Comment se faire passer pour un chien
De nombreux et piètres guides censés faciliter la vie quotidienne se trouvent en librairie, et leurs auteurs ne reculent généralement devant aucune fausse promesse pour arriver à leurs fins (à savoir séduire des femmes plus jeunes qu’eux grâce à leur gloire d’écrivain tout en gagnant beaucoup d’argent). Leurs titres, aussi pompeux qu’illusoires, ne trompent personne : Réussir son entretien d’embauche, Gagner au poker en ligne, ou encore Trouver l’amour, autant de buts inaccessibles et dénués de sens puisque le véritable but de tout un chacun est de se faire passer pour un chien avec succès.
Pourquoi se faire passer pour un chien ?
Il semble évident que dans un contexte de crise comme le nôtre – crise économique, crise spirituelle, crise culturelle, crise crise – les chiens sont les individus les plus aptes à survivre. Il est biologiquement impossible aujourd’hui, malgré les soi-disant progrès de la pseudo-science, de devenir physiquement un chien, aussi nous étudierons ici les différents recours dont les humains disposent pour imiter habilement les chiens afin de jouir de leurs avantages.
Nourriture
Les chiens bénéficient d’un système d’alimentation automatique par l’Homme basé sur leurs capacités à mendier la nourriture par le regard, un talent dont semblent dépourvus la plupart des êtres humains, comme le montre l’exemple des enfants Roms qui tentent désespérément et sans succès de se faire passer pour des labradors en prenant un air malheureux dans le métro afin de briguer l’argent des bons Français qui ont mauvaise conscience : les marques de piqûres sur les avants-bras ne trompent pas – contrairement aux enfants Roms, les labradors ne s’injectent pas de Subutex en cachette dans les toilettes des fast-foods.
Le principe de la mendicité de la nourriture par le regard dit « de chien battu » permet habilement au chien d’être entretenu sans faire d’efforts : croquettes gratuites, restes, bonus alimentaires (peaux de poulet, peaux de saucisson, gras de jambon), ordures alléchantes… Les chiens ont compris depuis plusieurs siècles que leur proximité avec l’Homme leur permet d’être nourris grassement et régulièrement sans effectuer le moindre effort.
Pour un être humain, se faire passer pour un chien et aller briguer des morceaux de sucre aux terrasses des cafés constitue une agréable source de subsistance, et épargne les embarras de la file d’attente aux Restaurants du Cœur tout en conservant un caractère ludique.
Vie affective
Qui n’a jamais rêvé de pouvoir frotter ses organes génitaux contre de séduisant(e)s inconnu(e)s ? En apercevant un spécimen de sexe opposé attrayant, la première pulsion qui vient immédiatement à l’esprit est le désir de jouir en se frottant à elle. Hélas, la société et ses lois rigides interdisent aux humains de se masturber contre la jambe de partenaires aléatoires non consentants, alors que les pitbulls peuvent se branler en toute sécurité contre la jambe des passants sans que quiconque ne songe à les jeter en prison comme de vulgaires revendeurs de drogue.
Se faire passer pour un chien vous permettra d’assouvir vos fantasmes de masturbation contre les parties antérieures des passant(e)s que vous convoitiez secrètement sans jamais avoir osé les violer de peur de représailles.
Vie quotidienne
Quelles sont les occupations essentielles des humains au cours d’une journée normale ?
- Se lever tôt
- Se débarrasser hâtivement des contraintes organiques naturelles
- Se laver et s’habiller avec des vêtements propres et inconfortables
- Effectuer des trajets éprouvants pour se rendre au travail
- Travailler dans un contexte stressant et hostile au développement personnel
- Se nourrir mal et vite
- Effectuer le trajet du travail en sens inverse
- S’occuper d’harassantes tâches quotidiennes (enfants, ménage, lessive)
- Se coucher pour une nuit d’insomnie en sachant que le lendemain sera exactement similaire, voire pire
Quelles sont les occupations essentielles des chiens au cours d’une journée normale ?
