Création d'un nouveau fonds d'investissement dans l'art conceptuel
De notre envoyé spécial Thaumasnot - le 27 juin 2007
Un mécénat des Temps Modernes
Pour Georges Bush, directeur exécutif, la volonté de conglomérat du pétrole s'inscrit dans l'engouement de la jeunesse mondiale artistique pour l'œuvre éternellement jouvencelle du Robert Rauschenberg des années 50-60, cet éternel élan de contraste vers la vérité et son relief dur sans compromis, réflexion de son ère. Elle compte s'appuyer sur le nouveau fer de lance de l'Abstrait Polymérasique, découvert il y a seulement 3 jours, André Gus Pavoglias. Que celui-ci défriche le terrain de l'originalité, cela ne souffre guère de contestation, même pour le puriste. Le jeune artiste s'est exclusivement bâti une réputation sur ses tableaux basés sur le lancer d'oiseau mazouté sur toile. Ses tableaux sont posés au sol, car selon lui, « la peinture de chevalet régresse trop par rapport à la conception de Jackson Pollock » et oppose la faible capacité adhésive du mazout, certes compensée par son pouvoir giclûral toujours aussi frappant d'authenticité.
« Le mazout se confond ainsi à l'horizon téléologique de l'oiseau engorgé de lui. Il y a une osmose de moëlle, de marasme et d'Amélie Mauresmo », révèle le jeune artiste.
La technique, très simple, cède le premier plan au concept : représenter l'immortalité de la nature telle qu'elle est ou devrait devenir dans un futur éminemment proche. Cela implique pour l'artiste l'achat onéreux de conservateurs chimiques très spéficiques pour la préservation des cadavres plongés dans le mazout, en terme de souplesse (quand la toile vient à être retravaillée), de qualité au toucher du plumage, et de profondeur de la couleur en cas d'expositions durables à la lumière du jour (en particulier les yeux couverts de paupières de mazout).Projets futurs
André Gus Pavoglias entend profiter à fond de la soudaine générosité de Petroleum International. Il espère ouvertement que le groupe saura s'ouvrir à d'autres courants artistiques, tels que l'effritage sur toile de carcasses de fourmis embourbées dans le mazout, sculpture de sirènes au mazout côtier, concours de châteaux de mazout sur la plage, et surtout mazoutage de toile sur toile. Ce dernier consiste en des toiles de 2 mètres sur 3 maintenues horizontalement par une grue, plongées dans le mazout puis plaquées violemment contre d'autres toiles, rendant l'art abstrait plus réel que la réalité elle-même. Cette démarche artistique semble retraduire le fameux paradigme du ciel bleu de René Magritte, mais celui-ci n'avait que la prétention de peindre que ce qui n'est pas soi-même.
De nombreuses avancées encourageantes dans l'art de la giclûre animale sont d'ores et déjà expérimentées en bobsleigh ou en aéronautique. Dans ce dernier cas, on a tendu des toiles sur les fuselages et voilures d'avions pour anticiper les collisions dans le ciel, et tapissé des cavités pour couvrir les découpages sommaires par les hélices des turbopropulseurs. Mais tant que les avions ne seront pas plus agiles, l'espoir de mieux viser ce bestiaire aérien restera sans réponse.
Quant aux préoccupations de Pavoglias, Georges Bush lui assure d'ores et déjà son soutien de principe :
« L'abstraction du désastre peut devenir populaire, à condition qu'on soutienne concrètement les acteurs du front de l'onirisme atomiste de la chute rectiligne de jouissance. »
Georges Braque n'aurait pas dit mieux.
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