon droit mais je pense qu’il est inutile que je développe car seules les personnes de mauvaise foi ne sont pas encore et ne seront jamais convaincues de l’honnêteté de mes propos et de mes actions.

Bref, je préviens ceux qui veulent m’embêter que si on me cherche des poux dans la tête, j’arrête tout tout de suite et je reprends mon emploi très rémunérateur de technicien-ingénieur de grande surface à Pouillac où j’étais expert officiel spécialisé dans la recherche en nano-particules, suivie de leur extraction à l’aide de wet-mop de catégorie A et d’un hydro-container à poignée rotative. Et si je ne suis plus là, vous allez faire comment pour occuper vos journées si vous n’avez plus de mal à dire sur personne ? Parce que la pluie et le beau temps et les petits problèmes de santé, ça tient dix minutes. Mais avec la Gazette, on a toujours du lourd, du consistant, du croustillant, de la substance qui nourrit vos conversations toute la journée ! Et pour pas cher du tout, surtout si on s’abonne. Prix bas garanti grâce à une absence totale de rémunération des rédacteurs (sauf le chef qui a des responsabilités et des besoins) qui ont la vocation et le foie délicat, ce qui les empêche de traîner au bar car Gaston n’accepte que les consommateurs. Sobriété, pure factualité avec une touche d’inventivité dans les limites subjectives du commercialisable, voila notre credo.

Nous sommes fiers de ce que nous avons fait. Nous nous tiendrons toujours debout face à l’adversité. Mais pardon par avance, si nous avons d’une quelconque manière dérangé des personnes susceptibles de nous nuire en quelque façon.

Complot de familier (09-12-2014)

Une célèbre marque de Pastis dont je tairai le nom pour cause de désaccord quant au cachet qui devrait m'être versé s'associe à cet épisode qui porte son numéro.

Salut les bouseux, c'est votre rédac'chef préféré, en direct live du Japon, le pays de Chang ! Oui, je suis venu passer des vacances prolongées en ce pays si accueillant où tout le monde se ressemble et fait des bruits rigolos avec sa bouche.Vu comment on commençait à me regarder à Moncert, j'ai décidé qu'il était temps de partir rendre une petite visite à mon pote Jacquot. Oui, Jacquot, le fils disparu du Comte de Moncert. En fait, il avait décidé de s'extraire de la boue moncertoise qui pue pour respirer un peu les cerisiers d'ici. Je vous raconte toute l'histoire.


Arrivé ici, il a fait la rencontre de Chang, personnage très influent dans certains milieux, avec qui il a discuté de choses et d'autres, notamment du filon que pouvait constituer la culture de la cocaille. Bon, ce n'est pas la peine d'entrer dans les détails, mais Jacquot, qui ne se voyait pas remettre les pieds à Moncert, avait passé un deal avec Chang : il lui cédait son futur titre de Comte en échange d'un pourcentage sur les bénéfices, suffisant pour vivre tranquillement loin des fous. Et comment suis-je au courant de cet arrangement ? Eh bien, c'est simple, Jacquot avait besoin d'un informateur sur place pour savoir en temps réel tout ce qui s'y passait.

Dommage que les niaks aient sous-estimé la gniak de nos culs-terreux. Déjà, n'importe qui devrait savoir qu'on ne fait pas de grande charcuterie avec juste un bridé. Ensuite, ils auraient pu parler de leur plan d'invasion à Jacquot, qui leur aurait tout de suite expliqué qu'il vaut toujours mieux utiliser la ruse plutôt que la violence envers un moncertois, non pas parce que sa force est grande, bien que ce soit une raison très suffisante, mais surtout parce que son intellect est très limité et qu'il est facile à duper. Quand je pense que pas un d'entre vous n'a compris que c'était moi le corbeau… Je vous révèlerais bien des trucs que je sais à propos de certains d'entre vous et que j'ai gardé pour moi par sécurité, mais je ne vais quand même pas le faire gratuitement, ce serait non professionnel.

Bref, tout ceci est du passé et considérez ces lignes comme un genre de carte postale sans image dans laquelle un vieil ami vous donne des nouvelles de votre imbécilité. Bon, j'ai l'air de dire un peu de mal de vous mais je dois vous concéder que la boisson locale est bien plate. Ici, on boit de la limonade non gazeuse qu'on appelle saké. On peut en boire des litres avant de commencer à ressentir un peu le même effet qu'on obtient en humant une bouteille de cocaille que l'on vient de déboucher. Comme j'ai amené quelques caisses de cocaille avec moi, je vais quand même tenir le coup pendant un certain temps. Après, on verra bien.

