Novembre
Novembre est le mois des morts, de la gadoue, des flaques d’eau qui vous sautent dans la face quand une auto passe, de la tuberculose, de la pétanque intérieure, des stylos bleus effaçables et des chansons de Zachary Richard. Rien de mieux que de la grêle brune et des flaques d’eau pernicieuses pour chanter "Jeee m’appelle Jeeaaann, Jean l’batailleur" à tue-tête en faussant contre un vent de 90 km/h. Ces faits, parmi une multitude infinie, constituent des raisons pour lesquelles novembre est, sans contredit, le pire mois de l’année.
Quoi faire en novembre ?
Novembre, quel qu’en soit l’origine, a certainement été inventé dans un but malfaisant. Sinon, l’auteur de cet article ne verrait pas pourquoi on serait forcés d’endurer trente jours de grêle couleur caca qui nous obligent à rester à la maison pour regarder la soirée des quilles à TQS parce que toutes les autres chaînes sont bloquées à cause de la tempête. Pensez-y bien, novembre n’a aucune raison d’être. Il n’y a aucune fête particulière en novembre, en tout cas aucune qui puisse justifier qui que ce soit d’avoir un congé férié. Novembre est donc aussi le mois du travail sans relâche et, dans cette optique, la soirée des quilles de TQS arrive à point pour offrir un moment de détente aux gens, qui peuvent saliver devant les magnifiques spares de Mononc’ Georges. L’autre option est d’aller au centre communautaire le plus près pour espérer devenir champion de pétanque intérieure du jour, auquel cas on risque de transformer sa voiture en tas de rouille ambulant à cause de la grêle, tas de rouille qui va probablement être encore meilleur pour la ferraille après les 49 accidents qu’il subira à cause de la visibilité.
Bien entendu, il y a plein d’autres trucs à faire pendant le pire mois de l’année, par exemple essayer de compléter une partie de Solitaire sur l’ordinateur avant la prochaine panne de courant, parier avec son petit frère qu’il n’est pas assez courageux pour sauter dans la piscine à moitié gelée qui change de couleur à tous les jours, ou encore enfin parvenir à ne pas se donner la nausée à force de lire La Nausée de Sartre.
Pourquoi novembre ?
Pourquoi on ne pourrait pas avoir un deuxième mois de mai à la place de novembre ? Ça ne ferait de mal à personne si, soudainement, entre octobre et décembre, venaient se placer trente jours où le soleil reviendrait sans raison pour le plus grand plaisir des petits et des grands. Tant qu’à y être, on pourrait appeler le mois qui remplacerait novembre Inextinguible Joie. Les mois seraient, dans l’ordre, Janvier, Février, Mars, Avril, Mai, Juin, Juillet, Août, Septembre, Octobre, Inextinguible Joie, Décembre. Et même, on pourrait refaire le calendrier de façon à ce que ce soit Inextinguible Joie tout le temps : Inextinguible Joie, Inextinguible Joie, Inextinguible Joie, Inextinguible Joie, Inextinguible Joie, Inextinguible Joie, Inextinguible Joie, Inextinguible Joie, Inextinguible Joie, Inextinguible Joie, Inextinguible Joie et finalement Inextinguible Joie.
À défaut d’Inextinguible Joie, une autre alternative serait d’inventer un congé férié pendant le mois de novembre, par exemple le Jour du Souvenir de la fois où Jean-Guy avait vomi tellement fort que c’était sorti par les narines ou la Fête nationale de la Désencyclopédie (N.B. si vous apportez la deuxième suggestion aux autorités de votre pays, c’est certain qu’ils accepteront de faire votre fête), congé férié permettant à n’importe qui de profiter chez soi d’un après-midi pour jouer au Monopoly tout seul.
Historique de novembre
L’origine
Les origines de novembre sont ténébreuses et entourées de mystère, un peu comme la raison exacte de pourquoi il y a trois ou quatre lettres par chiffre sur le téléphone ou encore les fausses énigmes policières reconstituées sur Canal D. Elles se situent dans la mythologie grecque. En effet, en ces temps-là vivait Sisyphe. Sisyphe était un type bien qui saluait toujours la boulangère en allant faire les courses et qui, du reste, profitait de la fierté que lui procurait son titre de champion local de mots croisés. Seulement, un jour, alors qu’il se promenait dans les bois sans raison, il surprit Zeus qui n’avait pu trouver mieux qu’une ventripotente de 54 ans, cette fois-là. Zeus envoya immédiatement Sisyphe en enfer où Hadès, se sentant original, décida d’inventer une nouvelle torture infernale pour le nouveau venu. En effet, tous ceux qui étaient déjà en enfer n’avaient eu droit qu’à brûler dans des lacs de soufre, ce qui était un peu simpliste, et ça commençait à coûter cher de chauffage.
Enfin bon, Hadès eut comme idée d’inventer novembre pour Sisyphe. Le concept était simple. Sisyphe était forcé d’écouter en permanence la Soirée des Quilles à TQS. Seulement, la tempête de grêle faisait en sorte que les fils électriques étaient coupés toutes les cinq minutes, alors Sisyphe devait toujours aller les réparer sous les grêlons bruns et le vent déchirant. Il était donc prisonnier d’un vortex temporel où il écoutait les quilles et réparait des câbles en conditions difficiles en permanence. Malheureusement pour Hadès, qui était fier de lui, Zeus vint dire à ce dernier que son nouveau concept de torture n’était bon que pour un site d’humour dégénéré, alors Hadès condamna Sisyphe à pousser une pierre en haut d’une colline pour l’éternité.
La suite
Par la suite, novembre joua toujours le mauvais rôle dans l’histoire.
Par exemple, vers 1250, les Mongols de l’Asie envahissent la Hongrie, et choisissent leur moment : novembre. En effet, les Hongrois sont alors en pleine période Zachary Richard et leurs chants guerriers, soit surtout Je m’appelle Jean, Jean l’batailleur ne fait pas le poids contre le fait que n’importe quel guerrier mongol est capable de tirer avec deux arcs à flèches en même temps tout en fonçant à toute vitesse sur son cheval.
En 1759, les Anglais profitent de novembre pour s’attaquer à la Nouvelle-France, qu’on appelle aujourd’hui espèce d’endroit où les parsonnes y perlent français sans accent de crottin d’cheval, lâ lâ. En effet, tous les Néo-français sont alors occupés à écouter la soirée de quilles et à jouer à la pétanque en intérieur. Il est donc facile de les attaquer. Le général néo-français, Montcalm, voit le général anglais arriver et signe immédiatement la capitulation, avant même d’avoir vu l’armée anglaise. Les mauvaises langues diront que c’était parce qu’ils étaient environ deux dans l’armée de Nouvelle-France, mais ne vous y trompez pas : c’est la faute à novembre.
Et finalement, plus récemment, on peut attribuer la défaite des Alliés devant les Allemands au carré de sable du quartier à novembre. En effet, la pluie et la grêle diminuent la visibilité du général Petit Jimmy, ce qui permet à Jean-François et ses soldats gris de gagner. Il faut aussi noter qu’aux dires de Jimmy, c’était pas juste, parce que Jean-François a fait voler son char-d’assaut par-dessus la vallée de boue et une balle de pétanque mal lancée est justement venue heurter le gros de l’infanterie des Alliés en plein combat.
Conclusion
Souvenez-vous bien que les crimes de novembre sont innombrables et tous plus cruels les uns que les autres. Bon, l’auteur de cet article vous laisse, vous pouvez reprendre votre partie de Pétanque : Le jeu vidéo.
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