Guide du commentaire littéraire/Introduction
On nomme la matière qui s'intéresse à la littérature « français » à tort car elle ne s'intéresse pas en priorité à la langue. Alain Finkielkraut, agrégé en lettres modernes, explique ainsi les différences entre étude de la langue et étude de la littérature, et donc entre commentaire linguistique et commentaire littéraire : « La linguistique s'intéresse notamment aux liens entre signifié et signifiant. Au contraire, la littérature observe de près insignifié et insignifiant. » Cette définition de l'étude de la littérature est la base la plus pertinente à un guide de l'analyse de texte. En effet, elle met en évidence le but de tout commentaire, mais aussi les écueils à éviter, parmi lesquels le principal : le perfectionnisme. En effet, par souci de perfection, des générations entières de critiques littéraires en herbe se sont brisés sur les rochers du commentaire de texte : ils avaient des scrupules à introduire dans leur examen ce qu'ils pensaient être hors sujet, ou bien ce qui selon eux n'émanait pas d'une intention de l'auteur, ou ce qui était trop discret pour être abordé en profondeur... et se retrouvaient avec deux malheureuses pages, pertinentes qui plus est. Or, il faut au contraire faire mention de tous ces éléments si vous espérez en avoir une, de mention : le correcteur vous en voudra de les avoir omis. Surtout, gardez en tête que le plus important n'est pas la compréhension du texte, la qualité de la démonstration ou autres foutaises pour historiens, mais bien le plan en 3 parties subdivisées en 3 sous-parties subdivisées en 3 paragraphes, sur lequel nous reviendrons.
Des centaines d'agrégés et de désagrégés se sont penchés sur un épineux problème : faut-il préférer le terme « analyse » à « commentaire », ou l'inverse ? Et malgré ces nombreux avis d'experts, la querelle n'est toujours pas définitivement tranchée. Cela pour la bonne et simple raison que les deux écoles ont toutes deux des arguments valables, que nous verrons d'ici peu. Toujours est-il que l'Éducation Nationale a privilégié, dans le cadre du baccalauréat, « commentaire », signe de la puissance des juifs dans les plus hautes sphères de l'État. Malgré cela, les partisans de l'analyse restent vindicatifs. En effet, ils avancent que le terme « commentaire », en raison de l'émergence des Skyblogs, a pris une connotation plus que vulgaire. Ces grands esprits soutiennent que les élèves n'ayant pas eu suffisamment de cours en raison du dÉsengagement financier de l'État risquent de confondre commentaire de blog et commentaire de texte. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer certaines réponses à des questions du brevet blanc. Par exemple, celle-ci : « Commentez cette phrase de William Shakespeare, Ainsi la conscience fait-elle de nous tous des lâches » . Cela a donné :
Mais les anti-analyse ont su se montrer plus convaincants encore, ou plutôt plus persuasifs car, comme tu le sais si tu es allé à un cours de lettres cette année, « convaincre c'est avec la raison, persuader c'est avec les sentiments ». Cette faction a su jouer sur la sensibilité des certifiés et agrégés en lettres modernes, et plus particulièrement sur ses sentiments envers la communauté scientifique. Elle a su mettre en avant l'appartenance du mot « analyse » au registre scientifique, ce qui a exaspéré les plus modérés des « analystes », convaincus (pardon, persuadés) de s'être laissés berner par des scientifiques infiltrés dans la confrérie des littéraires. Ils ont été vraiment persuadés (je veux dire, convaincus) après avoir vu un élève de 1ère S prendre « Analysez ce texte » au pied de la lettre :
Alors, euh, y a du papier, et puis aussi un peu d'encre
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