Ah oui tiens, je crois que Jacquot veut prendre la parole pour dire aussi ce qu'il pense de vous. Ah non, il s'en fout, je crois que vous ne l'intéressez pas assez. Allez, adieu la compagnie, vous m'avez bien fait marrer.

Un homme réapparaît (16-12-2014)

Nous sommes anonymous. Nous avons piraté cet épisode en remplaçant les espaces par des tabulations d'un caractère. Ah ah, craignez-nous.

Bonjour Moncert, bonjour les amis, heureux de vous retrouver très bientôt !


La semaine dernière, je vous disais adieu, l'âme en peine. Mais le mal du pays m'a pris d'un seul coup, surtout quand les niaks ont décidé de se venger de leur déconvenue moncertoise sur Jacquot, qui ne leur servait plus à rien de toute façon et qui le méritait bien au vu de ce qu'il vous avait causé comme tracas bien malgré moi, qui n'a été qu'un pion naïf de son stratagème diabolique. J'ai échappé moi-même à la mort grâce à une ruse dont je ne suis pas peu fier et que je vais m'empresser de vous raconter pour vous divertir.

Avant d'y passer, j'ai demandé si je pouvais avoir droit au dernier verre du condamné en leur expliquant que c'était une coutume locale. Grands seigneurs, ils ont accepté. C'est alors que je leur ai proposé de trinquer tous ensemble en arguant que je n'étais pas fâché contre eux et que je comprenais leur ressentiment à mon endroit et que ce n'était pas pour ça qu'il fallait se priver d'un moment de fraternité inter-espèce même avec les sous-hommes dégénérés qu'ils étaient. Comme je ne connais pas leur patois local, je l'ai dit en français, alors ils ont juste fait les yeux ronds (façon de parler, bien évidemment, mais quand même ça fait peur de voir qu'ils pourraient nous ressembler). J'ai alors fait les gestes qu'il fallait avec les bras et ils ont fini par comprendre que je les invitais à boire avec moi. J'ai sorti la cocaille et leur ai montré qu'il fallait la boire cul-sec sinon on était un pédé (j'ai failli créer un incident en mimant une personne invertie pour être sûr que le message soit clair). Eh bien, je ne sais pas s'ils ont changé leur habitudes sexuelles, mais je peux vous dire que ça serait une option maintenant très envisageable vu comment la cocaille leur a élargi l'anus. Vous savez bien que la cocaille demande un certain nombre d'années d'accoutumance pour être acceptée par le ventre. Au début, on en met en dose homéopathique dans le biberon des enfants, ce qui permet de se débarrasser des éléments trop faibles pour faire partie de notre race supérieure. On ne peut passer à la cocaille pure qu'à partir de dix-huit ans, ce qui constitue chez nous le rite de passage à l'âge adulte. Bref, la cocaille leur a traversé l'estomac sans suivre les méandres des intestins et est sorti par la force des lois de la gravitation. J'ai donc pu m'éclipser prestement pendant qu'ils se tenaient ce qui leur restait de ventre.

Comme je vous disais, la nostalgie de notre verte campagne, où il fait si bon vivre entre nous, m'a saisi le cœur et j'ai voulu retourner à la maison. Mais comme je n'étais pas certain de la nature de l'accueil qui me serait réservé, j'ai préféré sonder notre Auguste Empereur. Il m'a répondu qu'il était certain que toute la population me préparerait un accueil à la hauteur des sentiments qu'ils éprouvaient pour moi. N'étant pas pleinement rassuré par cette réponse que je trouvais quelque peu ambiguë, il ajouta que mon retour serait l'occasion d'une fête dont je serais la principale attraction, que ce serait carrément ma fête d'une certaine manière.

Franchement, mes amis, je suis ému. Je ne savais pas que je vous manquais autant. Je reviens donc et je vous promets que j'ai encore plein d'histoires croustillantes sur un certain nombre d'entre vous qui ne manqueront pas d'intéresser toute personne qui partage ma passion pour toute vérité qui est bonne à dire, sachant que tout ce qui est imprimé dans la Gazette est vrai ou le devient par la grâce de l'opinion publique.

Ah, au moment où je finis ce texte, je vois certains d'entre vous au loin qui m'ont reconnu, ont poussé des grands cris et se précipitent vers moi. Je pose donc ce stylo pour être prêt à trinquer.

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