Ainsi niqua Zarathoustra (Nietzsche ta mère)
Mon roman philosophique Ainsi niqua Zarathoustra (Nietzsche ta mère) s'aligne à une chronique d'œuvres subversives courant à travers les ères, dont la sonate Take me in the ass de Mozart, le poème Hymen à la fille de joie de Schiller, et ton opéra Crépu cul au Lido.
Quel est son propos ultime ? L'Homme est devenu trop raisonnable, trop civilisé, trop sérieux pour accomplir en lui le sur-enfant. Le sur-enfant n'appartient à personne, si ce n'est aux enfants qui vont le cœur léger justifier leur enfance en allongeant leur mère. Mais si l'enfant est capable d'enfance, l'homme quant à lui ne peut que l'infantilisme, à moins qu'il ne fasse rugir l'enfant qu'il a enseveli vivant en lui.
Un traité pour les enfants et pour les pas-enfants
Aux pas-enfants
Les pas-enfants sont les pa-rents.
Quand je dis dans mon ouvrage de ne pas chercher le miel de l'existence à Mutterland ou Vaterland, mais à Kinderland (18, rue Jacques Monod B.P.58 76131 Mont-Saint-Aignan Cedex), je ne m'adresse pas à l'enfant, mais à la pas-enfant, à la mère.
Madame, mouillez au port de Kinderland ! La terre de la re-création et de la récréation !
Que craignez-vous ? Qu'il soit trop enfant ? Mais c'est parce que vous l'avez "élevé" trop au-dessus vous qu'il est maladroit et est gagné par le vertige !
À l'enfant
Et toi, l'enfant ? N'es-tu pas fatigué par die kleine Nachtmusik für die Kleinen und viel-zu-Kleinen ? Ne préfères-tu pas un bon Take me in the ass ? Moi aussi j'en avais assez d'être der kleine Nietzsche, le Petit Nicolas allemand à une époque dominée par le génie d'un Goethe ! La petitesse est trop redondante, trop fourmillante et bien trop hautaine par ici !
Cherche le grand air frais, descends au cœur de la vallée : le cul de ta mère. Sois donc un Dieu qui ne soit pas mort ! Mais il ne faut pas seulement être, car à quoi bon être Dieu, si je ne peux qu'exister et nourrir les bulles des pauvres spéculateurs en théologie ? Il faut vouloir ! Et veux-tu être ta mère, et dire : « Non! Non ! » Ou la veux-tu et dire : « Oh oui ! Oh oui ! »
Tu es une divine affirmation, et tu la veux ! Pour demain, l'aujourd'hui ; et demain, tu l'auras voulue !
Tu te crois homme, parce que tu es majeur ? Mais pour ta mère, tu es toujours son enfant ! Comment peux-tu te dédouaner de ne pas le lui prouver sans intermédiaire ? Tu ne peux pas, et tu ne dois surtout pas le vouloir !
Tu me sembles un arbre noueux qui plus s'élève, plus s'enracine ! Et quelles meilleures racines que ta terre-mère, la Mutterland ! Tu es si puissant que la Terre se compacte et s'élève sous toi, supportant toutes tes entreprises ! Tu te ramifies dans les hauteurs et les petits perroquets viennent se percher à tes rameaux pour chanter la félicité à la belle aube !
Autour de l'acte
Le castrateur
Ton père vient te contrecarrer ? Mais danse sur sa tête, avec la désinvolture de ta jeunesse ! Que sa raie méningitique soit pour toi un pont, un arc-en-ciel de gravité vers le sur-enfant, une corde tendue pour un danseur de corde sans pareil ! Pardonne-toi ainsi d'être né sous lui ! Un subordonné, une arrière-pensée d'un éjaculat profane ! Alors qu'il n'est lui-même que le père de ses beaux-frères et bientôt le beau-père de tes enfants !
Saute au-dessus de ton père, mais saute ta mère !
Le miroir de ton acte
On te reproche de l'avoir cherché et de dire qu'elle l'a "voulu" ? Mais en vérité, je te le dis, elle l'a cherché, et tu l'as "voulue", tu l'as désirée ! Et tu acclamais le sang qui faisait battre tes tempes ! Tu n'étais pas encore ce garçon manqué qui se regarde dans la glace pour savoir ce qu'il est !
« Je ne savais pas ce que je faisais ! », dis-tu. Mais si tu le savais, tu saurais que tu la voulais à mort au moment de l'acte !
« C'est mon corps qui a perpétré le crime ! », dis-tu. Mais ton corps peut-il être moche et toi non ?
Sois un devenir perpétuel
Le sur-enfant est un éternel va-et-vient. Et si tu l'étais, comme tu ne supporterais pas de vivre s'il n'y avait qu'un va et pas de vient. Et quel dommage, si ce n'était qu'un aller-retour perpétuel entre un "paradis" et un "enfer" ! Quelles notions faibles, empruntées, devant la folie torrentielle du bonheur !
Ne sois pas un œuf frêle qui revêt sa coquille comme un manteau de honte ! Mais roule sur toi-même, comme un pneu en orbite tournoyant simultanément sur son axe ! Une roue n'a besoin que d'une impulsion pour rouler sur elle-même, et comme tu es impulsif ! Sois pour moi un ciel dégagé et clair, éclairé par le midi de ta vertu ! Ne fornique point sous les toits, mais sur les toits, à l'évidence de tout un chacun !
