Nivoplanchiste

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« Un bon surfeur est un surfeur mort »
~ Sagesse Populaire
« S'attacher les pieds sur la même planche, c'est comme s'attacher les lacets ensemble  »
~ Dexter Hayman à propos des snowboards
« Je te brûlerais tout ça au napalm  »
~ John Rambo à propos de tout ça


L'hiver arrivant (et la neige en principe), une curieuse espèce refait son apparition dans les stations de ski, le snowboarder. Appelé également surfeur, du nom de son vague cousin amateur de rouleaux d’eau salée, nivoplanchistes pour la belle Province fuyant les anglicismes, ou encore handicapés des pieds pour les skieurs, nous allons nous pencher (mais pas trop quand même, le surfeur est fourbe) sur cette espèce désormais bien implantée dans nos paysages de montagnes (mais surtout aux restaurants d’altitude).

Le cauchemar du surfeur ... une piste technique

Origine

Version officielle

Surfeur tentant de fuir un requin

Les origines du surfeur des neiges sont floues. L’origine communément admise est celle des surfeurs des mers, qui voyant leur nombre d’estropiés augmenter d’année en année (les requins sont friands de cette espèce, qui en plus ont la bonne idée de venir se jeter directement dans leur gueule), se sont retirés dans les rues, dans un premier temps, en adaptant leur planche avec des roulettes ; les skateboards.

Puis l’adaptation des squales à cette nouvelle donne ayant fait son œuvre, quand ceux-ci ont commencé à venir chercher leur pitance directement dans les rues (vous pouvez d’ailleurs voir les résultats impressionnants de cette fabuleuse adaptation du règne animal dans le documentaire intitulé Sharknado), nos surfeurs des villes ont bien dû réfléchir à une nouvelle solution (et nous savons bien qu’ils ne sont pas forcément équipés pour ce genre de défi).

C’est ainsi qu’ils ont commencé à reculer de plus en plus loin des plages, de plus en plus haut du niveau de l’eau et logiquement ont atterri dans les montagnes. Les roues ont disparu de leurs planches, afin de permettent une glisse plus efficace sur les pentes enneigées. Aujourd’hui, nous sommes à l’aube d’une nouvelle évolution, puisque nos squales préférés, décidément très amateurs de chair de surfeur, ont continué leur évolution (cf. l’autre documentaire : Avalanche Sharks : les dents de la neige). Nos surfeurs n’ont plus qu’à attendre l’hoverboard et prier pour que les requins ne se mettent jamais à boire du Red Bull.

Controverse

Une version controversée commence toutefois à émerger de certaines vallées alpines. Longtemps cachée par crainte d’être taxées de cruauté envers les animaux, les langues montagnardes commencent à se délier (pour le plus grands plaisir des chamois qui commençaient à avoir sacrément mal au cul), poussées par les propos de Brigitte Bardot et par la production grandissante du génépi, suite à la maîtrise de sa culture à grande échelle. Pour en savoir plus, nous nous sommes rendus auprès du vieux Fernand, qui sous couvert d’anonymat, nous a livré sa version de l’histoire.

Journaliste : Et donc monsieur Fernand, comment sont réellement arrivés les surfeurs dans les montagnes ?
Le vieux Fernand : Crénom le p’tiot, pose toi donc par là et goûte moi cette gnôle, ça va te réveiller pasque c’te histoire tu vois, elle sent pas la rose des prés
Journaliste : C’est gouleyant, ça a du retour
Le vieux Fernand : Alors tu vois, dans nos villages on a toujours eu c’qu’on appelle l’idiot, le brave gars (ou la brave fille). C’est quand on a vraiment trop abusé d’la gnole ou qu’la cousine que t’épouse c’était plutôt ta soeur et résultat, le p’tit dernier on le retrouve un peu difforme, pas bien malin et surtout on sent qu’en dehors du bout de la rue pour boire son coup, il n’ira pas bien loin
Journaliste : Je peux me resservir, c’est bon votre truc là
Le vieux Fernand : Voui sers-toi, ça réchauffe le cœur et ça ouvre l’esprit. Donc quand on a vu que des idiots, ben il commençait à y en avoir pas mal, on s’est dit qu’il fallait qu’on fasse quequ’chose pasqu’un jour ils allaient bien finir par comprendre comment qu’ça s’passe les choses de la vie et finir par réussir à s’faire des p’tiots entre eux et là ça s’rait l’début d’la fin tu vois ?
Journaliste : Ouais ouais je vois, t’as une autre bouteille ?
Le vieux Fernand : Descends-t-y voir à la cave. J’continue, tu reprendras l’histoire en cours de route. Donc j’disais, avec les z’autres, on s’est dit que quitte à s’en débarrasser, autant faire ça en se marrant, pasque tu sais l’hiver, parfois c’est long ici, surtout quand on attrape plus de chamois pour se réchauffer la nuit. Donc on était tous au bar du Robert tu vois, en train de s’en coller deux-trois derrière la cravate, quand l’Raymond de la ferme d’en face a eu une idée « Hé, et si qu’on les montait en haut de la montagne, qu’on les ficelait bien à une planche et qu’on les pousse voir jusqu’où y vont. On pourrait même faire un concours, genre une pétanque mais bien d’chez nous » qu’y nous dit. On s’est tous regardés, et après deux-trois litrons, on s’est tous dit que ben putain son idée elle était rudement bonne. Et donc c’est comme ça qu’on a commencé à rattraper un peu nos conneries d’avec les cousines.
Journaliste : Hé bé, il commence à faire chaud ici non ?
Le vieux Fernand : Et donc à force de faire des lancers d’cons, on a bien amélioré la technique, on les attachait debout, on s’marrait bien tu vois, pour nous on faisait rien de mal. Mais bon, fallait bien un jour que ça s’arrête. On ne pensait pas que des touristes nous avaient vu en fait, et que ces cons là allaient refaire la même chose mais volontairement. Et c’est quand on a vu tous ces cons là se radiner avec leur planche pour descendre les pistes qu’on a compris qu’on avait fait une connerie
Journaliste : Oh putain, ça tourne bordel, y sont où tes chio… beuargh
Le vieux Fernand : Ca va petiot ?