- Glander
- Manger
- Gambader
- Tirer un coup
- Jouer à la baballe
- Prendre tout son temps pour chier dans la rue
- Se gratter
- Roupiller
- Se faire caresser le haut du crâne
Est-il utile d’avancer d’autres arguments vous expliquant pourquoi vous feriez mieux de vous faire passer pour un chien avec succès ?
Avant tout : soignez votre apparence
Un vrai chien n’a pas besoin de se faire passer pour un chien. Vous n’êtes pas un vrai chien (si c’est le cas, vous ne seriez pas en train de lire ce guide).
Poils
Contrairement aux humains, les chiens sont recouverts de poils des pattes à la gueule (des pieds à la tête si vous préférez – mais arrêtez de penser bêtement humain, et commencez à penser chien). Il importe donc pour vous de vous couvrir de poils, de façon à singer astucieusement le pelage d’un vrai chien (vous êtes dispensé de lire cette section si vous êtes turc ou italien).
La meilleure façon de se procurer rapidement des poils de chien est d’écumer les salons de toilettage canin, encore que cela puisse paraître suspect. N’hésitez pas à vous vêtir d’une blouse blanche et à vous faire passer pour un scientifique étudiant les poils pour éluder toute question inopinée (voir notre prochain guide Comment se faire passer pour un scientifique étudiant les poils pour éluder toute question inopinée).
Les salons de coiffure des humains permettent d’obtenir également de bons résultats : les salons afro vous permettront d’obtenir des cheveux imitant habilement le poil du bichon noir frisé, tandis que les salons pour vieilles décrépites vous fourniront la pilosité nécessaire à un réaliste costume de caniche géant. D’une manière générale, la diversité des cheveux humains permet de confectionner un costume de chien de n’importe quelle race, y compris bâtard si vous n’avez pas envie de focaliser vos recherches de poils sur un genre canin spécifique et si une chaîne de coiffeurs officie dans votre rue.
Si vous vivez à la campagne, il vous suffira de tuer quelques bergers allemands et de les dépecer pour revêtir leur tenue d’apparat.
Pour coller les poils à votre peau, vous pouvez utiliser de la super-glue Loctite, en admettant bien sûr que vous êtes sérieux dans votre démarche d’assimilation canine et que vous êtes déterminé à vous faire passer durablement pour un chien. Vous pouvez soit coller les poils un par un, sachant que cette technique représente un certain nombre d’heures de travail, ou bien vous préparer une piscine remplie de poils et vous y jeter après vous être préalablement enduit de super-glue. Les poils de la gueule ne devraient être collés qu’à la main car le soin porté à la face est essentiel, comme le montre le contre-exemple d’Emmanuel Chien – qui essaie malhabilement de se faire passer pour un raton-laveur depuis de nombreuses années.
Crocs
Les crocs de chien sont l’une des huit merveilles de la nature, avec les queues de sardines, les œufs de varan, les fesses de babouin, les défenses de sanglier, les nageoires de dauphin, les pustules de tarentules et la graisse de canard.
Pour imiter les crocs de chien, il n’existe que deux solutions : la première consiste à se faire limer les dents en pointes grâce au concours d’un chirurgien-dentiste complètement fou ; la seconde, meilleur marché, revient à acheter dans une boutique de farces et attrapes un dentier de vampire.
Note : il est également possible d’utiliser le dentier d’un vrai vampire.
Queue
L’extrémité caudale du chien peut poser un problème aux mammifères simiesques tels que nous les gens : les humains ont perdu leur queue (je parle bien entendu de la queue arrière et n’émet aucun sous-entendu grossier et facile) au fil de l’évolution darwinienne de l’espèce. Cette queue aurait cependant été bien pratique, notamment en guise de point d’appui dans le métro : il eût été plus facile de s’appuyer sur cette hypothétique queue pour lire son journal, plutôt que de s’appuyer à la barre et ainsi s’exposer aux germes de la gastro-entérite, puisque le clochard qui est descendu de la rame juste avant que vous montiez s’est frotté la bite et la raie du cul contre tous les appuie-mains.
