Vols dangereux en basse altitude
De notre envoyé spécial Thaumasnot - le 24 mars 2008
Un nouveau phénomène
Vous n'êtes pas le seul. Ces évènements se reproduisent malheureusement de plus en plus fréquemment (parfois même indépendamment les uns des autres, comme le coup de l'emporte-pièce involontaire), avec à leur source un seul phénomène : le vol de pigeon à basse altitude[1].
Lancée par les évènements du 11 septembre 2001, cette mode s'est abattue sur l'Europe comme un mouvement migratoire hors-saisonnier prenant de court les experts de la téléphornithologie mobile, peu habitués à superviser la faune aérienne et parler au téléphone en même temps. Les statistiques sont implacables : les collisions de plein fouet avec les piétons se multiplient de façon incontrôlée sans que les victimes aient la moindre chance de crier « PIGEON VOLE ! », et il n'est plus rare de croiser des usagers du métro au visage fraîchement égratigné, essayant pathétiquement de ranimer leur téléphone portable cassé.
Le source originelle de ce problème typiquement urbain (avec la chute d'appareils électroménagers du haut des immeubles) vient de la pratique de nourrir les pigeons. « Les pigeons s'engraissent avec la charité du peuple », regrette Vicki Lowndes, représentant de l'association Pigeon Futé. « Ils ne peuvent plus voler assez haut à cause du ratio poids / fréquence de battement des ailes devenu excessif [ndlr: nous parlons ici du cas du pigeon européen]. » Un autre coupable possible : les bagues, qui, en l'absence de toute règlementation dans le domaine, deviennent de plus en plus lourdes chaque année, peut-être à cause des boulets en fonte que l'on y enchaîne.
Mesures de prévention
Devant la crise conjoncturelle, le Ministère de l'Intérieur s'est déjà engagé à entériner des mesures de contrôle de la prolifération sauvage des « rencontres aériennes futiles ». Plusieurs solutions ont émergé du lac du Loch Ness autour d'un bon bol de Golden Bran-storming :
- Dérèglementation de l'usage de mines anti-pigeonnelles
- Entre-destruction neutralisante du terrorisme et des pigeons : un pigeon peut très bien se jeter (ou même être jeté) sur le pare-brise d'une voiture conduite par un kamikaze islamiste, mourir et dévier la voiture de sa cible vers le lac écossais, faisant ainsi avorter l'action terroriste.
Malgré leur efficacité, ces mesures, menées sans réelle ou imaginée concertation au niveau européen, risquent de peser sur les cordes déjà tendues entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel. De ce fait, une alternative s'est naturellement propulsée à l'attention des politiques : les escalators. Des structures immobilières à escalators en plein air inciteraient les pigeons à changer leur altitude vis-à-vis des humains. En les empruntant, ils prendraient leur envol à une hauteur suffisamment élevée pour leur donner le temps d'anticiper d'éventuels accrochages avec la tête des utilisateurs de portables tout en étant plus proches des arcs-en-ciel de l'amour, faisant d'eux des sortes de flèches de Cupidon kamikazes. Avec le temps, ces pigeons passeront dans l'imaginaire populaire pour les brebis du paradis et nos saintes ouailles. Ils participeront alors à l'harmonisation de notre folklore avec le touriste : quand nous nous écrierons « Ouaille ??! » à la réception d'un pigeon, nos amis anglophones éjaculeront quant à eux « Whyyy ??! »
Des effets positifs
Mais en dépit du ton accablé du discours officiel du gouvernement, le vol de pigeon à basse altitude a aussi des effets positifs. D'abord pour les enfants. Rien qu'aujourd'hui, Timothé en a abattu 3 à la fronde, pour se venger du prénom donné par ses parents. Le fait qu'il soit constamment occupé à son œuvre de reforestation (ou frondaison) l'accapare au point de certainement l'empêcher de devenir ou d'envisager de devenir un nouveau Timothy McVeigh (cf. Attentat d'Oklahoma City). Ensuite, le vol à basse altitude profite aux pigeons eux-mêmes. Ils se sont faits de nouveaux amis, non seulement dans la faune locale avec les limaçons, mais aussi dans :
- La forgerie
- Enclumes, marteaux, étriers...
- La maçonnerie
- Fenêtre ovale, fenêtre ronde, pavillon...
Les pigeons ont en effet tendance à se ficher le bec dans l'oreille.
À l'opposé, la SPA et Greenpeace ont décrété l'état d'urgence sur la survie de l'espèce du pigeon (genre des Columba, famille des Columbidae), car le fait qu'ils volent si bas impliquera que leurs nids de couvée se feront à une hauteur moyenne moins élevée qui les exposera aux ravages des enfants. « Ce problème devient criard lorsque les enfants jouent à chat perché, et écrasent les nids en les prenant pour support. Ils ne se rendent pas compte de leurs actes, trop concentrés dans le principe du jeu qui est de trouver, en un temps fini, un promontoire sur lequel se jucher, ou faire face à une élimination directe », explique Anita Lichstenstein, spécialiste de la psychologie de l'enfant et déléguée à l'étude du phénomène pigeonnier par Greenpeace. « De plus, certains pigeons meurent d'asphyxie psychologique à cause de la différence entre la pression actuelle et celle attendue quand ils sont au zénith de leur courbe d'envol. » Par là, madame Lichtenstein évoque le drame du petit M&M's qui ne peut devenir grand parce qu'il passe à côté de la chaîne de production des Kinder Surprise, et qui finit sa vie sec au creux de la main.
Conclusion
En attendant la mise en place de l'appareil sécuritaire, il est conseillé de porter en boucle d'oreille des CDs ou de revêtir des armures immunisant contre les impacts de carcasses de poulets.
En l'honneur des pigeons morts en vol, une minute de silence respectueux sera observée dans la France entière au cours de laquelle les pigeons pourront librement percuter les usagers de portable.
Notes
- ↑ Au fait, le vol de CD que j'ai commis à Virgin Megastore est aussi dû à un pigeon. Un autre pigeon pourrait-il donc me payer la caution libératoire ? Ce serait sympa, merci.
S'il vous a enthousiasmé, votez pour lui sur sa page de vote ! Ou pas.