Fin de l'interview

Voilà donc ce qui semblerait bien être l’ignoble vérité … des touristes trop bêtes pour faire la différence entre nouvelle glisse et épuration de la consanguinité des vallées alpines.

Comportement et écologie

Description

Première méthode d'identification : deux pieds fixés sur une même planche

Le surfeur est facile à reconnaître et à différencier de l’élégant skieur. La principale caractéristique du surfeur est d’avoir les deux pieds attachés sur la même planche. Si cela peut surprendre au premier abord, il faut bien garder en tête que le surfeur est limité dans ses capacités cognitives, et donc il est plus facile pour lui d’avoir les pieds qui bougent ensemble plutôt que devoir se mouvoir en bougeant les deux jambes de manière synchronisée.

Outre cette particularité, on peut noter que le surfeur aime être à l’aise dans ses vêtements. Les mauvaises langues s’abaisseront à dire que c’est parce son sphincter anal est tellement relâché (le prix de son accoutrement grotesque étant l’une des explications de cet état) qu’il n’est plus capable de retenir ses étrons quand il approche dangereusement d’un sapin, d’une bosse ou d’une petite marmotte (celle avec le papier alu sont redoutablement dangereuses).

Le surfeur parle fort, enfin surtout quand il est en meute avec d’autres représentants de son espèce. Seul sur un télésiège avec des skieurs, il aura plutôt tendance à se faire petit, la présence des skieurs le ramenant à sa condition de glisse inférieure.


Déplacement

Position de ratrak

Le surfeur a plusieurs modes de déplacement quand il est fixé à sa planche :

  • Le front side aussi connu sous le terme « elle est bonne la neige non ? » Le surfeur est alors face à la pente, sur les talons en priant le dieu de la glisse de ne pas tomber en avant.
  • Le back side élégamment surnommé « prends-toi ça dans le coccyx » Le surfeur est alors dos à la pente, sur les orteils en serrant les fesses parce que la neige est dure, et qu’il a le cul trempé à force de se ramasser.
  • La feuille morte ou « c’est vraiment de la merde ce truc » Le surfeur se laisse glisser d’un côté à l’autre de la piste (emmerdant tous les autres usagers au passage) sans risquer un seul virage (parce qu’au bout de 15 chutes, le mélange cul trempé et caca mou, c’est vraiment désagréable).
  • L’orang outan, aka « saloperie de liaison de piste de merde trop plate ». Le surfeur, penché en avant, les pieds fixés à sa planche, dans un élégant mouvement de soumission, utilise ses mains pour se mouvoir sur la piste.
  • Le kangourou ou « hop hop hop … boum ». Mode de déplacement plus évolué que l’orang outan, le surfeur procède par petits bonds pour éviter de prendre une position de dominé. Ce déplacement se solde quasi invariablement par une chute. Particulièrement visible au moment de l’embarquement sur un télésiège.
  • Le ratrak ou « je ramène toute la neige en bas des pistes ». Reconnaissable entre mille au délicat bruit de raclement sur le verglas, le surfeur se contente de descendre la piste en raclant la neige pour ne pas aller trop vite. Déplacement prisé du surfeur débutant qui peut ainsi se rendre jusqu’au resto d’altitude, frimer devant les autres et attendre que les autres clients soient partis pour continuer sa descente.

Répartition

Les zones de prédilection du surfeur sont assez bien définies :

  • Les restaurants d’altitude

C’est LA zone la plus simple pour en observer dans leur milieu naturel, c’est là où ils peuvent mettre enfin à profit tout leur art. Réunis en groupe, et donc parlant suffisamment fort pour être entendu par les femelles avoisinantes, ils vantent alors leurs mérites pour tenter d’impressionner la foule. Freeride, 360, backflip, frontflip, … toutes les disciplines qui entachent leurs sommeils et dont leurs draps se souviennent. Ne comptez par contre pas trop les voir en action sur les dites figures.