L’apparence de la queue de chien peut être imitée par un bras métallique articulé et recouvert de fourrure ; il est cependant admis que ce type d’accessoire reste difficilement trouvable dans le commerce. La façon la plus simple reste d’introduire directement dans votre rectum une ceinture de peignoir de bain, colorée de la teinte que vous souhaitez. En contractant les muscles de votre anus, vous parviendrez à imprimer des mouvements naturels à cet appendice factice. Attention : si vous souhaitez déféquer dans la rue comme un vrai chien, il importe d’introduire votre fausse queue dans un autre orifice (vagin, urètre – utilisez un poinçon pour faciliter le travail), ou mieux de la greffer directement sur vos muscles lombaires grâce à une agrafeuse de bureau. Cette solution plus douloureuse est cependant plus adaptée si vous adoptez un comportement de chien réaliste.
Le mental
Nous abordons le cœur de la ressemblance canine : le mental (spirit en anglais). Nombre de candidats à la race canine sont totalement déstabilisés par cette étape charnière dans le similarisme chien, par faute d’entraînement, par inculture, par négligence ou encore par hasard.
Un chien ne parle pas
Prenez garde à ne pas parler. D’une façon générale, les chiens ne parlent pas ou bien ce sont des mots simples et sortis du contexte habituel dans lequel on les emploie : par exemple : Who ! Who ! ou encore What ! What ! pour les chiens anglophones. Ces mots sont plus proches des onomatopées que la bande dessinée a traduit par Wouf Wouf ou Waf Waf. Conservez à l’esprit que vous ne devez émettre que des bruits de chien : évitez donc de miauler ou de croâsser, ou encore d’imiter le cri du camion de pompier (piiiiiiin-poooooooon-piiiiiiin-pooooon = ce n’est pas le vrai bruit d’un chien).
Un chien ne porte pas de vêtements
Une fois déguisé en chien, ne gâchez pas tout en essayant d’enfiler votre chemise et votre cravate comme si vous alliez travailler ! Les chiens ne portent pas de costards.
A la rigueur, si comme Rintintin, un rien vous habille, vous pouvez opter pour le bandana autour du cou, comme les Palestiniens avec leurs keffiehs. Note : si ce déguisement leur sied aussi bien que le bandana à Rintintin, il est à noter que les Palestiniens n’ont toujours pas été adoptés par un quelconque maître de la communauté internationale. La morale de cette histoire est qu’il vaut mieux accentuer la ressemblance avec un toutou avant de mettre l’accent sur ses oripeaux éventuels.
Les idées essentielles pour penser chien
- Les chiens mangent n’importe quoi : détritus et oiseaux morts leur conviennent autant que la cassolette de bœuf aux petits légumes. Si vous souhaitez vous faire passer pour un chien avec succès, ne lésinez pas sur les moyens et montrez-vous capables de manger votre propre merde, avant de la vomir et la remanger. Attention toutefois si vous vous faites démasquer, vous risquez fort d’être perçu comme quelqu’un présentant de légers troubles alimentaires : prétextez que vous cherchez à devenir mannequin pour que les gens vous laissent tranquille.
- Comme les alcooliques, qui connaissent tous les bars de la ville, les chiens connaissent tous les poteaux sur lesquels pisser. Ces poteaux servent à marquer votre territoire. Tant que vous n’aurez pas intégré l’idée « ma pisse, c’est mon territoire », vous ne penserez pas chien. Les humains ne fonctionnent pas comme ça, puisqu’ils ne pissent pas aux quatre coins de leur maison pour en signifier la possession (à part dans le Nord de la France).
- Un chien n’est pas pour la démocratie représentative : les chiens ont un mode de fonctionnement politique proche du libertarianisme, également appelé anarcho-capitalisme. Ils ne partagent pas leurs os et les entassent égoïstement, de même, ils considèrent leur individualisme comme sacré et préfèreront manger toute leur nourriture, quitte à se rendre malades, plutôt que la partager. Faites le test en tant qu’humain en essayant de subtiliser la gamelle d’un rottweiler en train de manger. Si vous vous en sortez vivant, vous aurez compris qu’un chien n’est pas communiste de nature.
- Les chiens mâles ont une sexualité proche de celle des grenoblois. En effet, il n’est pas nécessaire pour le chien d’offrir des fleurs à sa femelle pour avoir la possibilité de la grimper : il suffit de l’empoigner brutalement et de la sauter directement. Pour se faire habilement passer pour une chienne sur le plan sexuel, imitez le comportement des touristes anglaises en vacances.
