La Vouivre
Créature malfaisante qui sévit en Franche-Comté, et qui tire par conséquent sa colère d'un ennui profond.
La légende
La Vouivre est une Marie-couche-toi-là, née à Fresse, dans le Haut Doubs.
Très jeune, elle essayait déjà de débaucher les nobles paysans en leur montrant ses fesses dans les champs, et en étendant sur sa tartine une épaisse couche de cancoillotte qui dépassait souvent de la commissure de ses lèvres lorsqu'elle mordait à pleines dents dans le pain ainsi recouvert. De sombres rumeurs circulent également à propos de ce qu'elle aurait fait avec un chapelet de saucisses de Morteaux, mais la bienséance m'oblige à les garder pour moi (un indice ceci dit : "complément circonstanciel").
Un beau jour, à 9 h 45, une congrégation de femmes de paysans consanguins, décidant qu'il y en avait ras le bol, s'emparèrent de la gueuse et la noyèrent dans un marais en psalmodiant des incantations sur lesquelles nous reviendrons plus tard.
A ce moment là, la gueuse se fit mordre par une anguille, qui s'introduisit en elle, et fusionna avec la personnalité de la jeune femme.
Elle en ressortit plus grande, plus écailleuse, et plus avec un œil en rubis au milieu du front, et continua d'allumer les paysans en se baignant à poil, tout ça pour se transformer en monstre et les bouffer tous crus lorsqu'ils faisaient mine de lui piquer sa babiole... Quelle polissonne cette vouivre !
L'analyse
On voit très nettement dans cette légende une succession de symboles phalliques qui mettent en évidence la propension des Franc Comtois au suicide et à la mutilation.
Ainsi, la saucisse de Morteau apparaît-elle comme une représentation du père, traditionnel, fumé et salé, comme le veulent les représentations classiques d'obédience freudienne.
La mère, quant à elle, est sans nul doute symbolisée par la cancoillotte : traditionnelle et coulante, et la désentente entre ces deux éléments piliers qui auraient pourtant, à la base, tout pour s'entendre, est mise en évidence par la simple mention du complément circonstanciel.
Ainsi on peut en déduire qu'à la campagne encore plus qu'ailleurs, la consanguinité et le manque total d'instruction favorisent la séparation, le divorce, le repli sur soi, le don contre don, la marginalisation involontaire, et, pour finir, le suicide.
La Peuge
Profite de cet espace qui lui est alloué pour annoncer que la 3009 sort actuellement de ses usines de montage.
Les incantations
... Sont généralement incompréhensibles, qu'il s'agisse de celles émises par la lignue de paysannes en colère et en rut, ou par la Vouivre qui jure comme une garce édentée lorsque quelqu'un s'approche de son bijou rouge. En voici néanmoins quelques unes, pour que vous puissiez vous y retrouver et comprendre ce qui se passe au cas où un gros serpent volant dégueulasse vous attaquerait parce que vous tenteriez de lui voler un rubis.
"Oïwa!" veut dire : "Tu vas lâcher mon mari/rubis/etc... femme de petite vertu !", "Ch'ni tu redeviendras ch'ni !" veut dire : "Tu vas mourir la bouche ouverte, vilaine !", "'Jvais t'étouffer avec un cornet et te lapider avec des godets, vin'dieu !!" signifie : "Tout comme les fumeurs, tu succomberas à une mort lente et douloureuse... bon sang !"
La morale de cette histoire
C'est qu'les hommes... n'hésitent pas à partir en pélerinage à Fresse sur les traces de la Vouivre ! Pour tout séjour au camping une étoile des Sapins Déracinés, un chapelet de saucisses vous est offert, ainsi que 25 cl de vin d'Arbois, et un pot de cancoillotte !
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