  • Les pistes vertes

Voire bleues pour les plus téméraires d’entre eux. Ne nous leurrons pas, sur piste, ils restent essentiellement sur des circuits débutants. C’est tellement amusant de voir des attroupements de feuilles mortes tentant de dépasser les serpentins d’enfants des écoles de skis, entre deux chutes.

  • Les bordures de pistes

Dans les sapins exactement, ce sont des choses qui arrivent quand ils tentent de suivre un skieur.

  • Le front de neige

En bas des pistes, en plein passage des skieurs cherchant à rejoindre une remontée mécanique évidemment, sinon c’est pas drôle. Parfois même assis, dos à la piste, sous une dernière bosse, testant ainsi les différents théories darwiniennes les concernant.

  • Le snowpark

Ghetto de luxe pour les uns, réserve de chasse pour les autres, le snowpark est le lieu où les surfeurs élisent leur chef. A l'instar des gorilles et de leur dos argenté, ici c'est le fessier blanc de poudreuse qui vous orientera vers le leader du groupe. Problème météo, neige trop molle, verglas trop dur, pente de la rampe mal ajustée, carres non aiguisées, blessures de guerre, ... c'est aussi là que vous découvrirez un florilège impressionnant d'excuses en bois, parce non ils se sont pas loupés, c'est le matériel / neige / ... qui les a trahis

Espèces

Moment volé, un surfus jibus en pleine parade amoureuse
  • Surfus mare : le surfeur des mers
  • Surfus urbis : le surfeur des villes
  • Surfus nivus : le surfeur des neiges
    • Nivus freeridus : essentiellement concentré sur les zones hors-pistes. Son credo « si on me voit pas, on se moquera pas »
    • Nivus alpinus : sur les pistes de ski, avec du matériel adapté. Son credo « moins de temps je suis vu en descendant, moins de temps les autres me regarderont en riant »
    • Nivus freestylus : dans les zones protégées de la chasse, les snowparks. Leur devise « quitte à se ramasser à chaque changement de carre, autant faire passer ça pour de l’art »
    • Nivus jibus : nouvelle espèce, croisement entre le surfus urbis pur et le nivus freestylus. Comprenant qu’ils ne sont plus les bienvenus sur les pistes, ils s’attaquent au mobilier urbain des stations de ski.

Cette liste est évidemment en perpétuelle évolution, le surfeur, s'il manque de technique et d'allure, ne manque pas d'imagination pour se démarquer sans cesse de ses congénères (et tenter de faire accepter au plus grand nombre que non, il n'est pas ridicule, que c'est sa pratique qui veut ça). Il convient donc de lire avec le plus grand soin le paragraphe suivant afin d'éviter de se retrouver dans une mauvaise parodie d'Idiocracy où nous serions gouvernés par des souris de laboratoire.

C1CortexFFC8E4.jpg Cortex analyse :
Grâce à la multiplication des surfeurs, je pourrais enfin conquérir le monde



Lutte

Comme pour tous parasites, différents moyens de lutte commencent à émerger. L’appellation « station de ski » ne suffisant visiblement pas à leur faire comprendre qu’ils ne sont pas les bienvenus, différents stratagèmes ont été mis en place pour limiter leur prolifération.

Panneau signalant une zone sans surfeurs


Interdiction

Les fameuses pioches, ennemis naturels du surfeur

L’interdiction pure et simple dans certaines zones. L’idée étant de voir si les mentalités sont prêtes à accepter ça avant une éviction pure et simple de l’ensemble des domaines skiables.

  • Avantage : c’est radical
  • Inconvénient : risque d’être taxé de discrimination

Les moyens d’accès

Le surfeur n’aime pas le téléski, et encore moins certains téléskis à enrouleurs (appelées également les pioches). Un moyen simple de se prémunir de leur prolifération est de garantir l’accès aux parties les plus agréables du domaine skiable à l’aide de ces appareils (glaciers par exemple).

  • Avantage : éviction sûre mais subtile des surfeurs
  • Inconvénient : il n’est pas forcément évident d’en installer de partout

La chasse

Soyons clairs, le dernier moyen d’éviter un nuisible de proliférer, c’est de le chasser. Pour cela, une technique purement alpine (basée sur celle de la chasse au dahut) a été développée. C’est simple, drôle et vos enfants peuvent participer sans danger. Il suffit de guetter un instant pause du surfeur dans la pente (c’est facile, c’est aux endroits où on est sûr de pas les voir avant d’arriver dessus). En fonction de sa position (frontside, backside vus plus haut) se positionner de manière à être dans son dos, utiliser son appeau (« hé beau gosse, ça te dit une mousse au resto ? »). Le surfeur, oubliant qu’il a les pieds attachés (le con), va esquisser un mouvement pour se retourner, et tombera quasi instantanément. Il vous suffit alors de rire bruyamment, de prendre une photo/vidéo, de la diffuser sur les réseaux sociaux de la station. Sa fierté l’empêchera de revenir.

  • Avantage : une activité familiale et drôle
  • Inconvénient : chasse à l’unité, cela prendra du temps pour se débarrasser de tous les surfeurs


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