- Les chiens ne sont pas racistes, ils acceptent de se reproduire avec toutes les autres races de chien indépendamment de leur couleur de poil et c’est ce qui les différencie des membres du Front National. Cependant, un détail les rapproche, car les chiens sont également capables de copuler avec leurs propres parents, fratries, ou enfants. Pour les membres du Front National, le but est de préserver leur pureté de race, dans le cas des chiens c’est uniquement par hasard.
Fréquentez de vrais chiens
Le meilleur conseil que l’on puisse donner à un aspirant-chien est bien sûr de côtoyer de vrais chiens. De la même façon que les étudiants du programme Erasmus voyagent vers l’Angleterre pour découvrir la culture indienne, les personnes qui désirent devenir de vrais canidés doivent s’imprégner des us et coutumes de la communauté chien en discutant avec de vrais mâtins et de vraies épagneules.
Pour rencontrer des chiens dans leur milieu naturel, le parc, vous pouvez, une fois habilement grimé, rompre la glace en proposant une carcasse de poulet à dévorer en commun, ou encore essayer de mordre la gorge d’un mâle dominant de meute afin d’observer le comportement des femelles à votre égard. N’oubliez pas de renifler le cul pour dire bonjour.
Se faire adopter
Une fois devenu un vrai chien, votre objectif est de vous faire adopter. Selon le maître qui vous prendra sous son aile, vous aurez un certain nombre d’obligations à remplir pour bénéficier des prérogatives des chiens.
Les grands-mères
Il s’agit évidemment du type de maître auquel les chiens sont le plus attachés. Dociles, gâteuses, séniles, trop gentilles, bêtes comme leurs pieds et pas avares de nourriture et de privilèges (comme grimper sur le fauteuil), les grands-mères ont l’air parfaites, mais ce n’est qu’une apparence.
Les grands-mères sont parfaites sur un plan purement matériel, mais elles ne prennent des animaux que pour de mauvaises raisons : remplacement psychologique de maris/enfants défunts (le terme de psychanalyse est « transfert »), système d’alarme bon marché, jouet sexuel… Les grands-mères considèrent leurs chiens comme de vraies personnes, aussi tous les efforts que vous aurez pu produire pour vous faire passer pour de vrais chiens s’avèreraient inutiles, ce qui est dévalorisant pour l’estime de soi.
Notons cependant la facilité à se faire passer pour un chien auprès des grands-mères en raison de leur myopie. Cette perspective d’adoption offre également des débouchés aux personnes de petite taille qui souhaitent se faire passer pour des caniches ou des bichons.
- Avantage : vous serez nourri, logé, dorloté et bien soigné.
- Inconvénient : il faut vous taper la compagnie d’une vieille peau.
Les zonards
Les zonards qui mendient avec leurs chiens portent en général un intérêt affectif démesuré à leurs animaux de compagnie, seule source d’affection dans un monde humain déprimant de cruauté, mais certains ne leur prêtent pas cette attention sur un plan purement pratique ou matériel.
Comme avec les personnes âgées, une forme de transfert risque de s’opérer, et lorsque le zonard défoncé sous trip vous parlera de manière désespérée comme s’il s’adressait à son seul ami et à son psy, vous aurez du mal à ne pas rigoler. Pire, afin de montrer en public sa détermination à s’autodétruire par la toxicomanie, le zonard vous affligera d’un nom de substance narcotique (« Opium », « Ecsta », « Coke », « Teuchi », « Méta-amphétamine », « Air sec » etc).
