Un article de la désencyclopédie.
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— Richard, ça va ?
Les gens... Je vais graver mes initiales sur le zinc. Et puis reprendre un Gin Tonic. Le jour du quatorze juillet, je ne reste pas dans mon lit douillet. Les flonflons et les feux d'artifice m'ont pas suivi.Manquerait plus que ça... Le 14 juillet, je pense toujours à la même chose.
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Je connais une grue sur le vieux port
Avec des dents longues comme la faim
Et qui dégraffe tous les marins
Qu'on l'âme chagrine et le coeur d'or
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Mister Giorgina remplit à nouveau mon verre. Et de la glace, la chaleur... Je l'entends qui rêve d'un autre comptoir. Je vais graver mes initiales dans le zinc. Histoire de laisser ma trace. Comme les amoureux sur les arbres. Moi le zinc... Dans le fin fond du trou du cul des dégorgeoirs du vieux port... Dans le zinc.
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C'est à Marseille que je vais la voir
Quand le soleil se fout en tweed
Et que l' Mistral joue les caïds
C'est à Marseille qu'elle traîne le soir
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Et quand je l'aurais retrouvée, je lui parlerai du temps qui a filé, du temps que nous avons gagné elle et moi, à ne plus se poursuivre. Avec le temps... J'ai l'alcool triste ? Merde ! Pas encore. Quoique...
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Elle a des jupes à embarquer
Tous les chalands qui traînent la nuit
Et des froufrous qui font tant de bruit
Qu'on les entend au bout du quai
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Le 14 juillet, je déssaoule plus, le jour le plus triste de l'année, le 14 juillet... le jour des cons. Le sirop des pas aux pas la gueule en l'air, la militaire mémoire des traîneurs de sabre. Je ravive le feu...
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Il suffit d'y mettre un peu de soi
C'est une putain qu'aime que la braise
Et moi je l'appelle la Marseillaise
C'est bien le moins que je lui dois
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— Richard, ça va ?
Mister Giorgina me regarde de travers. Non, c'est moi qui suis un peu de traviole. Il doit vouloir me faire la conversation. C'est quelle heure ? Ma montre marque 3h42. Ça doit être ça, le bar est désert, minuscule et désert. Heureusement qu'il connaît mes cuites du 14.
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Arrête un peu que je vois
Si tu fais l' poids
Et si j'en aurais pour mon fric
Arrête un peu que je vois
Si les étoiles couchent avec toi
Et tu m'diras combien j'te dois
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— Richard, ça va ?
Il me secoue un peu... Je me redresse, je fais des efforts, c'est pour mon bien. Être. Bien naître.
— T'as fermé la boutique ?
— Oui, y'a plus que nous deux, mon vieux Richard.
— Que nous trois. Que je lui rétorque.
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Je connais une grue dans mon pays
Avec les dents longues comme le bras
Qui degraffait tous les soldats
Qu'avait la mort dans leur fusil
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— Oui, justement à ce propos... Qu'il me dit.
— Quoi ? Hein, Quoi ?
— Bof... Moi le 14...
— Heureusement que je te connais. Ça fait la 12ème fois...
— Ben, tiens ! On va aller jusqu'à 14 ! que je lui dis l'air goguenard.
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C'est à Verdun qu'on peut la voir
Quand les souvenirs se foutent en prise
Et que le vent d'Est pose sa valise
Et qu' les médailles font le trottoir
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Ah ! Mister Giorgina ! Il a sorti son verre et posé la bouteille sur le comptoir. Il nous remet ça. Et puis il me regarde le sourire en coin. J'sais pas si il les a vraiment comptées. Bof. Et pourquoi pas ? C'est de circonstance de toute façon. Voilà de circonstance !
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Elle une voix à embarquer
Tous les traîne-putains qu'elle rencontre
Et il paraît qu'au bout du compte
Ça en fait un drôle de paquet
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— Richard eh! Richard!
— Oui ?
— T'endors pas. Tu penses à quoi ?
A quoi je pense ? Je pense plus, j'écoute.
— J'écoute.
— Tu dois la connaître par coeur maintenant.
— Je m'en lasse pas.