Peut-être es-tu déjà devenu trop vieux pour danser avec légèreté ! Et encore ce n'est rien devant le vieillissement de ta mère ! Ta mère se troue sans ton aide ! La poussière et les toiles, la barbe grisonnante d'Hubert Reeves, tendent lentement l'alcôve du prédateur des ténèbres, la tarentule. Fais-y ton trou ! J'aime quand la lumière baigne de clarté même les chattes mortuaires, vieilles et moisies, semblables à l'herbe et aux rouges pavots, en infiltrant par les voûtes brisées des religiosités surannées ! Ainsi je sais où je mets les pieds !
Peut-être es-tu déjà devenu trop vieux pour danser avec légèreté ! Mais mieux vaut tarentelle que jamais !
Choisir ta mère
Ou les jeunes femmes ?
Tu as regardé du côté des jeunes femmes ardentes ! Mais ce sont des beautés de l'au-delà !
Ce n'est pas là le sens de la Terre ! La Terre est plissée, ridée, sillonnée de rifts océaniques, boursouflée de bourrelets basaltiques — spectaculaires Silicon Valleys ! —, elle est faite d'innocéances et d'incontinences puériles ! Elle n'est pas comme ces jeunes perruches multicolores qui caquettent et babillent pour soulever des montagnes de banalités !
Le sens de la Terre, c'est quand Dieu s'écrase. Car que Dieu est lourd dans la bouche d'un croyant obsédé ! Et à ton tour, quand tu échoues, il faut vouloir toucher le fond, et non pas flotter en surface sans aucune pudeur tel un cadavre amer, et encore moins flotter sur la couche laiteuse des nuages mamelonneux.
Le sens de la Terre, c'est être constamment décalée entre la nuit et le jour. Le jour éternel est pour elle un impie éternel ! Fais donc tout pour être nyctamère !
Le sens de la Terre, ce n'est pas la signalétique d'un sens unique, misérable travesti d'une interdiction ! C'est tellement plus facile, commode, lâche, d'interdire que d'autoriser !
Ou Dieu ?
Qui est Dieu ? C'est l'aride potier fébrile et frileux à l'origine des plaisirs utiles et agréables sur la Terre. C'est ta grand-mère qui a surpassé son seuil de ménopause. Elle est une surménopause ambulante dont la montre ne fonctionne plus. À vrai dire, plus personne n'en veut, à part pour remonter la généalogie jusqu'au singe. On dirait une arriérée-arriérée-arriérée-grand-mère !
Mais si Dieu est ta grand-mère, ta mère c'est une petite fille ! Tu veux la séduire ? Mais il y a trop de déluge de passion contenue, dans cette séduction ! Je ne te demande pas de l'effleurer, vieil enfant, mais de la déflorer !
Alors crie ! Crie d'un seul surhomme ! ta détresse, ton besoin pédophile ! Et elle accourra, car une vraie femme ne tolère point en son domaine l'inconfort de ses invités. Elle t'ouvrira sa caverne !
Ta mère ressemblera enfin à ta mère !
Et quand vient l'heure...
Au-dessus de ta mère, tu seras une barque dorée en train de ramer et de s'épuiser. Pour avancer sur l'eau, il faut plonger ses rames bien profond. Les voiles sont pour les petites filles qui aiment se faire souffler la réponse. Mais le vent n'est pas un ami, c'est un agitateur de vide.
Et dans cette barque d'or vautrée sur ta mère, tu tiendras à bout de bras au-dessus de ta tête tes Tables de la Loi ! Sur lesquelles tu auras gravé : « Je baise ma mère ! Amen ! » Et surtout ne les laisse pas tomber ! Sinon tu devras porter à leur place les Tables Juives, beaucoup plus lourdes, les imposantes Pages Blanches des Conneries Téléphonées !
Si tu ne le fais pas, Dieu le fera, car Dieu t'a créé pour le concurrencer dans la course à la fornication. N'est-il pas coureur de jupons en Jupiter ? N'est-il pas un adulte cocufixiant dans la chrétienté ? N'est-il pas un mari jaloux et voilant en Allah ?
Fais-le !
Ce n'est pas une insulte !
Nietzsche ta mère !
Tu me reproches de te tutoyer, mais je te parle allemand. Et qui parle du bon allemand, parle de bon aloi ! Tu me laisses chanter, mais tes ennemis, laisse-les chanter aussi, car seuls les castrats peuvent bien se consoler de leur minauderies chastes en chantant bien !
Nietzsche ta mère !
Elle ne coopérera pas, alors va, prends ton marteau et assomme ta mère avec ! Ainsi niqua Zarathoustra !
L'enfermement
Tu es derrière les barreaux ? Tu te plains de ne plus être libre ? Mais si tu étais si libre avant, alors tu n'étais attaché à rien, et tu n'aurais aucune matière à te plaindre.
Ta mère a crié sa détresse, son besoin, et ce sont ces putes de poulets qui sont venus la soulager. La soulager à ta place !
Mais c'est maintenant que tu es vraiment libre : à une distance infinie de ta mère, libre de la Tentaculaire Tentation.
Et maintenant, quand tu vas faire de la masturbation le but ultime de ta Volonté de Puissance, les mauvaises langues de vipère ne diront-elles pas — car y a-t-il plus consanguin que notre propre sang vis-à-vis de lui-même ? — oui ! ne diront-elles pas — que c'est l’inceste des incestes ?
Définitivement, l'Homme ne sait pas ce qu'il veut. Mais que cela nous importe-t-il ? Nous ne voulons pas être des Hommes, mais des Enfants !
Friedrich Nietzsche, Bayreuth, 1889
PS : Félicitations à toi et à Cosima pour ta nouvelle pièce ! Tu me files un ticket aux premières loges du Festspielhaus ? Allez, au nom du bon vieux temps !
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