Triolisme

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Pour nos lecteurs coincés du cul, les humains de contributeurs de Wikipedia ont un article à propos de Elsa Triolet.
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Pour les plus religieux d’entre nous qui choisissent de croire des mensonges, les soi-disant experts de Wikipedia ont un article à propos de Triolisme.

En littérature, le triolisme désigne l'étude des romans, nouvelles et essais d'Elsa Triolet, écrivaine qui, en plus d'avoir été la muse de Louis Aragon, a été la première femme à recevoir le Prix Goncourt, et, à l'instar d'un Hervé Bazin ou d'un Boris Vian, a marqué le milieu du XXème siècle par des œuvres qui traitent de questions sociales et politiques.

Au sens large, le triolisme peut également aborder la correspondance d'Elsa Triolet ainsi que les traductions effectuées par l'auteure depuis le russe, qui l'ont en quelque sorte placée en compagnie de Maïakovski ou Tchékov. Et pour une passionnée de littérature comme elle, être en compagnie de Maïakovski et Tchékov en même temps, ça fait toujours plaisir.


Solitude et lien social dans l'œuvre de Triolet

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« La solitude est un fléau qui ronge les hommes, un à un. Il faudrait lutter contre lui, comme contre une épidémie. », écrit Elsa Triolet dans la préface à L'Inspecteur des ruines. Elle éclaire ici un thème central dans son œuvre. En effet, au-delà de la question de la solitude, se pose celle de la place de l'homme, de la femme, des hommes et des femmes dans la société.

Elle poursuit ainsi : « Les moyens ? Antonin Blond a failli en apercevoir quelques-uns... Il vous en parlera.  » De fait, tous les livres de Triolet semblent s'intéresser à ce qui lie les hommes entre eux[1]. Par exemple, dans « La vie privée, ou Alexis Slavsky, artiste peintre », on voit évoluer la relation entre, d'une part, le couple Alexis-Henriette, et d'autre part, Louise Delfort. Si, dans l'univers intellectuel parisien, leurs rapports sont des plus banals, l'Occupation, l'exil en province, les changements physiques de Louise et son implication dans la Résistance vont les rapprocher d'une manière assez surprenante. Alexis se trouvera pris entre les deux femmes, sans que cela empêche celles-ci de développer leur amitié.

On le voit, ces relations fortes s'inscrivent dans un contexte exceptionnel. Triolet s'interroge sur la façon de créer ces liens dans la vie de tous les jours ; si aucune réponse certaine n'émerge, au moins, certaines pistes sont dégagées.


Elsa Triolet, une auteure engagée

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Lorsqu'elle écrit Personne ne m'aime, en 1945, Elsa Triolet a certainement en tête les attaques vicieuses qu'elle a pu subir suite à son obtention du Prix Goncourt. L'exemple le plus mesquin demeure la réaction de Paul Léautaud : « Les Goncourt ont fait coup triple : la dame Triolet est russe, juive et communiste. C’est un prix cousu de fil rouge ». Si le ton du titre du roman est peut-être exagéré, il faut admettre que Triolet était une auteure polarisante. Dans la « Préface à la clandestinité » de 1965, elle se souvient : « La littérature avait bon dos, c'est tout autre chose que l'on visait en ma personne si voyante à cause de ce sacré prix ». Ajoutons à cela son statut de muse d'Aragon, poète communiste s'il en est, et sa participation à la Résistance, et vous comprenez les haines que pouvait susciter Triolet chez les anciens pétainistes, mais aussi chez les anciens résistants anticommunistes et chez les conservateurs de tout bord – ceux qui voulaient que tout change afin que tout reste tel que c'est, pour paraphraser Tomasi di Lampedusa.
Pourtant, son idéal n'est pas un idéal de division, mais bien un idéal de rassemblement. Elle représente parfaitement cette avant-garde intellectuelle marxiste, car, pour elle, la littérature doit être un moyen au service d'une fin. Elle espérait être l'une de celles qui, se plaçant devant l'humanité entière, aurait mené les hommes, l'un après l'autre, vers un futur d'harmonie dans une société sans classe.


Le statut de la femme chez Triolet

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On le sait, Aragon a dit : « L'avenir de l'homme est la femme ». Comment cet engagement féministe se traduit-il chez son épouse[2] ?
Très tôt, Elsa Triolet prend conscience de tout ce que la femme peut accomplir. À la fin des années 20, elle écrit : « Les femmes, c'est l'avenir du monde. Leur force n'est pas découverte mais est-ce que l'électricité a toujours été connue ? Elle remuera encore des montagnes, cette force faite d'instinct, d'énergie et qui est toute de sorcellerie, parce que nous ne la comprenons pas encore. Pas des amazones, des femmes, les plus femmes, seins, cheveux longs, fragilité et douceur… Et la puissance. » On le voit également dans Les amants d'Avignon : si Juliette Noël est fragilisée par sa rencontre avec Célestin, s'unir avec des femmes telles que Madame Bourgeois la renforce. Des femmes qui s'unissent, pour Triolet, sont invincibles.


Triolet, les racines et la famille

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« Oui deux sœurs qu'uniront ici mes stratagèmes »
~ Louis Aragon, dans son « Cantique à Elsa » à propos d'Elsa, de Lili Brik, et de ses « stratagèmes » pour les « unir ».