Vous aurez droit à des discours désespérants en fin de journée, lorsque le zonard s’épanchera sur votre épaule de chien : « Bouhouhou mon vieux Speedball, ce monde de merde est trop injuste ! Avec tout le Subutex que j’ai vendu à des mômes devant la faculté d’arts plastiques, je n’ai pas eu assez d’argent pour te payer tes vaccins ! J’en ai à peine eu assez pour m’offrir ce gramme d’héro et ces dix canettes de 8.6, alors je n’ai pas pu te prendre de nourriture au magasin ! Quel monde injuste, fuck cette société d’égoïstes ! »
Aussi, nombre de zonards vivent en général moins bien que des chiens, et en tant que chien de zonard, vous risquez de vivre à peine mieux qu’un clochard chinois. Evitez particulièrement les teuffeurs qui adoptent sept ou huit chiens et vivent dans un camion : en général, ces chiens attrapent dans l’année qui suit leur adoption la dysenterie du chien et meurent l’un après l’autre dans un délai de trois semaines. Cette maladie n’étant pas transmissible à l’homme, votre présence de rescapé parmi la meute décimée risque d’attirer l’attention de votre maître au moment où il se rendra à la SPA pour adopter dix nouveaux chiens.
- Avantage : c’est un peu l’aventure comme dans Rémi sans famille.
- Inconvénient : si votre maître est en misère sexuelle, il finira par tenter de vous enculer dans son camion un jour qu’il sera défoncé aux champis et au rhum après un Teknival.
Les maîtres-chiens
La doctrine « travailler plus pour travailler plus » s’adapte particulièrement bien à cette catégorie de maître, qui, non contents d’être payés pour simplement faire la promenade de certains sites qualifiés de sensibles (parkings souterrains, parkings d’aéroport, parkings parkings), délèguent l’essentiel de leur travail à leurs chiens : poursuivre les voyous, les mettre hors d’état de nuire, remplir la paperasse, etc.
A moins d’être fondamentalement masochiste, il n’existe aucun intérêt pour un être humain à se faire passer pour un chien dans l’espoir d’être adopté par un maître-chien.
- Avantage : mettre en pratique l’enseignement dispensé par Rex dans la série télé éponyme.
- Inconvénient : esclavage pur et simple.
Les familles bonheur
Les familles bonheur se composent d’un papa, d’une maman et de quelques enfants (nombre aléatoire selon le taux de fécondité). C’est le prototype de maîtres idéaux : nourriture à heure fixe, jeux avec les enfants, caresses diverses et loisirs estivaux quand la famille part en vacances (mer ou montagne, vous profiterez du bon air en même temps que votre famille d’adoption).
Ce tableau idyllique se retrouve néanmoins terni par le traitement caractéristique que la famille bonheur inflige à son chien. En effet, passé le premier mois d’adoption au cours duquel les membres de la famille rivalisent d’attentions touchantes pour obtenir les bonnes grâces de leur chien, s’ensuit une période indéterminée pendant laquelle vous allez devenir un véritable boulet.
Vous passerez les trajets automobiles dans le coffre de la Ford Focus parce que papa aura peur que vous vomissiez sur les sièges, personne ne voudra vous promener pour que vous fassiez votre crotte, et finalement, vous serez abandonnés au bord de la route des vacances si jamais le camping n’accepte pas les chiens.
- Avantage : un cadre familial sécurisant.
- Inconvénient : comme dans toutes les familles, le divorce et l’abandon vous guettent. Vous avez toutes les chances de finir au refuge de la SPA, ce qui est l’objet de la partie suivante.
Survivre dans un refuge de la SPA
Votre maître est mort ou il vous a abandonné lâchement : vous échouez donc de manière lamentable au refuge de la SPA, l’équivalent canin de Fleury-Mérogis en pire. Une véritable prison grillagée, insalubre, encore pire que les salles de classes de votre ancien collège.
Vous allez devoir côtoyer les pires spécimens de la race canine : caniches hargneux, bouledogues suragressifs, bergers allemands nazis et autres bâtards insensibles. Ne montrez aucun signe de faiblesse, : si vous laissez un seul doberman vous prendre à la gorge, vous deviendrez sa pute et votre vie sera rythmée exclusivement par les sodomies incessantes qu’il vous infligera, sans parler des humiliations diverses auxquelles vous aurez droit, quand il mangera votre nourriture en grognant et pissera sur votre couverture. Imaginez-vous enfermé dans une cellule avec Samy Naceri sous cocaïne et Jean-Luc Delarue bourré et défoncé au Tranxène, et vous aurez un aperçu du dixième de ce que vous allez subir.
