Rattrapages du bac : des oraux adaptés à la jeunesse d'aujourd'hui
De notre envoyé spécial Psychoparten, Combattant sanguinaire, mais humaniste - le 3 juillet 2014
Ainsi, c'est avec un grand enthousiasme que Sophie Stadebal nous présente les adaptations mises en place en philosophie pour garantir une évaluation positive et bienveillante. « Vous savez, Zarathoustra, le gars qui monte sur sa montagne et qui en redescend, ça ne parle pas vraiment aux jeunes des cités. Et pourtant, il suffit de pas grand chose. En fait, je me suis contentée de remplacer "Surhumain" par "Swag", "Ainsi parlait Zarathoustra" par "#tmtc", et de supprimer les passages avec des mots trop longs." » L'enseignante nous a également présenté un sujet de réflexion de son cru : « Descartes affirmait "Je pense, donc je suis". Nabilla est-elle ? »[2]
Même chose en littérature, où Ana Lefabette nous confie les difficultés qu'elle a pu rencontrer en adaptant ses sujets. « Aujourd'hui, la section littéraire est souvent un choix par défaut, mais les élèves ont, par contre, beaucoup de sensibilité. Il faut donc le mettre en avant pour valoriser l'élève. Or, nous sommes contraints par les programmes d'étudier des auteurs "grave vieux" et "qui parlent pas normalement". Par exemple, Apollinaire, ça manque chanmé de verve par rapport au rap français. Aussi, j'ai eu l'idée de proposer des sujets de littérature comparée. Prenons un sujet à titre d'exemple : les élèves pourront analyser les ressemblances entre "Le cœur volé" de Rimbaud et "J'ai le seum" de S-crew, afin de montrer en quoi le deuxième texte est supérieur au premier[3]. »
En physique-chimie, il s'agit là aussi de mettre en valeur la curiosité des élèves, sans stigmatiser l'erreur, comme nous l'explique Alex Plosion. « Il s'agit d'encourager les vrais scientifiques. Voici certains de mes sujets : "À partir de cet épisode de Breaking Bad, vous expliquerez en termes simples comment fabriquer de la drogue", ou encore "À partir de cet épisode de Hannibal, décrivez en termes généraux le travail de la police scientifique". Bien entendu, je donne les formules chimiques aux élèves - on ne veut pas de perroquets qui ont appris leurs cours par cœur. »
Globalement, l'annonce de ce ripolinage des traditionnels oraux a été bien accueillie par les candidats[4]. « Tro bien on ora tous le #bac lé copine », tweete ainsi Mathilde, élève de terminale littéraire. « Si si, ça l'a fait de sécher et de fumer des oinj' toute l'année, nique sa mère le conseil qui m'a dit "Doit faire ses preuves à l'examen", je vous encule tous ! », a renchéri Karim, candidat au baccalauréat STMG. Un avis non partagé par Aïcha, inscrite en section ES : « J'ai comme l'impression, et peut-être que je me trompe, que les gens au pouvoir, en nous prenant pour des abrutis, nous abêtissent. Et je suis peut-être complotiste, mais j'ai le sentiment qu'ils dévaluent sciemment le baccalauréat pour que la différence se fasse entre ceux qui peuvent se payer une école à 10.000€ l'année, donc leurs enfants, et les autres. »
Pas d'inquiétude face à cette trouble-fête : elle a pensé par elle-même en SES, donc elle n'aura pas son bac.
Voir aussi
- Désinformation:Fin du zéro pointé en dictée : dorénavant il sera obligatoire de prouver l’intention fautive de l’élève pour lui ôter un point
- laviemoderne.net, source d'information et d'analyses précieuses sur l'éducation.
Note en bas de page
- ↑ Qu'elle se rassure : elle a obtenu son bac S mention bien
- ↑ La réponse est non. D'ailleurs, sa fameuse tirade "Allô quoi" est énoncée à la deuxième personne.
- ↑ Ziva, Rimbaud il dit des mots chelous et il se répète vegra.
- ↑ L'ironie étant qu'ils ignorent le mot "ripolinage", comme le correcteur automatique de ce site.
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