Vous allez mourir demain

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Bonjour Roberte, je vous attendais. Prenez la chaise qui est et installez-vous confortablement. Il reste une bière, et une seule, dans mon réfrigérateur. Vous pouvez la prendre. Je n'en veux plus. Je n'aime plus la bière. La bière me dégoûte. Je hais la bière. Je méprise la bière. Je chie sur sa descendance. Je la retourne contre un mur, je la viole, je la découpe en morceaux, je la jette dans le fleuve. Vous pouvez la boire. Allez-y, faites comme chez-vous. D'ailleurs vous-êtes un peu ici chez-vous. Vous ne le savez pas, mais vous connaissez cette endroit. Vous y avez vécu. Vous ne vous en souvenez pas. Faites comme chez-vous. Vous n'avez pas soif ? Bien. La soif n'est rien qu'une idée fausse de notre cerveau. Ne buvez pas cette bière. Si vous ne la buvez pas, c'est que l'heure n'était pas encore venue que vous la buviez. C'est comme ça. C'est le destin. On ne peut rien contre le destin. Le destin est un monstre qui dévore l'espoir à chaque instant. Asseyez-vous. Prenez donc cette chaise. Cette chaise n'a pas changé de place depuis très longtemps. Personne ne s'est jamais assis dessus. Elle n'attendait que vous. Vous étiez destiné à vous asseoir sur cette chaise. Elle était destinée à recevoir votre fessier musclé. Allez-y. Vous ne pouvez pas affronter le destin. Asseyez-vous. C'est tout. Asseyez-vous. Ce que j'ai à vous dire ne peut s'entendre que le cul posé sur une chaise. Asseyez-vous. Vous êtes assis. Bien. Vous êtes bien assis ? Bien. Vous êtes assis confortablement ? Pas grave. Maintenant, abandonnez-vous à ma voix. Fermez vos yeux. Ce que je vais vous dire va peut-être vous surprendre. Peut-être vous effrayer. Peut-être vous faire rire. Peut-être vous faire pleurer. Écoutez. N'ayez pas peur. Vous allez mourir demain.

Hier

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Comment ça vous ne vous appelez pas Roberte ?! Ah ! Ah ! C'est ce que vous croyez. Mais la vérité est toute autre. La vérité, c'est que vous vous appelez Roberte ! Vous croyez que je plaisante ? Et bien, apprenez que je ne plaisante jamais. Ou alors quand ça m'arrive c'est vraiment parce que j'ai trop abusé de cette sale pétasse de bière. Non. Je ne plaisante pas. Malgré ce que vous croyez être la vérité, vous vous appelez Roberte. Roberte Marchemeleux pour être précis. Votre mère était madame Ginette Marchemeleux-Giraublanchard. Votre père était le docteur Ernestin Marchemeleux. Mais ils sont morts à présent. Morts comme vous demain à la même heure. Et c'est vous qui les avez tués. Oui. Vous. Comment je le sais ? Et bien... Disons que je possède un talent certain. Vous ne vous souvenez pas car vous n'aviez que 2 ans et 6 jours. Mais moi je m'en souviens. Car j'étais là. Caché derrière une armoire afin que votre folie meurtrière ne m'atteigne pas. J'ai tout vu. La mort de votre père d'abord, qui tentait de sauver sa famille. Vous l'avez tué. De sang froid. Un coup de couteau dans l'estomac. Simple, douloureux, efficace. Puis votre mère. C'était une belle femme. Mais vous l'avez tué. Vous l'avez acculé à la fenêtre. Et devant vos yeux injectés de sang, la pauvre femme n'eut d'autre choix que de sauter pour échapper à une trop longue souffrance. 36 étages ne pardonnent pas. Et votre sœur. Votre sœur jumelle. Brigitte. Vous avez frappé sa tête sur le montant d'une porte jusqu'à ce que son petit crane frêle explose. Mais vous ne vous souvenez de rien de tout ça. Non. ILS ont tout fait pour que vous ne vous en souveniez pas. Qui ? Ceux que vous croyez être vos parents, qui ne sont en fait que des agents d'une organisation gouvernemental méconnue: Le CROMP[1]. Ils furent les premiers arrivés sur les lieux du drame. Alertés par mes soins. Je ne sais pas ce qu'ils vous ont fait. Sûrement une espèce de lavage de cerveau ou une connerie du genre. Et vous avez oublié. Vous avez pu grandir comme n'importe quel enfant de votre âge. Avec insouciance et joie. Mais les faits, les faits sont là: vous vous appelez Roberte.