Bien sûr, vous pouvez dévoiler la supercherie en ôtant votre costume de chien, mais là vous vous exposez à deux dangers rédhibitoires.
Fin alternative 1
Vous ôtez votre déguisement de chien dans votre cellule, en compagnie de Plouf, le pitbull hypernerveux, et Benji, le berger malinois violeur multirécidiviste. Vous tentez de reprendre vos droits d’être humain en leur donnant des ordres pour asseoir votre statut de créature supérieure : « Assis ! », « Couché ! », pendant que subrepticement, vous tentez de déverrouiller le cadenas de votre cage pour fuir discrètement.
Hélas, Plouf, comprenant soudain que vous êtes un humain, se jette sur vous avec une sauvagerie inouïe. Vous ignoriez qu’il faisait partie de la Fraternité Canine, une organisation ultra-raciste de détenus canins qui détestent le genre humain – Plouf vous déchire la carotide, et vous vous effondrez, agonisant sur le sol glacé d’un chenil déshumanisant. Les derniers soubresauts d’existence que vous éprouvez sont les spasmes du pénis de Benji le berger malinois, qui se branle une dernière fois le long de votre jambe pendant que la vie quitte douloureusement votre cadavre pathétique.
Fin alternative 2
Vous attendez que Maryse la bénévole du refuge de la Spa passe devant votre cage pour ôter votre déguisement de chien, et lui hurlez la vérité à pleins poumons :
« Aidez-moi ! Je ne suis pas un chien ! C’est une erreur judiciaire, j’ai été enfermé ici par erreur ! Je dois sortir ! Je veux parler à un avocat ! »
Fin alternative 2.1
Maryse se gratte la tête : elle n’a pas eu beaucoup d’éducation et si elle fait du bénévolat à la SPA, c’est parce que personne n’a voulu l’engager pour un vrai métier.
Vous avez beau crier de toutes vos forces, cela n’empêche pas Maryse de sortir sa sarbacane pour chiens récalcitrants et de souffler dedans : la fléchette soporifique qui s’enfonce dans votre cou est la dernière sensation physique que vous éprouvez. Il faut voir le bon côté des choses, vous ne vous réveillerez pas plus de quelques secondes pour subir l’injection fatale administrée par Jean-Marie, le mari de Maryse (un mélange d’eau de Javel, de Xanax et de cristaux de soude).
Fin alternative 2.2
Maryse se gratte la tête : cette étudiante en quatrième année de Droit fait du bénévolat car elle a une véritable passion pour la défense des animaux. Végétalienne, elle milite aussi à la LPA et à Libération Animale, et si il y a bien une chose qu’elle déteste en plus de la chasse et de la corrida, ce sont les salopards qui se font passer pour des chiens pour pouvoir jouir de leurs avantages.
Vous restez dans votre cage jusqu’à l’arrivée de la police. Maryse vous attaque en justice pour usurpation d’identité et escroquerie : vous prenez le maximum, soit cinq ans d’emprisonnement et 375000 euros d’amende. Pendant votre détention, vous vous faites violer par Mimile, un ancien maître-chien atteint de la syphillis. Vous agonisez à l’isolement suite à une crise de démence causée par la maladie, et les dernières images qui défilent sous vos yeux sont celles du rat qui essaie de vous ronger les couilles pendant que vous trépassez pitoyablement.
Conclusion
Se faire passer pour un chien présente de nombreux avantages, mais vous finirez automatiquement par vous faire prendre ou bien par vous faire tuer. Pour éviter une mort affreuse et humiliante, nous vous conseillons de ne pas avoir lu ce guide : de cette façon, vous ne serez pas tenté de vous faire passer pour un chien, et ne vous exposerez ainsi pas aux dangers que courent nos braves amis les toutous dans la vie de tous les jours.
D’autant plus que les avantages de la vie des chiens sont largement surévalués, surtout si on les compare aux avantages dont jouissent les mésanges : nid douillet, nourriture abondante, sympathie du public. Il est définitivement out de se faire passer pour un chien, alors que c’est vraiment in de se faire passer pour une mésange afin de jouir de leurs prérogatives : vous retrouverez prochainement nos conseils pour imiter une mésange avec succès dans la vie de tous les jours.
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