Richelieu
Le matin
Quelle cuite ! Hier notre bon roi m'a présenté à son conseil des ministres et m'a demandé d'y mettre de l'ordre. Après lui avoir conté pendant une demi-heure ma biographie complète de Larousse et mes exploits bureaucratiques, très impressionné et mis en confiance, il m'a donné carte blanche et est parti vaquer à ses occupations, l'esprit pris par une autre affaire.
Pendant ce temps, je fais venir le caviste et lui commande une cargaison de cent bouteilles de calva. Putain, on s'est bourrés la gueule jusqu'à six heures du matin avec les courtisanes pendant que les officiers militaires me demandaient quelle stratégie adopter face à l'ennemi qui envahissait l'Aquitaine... Ou peut-être le Nord, je m'en souviens pas trop, j'étais presque dans les vapes, je sais même pas s'il a compris ce que je lui disais de faire (il faut dire que je ne comprenais pas moi-même). De toute façon, un lopin de terre de plus ou de moins, ce n'est pas grave.
Le conseil de dix heures
La nuit a été courte et j'ai la gueule de bois. Pendant que le roi me demande pourquoi nous avons perdu un quart de nos terres, je lui explique que ce n'est qu'une feinte face à l'ennemi et que grâce à elle, nous remporterons d'ici la fin de la semaine le double de ce que nous avons perdu. Le roi continue de me faire des remontrances mais un regard noir de ma part suffit à le faire taire. Alors que je lui conseille de se reposer afin de se rafraîchir l'esprit, apparemment obscurci par je ne sais quelle activité de dépravé pratiquée la veille, celui-ci accepte gentiment et me laisse carte blanche une fois de plus quant aux décisions à prendre aujourd'hui.
Midi
Alors que je mange, d'Artagnan et ses copains viennent encore me faire chier, je leur explique que je ne suis pas le roi et que je ne suis donc pas responsable de tout ce qui se passe. Ils partent ainsi à la recherche du roi et me laissent tranquille. Ceci me donne tout le loisir de créer une nouvelle taxe paysanne afin de financer notre armée défaillante ces derniers temps. Encore un coup de la CGT, j'en ai marre des grèves, à cause d'elles, on ne peut même plus défendre notre territoire comme il se doit. Je convoque le général des armées, l'auditionne puis le renvoie, j'ordonne ensuite son exécution pour le lendemain. C'est le dix-septième du mois qui me fait le coup, je commence à en avoir assez d'être entouré d'incapables. Je demande ensuite au roi pourquoi il a pris des mauvaises décisions. Celui-ci me répond qu'il ne comprend pas en me regardant intensément tout au long de l'examen face à la cour comme s'il attendait quelque chose de ma part. Je l'engueule puis le renvoie en lui disant de ne plus recommencer.
L'après-midi
Je dois célébrer une messe dans la chapelle du Louvre. J'aime pas célébrer des messes. Je suis devenu évêque parce que je pourrais peut-être devenir Pape et ainsi faire tomber quelques terres italiennes sous ma coupe. Je célèbre la messe pendant une minute puis prétexte que j'entends la parole de Dieu et dois m'isoler afin de mieux la retransmettre. Le roi me fait d'ailleurs remarquer que j'entends souvent la parole de Dieu en ce moment et toujours quand je célèbre une messe. Je lui réponds que le seigneur me met certainement à l'épreuve puis lui demande d'augmenter mon salaire au vu des conseils judicieux que le lui donne. Le roi tente d'abord de résister mais un simple "Tu es sûr de vouloir faire ça ?" le convainc.
Le soir
Vers vingt heures, nous faisons coucher le roi. Nous apprenons déjà par les ministres les mauvaises décisions que celui-ci a prises dans la journée mais nous devons bien nous y soumettre, à contre-cœur, attristés par l'idée que nos salaires augmentent, qu'il y ait au Louvre plus de vin et de viande, que nous gagnions des terres qui appartenaient autrefois à de pauvres paysans sans le sou à qui sera bientôt prélevée une nouvelle taxe. Je pars, toutes mes pensées occupées par le pauvre peuple asservi de France qui aura de nouvelles difficultés à surmonter à cause de notre bon roi, me mettant bien en tête que malheureusement, ce que le roi demande, le roi aura.
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