France 4 diffuse "Alcootest", une émission pédagogique et choc
De notre envoyé spécial Harry Rosé-Lemac - le 10 septembre 2014
Le principe est simple : un groupe d'adolescents s'enivre, hors caméra, puis est confronté à diverses épreuves. La présence d'un groupe-test, à jeun, permet de constater les conséquences d'une absorption d'alcool pour les jeunes.
Avant même la diffusion du premier épisode, des experts s'inquiétaient de l'aspect voyeuriste de l'émission, ajoutant qu'elle contribuait à banaliser l'alcoolisation précoce.
Pourtant, nous explique le porte-parole de la société de production, Réservoir Prod, une attention extrême a été prêtée à la préservation de la dignité des participants comme de celle des spectateurs. Ainsi, rien de franchement glauque ne passera le stade du montage. « Qu'il s'agisse de scènes de vomissements, de crises de larmes ou de bagarres, tout cela sera coupé. Nous ne souhaitons pas que ce soit le genre d'image qui reste en mémoire à la suite de ces expériences ».
Du rire, mais pas seulement
Tout de même, on peut rire de et avec les candidats. Il est même franchement cocasse de voir Émilion tenter de réciter "Le Corbeau et le Renard" après avoir ingéré 5 unités d'alcool (c'est-à-dire l'équivalent de 5 boissons standard servies dans un bar). « Wesh la shnek à sa mère ! En temps normal, je maîtrise parfaitement chaque vers de cette fable, que j'ai mémorisée dès ma prime enfance. Néanmoins, sous l'emprise de Bacchus, je butais sur chaque mot, et ce texte que je croyais d'une grande simplicité m'a révélé toute sa complexité. De la sorte, j'ai pu découvrir le poème sous un nouveau jour. »
Mais bien souvent, le malaise s'installe. Par exemple, lorsque Blenda et Prune doivent effectuer un trajet de RER qui est censé leur être familier. Les demoiselles sont bien vite désorientées, sortent au mauvais arrêt, et on se rend compte que tout aurait pu très mal tourner pour elles. « D'habitude, je fais mon trajet le matin, je mange au self du lycée, je fais mon trajet le soir, et basta. J'ai ma vie, ma sécurité, et je ne m'en écarte pas. Là, j'ai vu plein d'endroits où je n'aurais jamais osé aller dans un état normal », résume Prune. « Heureusement, une dame formidable, qui tient un bric-à-brac avec plein d'objets superbes à prix raisonnables, nous a vues, qui errions sans but dans la rue, et nous a offert le thé pour nous laisser décuver tranquillement. Donc, au bout du compte, tout est bien qui finit bien. En tout cas, la prochaine fois, j'y repasserai sobre, et avec mon argent de poche ! »
L'alcool, un abrutissement sans nom
Mais c'est la scène du jeu d'échecs qui montre tout le potentiel destructeur de l'alcool sur l'intellect juvénile. Quatre joueurs d'échecs expérimentés jouent, devant les caméras, à leur jeu favori. Une partie se déroule entre deux joueurs sobres, la deuxième oppose deux adolescents passablement éméchés.
La première partie n'avait rien d'exceptionnel, comme nous l'explique Gentiane : « Bah... Il a pris les blancs... Et puis j'ai pris les noirs... Et puis, il a avancé un pion... Alors j'ai avancé un des miens... Et puis il a bougé un cavalier... Et puis... Bah... moi aussi... Puis on était du même niveau... Du coup, on a fait match nul... Bon... Enfin... Voilà... Voilà, quoi. »
Rien de tel lors de l'opposition entre Mirabelle et Jack-Daniel ; les deux joueurs se déconcentrent, rient pour un rien, et finissent par perdre le fil de la partie. Mirabelle, 15 ans, revient sur cet épisode peu glorieux : « Normalement, en tournoi, je suis au taquet, j'ai les yeux baissés sur le plateau, je ne dis pas un mot. Hé, c'est pas pour rien que je suis championne régionale ! Mais là, je sais pas... J'ai commencé à rigoler parce qu'il y a un roque et pas de roll... Ensuite, je l'ai dit à Jack'o'Jack, il s'est esclaffé avec moi. Après ça, on a commencé à commenter nos propres coups, le genre de trucs qui ne se fait jamais de chez jamais. À un moment, on ne savait même plus qui devait jouer ! »
Elle poursuit, visiblement marquée par ce traumatisme : « Pour finir, j'ai commencé à bouger ma tour en diagonale. La partie s'est arrêtée là. Qu'est-ce qu'on a pu en rire ! En plus, Jack'o'Jack est vachement drôle. Et mignon. On se revoit samedi... ». La jeune joueuse ne peut aller plus avant, visiblement incapable de penser à autre chose qu'à son humiliation cuisante à cause de l'éthanol.
Nous le voyons, les apparences trash ne doivent pas faire oublier que l'émission a un message à transmettre :
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