Intoxication aux araignées en Loire-Atlantique
De notre envoyé spécial Marie Irène - le 7 février 2009
Alors que les invités festoient dans la bonne humeur, certains commencent à ressentir des crampes d’estomac, ainsi que de curieuses démangeaisons dans l’œsophage. Après les premiers vomissements, les personnes intoxiquées ont la terrifiante surprise de découvrir dans leur vomi un nombre important de petites araignées vivantes, encore gesticulantes. Immédiatement, les malades sont transportés au service des urgences de l’hôpital le plus proche pour y subir un lavage d’estomac et des examens.
« Seules les personnes qui avaient mangé de la tapenade d’olive étaient touchées » nous dit le professeur Charlier du CHU de Nantes. « Mais malgré quelques troubles gastriques, les patients ne couraient vraisemblablement aucun risque. Il y a eu plus de peur que de mal, ce n'est pas la petite bête qui va manger la grosse. »
Après examen microscopique, la tapenade d’olive contient effectivement une multitude d’œufs d’araignées rouges, aussi appelés acariens rouges, prompts à éclore au moindre réchauffement. Pour la biologiste Anne Vannelli, l’intoxication semble commune.
« Ce genre de choses arrive tous les jours. Les araignées rouges - qui ne font pas partie de la famille des arachnides, précisons-le - pondent leurs œufs dans les oliviers, et les arbres fruitiers en général. Habituellement, les pesticides ont raison des acariens, mais ici il me semble logique de constater qu’ils se sont adaptés au produit utilisé, vraisemblablement un pesticide chimique, utilisant justement des phéromones d’araignée rouge, destiné à chasser les pucerons.
Une mutation inhabituelle mais fatidique a donc simplement endurci l’exosquelette de nos insectes. C’est ce qui expliquerait que les sucs digestifs n’aient pas dissouts les œufs après ingestion, puisqu’en général, les gens qui en consomment en dégustant des produits transformés à base de fruits comme les gâteaux ou encore les yaourts ne sont pas gravement malades lorsque la portée éclot dans l’estomac. »
Des araignées un peu plus coriaces que la moyenne seraient donc à l’origine du malaise.
« Aucun doute là-dessus », confirme Antoine Vercharet de l’INS. « Ce cas n’est pas isolé, nous en avons déjà recensé un bon nombre en France. Les gens avalent des œufs d’araignées rouges sans le savoir depuis longtemps, puisque ces œufs sont présents dans la plupart des fruits frais : pommes, bananes, kiwis… La différence est que désormais l’animal possède une résistance plus importante et s’anime lors de la digestion.
Il faut avant tout avertir les gens : les troubles digestifs causés par les araignées sont sans gravité. Si vous-même deviez avaler une grappe d’œufs d’araignées rouges par mégarde en croquant dans une poire, sachez que le risque d’intoxication est très faible. Au pire, vous ressentiriez un peu d’acidité ou d’éventuelles démangeaisons internes bénignes.
De plus, le ministère de l’agriculture a promis d’observer le dossier et de résoudre le problème en mettant sur le marché un pesticide permettant de détruire les œufs. Personnellement, je doute que cette solution soit la bonne, étant donné que la variété actuelle d’araignées rouges a déjà réagi positivement au produit. La seule solution consiste à ne pas s’inquiéter de l’ingestion accidentelle de ces petites araignées inoffensives. »
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