Aujourd'hui

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Qui je suis ? Est-ce vraiment important ? Non, je ne crois pas... Je crois que la connaissance de mon identité ne vous apportera rien de plus de ce que vous ne possédez déja. Rien. Vous n'avez pas à savoir qui je suis. Qui je suis n'a aucune importance. L'important c'est que vous allez mourir demain. Vous pouvez m'appeler Jean-Philippe si cela vous fait plaisir. Mais sachez tout de même que je ne m'appelle pas Jean-Philippe, que je ne me suis jamais appelé Jean-Philippe et que j’espère ne jamais m'appeler Jean-Philippe. Le fait que vous m'appeliez Jean-Philippe a seulement été instauré pour que s'établisse une certaine confiance de vous à moi. Parce que, pour écouter ce que je vais vous dire, vous devez avoir confiance. Ayez confiance. Quoi ? Vous préférez m'appeler Ignacio ? Va pour Ignacio. Mais dans ce cas, sachez seulement que je ne m'appelle pas Ignacio, que je ne me suis jamais appelé Ignacio et que j’espère ne jamais m'appeler Ignacio, parce que là, ce serait vraiment trop la honte. Maintenant, avez-vous confiance ? Non ? Pourquoi ne pas avoir confiance ? Je ne vous veux pas de mal. Je suis juste un porteur de mauvaise nouvelle. Mais, évidemment, personne n'aime le porteur de mauvaises nouvelles . Tenez, regardez ce qui est arrivé à ce pauvre bouc... Comment ? C'est le canif que je tiens en main qui vous effraie ? Que vous êtes sot. Je m'en sers pour éplucher des pommes. Regardez, je le pose. Non mieux, je vous le donne. Prenez-le. Cela vous aidera à prendre confiance en moi. C'est bon les pommes. Du moins ça l'était... Je n'aime plus les pommes. Je gardais ce canif en mémoire de ces longues soirées passées à éplucher des pommes. Mais maintenant, je n'aime plus les pommes. Je les hais . Je les emmerde. Je les enterre vivantes au fond de mon jardin. Vous voulez une pomme ? Prenez en une . Prenez en même deux si vous le désirez. Je ne vous en blâmerais pas. Je ne vous reprocherais pas votre gourmandise. De toute façon, vous pouvez tout vous permettre étant donné que vous allez mourir demain.

Demain

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Pourquoi ? Mais parce que c'est votre destin, Roberte. Vous êtes née pour mourir demain, c'est évident. Je suis sur que vous allez me poser la question de la nécessité de passer de vie à trépas si brusquement. Oui, vous êtes encore jeune et pleine de vie. Vous êtes heureuse. Vous ne sentez pas venir votre heure. Et pourtant, elle est là, toute proche. Si proche. Si présente. En vérité, vous la sentez. Si, si. Vous la sentez. Ce léger picotement dans la nuque. Vous essayez de vous persuader que ce n'est qu'une petite réaction allergique à un pollen quelconque. Mais non. C'est la fin qui approche. Lentement. Lentement mais très sûrement. Ce picotement vous le sentez depuis plus d'un an. Mais vous n'y avez jamais prêté attention. Jusqu’à... Jusqu’à ce matin. Oui. Car vous êtes enfin arrivé au crépuscule de votre vie. Cette vie, qui va se finir si brusquement, mais pourtant si doucement. N'ayez pas peur. Je sais ce que vous voulez. Vous voulez savoir comment cela va arriver. Pour éventuellement vous prémunir contre tous les risques. Mais cela ne va rien changer. Je vais vous dire comment vous allez mourir. Je vais vous le dire. Mais ça ne vous empêchera pas de mourir. Non. Je vais vous le dire. Vous allez crever comme un chien au fond du caniveau. Simplement, difficilement, douloureusement. Comment ? Oui, comme un chien au fond du caniveau. Comme un chien au fond du caniveau, pas comme un chien, au fond du caniveau. C'est le chien qui est au fond du caniveau, pas vous. Vous n'allez pas mourir au fond d'un caniveau, voyons. Ce serait dégueulasse. Si vous voulez tout savoir, et j'ai bien l'impression que vous voulez tout savoir, vous n'allez pas mourir en héros. Oh non ! Loin, très loin de là. A des années-lumières de là pour être précis. Vous n'allez pas non plus mourir de façon glorieuse, de façon violente ou même de façon sanglante. Vous n'allez pas être abattu froidement par un policier verreux. Vous n'allez pas être noyé dans une cuve d'huile de friture en ébullition. Vous n'allez pas être éjecté d'un avion en plein vol au dessus d'un massif de cactus. Non. Rien de tout ça. Vous allez mourir, on peut bien le dire, comme un con. Attention. Je n'avance pas que vous êtes con... Mais tout de même. Il y'a devant chez vous un rosier. Vous le connaissez ce rosier. Vous le connaissez tellement bien que vous n'y faites même plus attention. Regardez-le bien ce rosier. Regardez-le. Il a l'air inoffensif n'est-ce pas ? Et bien il l'est. Contrairement au paillasson de votre voisin. Vous ne l'avez jamais vu ? Il l' acheté hier chez Truffaut. Il ne savait pas qu'il allait entraîner votre perte. Vous voulez en savoir un peu plus ? Je ne vais pas vous le refuser. Il va vous trancher la carotide. De quelle manière ? Qu'est ce que j'en sais moi, je suis pas devin !


VOUS ÊTES FOU !!


Moi ? Fou ? Je n'aurais pas cru que vous puissiez penser ça de moi.Pourtant, c'est possible. Mais vous ne pouvez pas savoir. Moi même, je ne le sais pas. Alors, peut-être que je suis fou. Ou peut-être ne le suis-je pas. Mais si je le suis, vous n'en serez certain que demain. Et si je ne le suis pas, vous n'en saurez jamais rien !!


AH ! AH ! AH !

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CROMP ?

  1. Centre de Réparation des Orphelins Matricides et/ou Parricides






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