C'est une banalité de dire que, malgré son exil précoce et durable, Elsa Triolet a gardé des attaches avec l'URSS. Plusieurs textes inclus dans Le premier accroc coûte deux cents francs défendent ardemment l'attitude et l'engagement soviétiques lors de la Seconde Guerre mondiale. Trois vecteurs pour ces liens avec sa patrie d'origine. La littérature, puisque Triolet est aussi traductrice et reste en contact avec le milieu littéraire soviétique. La politique, du fait de l'adhésion du couple Triolet-Aragon au Parti Communiste Français. Enfin, bien entendu, la famille, avec cette relation très proche que l'auteure entretenait avec sa sœur Lili Brik – Aragon et elle lui rendirent visite régulièrement, malgré la difficulté à circuler en URSS.

Mais parler du lien presque charnel entre Aragon, Triolet et Brik fait surgir le fantôme de Vladimir Maïakovski. Comment dès lors ne pas parler de la relation Maïakovski-Brik-Triolet ? Ou du lien Aragon-Maïakovski-Brik, dont le poète français a gardé le souvenir même après la mort de son homologue russe ? Écrivant sur Maïakovski après avoir parlé de Brik, Aragon évoque d'ailleurs « son poète que j'aime ». Oui, il n'y avait pas un fil entre le couple Louis-Elsa et son entourage soviétique.


Elsa Triolet, une Parisienne de Russie

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Les biographes ne peuvent que rester perplexes devant la réussite de la métamorphose de la Moscovite Ella Kagan en Elsa Triolet, Parisienne accomplie.

Rien n'exprime mieux son amour de la Ville Lumière[3]que les textes de Résistance. Dans ceux-ci est exprimé le déchirement absolu que ressentent les personnages, jetés dans le tumulte de l'exode. Ainsi, pour Alexis Slavsky, perdre Paris est une perdition totale : artistique avec la perte de l'inspiration, financière avec l'exil de son marchand d'art, morale avec le développement de son alcoolisme.

Cette inadéquation est encore renforcée lorsque les personnages se retrouvent propulsés dans l'univers peu familier de la campagne. C'est le cas de Juliette Noël qui, si elle est d'abord à l'aise lors de sa mission en campagne, ressentira, par la suite, une impression de menace, comme si des forces se cachaient dans les ombres.

À vrai dire, Lyon, ville sombre et pleine de secrets, n'est pas plus rassurante pour les protagonistes. Clandestins, ils ont toujours peur d'avoir des hommes qui se cachent derrière eux. Oui, beaucoup d'hommes dans leur dos ou ailleurs, prêts à se saisir d'eux...


L'héritage de Triolet

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On peut le regretter, mais, par rapport aux années 60, le triolisme a perdu en popularité. Essayez donc de demander aux passants dans la rue s'ils sont adeptes du triolisme : beaucoup vous répondront de manière hostile.

Pour autant, il reste un solide noyau de passionnés.

D'abord, toutes ces grosses salopes qui aiment se prendre des bites de partout. Ah, t'aimes ça, chiennasse, de lécher mon foutre aux commissures de tes lèvres pendant que mon pote te démonte l'anus ? Bien sûr, cela inclut aussi les grosses chaudasses bi qui aiment brouter tout en se faisant prendre en levrette.

Du côté des hommes, il y a, bien sûr, les jeunes poètes qui, s'identifiant à Louis Aragon, en sont venus à s'intéresser à Triolet. Et puis, les messieurs qui, comme moi, sont riches, en plus d'être des bogosses, et qui ramènent deux meufs chaque soir de leur club sélect. EH OUAIS ! Chaque soir j'ai deux meufs brûlantes comme la braise et bandantes comme la baise qui me lèchent amoureusement la verge ![4]


Conclusion

En écrivant cet article, j'ai voulu dissiper une idée trop répandue. Non, le triolisme n'est pas réservé à quelques cercles obscurs, qui se retrouvent entre gens bien introduits et n'ont que regards noirs pour qui est presque vierge de références culturelles. À l'appui de cela, permettez-moi de reproduire ce qu'Aragon met dans la bouche de Triolet, dans le poème déjà cité précédemment :


Tu me dis Laisse un peu l'orchestre des tonnerres

Car par le temps qu'il fait il est de pauvres gens Qui ne pouvant chercher dans les dictionnaires Aimeraient des mots ordinaires Qu'ils se puissent tout bas répéter en songeant

Oui, la littérature de langue française appartient à tous les francophones ! Aussi, après avoir lu cet article, j'espère que vous n'hésiterez plus et que vous sauterez le pas. Pratiquez le triolisme, bien sûr, à l'université ou au lycée, mais pas seulement : le triolisme ouvre des possibilités infinies ! Lancez vous, aussi, dans les fêtes entre amis, dans les bars, dans le train, à la bibliothèque, chez vos voisins, en famille, avec des inconnu(e)s dans la rue, en pleine nature lors d'une randonnée, au stade, au travail, à l'Assemblée Nationale... Croyez-moi, une fois l'expérience du triolisme entamée, bien peu la regrettent !

Et vous, ou préféreriez-vous pratiquer le triolisme ?
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Il y avait 5 votes depuis l’élaboration du sondage au 5 avril 2019 à 12:37.
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Notes en pied de lit bas de page

  1. Enfin, je crois. Je n'en ai lu que deux. Hé ho, nous autres singes savants sommes des amateurs ! Nous faisons ce que nous pouvons !
  2. Ce n'est pas une question rhétorique. Je n'en ai pas le moindre début d'idée. Comme je vous l'ai dit, je n'ai lu que deux livres de Triolet. Du coup, je vais faire un petit coup de pillage Google pour pouvoir remplir cette section.
  3. Lumière ternie par le nuage de particules fines
  4. Si tu y crois, tu es vraiment débile. Si c'était le cas, j'aurais autre chose à faire que de me consacrer à des études littéraires. Ou à l'écriture d'articles sur la sencyclopédie.


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