Mister Giorgina... Tout gomina... Il est pas mal du tout. Comme barman, il se tient là. On devrait faire un défilé de barmans le 14. Général Gomina, général Giorgina. Non, je déconne. Bof. Pourquoi pas ? Après tout...
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Il suffit d'y mettre un peu de soi
Au fond c'est qu'une chanson française
Mais qu'on l'appelle la Marseillaise
Ça fait bizare dans ces coins là
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— Richard, encore un petit pour la route...
Pour la route... Je vais graver mes initiales dans le zinc. A la mémoire de... Satan ! Thank you Satan ! Il nous remet ça. Je crois qu'il est décidé à aller jusqu'au bout... Au bout de la nuit, au bout du bout de cette putain de nuit.
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Arrête un peu que je vois
Si t'as d' la voix
Si j'en aurais pour mes galons
Arrête un peu que je vois
Et puis que j'abreuve tous vos sillons
Et je vous dirais combien ça fait
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Ouais... abreuvons nos sillons. Lo culturo. Al sint Catorze. Les nuits artifice, pleins feux, oaille plein la paille, la futaille. Je cassé dans le fond c'est qu'une çanson franchaise. Ça doit être les bulles. Mister Giorgina j'veux pu d'bulles. Marseillaise. Pu d'bulles. Ouaich, La Marseillaise sans bulle. Boules. Ouich, les boules marre. Pou de boules non plus.
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Je connais une grue qu'a pas de principes
Les dents longues comme un jour sans pain
Qui dégraffait tous les gamins
Fumant leur vie dans leur casse-pipe
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Ha ! Merde la putain ! Ça c'est du vampire... Ouch mi connê pas. Quand même. C'est balèse. Nan. Lo mailleur c'est lui. Halala... oulala... La vamp pire des gammes hein ? Putain ! La Putain ! C'est pas la The Nana... Nana. Nan. Voilà qu'est-ce que cé. A trainailler son cul dans la natoure. Beurdel... de beurdel de merde. Je penche un peu là. Non ?
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C'est dans les champs qu'elle traîne son cul
Où y a des croix comme des oiseaux
Des croix blanches plantées pour la peau
La peau des autres bien entendu
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— Richard, encore un petit vite fait !
— Voui. Meu lors sans boules.
— Nan. J'voux plou du truc avé lé bulles... Dans le Gin.
— Ha ! Ok ! Tu veux juste le Gin, quoi !
— Voui.
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Celle là on peut jamais la voir
A moins d'y voir les yeux fermés
Et le périscope dans les trous de nez
Bien allongé sur le boulevard
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Bin j'pas m'allonger comme ça. Moi. J'veux bien la voir pas les yeux fermés, oui vas y. Allez ! Que je vas sortir mon répi scope aussi. Pas dans le trou de né. Nan. Pas dans le trou. J'vas là, sur le zinc. Avec Mister Giorgina. L'ait pas encore au niveau, lui. Il a commencé plus tard. Mouais, c'est l'barman. Faut sûr. Sûrer.
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Suffit de leur filer quat' bouts de bois
De faire leur lit dans un champs d' glaise
Et de leur chanter la Marseillaise
Et de leur faire une belle jambe de bois
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Allez ! Merde ! Cul sec ! Chanter la Marseillaise en breton ! Les cons ! Merde !
— Allez Giorgina ! Cul sec !
— Cul sec !
— Ha ! Haaaaa... Toudiou !
— Te casse pas la gueule, merde !
— Cha vas. C'est le cul sec, la tête en arrière...
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Arrête un peu tes cuivres et tes tambours
Et ramène moi l'accordéon
Arrête un peu tes cuivres
Que je puisse finir ma chanson
Le temps que je baise ma Marseillaise
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— Hé ! M. Richard, le dernier pour la route !
— Ha non ! Pas déjà ! Nan ! Je vais remettre La Marseillaise et on continue !
— Ha ! Encore ?
— Voui. Je suis ferré, là.
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Ce texte est publié sous double licence CC-BY-SA et CC-BY-NC-SA. L'original est une exclusivité du collectif Houmoriska qui en détient le copyright.
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