Sviatoslav Richter
Sviatoslav Richter était un être humain né en Ukraine, et mort au même endroit, mais cette fois-ci en Russie. Il est considéré comme étant le plus grand pianiste de tous les temps[réf. non nécessaire], et ce ne sont pas les petits péteux de la nouvelle vague qui viendront me dire le contraire. C'est moi qui vous le dis. Mais nous reviendrons longuement sur cette question de la supériorité objective et indéniable de l'ami Sviatoslav.
Prélude: l'enfance
Sviatoslav Richter a été élevé, comme qui dirait, à la dure. Les méthodes de mère grand, ça le connait. C'est d'ailleurs dans son enfance qu'il a acquis cette férocité, cette vivacité de l'esprit et du corps, prompte à l'élévation de la conscience vers les cimes de l'existence.
A la mort de ses parents (qu'il a d'ailleurs, bien évidemment, tués lui-même), il se retrouva seul face à l'hostilité du monde, le divorce entre la nature et l'humanité. Mais mieux vaut être seul que très mal accompagné, me crierez-vous, à juste titre d'ailleurs, car Camus dans la Facel-Vega de Gallimard, ça a donné ce que ça a donné, et ne me forcez pas à m'étendre sur ce sujet fâcheux.
Le petit Richter fût donc contraint de prendre son éducation en main, et rien ne put effrayer ce jeune homme. Il était d'ailleurs déjà pleinement conscient des enjeux de ce siècle de déchéance, et il fit tout ce qui était en son pouvoir pour se préserver de la destruction engendrée par le politique de ce siècle déshumanisé par l'uniformisation moderniste barbare.
Ses premiers pas dans la musique
La première note que le jeune Sviatoslav joua fut un Ré. S'il n'avait pas été interrompu, il est évident qu'il aurait joué la 9e de Bruckner en entier. Il fut d'ailleurs interrompu par Heinrich Neuhaus, illustre pianiste lui aussi, enfin c'est ce qu'il dit dans son livre. Ce dernier décida donc de le prendre sous son aile, pour lui transmettre son savoir infini.
"La chose principale que m'a apporté Heinrich c'est le silence" confia t-il à quelqu'un un jour. Vous l'aurez compris, voilà un professeur qui frémissait au son de sa propre voix, et faisait des discours défiant les lois de la temporalité pour atteindre, dans l'indifférence générale, une éphémère sensation d'éternité, bien vite estompée par les baillements de ses collègues.
Dans ses discours futiles, Neuhaus se comparait aux plus grands "A part moi, seuls Scriabine et Rachmaninov méritent d'être appelés pianistes", mais surtout, il a su reconnaître le talent immensément universel de Sviatoslav, même si sa parole de vieux croûton n'avait aucune valeur. Par ailleurs, il répétait sans cesse qu'il ne fallait jamais faire d'analogie abstraite entre la musique et le reste.
Sviatoslav ne tarda pas à se débarasser de cet énergumène pour continuer en autodidacte la découverte du futur instrument de sa domination éternelle.
L'art du piano
Le jeu de Richter est placé sous le signe de l'irrémédiable et du nécessaire. Personne ne peut saisir une partition comme Richter. Il faut considérer que toute interprétation qui n'est pas certifiée Richter est une variation libre basée sur la partition d'un compositeur. Mais elle ne peut légitimement revendiquer le titre d'interprétation.
D'ailleurs, son rival capitaliste et impérialiste Glenn Gould s'est émerveillé de la puissance rayonnante du communisme russe qui émanait d'un concert consacré à Schubert. "Mais je n'ai fait que jouer ce qu'il y avait sur la partition" rétorqua Richter. La preuve est faite, il n'y a rien à ajouter. Le jeu de Richter précipite la fin de l'humanité qui est perceptible dans chaque partition. L'auditeur se retrouve donc submergé par une pluie de bombes nucléaires et ne peut que capituler face à la puissance supérieure qui s'attaque à lui.
Fugue: La fin d'un règne sans partage
Toute apogée a une fin, et Richter n'a pas pu échapper à cette règle terrible qui régit avec férocité l'existence humaine, et soumet par là toute forme de vie. C'est le moyen traditionnel dont dame nature se sert pour éjecter en douceur les vieux schnocks.
Les années 80/90 sont placées sous le signe du médiocre et du mollasson pour notre cher Richter, pourtant jadis si habitué aux records de vitesse (tout le monde se souvient de ses Jeux d'eau à 170, où les triples croches font jaillir l'océan hors du noyau de notre planète pour venir noyer les continents dans des torrents démentiels vides de raison). Les fausses notes se multiplient, le public fuit les salles... Il ne reste guère que Neuhaus pour assister à la déchéance de son propre élève, depuis un nuage.
À la fin de sa vie, Richter est mort, laissant derrière lui une humanité nouvelle, prête à accéder au sublime.
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