Humour et politique : La Désencyclopédie dans l’œil du cyclone
De notre envoyé spécial Laurent Moissa - le 30 mars 2010
Ce site, créé en 2006, se veut être une parodie « intelligemment stupide » de la célèbre encyclopédie participative Wikipedia. Egalement fondé sur ce principe de « lecteur-contributeur », Désencyclopédie laisse une grande liberté de tons aux rédacteurs, ce qui n’est pas sans déplaire à certains membres de la classe politique.
A l’origine de cette levée de boucliers, un article faisant l’apologie du suicide, allant même jusqu’à prôner le suicide collectif. "C’est proprement scandaleux. L’auteur va jusqu’à insérer des témoignages de personnes s’étant suicidé. On ne peut tolérer une telle incitation dans notre République." s’indignait Brice Hortefeux à la sortie du conseil des ministres, ce mercredi. Et le ministre de l’intérieur de corréler cet article avec des faits divers récents : "L’article a été créé en juin 2009. Vous savez tout aussi bien que moi ce qui s’est passé chez France Télécom depuis."
Suite à cette déclaration, l’ensemble de la classe politique française s’est rué sur ce site pour y trouver des motifs d’émoi. Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP, a évoqué l’article sur le viol, jugeant "consternant et profondément révoltant" que cet article soit jugé parmi le « Best-Of » du site par ses contributeurs. Le porte-parole de l’UMP Frédéric Lefebvre s’est quant à lui ému de l’article « Comment tuer le hamster de ses enfants » : "Cet article encourage la barbarie. Ca me donne envie de vomir. Quand je vois de tels propos, je pense avant tout à mes enfants. Dans quel genre de monde vont-ils grandir ?" A gauche, on n’a pas manqué de s’étonner de l’apparition soudaine de cette nouvelle polémique sur l’humour, à l’image de François Hollande : "J’avais déjà fait part de mon indignation pour ce site à l’occasion de la fête du foie gras à Cahors. Je m’étonne que cette polémique tombe juste après la débâcle aux élections."
Des sanctions ont d’ores et déjà été annoncées par le ministre de l’Intérieur : "Nous allons établir une liste noire des articles allant à l’encontre des valeurs républicaines, et nous ferons en sorte que les auteurs soient poursuivis." Ces mesures ont été vivement critiqué par l’opposition, avec en tête Arnaud Montebourg, dont le goût pour les plaisanteries n’est plus à démontrer :"Le gouvernement met la charrue avant les bœufs. Il faut organiser un grand débat entre la classe politique et les auteurs de ce site, avec pour thème « Peut-on rire de tout ?"
France 2 a déjà annoncé la tenue d’un numéro exceptionnel de l’émission « A vous de juger », où seront conviés certains membres du gouvernement, de l’opposition, ainsi que Maxime Leforestier, l’un des rédacteurs du site.
Cette polémique a en tout cas permis à la Désencyclopédie de voir son nombre de connexions journalières multiplié par vingt depuis mercredi, avec à la clé 4000 articles supplémentaires en l’espace de deux jours, comme « Comment doigter un membre du gouvernement ? » ou encore « Recette du Hortefeux-de-bœuf ». De quoi agrandir la « liste noire »…
S'il vous a enthousiasmé, votez pour lui sur sa page de vote ! Ou pas.