Désinformation:Dernier entretien avec le commandant Aussaresses : le célèbre philanthrope s’est éteint hier dans la nuit

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Dernier entretien avec le commandant Aussaresses : le célèbre philanthrope s’est éteint hier dans la nuit

De notre envoyé spécial  χλςmith ΤrismégistΞ Pendu or.png - ‎le 4 décembre 2013

StrasbourgFrance française — Une certaine idée de la France est en deuil. Un deuil national, pour une mort de vieillesse lancée telle un pied-de-nez à la mémoire de l'Algérie faste des années 50. Un écho patriote aux paroles du présentateur qui avait clôturé le dernier entretien avec celui que tous surnommaient le commandant O : « Quelle santé deferre, vous nous enterrerez tous ! » C’était vrai.


Car ils étaient nombreux à l’attendre au Paradis, encore jeunes et en pleine santé, comme si la mort avait capturé leur jeunesse pour les empêcher de vieillir. Or non, ce n’était pas la mort, mais un simple soldat de l’armée française obéissant aux ordres. Certains diront, mauvaises langues, qu’il est plus aisé de dire « fais moi un génocide cet après-midi » que de faire le génocide soi-même. C’était vrai, jusqu’à Aussaresses. La profession de receveur d’ordre est aujourd’hui bien plus difficile, elle exige des gens qu'ils prennent leurs responsabilités. Le vieil homme a pris les siennes, s'il avait dû le refaire il l'aurait refait, comme on refait un gâteau qui a un peu brûlé sur le dessus.

On lui aurait donné le Bon Dieu, sans confession. – Image d’archives


Il ne disait jamais non

Pour beaucoup de Français, c’est la mort d’un grand héros. Pas d’un héros comme Tintin, Milou ou Astérix, non, un héros de la vraie vie. Celle avec des impôts et des jean-françois-copés, celle qui fait mal et où rien n’est absolument bon ou absolument mauvais.

Ainsi, alors qu'aujourd'hui il est presque impossible d'obtenir d'un jeune qu'il fasse ses lacets, à l'époque il fit partie de ces gens dotés d'une morale inflexible se confondant avec un patriotisme turgescent, qu'il était facile de faire tuer, torturer et manger des brocolis. Bref, c'était avant, quand les poules avaient des dents, si l'on en croit les livres d'Histoire. Aussaresses ne disait jamais « non », il disait rarement oui mais il s'exécutait, ses interlocuteurs disaient à leur tour tout ce qu'il voulait savoir et étaient exécutés. La guerre favorisait ce genre d'échanges.


« J'ai regretté, moi, d'être déjà chef d'état major à l'époque. J'étais pas sur le terrain, mon truc à moi c'était de déléguer les trucs à faire. J'en ai délégué des trucs ; des fois c'était même truc ET machin, mais c'est surtout quand ils voulaient pas parler. Fromage et dessert, comme on disait, ça entretient le palais et ça délie les langues. Moi je dis pas que c'était par plaisir, non, j'ai été amnistié et en échange je peux pas dire de mots en rapport avec l'armée française et ses péchés mignons. Mais j'avais un caporal, là, un p'tit jeune, aujourd'hui il tient une bijouterie à Nice : ben lui c'est clair, ça lui manque ! On ose prétendre qu'on est dans un pays libre ? Lui il attendait que ça, qu'on braque sa boutique ! Je vais vous dire, mes petits-fils sont jaloux quand je leur dis que j'ai fait la guerre. »
~ Mémoires du Général trois étoiles avec piscine Edmond Jouhaud, membre de l'OAS et admirateur de Paul Aussaresses.


Des paroles pleines de sens, faisant taire à jamais ceux qui comparent sans cesse le prix d'une vie en période de guerre et le coût d'un meurtre en période de paix, ce qui n'a rien à voir, [mais] c'est l'intention qui compte.


Dernières paroles du sage

Photo d'époque prise juste avant que le mathématicien Maurice Audin, ici au milieu, ne se donne la mort en arrêtant volontairement son cœur sous la torture des messieurs bien coiffés derrière.


En tant que personne en vie la plus âgée en Algérie en 1962, à 35 ans Aussaresses était rapidement devenu le doyen, le sage du petit village d’Alger. Et à ce titre, il avait été interviewé par Laurent Boyer, à l'époque reporter de guerre, pour un reportage sur Faudel et Khaled en 1995 et la vengeance psychologique exercée par l'Algérie sur la France.


Pour commémorer le 0ième anniversaire de sa disparition, le journal Liration a consenti à ce que cette ultime interview de notre bon petit soldat, réalisée par l’infréquencestable journaliste, soit diffusée :


Laurent Boyer : Commandant O, bonsoir.
Paul Aussaresses : Bonsoir M. Boyaux.
Laurent Boyer : Euh, c'est Boyer, commandant.
Paul Aussaresses : Non c'est des boyaux, des boyaux. Vous me demandiez mon plus grand souvenir de g....
Laurent Boyer : Non je vous disais justement de ne pas parler de ce genre de détails mais...commandant, c'était pour vous préparer. L'interview en direct, c'est maintenant !
Paul Aussaresses : Oh mon Dieu, par De Noix de Saint Marc et Saint Denis ! C'était donc vos ordres ?
Laurent Boyer : Ne vous en faites pas monsieur Aussaresses, tout sera coupé au montage, personne ne saura jamais rien de la torture en Algérie.
Paul Aussaresses : J'ai désobéi ! Je ne pourrai plus jamais dormir ! Vite, vite, M. Boyau, ma sanction ? Combien de fellagas devrai-je exécuter à la corvée de bois ? Une douzaine ? Une deux-cent-soixante-seizaine ?
Laurent Boyer : Calmez-vous, calmez-vous, la guerre est finie ! Vous n'êtes plus militaire, vous êtes à la retraite.
Paul Aussaresses : Cela veut dire que je ne fais plus rien de mes journées ? Que je radote sur les choses que j'ai fait dans la vie et que je suis content qu'on parle de moi à la télé...comme les jeunes cons d'aujourd'hui ? ? !
Laurent Boyer : Non, euh, mon commandant...
Paul Aussaresses : Suis-je un jeune con, Boyau ?
Laurent Boyer : Non, mon commandant.
Paul Aussaresses : J'entends rien Boyau, vous m'avez traité de jeune con, c'est bien ça ?
Laurent Boyer : NON, MON COMMANDANT !
Paul Aussaresses : Bon. Très bien, Boyau, repos. Vous pouvez retourner en cellule d'interrogatoire n°6, je crois qu'ils ont remis l'électricité. Rompez.
Laurent Boyer : Oh chic chic chic chic ! !
Paul Aussaresses : Et rappelle toi qu'on est pas l'OAS, on dit « s'il vous plaît » quand on extorque des renseignements à la gégène. Dans 50 ans j'veux pouvoir dire qu'on y prenait pas plaisir, à vouvoyer les fellagas !
Laurent Boyer : Quelle santé de fer, commandant, vous nous enterrerez tous!


Une confession qui, rédacteur de garde à vous, vaut toutes les leçons de morales imaginables.


Toujours un œil sur le passé (1) et un œil sur l'avenir (2), le preux combattant nous laissera comme un goût d'inachevé. Il n'aura pas su faire la jonction entre un monde avec une Algérie sans Algériens dedans, et un monde sans ses souvenirs à lui pour témoigner des choses futiles d'avant.


Aujourd'hui la guerre est finie, et si Aussaresses avait vécu encore 100 ans nulle doute que tout le monde aurait trouvé ça injuste. À commencer par lui.


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